étoiles et galaxies dans le ciel lointain - Image parAlex Myers de Pixabay
Question

Il est très difficile d’imaginer un Dieu qui existe de toute éternité. La foi prend le relai ?

Par : pasteur Marc Pernot

étoiles et galaxies dans le ciel lointain - Image parAlex Myers de Pixabay

Question posée :

Bonjour Pasteur, tout d’abord je tiens à vous remercier pour la réponse aux questions que nous vous posons. Voici la mienne : il est très difficile d’imaginer un Dieu qui n’a pas eu de commencement, qu’il existe de toute éternité, mais il est tout aussi difficile d’imaginer que ce même Dieu n’aura pas de fin. Je suis chrétien (catholique) et parfois il m’arrive de douter de cela, mais là où mon intelligence humaine limitée s’ arrête, ma foi prend le relais. Que pouvez vous me dire à moi, ainsi qu’à toute personne qui doute parfois de l’éternité de Dieu. Et pensez vous que toute personne ira au ciel un jour ? Peut-on être sauvé à l’instant même de notre mort ? Merci d’avance pour vos réponses.

Réponse d’un pasteur :

Bonsoir

Grand merci pour les encouragements et bravo de vous poser des questions et bravo aussi pour vous doutes et hésitations dans le domaine de la théologie, car c’est ainsi qu’il est possible d’avancer (comme en science), et d’avancer avec sincérité (qualité si essentielle en ce qui concerne cet autre volet qui n’est pas sans rapport avec la théologie : la foi, la recherche et/ou la relation à Dieu).

Il est clair qu’il est un petit peu difficile, si l’on veut bien être honnête et si l’on essaye vraiment de se représenter ce que cela pourrait signifier) de se figurer ce que pourrait être l’éternité. Que ce soit à un bout ou à l’autre du temps (si je puis dire). Cela n’est donc évidemment pas grave d’en douter. Ou de laisser la question en suspend comme le suggère ce Psaume des montées 131 (130) : « je ne m’engage pas dans des questions trop grandes et trop difficiles pour moi. Au contraire, je me suis fait calme et tranquille, comme un enfant sevré auprès de sa mère ; je suis en moi-même comme un enfant sevré. »

Mais je ne suis pas certain que la foi prenne alors le relai, si ? La foi est une relation, une attention, une attente… Que Dieu ait existé de puis des temps infinis ou depuis mil milliards d’années est une question qui n’est pas dénuée d’intérêt spéculatif mais dans l’un ou l’autre cas cela importe peu sur le plan spirituel, après tout.

En tout cas, sur la plan de la pensée, je ne saisis pas trop ce que pourrait signifier en réalité la notion même d’infini, et pourtant, en mathématiques cette notion est indispensable et lors de mes études scientifiques, cela titillait déjà mes neurones d’un zeste de vertige. En physique aussi, quand on parle de relativité, la notion même de temps comme une des dimensions de l’espace, le temps n’est plus aussi rigide et fixe que celui auquel nous sommes habitués à nos échelles de vitesse et d’espace.

Du point de vue logique, cette notion de temps infini est néanmoins nécessaire. Car si Dieu n’avait pas toujours existé, il aurait commencé à être à un certain moment. Il me semble difficile du point de vue à la fois scientifique et philosophique que de l’être sorte spontanément du néant. Cela laisse à penser qu’il y aurait eu « quelque chose » d’autre avant ce commencement de Dieu, et caetera. Et ce quelque chose pourrait être appelé Dieu aussi. Dieu qui se transforme. Ce qui n’est d’ailleurs pas étranger au Dieu présenté dans la Bible si l’on y prend garde, comme dans l’histoire du déluge (Genèse 6 à 9), par exemple.

Dans un autre sens, Dieu est également pour nous une figure de notre idéal, et c’est vrai que c’est surtout dans ce cadre là que la conception d’un être qui existe depuis toute éternité coince un petit peu. Quoi que : nous savons bien que notre arbre généalogique plonge ses racines dans un temps si lointain que cela aussi donne le vertige, imaginant ne serait ce que le début de notre planète avec l’apparition des premières formes de vie dessus…

Mais encore une fois, peu importe. Il n’y a rien dans ce doute quoi que ce soit qui ne mérite de troubler la foi, la recherche de Dieu, la prière à Dieu, la confiance en lui, la qualité que la foi nous apporte à notre existence.

 

Quant à cette deuxième question : pensez vous que toute personne ira au ciel un jour ? Peut-on être sauvé à l’instant même de notre mort ?

Il est claire que l’expression « aller au ciel » est une façon de parler, que c’est une image. Nous sommes déjà et de la terre et du ciel : pétri de matière (Adam : humain enfant de l’humus), et animé du souffle de Dieu. Ou pour parler autrement : un animal spirituel, un corps aimant et capable de penser un état meilleur… Toute personne est déjà dans le ciel, en ce sens, même si elle ne l’exprimerait pas ainsi. Ensuite, si l’on pense à ce qui se passe dans la vie future, s’il y en a une ? A mon avis, oui, toute personne participe à cette vie future. En effet, de mon expérience, l’amour est plus fort que la mort, comme nous pouvons garder en vie en nous une personne que nous aimons, même si elle est à l’autre bout du monde, même si son corps est mort. Assez logiquement, si l’on pense qu’il y a « quelque chose » de l’ordre de Dieu (si l’on accepte ce terme un peu piégeux), et que ce Dieu aime la personne humaine individuelle, Dieu gardera chaque personne en vie, à sa façon. Ou plutôt qu’il garde le meilleur de chaque personne, son beau côté (c’est comme cela que juge celui qui aime, il garde le meilleur).

En ce sens, nous ne sommes pas sauvés « à l’instant même de notre mort », nous sommes sauvés avant notre mort, par cette partie de nous qui est bonne, aimée, déjà « au ciel », et ce qui est sauvé traverse la mort en restant vivant, aimé, gardé. Voir par exemple ce que Jésus en dit à son amie Marthe (Jean 11:25-26).

Mais cela aussi est tout à fait insaisissable pour nous et notre expérience de vie sensible dans un corps. Et de cela aussi il est possible de douter, de se poser des questions, d’hésiter. Ce n’est pas grave. La question pour nous aujourd’hui est celle de vivre déjà cette vie présente, de vivre avant la mort. Pour ce qui est de la suite, nous verrons bien, faisons confiance.

Belle continuation à vous. Avec et part la bénédiction de Dieu.

par : Marc Pernot, pasteur à Genève

Si vous voulez, vous pouvez voir aussi, dans le petit dictionnaire de théologie :

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