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Dictionnaire de théologie

Le Sabbat (Shabbat)

Mathilde demande si l’on peut travailler le Sabbat lorsqu’on a une profession médicale telle que infirmier, urgentiste, docteur, etc ?

Merci à elle, pour sa foi et sa sincérité, cherchant à faire la volonté de Dieu dans son existence très concrète. Demandant des conseils et restant libre, heureusement. C’est inspirant. Et cela nous donne l’occasion de creuser ce u enoius pourrions penser du Shabbat à la suite de Jésus-Christ.

Le commandement du Shabbat dans la Bible : un fondement spirituel majeur

C’est vrai que le commandement du Shabbat est le plus développé des commandements dans les « dix paroles » de la loi de Moïse. Jésus a lui-même vécu cette pratique. On voit dans les Évangiles que Jésus suit ce commandement avec une grande liberté, il n’en fait plus un absolu mais il place la confiance en Dieu, l’amour de Dieu et du prochain au-dessus de ce commandement de la Loi religieuse.

Jésus et le Shabbat : une lecture spirituelle et humaniste

Quand Jésus rencontre une personne ayant besoin de compassion, il n’hésite pas à enfreindre le Shabbat pour avoir ce geste de compassion même ce jour-là. Cela choque évidemment les intégristes de son époque qui étaient très attachés à suivre les commandements à la lettre. Alors que Jésus s’intéresse plus à leur esprit.

Le sens profond du Shabbat selon Jésus : « Le sabbat est fait pour l’homme »

Jésus explique alors : « Le sabbat est fait pour l’homme, et non l’homme pour le sabbat. » (Marc 2:27) C’est-à-dire que pour Jésus les commandements religieux et en particulier le commandement du Shabbat sont de simples moyens utiles au développement de la personne, de sa foi et de sa vie. Dans un certain sens, le commandement du Shabbat est donc au service de la personne. Le commandement n’est pas au-dessus de la personne pour l’empêcher de vivre selon sa conscience ou son inspiration.

Le Fils de l’Homme maître du Shabbat : liberté de conscience et grâce

C’est ce que Jésus explique en ajoutant : « C’est ainsi que le fils de l’homme est maître même du Shabbat. » Cette parole forte s’applique à lui-même, le Fils de l’homme avec une majuscule, mais elle est aussi pour chacune et chacun d’entre nous, parce qu’en langue hébraïque « le fils de l’homme », c’est « l’enfant d’Adam », « l’enfant de l’Humain », c’est-à-dire toute personne, Par conséquent, vous aussi, et, accompagnée par la grâce de Dieu, vous pouvez tout à fait adapter votre façon de respecter le Shabbat selon votre inspiration.

Shabbat et travail : concilier foi et vie professionnelle

Pour les cas que vous citez, cela semble bien entendu essentiel d’aller travailler un samedi quand on a un métier qui consiste à soigner des personnes, ce qui doit pouvoir être fait chaque jour de la semaine. Jésus a même donné l’exemple de soins qu’il donne un jour de Shabbat.

Une transgression assumée : les épis de blé dans l’Évangile

Mais cela va même plus loin avec Jésus car l’Évangile nous rapporte le cas où il laissait ses disciples prendre des épis de blé en passant sur le bord d’un champ, les froisser dans leurs mains pour en retirer les grains et les manger (Matthieu 12) : c’est une infraction manifeste au commandement de la Loi de Moïse qui interdit de travailler le jour du Shabbat, de moissonner, de vanner le blé et de voyager. Et ce n’est pas en grignotant quelques épis qu’ils vont vraiment se nourrir, il s’agit plus de gourmandise. Cela montre la grande liberté qui régnait vis-à-vis du Shabbat pour Jésus et dans son entourage.

La valeur de l’être avant le faire : le Shabbat comme affirmation existentielle

Pourtant, l’idée du Shabbat est très intéressante : cela consiste à ne rien produire pendant une journée par semaine, et à se rendre compte que notre valeur ne se mesure pas à notre performance dans quelque domaine que ce soit mais à notre seule existence. C’est un point essentiel : tant de personnes pensent ne pas valoir grand-chose. Et bien si ! nous apprend le Shabbat : notre existence a un prix, chacune de nos journées est précieuse, digne d’être vécue, et notre bonheur n’est pas seulement de pouvoir réaliser des choses, être moi et être vivant est en soi une grâce, une bénédiction. C’est ce que nous apprenons de l’Éternel Dieu.

Vivre le Shabbat aujourd’hui : spiritualité, repos et liberté intérieure

L’expérience que nous apporte le Shabbat est donc essentielle afin que nous cherchions ensuite notre vocation en ce monde, non pas pour nous assurer un prix à notre vie, mais pour la beauté du geste. Cela change complètement le sens de ce que nous ferons. Au lieu d’agir en pensant faire notre salut, nous agirons parce que nous sommes déjà sauvés, par amour pour Dieu, pour notre prochain, pour la cause que nous cherchons à faire avancer.

Pratique spirituelle du Shabbat : à chacun son rythme, comme Jésus

Une fois saisie l’importance du Shabbat, peu importe que cela soit tel ou tel jour de la semaine, de manière imposée et fixe. L’important est de le pratiquer à notre façon, à notre rythme. Jésus lui-même prenait des temps de recul dans son activité, se mettant à l’écart, souvent seul pour prier, parfois avec ses disciples pour un temps de repos, un temps de Shabbat, donc.

Peu importe le jour de la semaine, la plupart des chrétiens ne suivent pas strictement le commandement du Shabbat : sans les interdits de certaines activités, mais en faisant place à un temps de célébration, la plupart ont choisi non plus le samedi (en fait les juifs fêtent plutôt le Shabbat le vendredi soir de notre calendrier, mais la plupart des chrétiens ont choisi le dimanche en mémoire des récits de résurrection du Christ dans les Évangiles. Peu importe le jour. De toute façon, l’Esprit du Shabbat n’est pas tant à l’église que dans l’intimité de la maison, en famille, et dans la pratique personnelle, authentique et sincère, libre et non imposée par personne (ni par Dieu, ni par l’église, ni par un code de lois).

  • C’est ainsi qu’à telle période de notre vie, notre temps de Shabbat pourra être un temps de repos à la fin de notre journée, quand enfin on peut effectivement se poser et se reposer, lire un petit peu, prier, se donner parfois un temps de culte pour soi-même ou pour sa famille.
  • Peut-être qu’à un autre moment de notre vie, le temps de Shabbat remplira une grande partie de nos journées. Selon les forces que nous avons pour passer à l’action ensuite, à notre façon, si cela nous est possible, bien sûr.
  • Peut-être que notre temps de Shabbat sera parfois une retraite de 5 jours dans un monastère trappiste, sans téléphone, comme dans le désert ?

Il y a des moments charnières de notre vie, d’autres périodes sont plus dans la routine, toutes les périodes ont besoin de leur temps de Shabbat pour les rythmer, faire place à la grâce de Dieu, s’ouvrir à l’inspiration de l’Esprit Saint.

Conclusion : un temps de grâce à vivre dans la liberté

Sentez-vous donc très libre de bâtir votre programme avec détermination et souplesse, comme le faisait Jésus.

Dieu vous bénit et vous accompagne.

Marc Pernot

Suite :

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Quelques courtes définitions de mots essentiels de la théologie

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