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Élaborer sa théologie

La théologie est l’art délicat de dire ce que l’on pense de Dieu. Cela peut sembler une activité bien osée puisque, par définition même, Dieu est d’un autre ordre que nous : il est (ou serait) au dessus de tout, et donc au dessus de ce que l’on peut en dire.

Mais élaborer une théologie, ou plutôt SA propre théologie est une activité essentielle car elle consiste à réfléchir sur ce que l’on pense être essentiel dans sa vie, dans sa visée, dans ses valeurs, dans sa conception de ce qui est juste et bon. Car Dieu, c’est au moins cela : ce que l’on place au dessus de tout (notre « préoccupation ultime »). Faire de la théologie, c’est donc chercher ce qui fait sens pour moi. C’est également chercher ce qui, selon moi, fait source de vie, de vie meilleure, plus élevée, plus belle et plus authentique.

Réfléchir et débattre de théologie est par ailleurs une activité intéressante car elle permet de mieux profiter des richesses de la philosophie et des arts. Elle suppose d’entrer en dialogue avec 3000 ans de débats et de questionnements, en particulier avec ce monument de notre patrimoine qu’est la Bible.

Il n’est donc pas besoin de penser que « Dieu existe » pour faire de la théologie. Mais on a le droit de penser qu’il existe « quelque chose » qui dépasse toute chose, ou qui en est l’origine, le sens. Bien des personnes ont même une expérience de la prière, de relation entre leur vie et Dieu. Ce geste met en relation notre théologie et notre existence, dans une recherche de mise en cohérence féconde. Mais là encore, mieux vaut avoir réfléchi sur ce que l’on croit, sur sa propre théologie car cela va influer sur ce que nous deviendrons, peu à peu, à l’image de ce que l’on pense comme étant l’idéal.

Par bonheur, nous ne sommes pas seuls pour réfléchir sur cette question déterminante. Nous pouvons nous saisir des éléments apportés par d’autres, en particulier dans les chefs d’œuvre des générations passées. Parmi ces trésors se trouvent la Bible et les 2000 ans de débats autour de ces textes.

Seulement, les mots du patois théologique et biblique sont souvent pour nous de « faux amis », des mots dont notre culture a perdu un peu le sens. Ces notions de base sont à redécouvrir afin de pouvoir composer notre propre lecture de la Bible et notre propre théologie, peut-être même notre propre prière.

Vous trouverez sur cette page :

Vous trouverez sur cette autre page le 2e tome du dictionnaire de théologie, pour un niveau plus avancé :

Tableau de Spitzweg représentant un bibliothécaire Premières notions en quelques mots

Je vous propose ici quelques très très courtes définitions de mots essentiels du patois théologique et biblique :

  • aimer = c’est, au moins, vouloir du bien à l’autre, reconnaître qu’il est digne de vivre (en grec biblique il y a bien des verbes différents pour dire « aimer »).
  • âme = dans la Bible, ce qui est traduit par « âme » est l’être, la vie d’un humain ou d’un animal. Pour l »humain, cela comprend donc son corps, sa pensée, sa vie spirituelle (contrairement à l’opposition âme-corps que l’on trouve dans d’autres cultures).
  • ange = littéralement « messager » de Dieu (voir Parole de Dieu).
  • apocalypse = dévoilement (de la réalité présente).
  • apôtre = littéralement « envoyé » (en mission).
  • baptême = littéralement « plongée » (dans la grâce de Dieu) car dans ce geste, l’eau est signe de la grâce de Dieu (voir sacrement).
  • christ = littéralement : « oint d’huile », ce qui était un geste disant que la personne était bénie par Dieu et avait une vocation particulière d’être bénédiction d’une certaine façon pour d’autres (cette onction d’huile était un geste matériel du temps des prophètes, mais est en général elle est plutôt vécue spirituellement). Avec une majuscule « le Christ » c’est le sauveur ultime de l’humanité tout entière, apportant comme une seconde et ultime étape à la création de l’humanité.
  • communion = repas appelant à faire corps ensemble par la communion avec le Christ (voir sacrement).
  • conversion = évoluer dans son orientation de vie, adopter Dieu comme source et comme visée de sa propre évolution.
  • croire = espérer en Dieu, ne serait-ce qu’espérer qu’il existe, le chercher (dans la Bible, ce qui est traduit par « croire » est du domaine de la relation, pas de l’ordre de la croyance).
  • démons = dysfonctionnements qui sont maîtres de moi (on n’est pas obligé de penser qu’il existerait une sorte de créatures invisibles nocives qui infesteraient notre âme, comme un virus).
  • diable, satan = tout facteur de séparation, de souffrance, de mort, de haine (on n’est pas obligé de penser qu’il existerait une personne transcendante qui serait source de mal, une sorte de dieu méchant).
  • dieu = puissance non matérielle d‘évolution positive : ce qui fait source pour moi de vie meilleure, plus belle, plus profonde et plus vraie. Des philosophes disent que toute préoccupation ultime pour une personne est dans un sens dieu pour elle.
  • enfer = lieu (symbolique) de purification de l’homme (on n’est pas obligé de penser cela seulement en terme de vie future).
  • eschatologie = littéralement « ce qui concerne la fin des temps », ou plutôt la finalité de notre histoire.
  • esprit = littéralement « le souffle », « le vent » = image fréquente dans la Bible pour évoquer la présence active de Dieu dans le monde et en nous (voire « gloire »).
  • évangile = littéralement « bonne nouvelle »
  • foi = relation à Dieu de confiance, de fidélité, de recherche (voir « croire »).
  • gloire = présence active de Dieu libérant, mettant en route, accompagnant, guidant (voir « esprit »).
  • grâce = attitude de Dieu qui connaît, reconnaît et aime sans condition.
  • jugement = le jugement de Dieu est comme l’amour : il garde ce qui est bien dans la personne, il l’appelle et l’aide à aller vers le mieux. Le jugement de Dieu c’est donc son amour qui nous rend juste.
  • lumière = donne la capacité de voir par soi-même, autorise à avoir un avis en connaissance de cause. Le projet de Dieu n’est ainsi pas de nous mettre sur une voie toute tracée, mais de nous permettre d’inventer notre propre cheminement, nos projets.
  • ministre, en grec « diacre » = littéralement « serviteur »
  • miséricorde = tendresse maternelle pour son enfant (en hébreu ce mot est de la même racine que l’utérus). Souvent employé pour dire la tendresse de Dieu pour la personne humaine.
  • paradis = lieu (symbolique) de la vie éternelle (vie véritable). On n’est pas obligé de penser cela seulement en terme de vie future.
  • parole de Dieu = acte par lequel Dieu suggère une évolution.
  • pécher = littéralement « être à côté de la plaque »
  • providence = Action de Dieu pour nous aider à nous en sortir, On n’est pas obligé de penser que Dieu guiderait chaque événements, ou qu’il serait un magicien.
  • punir = littéralement en hébreu « visiter » (pour intervenir, ce qui ne veut pas dire faire souffrir, mais plutôt soigner)
  • religion = relie les gens pour relier à Dieu (normalement), mais aussi la réciproque : actes visant à nous relier plus et mieux à Dieu afin de nous relier plus et mieux à ce monde où nous vivons.
  • résurrection = littéralement « se lever », « s’éveiller » : quelque chose de très concret qui nous est donné pour passer d’une certaine façon de la mort à la vie (voir « conversion »).
  • révélation = Dieu met en lumière quelque chose, ouvre le sens (voir « lumière »).
  • rémission des péchés = libération de ce qui nous empêche de devenir un « nous-même » en pleine forme.
  • royaume = on est dans le « Royaume de Dieu » quand il a une certaine influence sur nous (quand il règne d’une certaine façon sur nous). On n’est pas obligé de penser cela seulement en terme de vie future, mais plutôt pour le présent et le futur. Il est « en nous » et « au milieu de nous » quand les relations sont bonnes.
  • sacrement = signe que se donne l’église pour dire officiellement la grâce de Dieu (voir baptême, communion). Cette grâce existait avant que le geste matériel soit posé, car cette grâce de Dieu est universelle.
  • saint = reconnu comme irremplaçable par Dieu (par amour, sans condition de mérite de notre part), et reconnu digne d’apporter quelque chose au monde.
  • sainte-cène = la Cène est le repas que Jésus prit avec ses disciples avant son absence. La « Sainte-Cène » est un repas symbolique nous associant à cette table du Seigneur (voir communion).
  • salut = échapper à la mort, à l’absurde, à l’aliénation, au mal.
  • théologie = une réponse à cette question : qui est Dieu pour moi ?
  • vérité = littéralement, en hébreu « fidélité », la « vérité » au sens biblique est donc avant tout une question de sincérité et d’attachement, une vérité de relation.
  • vie = ce mot français désigne plusieurs réalités différentes : la vie biologique (bios, en grec), vie spirituelle (psychè), la vie profonde ou éternelle (zoè).


Quelques questions de théologie posées par des visiteurs et une réponse proposée