Une jolie fleur jaune ayant poussé dans une fente d
Dico de mots qui piquent

Théologie – Ex Nihilo

Par : pasteur Marc Pernot

Ex Nihilo

Théorie (discutée) posant le fait que Dieu aurait créé l’univers à partir de rien.

Cette théorie a été développée relativement tardivement, par rapport à la Bible. Le premier et le plus connu à avoir développé cette idée est Irénée au IIe siècle après Jésus-Christ. Et cela a eu ensuite une grande popularité.

Bien des théologiens chrétiens, tant dans le catholicisme que dans le protestantisme, considèrent que ces ajouts ne sont pas pertinents ni très bibliques. Dans le récit de création de la Genèse (1 et 2), rien ne dit que Dieu aurait créé à partir de rien, il est plutôt montré comme organisant une matière préexistante, informe, le chaos informe et vide.

Dans ces textes, le fait qu’il crée par la parole suggère une façon douce et persuasive de créer. Une autre image existe aussi dans la Bible pour évoquer la création est celle de l’artisan potier, cette image suppose une manière plus impérieuse d’imposer son plan, mais dans les deux images Dieu crée une nouvelle forme à partir de quelque chose qui écoute sa parole ou qui reçoit son action. La création de Dieu par du chaos pour susciter la lumière, la vie, la relation bonne, la bénédiction, les bons fruits…

Dieu étant créateur dans sa nature-même, il aurait créé dans le passé, et il serait encore créateur dans le présent, sous forme d’une création continue. Cette création de Dieu se déploierait dans le temps, progressivement. Cette idée très biblique a pu gêner des théologiens attachés à accorder à Dieu la toute puissance. Un Dieu tout puissant verrait son plan se réaliser à l’instant même où il le forme. Cette L’idée de « toute-puissance » de Dieu n’est pas non plus si biblique que cela, en tout cas pour ces temps où nous vivons, entre le début de la création et la fin de ce monde.

Que Dieu parte du chaos pour proposer une belle création est intéressant dans son application à nous-même.

  • Pour nous laisser créer, pacifier par la parole de Dieu, venant avec son souffle au contact de nos chaos intérieurs, et des chaos de l’humanité.
  • Pour agir nous même, à l’image de Dieu. Nous ne créons pas non plus à partir de rien, comme un magicien faisant apparaître un lapin d’un chapeau. Nous prolongeons une histoire de notre libre impulsion personnelle.
Suite :
Liste des 'mots qui piquent' en théologie et sciences bibliques

 

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2 Commentaires

  1. Jim dit :

    Voici un passage d’un auteur non biblique qui va dans le sens de la théologie « Dans le récit de création de la Genèse (1 et 2), rien ne dit que Dieu aurait créé à partir de rien. »

    cf le poème philosophique fleuve de Lucrèce « De la nature des choses » :
    I-149:150
    Le principe que nous poserons pour commencer le voici :
    Rien ne naît jmais de rien par intervention divine.

    Il ne s’agit pas forcément non plus d’un matérialisme complet :
    I-22:24
    Puisque seule tu gouvernes la nature [il s’agit de Vénus, sans doute rationnalisée, abstraite]
    que sans toi rien ne naît aux rivages divins de la lumière,
    rien ne se produit qui fût de joie ni d’amour

  2. Jim dit :

    Et apparemment Lucrèce (vers 98-55 avant JC) s’inspirait de plusieurs auteurs, dont des présocratiques comme Empédocle d’Agrigente (vers 490-430 av JC) dont il fait un bref éloge dans son chant I.
    Les doctrines physiques d’autres présocratiques comme Anagaxore de Clazomènes (500 – 428 av JC), des pythagoriciens, et Démocrite d’Abdère (460 – 370 av JC) ont également en commun avec celle d’Empédocle que « rien ne vient de rien », qu’il y a des combinaisons diverses d’un nombre immense de très petits corpuscules (Leucippe 460-370 est l’inventeur de l’atomisme philosophique et Démocrite a été à son école et a développé la théorie).
    Lucrèce propose une version sans doute « croyante » de cette physique, avec intervention créatrice d’une divinité unique, à moins que son invocation de Vénus ne soit qu’un procédé littéraire.

    A noter que le chimiste Lavoisier proposera au XVIIIème siècle en s’inspirant d’Anaxagore le principe suivant en chimie : « rien ne se perd, rien ne se créé, tout se transforme ».
    Version d’Anaxagore : « Rien ne naît ni ne périt, mais des choses déjà existantes se combinent, puis se séparent de nouveau ».
    Version longue de Lavoisier : « On voit que, pour arriver à la solution de ces deux questions, il fallait d’abord bien connaître l’analyse et la nature du corps susceptible de fermenter, et les produits de la fermentation ; car rien ne se crée, ni dans les opérations de l’art, ni dans celles de la nature, et l’on peut poser en principe que, dans toute opération, il y a une égale quantité de matière avant et après l’opération ; que la qualité et la quantité des principes est la même, et qu’il n’y a que des changements, des modifications » (Traité élémentaire de chimie, 1789)

    *******

    Mais cette question de la création ex-nihilo ou uniquement à partir d’un préexistant incréé me paraît indécidable. Les deux me paraissent cohérents.

    Et par contre la Bible affirme de temps à autre dans le texte source la toute-puissance de Dieu (Genèse, Job, évangiles) :
    Genèse 18:14 Y-a-t-il quelque chose de trop prodigieux pour YHWH (l’Eternel) ?
    Job 42:1-2 Job répondit à YHWH (l’Eternel) : Je reconnais que tu peux tout, Et que rien ne s’oppose à tes pensées.
    Luc 1:37 Car rien n’est impossible de la part de Dieu.

    *******

    Dans tous les cas, voici une version compatible avec les deux scénarios et qui pourrait rejoindre la démarche scientifique :
    Proverbes 3:19-20
    C’est par la sagesse que l’Eternel a fondé la terre, c’est par l’intelligence qu’il a affermi le ciel
    C’est par sa connaissance que les abîmes se sont ouverts et que les nuages distillent la rosée.

    Si on fait le lien ici entre sagesse, intelligence, connaissance (une partie de la sagesse, l’intelligence, la connaissance) et science au sens qu’elle a depuis la Renaissance ou depuis l’Antiquité, Aristote, Euclide, Archimède…

    Conception initiale puis création ex-nihilo ou intervention créatrice sur la base d’un incréé, dans tous les cas, cette création est basée sur la sagesse divine, le logos divin dans sa partie scientifique. Dans cette interprétation, la science humaine dans sa démarche authentique, universelle, d’amélioration continue sur sa base empirique, théorique, et épistémologique, serait en quête d’une partie de cette science divine de la création.

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