Théologie – Expiation
Expiation
Règlement d’un conflit par compensation.
C’est déjà un formidable progrès moral de remplacer la vengeance par une compensation pour la victime.
Seulement, en ce qui concerne Dieu, si l’on garde l’idée de la « grâce », l’amour et le pardon de Dieu sont gratuits. Il n’y a donc rien à payer, pas de compensation demandée par Dieu pour qu’il continue à aimer la personne coupable. Une personne qui aime ne garde pas rancune, ne compte pas de dette si l’autre a commis une faute contre elle, ou si l’autre lui a rendu un service. Voilà le cadre de toute réflexion sur cette notion d’expiation.
Le terme d’expiation a été bien dévoyé. Il peut faire penser qu’une souffrance serait nécessaire pour payer la faute et acheter l’amnistie. Cette hypothèse est aussi épouvantable en termes d’éthique qu’en termes de théologie, elle est diamétralement opposée à la grâce.
En Christ, l’expiation devient tout simplement le pardon et l’amour de Dieu. Ce pardon est gratuit comme l’affirme déjà cet appel de Dieu dans le livre du prophète Ésaïe : « Même celui qui n’a pas d’argent : venez, achetez et mangez, venez, achetez du vin et du lait, sans argent, sans rien payer ! » (Ésaïe 55:1). Ce pardon gratuit est ce que proclame aussi le Christ par sa vie : chez Dieu, tout est gratuit.
Dans certaines traductions de la Bible il peut apparaître que Christ serait une « victime expiatoire » ou une « victime propitiatoire », ce choix des traducteurs est, à mon avis étranger à l’économie du salut manifestée en Christ. À la place de « victime expiatoire » il convient de lire plutôt : « signe du pardon de Dieu », car c’est ce qu’était l’agneau de la fête juive de Kippour.
Il faut aller néanmoins un peu plus loin, car ce « pardon » de Dieu n’est pas simplement une amnistie. L’amnistie est donnée par Dieu sans cause ni autre raison que son amour, car, quand on aime, on ne compte pas. Certes. Mais :
- s’il y a eu faute, il y a souvent eu victime et l’amnistie du coupable n’aide en rien cette victime, ni psychologiquement ni dans sa vie courante si son corps, par exemple a été handicapé à la suite de la faute !
- et s’il y a eu faute, c’est souvent qu’il y avait un problème en amont chez le coupable. Une simple amnistie ne règle pas ce problème. C’est comme si un médecin disait à la personne malade : je vous pardonne votre fièvre, tout est oublié, et reparte ? Le médecin va plutôt dire : même si vous avez de la fièvre, je vais venir pour vous soigner au péril de la contagion, et il viendra avec des médicaments pour soigner l’infection dont la fièvre était le symptôme.
L’amour de Dieu et son pardon travaillent sur ces troubles, en amont (sur l’auteur) et en aval de la faute (sur les blessures). Ce pardon est une attention et un soin, comme le berger visite ses brebis, soigne celle qui serait blessée, recherche celle qui se serait égarée, fait en sorte qu’elles soient rassemblées, protégées des loups et des voleurs, abreuvées et nourries…
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