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Dictionnaire de théologie

Existence de Dieu : comment savoir ? Qui est Dieu ?

Comment savoir si Dieu existe ?
Cela dépend de la définition que l’on donne à Dieu

Voici deux. Excellentes questions, tout à fait essentielles : Comment savoir que Dieu existe ? Qui est Dieu ?

Ces deux questions sont effectivement tout à fait liées car comment mener l’enquête sur l’existence de Dieu, si on ne sait même pas ce que l’on cherche ou ce que l’on entend par là ? C’est comme si il se demandait : « Est-ce que l’amour existe ? » Tout dépend de ce qu’on entend par amour. Est-ce que le bonheur existe ? Tout dépend de ce que l’on entend par bonheur, évidemment.

Est-ce que Dieu existe ? Cela dépend donc de ce que l’on entend par Dieu.

Dieu, force créatrice et source d’évolution :
une piste théologique et philosophique

Il y a quantité de sortes de dieux, qui sont dans les imaginations humaines et qui n’existent pas, en réalité. C’est déjà bien si leur définition de Dieu et leur croyance les aident à vivre, à s’ouvrir aux autres, à être meilleurs, à être plus heureux. Donc ce n’est pas une critique, mais c’est afin de savoir de quoi on parle.

Si l’on a comme définition de Dieu le Créateur avec C majuscule, c’est-à-dire une puissance transcendante qui est source de l’évolution que l’on envoie en œuvre dans l’univers, et que l’on envoie aussi en nous-mêmes. On peut alors mener l’enquête. Est-ce que cette puissance, cette source d’évolution, existe ou n’existe pas ?

L’expérience spirituelle personnelle :
une preuve intime de l’existence de Dieu ?

Il est possible alors de partir de notre propre expérience, pour commencer, et de se demander quels facteurs sont sources d’évolution positive dans notre existence. Ça existe bien, nous le savons : il y a un certain nombre de choses qui font que nous sommes plus heureux avec plus d’espérance, plus d’enthousiasme, avec une meilleure qualité d’être, avec une plus grande bonté, une plus grande créativité, une plus grande élévation, des pensées, des sentiments et des actes. Par exemple, différentes personnes pourraient citer l’amour comme étant une source d’évolution positive dans leur existence. D’autres parleront de l’émerveillement comme source d’élévation de notre être. Ce sont déjà deux excellentes premières pistes dans cette question de savoir si Dieu existe.

Dieu est amour :
une affirmation biblique et existentielle

L’apôtre Jean, dans sa première lettre (et l’apôtre Paul aussi), dit que « Dieu est amour ». Nous y voilà. Nous savons que l’amour existe au moins sous forme de traces dans notre existence. Nous savons que l’amour est créateur, source d’élévation dans notre existence. Si l’on prend la définition de Paul et de Jean « Dieu est amour », on peut donc dire que nous savons d’expérience que Dieu existe.

Je pense que c’est la réponse la plus basique, mais elle n’est pas fausse. Elle permet aux personnes de se concentrer au moins sur l’amour.

S’émerveiller est un regard amoureux sur le monde et les êtres, cela se cultive, et nous aide à découvrir les traces de l’amour dans notre vie et dans notre monde.

Prière, émerveillement et recherche de Dieu :
des voies spirituelles accessibles

Par exemple au soir de sa journée, même si l’on doute de l’existence de Dieu, il est possible de commencer à « prier », c’est-à-dire de rechercher les traces de ces deux réalités dans notre existence, récente ou ancienne, de nous en réjouir dans la louange, d’en regretter le manque dans la lamentation, de réfléchir sur nos occasions manquées dans la repentance, etc. Déjà avec cette définition de Dieu, on peut se concentrer sur ces deux forces et prier. C’est à la fois beau et utile.

Ce qui est discutable dans cette première explication, c’est d’appeler cela « Dieu », c’est ce que refusera de faire un athée. Mais il me semble que c’est très utile au contraire d’accepter d’appeler cela Dieu, car cela nous met en dialogue avec des milliers et des milliers d’années de spiritualité et de recherches sur votre deuxième question. Ce serait vraiment dommage de se couper de ce patrimoine spirituel alors que l’on peut, au contraire, en bénéficier pour soi-même, et pour ceux que l’on aime. Bien entendu, c’est pas parce que telle ou telle personne, telle ou telle tradition dit telle chose sur Dieu que nous sommes obligés d’être d’accord. C’est là que votre deuxième question est fondamentale : entendre avec bienveillance, et garder sa liberté de jugement pour s’enrichir du meilleur et écarter ce qui nous semble moins intéressant pour nous.

L’expérience mystique de Dieu :
une observation existant dans toutes les cultures

Par ailleurs, bien des personnes ont fait l’expérience d’une rencontre qu’elles qualifient de rencontre avec Dieu, c’est-à-dire d’un amour qui est plus grand que l’univers et par lequel elles sont rejointes. Ça n’existe pas seulement à travers la religion, cela existe dans toutes les cultures depuis que l’homme n’est pas simplement une sorte de singe, c’est l’expérience mystique ou spirituelle. Venant par surprise. C’est l’Esprit Saint à l’intérieur de nous-mêmes. Pour certaines personnes, c’est une occasion unique et intense, comme par exemple l’apôtre Paul sur le chemin de Damas ou le philosophe et scientifique Blaise Pascal. Mais ce ne sont que deux exemples, je connais des centaines de personnes qui ont vécu ça. Pour d’autres personnes, c’est une expérience plus diffuse dans l’étude, dans la prière, dans la nature, ou dans le service de l’autre. Cette dimension-là de l’expérience de Dieu ne peut pas se prouver comme avec la première définition que je vous donnais, elle est donc plus discutable évidemment, et elle est difficile à partager.

Vers quel Dieu tournons-nous nos regards ?
L’importance du choix personnel

À partir du moment où l’on commence, comme vous le faites, à creuser la question de l’existence de Dieu, il est excellent de poursuivre à la fois la réflexion en se demandant en quel dieu on croit, vers quel Dieu on veut tourner ses regards. Parce que les caractéristiques de Dieu que nous nous donnons ou que nous adoptons vont influer sur notre façon d’être et d’espérer, il est donc particulièrement important de choisir. En quel Dieu on veut croire et que l’on veut adorer.

Dieu existe-t-il objectivement ?
Une hypothèse rationnelle face au mystère

Ensuite on peut se demander : est-ce que Dieu existe objectivement en dehors de l’univers matériel ? Cette question me semble moins intéressante que les précédentes, mais elle l’est quand même. Là-dessus on ne peut que poser certaines hypothèses, évidemment, mais il est quand même plus vraisemblable, plus plausible, qu’il existe quelque chose plutôt que rien comme source de création dans l’univers. Donc je dirais que le plus rationnel est de partir de l’idée que Dieu existe, Dieu, en tant que réalité objective.

Le doute comme moteur spirituel et philosophique

Le doute sur l’existence de Dieu et sur les caractéristiques de Dieu n’est pas un défaut. Cela permet de faire grandir et progresser notre conception de Dieu, éventuellement de nous laisser surprendre par lui. Mieux vaut une part de doute tout en continuant à nous poser des questions. C’est comme cela que la science progresse, la théologie aussi.

Bravo donc de vous poser des questions, surtout n’arrêtez pas de vous en poser, car les questions permettent d’avancer et de se progresser. Dans la confiance en Dieu, bien sûr.

Marc Pernot

Suite :

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Quelques courtes définitions de mots essentiels de la théologie

Quelques questions de théologie posées par des visiteurs et une réponse proposée
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7 Commentaires

  1. Morgane dit :

    Bonsoir,
    Je pense que la question « est-ce que le Dieu de Jésus existe » me semble assez facile à résoudre avec le recul d’aujourd’hui dans le sens où Jésus a démontré par l’expérience que sa vision des choses est celle qui marche et qui est juste sur le long terme. Par exemple, les travaux scientifiques récents sur l’éducation ne font que corroborer l’approche relationnelle de Jésus (et sûrement de bien d’autres). Nul doute également que les «enseignements » type paraboles de l’évangile portent vraiment de bons fruits dans la vie quotidienne.
    La vraie question est pour moi : la nature de Dieu est-elle de sorte à entrer en relation avec l’humain (par le langage sous toutes ses formes) ou bien juste un état de fait (l’univers marche comme cela).
    Mon histoire fait que je m’adresse personnellement et verbalement à Dieu mais je connais peu de personnes qui le font et je me demande parfois si c’est juste de le faire. Cela me fait beaucoup de bien mais est-ce une réalité ou un placebo ? Mon expérience me fait tendre à dire que le langage verbal n’est pas le sujet (chacun sa forme) mais que la relation à Dieu existe profondément et change le cours du monde. Un des rôles de la Bible est pour moi de conscientiser et travailler cette relation qui est « naturelle » aux humains.
    Une autre observation qui tendrait à montrer que la relation à Dieu est valide est que de nombreuses personnes peuvent dire d’aussi belles choses que Jésus mais qu’ils ont tant de mal à l’appliquer, y compris moi. Je trouve que la relation de prière avec le Dieu de Jésus est vraiment la clé du changement intérieur, en plus de l’entraînement de notre intelligence/esprit critique comme de notre empathie (tout ce qu’on est censé travailler en église quoi). Dans tous les cas, il est fondamental d’aimer ce qui donne la vie pour déborder de vie soi-même.
    Merci pour vos belles réflexions en cet été,
    Fraternellement

    1. Marc Pernot dit :

      Chère Morgane

      Je trouve que votre façon de voir est tout à fait excellente.

      je connais plein de personnes qui « s’adressent personnellement et verbalement à Dieu » et qui en trouve grand bénéfice. Il semble même que (si l’on en a la possibilité sans déranger quiconque) parler à Dieu à haute voix est encore un plus. Parler à Dieu comme on s’adresserait à un ami très cher en qui on a toute confiance : et donc lui dire ce que nous avons sur le cœur et qui passe par notre ête, on peut même l’engueuler avec des reproches injustes car c’est ce que l’on peut se permettre de faire avec un ami (c’est ce que fait Jésus sur la croix). Bien entendu, Dieu n’est pas un humain, et cela peut sembler un peu surréaliste de lui parler comme s’il était notre pote. Mais nous sommes humains et nous n’avons pas d’autres repères que ceux de ce monde. C’est pourquoi nous pouvons quand même lui parler comme à un ami, tout en sachant qu’il est infiniment plus et autre qu’un simple ami.

      C’est juste et salutaire de le faire, et c’ets encore mieux en sachant ce que’ l’on fait, comme vous. Et oui, cela aide à avancer. A mon avis, Dieu est réellement à l’œuvre quand nous nous ouvrons ainsi plus particulièrement à son champ d’action, mais quand bien-même ce ne serait qu’un effet d’une sorte d’analyse interne, mettant des mots sur nos maux et nos espérances, cela vaudrait déjà le coup. Mais à mon avis le bénéfice de la prière va au delà des bénéfices d’un simple exercice spirituel, et je serais gêné de m’attribuer ces bénéfices à la seule sagesse de ma démarche.

      Ensuite, bien sûr que nous ne sommes pas à la hauteur de notre idéal, pas à la hauteur de notre Dieu. C’est précisément à cette convergence que nous travaillons quand nous prions en vérité. Nous ne serons pas parfaits non plus demain, mais nous aurons avancé, grâce à Dieu, d’un petit pas.

    2. Pascale dit :

      Merci beaucoup pour votre commentaire, Morgane, ainsi que pour la réponse de Marc. Je fais partie de ces personnes qui s’adressent à Dieu avec des mots, tout en ayant les mêmes interrogations et le même désir de relation. Mes paroles sont un curieux mélange de totale confiance, de celle qui permet de se livrer entièrement sans crainte, et d’infini respect, de celui qui n’a pas d’équivalent humain.

      1. Morgane dit :

        Bonjour Pascale et Marc,
        Merci pour vos enrichissements. Il est vrai que j’ai aussi ressenti à de rares mais précieux moments avoir reçu dans mon corps tout entier une confiance, une réconciliation, une assurance, qui émerge des profondeurs sous forme de paroles rien que pour moi, dont comme vous le dîtes « on « sent » qu’elles ne viennent pas de nous » car contraires aux peurs et doutes qui nous habitent ou tout simplement inattendues. Je me les remémore régulièrement car elles sont d’une aide infinie. Je serais également gênée d’attribuer ces bénéfices à la simple mise en œuvre de l’exercice ou de mes propres capacités.
        Plus jeune, je crois qu’il me manquait de cet « infini respect » dont parle Pascale et qui pousse à l’écoute. Pouvoir se livrer entièrement sans crainte était déjà pas mal mais pas suffisant.

  2. Pascale dit :

    Si on m’avait posé ces deux questions, jamais je n’aurais répondu ainsi. Votre réponse est d’une grande ouverture, peu fréquente à ce degré. Pour un croyant, admettre qu’on puisse appeler Dieu uniquement la source de ce qui nous élève, ce qui nous rend meilleur ou plus heureux, n’est pas si évident. Je pense que ce ne sont pas seulement les athées qui refuseraient cela. Et pourtant cette ouverture est si féconde !
    À l’expérience mystique de Dieu, j’ajouterais le sentiment d’avoir reçu une aide, une force, une consolation, une idée, dont on « sent » qu’elles ne viennent pas de nous. Évidemment, cela aussi est difficile à partager. Mais on peut l’ajouter comme un élément à notre enquête personnelle. Car on a beau avoir répondu par l’affirmative (sans certitude bien sûr) à la question « Dieu existe-t-il objectivement ? », on en cherche encore et toujours des traces.

  3. Jean Michel-Léon dit :

    Freud nie l’existence de Dieu, c’est son choix, et il faut le respecter.

    Le seul reproche que nous pouvons et devons avoir, c’est qu’il n’ait pas exploré que cela peut être possible.

    Il affirme, mais sans jamais essayer de voir de l’autre côté.Ce n’est pas tant l’existence de Dieu qui est sujette à questionnement, mais c’est ce que les hommes en ont fait.

    Si Dieu existe, il doit être bien triste de voir ce que certains pseudos-religieux ont fait de lui.

    1. Marc Pernot dit :

      Ça c’est vrai !

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