La Bible a-t-elle été falsifiée ? Qu’a fait Jésus entre ses 12 ans et ses 33 ans ?
Question posée :
Bonjour Pasteur,
J´ai été impressionné par la réponse que vous aviez donnée sur le site „JE CHERCHE DIEU.CH“. C´est rare de trouver un pasteur qui parle comme vous. Je suis actuellement dans une crise de foi parce que je me demande si l´histoire n´a été trop falsifiée pour que la Bible soit vraie dans toute sa compilation. J´ai actuellement une question sur la vie de Jesus de 12 á 33 ans? Oú était-il vraiment? Et qu’est ce qu’il a fait? Et si les légendes classiques sont reprises par ces auteurs sur Jesus comme vous le dites; et qu´on ne peut pas déterminer la limite entre les oeuvres et les faits qui lui ont été attribués, et ses propres réalisations, ceci remet en cause toute une histoire sur laquelle nous avons fondé notre foi. Parce qu’il n’a pas été spécifié nulle part dans les évangiles qu’il faut les lire au sens figuré. Et puis les prédications et sermons ne nous informent pas dans cette direction. Ceci voudra dire qu’il n´a y avait pas assez á raconter sur lui qui soit suffisant pour convaincre les gens sur qui il était?
Je vous prierai de me répondre si vous êtes disponible á le faire.
Je vous remercie beaucoup et que Dieu vous bénisse.
Réponse d’un pasteur :
Bonjour Monsieur
Je ne sais pas ce que veut dire « la Bible aurait été falsifiée ». car c’est un recueil de témoignages assez divers de personnes parlant de leur expérience de Dieu et de la vie humaine. Il n’y a rien à « falsifier ». Si l’on n’est pas d’accord avec tel ou tel témoignage contenu dans ce recueil, ou sur tel point de tel témoignage, c’est déjà intéressant de s’être posé la question, et l’on peut alors passer en se disant que pour l’instant on pense autrement, et se concentrer sur d’autres passages pour nourrir sa foi et sa réflexion.
En général ce sont certains musulmans cherchant à combattre le christianisme qui disent que la Bible, ou que l’Evangile, aurait été falsifié, de façon à mieux affirmer ensuite que le Coran est bien mieux. Cette attitude révèle qui est la personne disant cela : une personne sans respect. Et cette attitude révèle la conception qu’a cette personne de la « Parole de Dieu » : une parole contenue dans des lettres d’encre sur du papier. Ce n’est pas le cas de bien des chrétiens, catholiques ou protestants : la Bible n’est pas sans rapport avec « la Parole de Dieu » mais la Bible n’est pas pour nous confondue avec la « Parole de Dieu » au sens où Dieu l’aurait dictée mot à mot une fois pour toutes. La « Parole de Dieu » est vivante, nouvelle à chaque instant,pour chaque personne et chaque situation. Elle se reçoit par l’Esprit, directement de Dieu, par la personne qui se place à son écoute. La Bible est pour nous un outil qui aide à se se mettre à cette écoute. La Bible est un recueil de témoignages de personnes et de communautés, ayant vécu entre -1000 et + 80, sur leur propre expérience personnelle de Dieu, avec leurs mots et le contexte de leur culture, les circonstances de leur propre vie.
C’est vrai que la Parole de Dieu n’est pas sans rapport avec la Bible quand même : quand une personne lit la Bible dans un esprit de prière, elle se met dans une recherche de ce que Dieu pourrait avoir à lui apporter comme parole, comme supplément d’être, de force, de lumière, de bonté, de vie… C’est ainsi la lecture et l’interprétation, avec l’aide de l’Esprit Saint, qui peut donner l’occasion de recevoir une « Parole » de Dieu personnellement.
Pour ce qui est de Jésus entre 0 et 33 ans, c’est vrai qu’à part un épisode à 12 ans, on ne sait pas d’autre chose que le fait qu’il était charpentier, comme son père, dans une ville pas très remarquable, Nazareth. Un écrivain du IIe siècle rapporte que sa spécialité comme menuisier charpentier était la fabrication de charrues assez réputées. C’est une anecdote touchante mais qui n’a pas un immense intérêt pour notre vie, en réalité. Pour le reste, il est possible de poser des hypothèses : il est manifestement cultivé, très cultivé en Bible et en philosophie grecque. Cela n’était de loin pas le cas de tout le monde, et cela a quand même dû l’amener à étudier auprès d’érudits pendant quelques années. Car on n’achetait pas un livre comme cela au coin de la rue, et on ne pouvait pas emprunter une Torah ou le rouleau d’Isaïe aux voisins. On sait que Jésus aimait partager des repas avec des amis, discuter, il n’a donc pas dû passer chez Esséniens (sorte de moines qu’a vraisemblablement fréquentés son cousin Jean dit « le baptiste »).
Si les gens n’ont pas pris la peine de raconter ce qu’il a fait avant, c’est que cela n’était pas très important pour nous, que cela n’a pas d’importance en ce qui concerne Dieu, le sens de la vie humaine, ou ce que Dieu veut réaliser par le Christ. C’est cela qui a changé la face du monde. Pour le reste, il pourrait avoir été grand ou petit, aimer le poisson ou la viande, jouer de la flûte ou chanté faux, être marié ou non, cela n’a pas d’importance.
Cela dit, on n’a pas à convaincre les gensde qui était Jésus, chacun pense ce qu’il pense, et choisit de vivre comme il pense devoir vivre. Ce que nous pouvons faire c’est dire combien, personnellement, la foi en Christ a formidablement enrichi notre façon d’être en vie. Que cela est une des plus belles choses qui nous est arrivée dans la vie que de découvrir celui que Jésus Christ nous a appris à connaître : Dieu, qui nous aime sans chantage, sans condition, sans réserves. Ce genre de témoignage laisse libre la personne en face, on ne cherche pas à la convaincre, si elle trouve à nourrir son être d’une autre façon, nous nous réjouirons pour elle. Si cette personne découvre la vie en Christ cela nous réjouira d’autant plus, car cela permettra de communier dans cette foi.
En fait, si l’on s’en tient aux manuscrits historiques dans les langues sources hébreu (+ araméen) et grec, il n’existe pas une Bible, mais des manuscrits de la Bible, avec des variantes textuelles souvent mineures, mais parfois majeures. De nos jours, il s’agit de traductions dans les langues contemporaines, selon des canons dépendant de chaque branche : Bible hébraïque, Bible protestante (= hébraïque + Nouveau testament), Bible catholique (= protestante + deutérocanoniques catholiques pour l’Ancien Testament), Bible orthodoxe (= catholique + livres supplémentaires orthodoxes pour l’Ancien Testament), Bible orthodoxe éthiopienne (= orthodoxe + livres supplémentaires pour l’Ancien Testament comme le livre d’Hénoch…), édition œcuménique de la Bible (TOB)…
Plutôt que de falsification, on peut parler de retouches, d’ajouts, d’omissions, de variations, mineures ou majeures.
Le texte Limits of the Five Patriarchates décrivant cette « pentarchie » est présent dans quelques manuscrits du Nouveau Testament (minuscules 69, 211 et 543).
Je me demande si les noms des classes de manuscrits bibliques ont été choisis (sur la base d’informations sur la provenance des manuscrits ?) en correspondance avec cette organisation historique en pentarchie :
Catégorie I — texte alexandrin : lien avec le patriarcat d’Alexandrie ?
Catégorie II — texte alexandrin avec nombreuses variantes textuelles des autres type textes (byzantin) : lien avec le patriarcat d’Antioche ?
Catégorie III — texte mixte et texte césaréen : lien avec le patriarcat de Jérusalem ?
Catégorie IV — texte occidental : lien avec le patriarcat de Rome ?
Catégorie V — texte byzantin : lien avec le patriarcat de Constantinople ?
Exemple(s) de grand(s) manuscrit(s) de la classe I : Codex Vaticanus, Sinaïticus, Alexandrinus [hors Évangiles] (http://nttranscripts.uni-muenster.de/AnaServer?NTtranscripts+0+start.anv pour un accès à la transcription de ces manuscrits, et la comparaison entre eux et avec certains grands papyrus)
Exemple(s) de grand(s) manuscrit(s) de la classe II : Codex Ephraemi Rescriptus
Exemple(s) de grand(s) manuscrit(s) de la classe III : Codex Alexandrinus [Évangiles]
Exemple(s) de grand(s) manuscrit(s) de la classe IV : Codex Bezae, Claromontanus
Exemple(s) de grand(s) manuscrit(s) de la classe V : Codex Petropolitanus Purpureus, Rossano Gospels, Codex Guelferbytanus B
Cette classification en 5 catégories des manuscrits du Nouveau Testament provient de l’ouvrage « The Text of the New Testament » [« Der Text des Neues Testaments »] de Kurt Aland [avec un ouvrage quasi-homonyme qui en parle peut-être aussi : « The Text of the New Testament: Its Transmission, Corruption, and Restoration » de Bruce M. Metzger et Bart D. Ehrman]. Elle découle de celle proposée proposée par Griesbach et Gabler (dir.), Opuscula Acadenzica,, vol. 1, 1771, thèse de doctorat, « Dissertatio Critica de Codicibus Quatuor Evangeliorum Origenianis (pars prima) », p. 239, puis Griesbach et Schulz (dir.), Prolegomena in Novum Testamentum, puis par Michaelis, Johann David, 1717-1791 et Marsh, Herbert, 1757-1839 dans « Introduction to the New Testament » [https://archive.org/details/introductiontone04mich/page/6/mode/2up?view=theater] : alexandrin, occidental, césaréen et byzantin.
Le fait qu’il existe différentes classes de manuscrits indiquent des variantes majeures, qui ne sont pas dues à des erreurs de copie. Les variantes majeures pourraient donc découler d’interprétations théologiques associées à des zones d’influence politique. Les manuscrits qui nous sont parvenus sont plutôt postérieurs au premier concile de Nicée (près de Constantinople) en 325, voire à ceux des conciles d’Antioche en 379, et du premier concile de Constantinople en 381, il est possible qu’il y ait eu quelques retouches sur les manuscrits originaux du Ier siècle suite à ces grands conciles œcuméniques, ou suite à des décisions de ces grands patriarcats. En particulier du fait de luttes contre les dites « hérésies » liées aux croyances concernant la divinité et l’humanité de Jésus Christ, la Trinité ou l’arianisme, le gnosticisme néoplatonicien-chrétien, les tendances judaïsantes… comme parfois déjà signalé dans le Nouveau Testament (épîtres…), et par les écrits des Pères de l’Église.
En tout cas, l’existence de ces différentes classes de manuscrits peuvent aussi être l’occasion d’un approfondissement et une richesse, comme le sont les 4 Évangiles, qui apportent des nuances et des éclairages complémentaires, diversifiés…
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En fait, si l’on s’en tient aux manuscrits historiques dans les langues sources hébreu (+ araméen) et grec, il n’existe pas une Bible, mais des manuscrits de la Bible, avec des variantes textuelles souvent mineures, mais parfois majeures. De nos jours, il s’agit de traductions dans les langues contemporaines, selon des canons dépendant de chaque branche : Bible hébraïque, Bible protestante (= hébraïque + Nouveau testament), Bible catholique (= protestante + deutérocanoniques catholiques pour l’Ancien Testament), Bible orthodoxe (= catholique + livres supplémentaires orthodoxes pour l’Ancien Testament), Bible orthodoxe éthiopienne (= orthodoxe + livres supplémentaires pour l’Ancien Testament comme le livre d’Hénoch…), édition œcuménique de la Bible (TOB)…
Plutôt que de falsification, on peut parler de retouches, d’ajouts, d’omissions, de variations, mineures ou majeures.
Pour ma part, je me pose la question de l’influence de l’organisation de l’Église à la fin de l’Antiquité et au Haut Moyen-âge en 5 Églises patriarcales (https://fr.wikipedia.org/wiki/Pentarchie, avec la traduction du texte source disponible en https://en.wikipedia.org/wiki/Limits_of_the_Five_Patriarchates) et sur sa possible influence sur les catégories des manuscrits du Nouveau Testament.
Le texte Limits of the Five Patriarchates décrivant cette « pentarchie » est présent dans quelques manuscrits du Nouveau Testament (minuscules 69, 211 et 543).
Je me demande si les noms des classes de manuscrits bibliques ont été choisis (sur la base d’informations sur la provenance des manuscrits ?) en correspondance avec cette organisation historique en pentarchie :
Catégorie I — texte alexandrin : lien avec le patriarcat d’Alexandrie ?
Catégorie II — texte alexandrin avec nombreuses variantes textuelles des autres type textes (byzantin) : lien avec le patriarcat d’Antioche ?
Catégorie III — texte mixte et texte césaréen : lien avec le patriarcat de Jérusalem ?
Catégorie IV — texte occidental : lien avec le patriarcat de Rome ?
Catégorie V — texte byzantin : lien avec le patriarcat de Constantinople ?
Exemple(s) de grand(s) manuscrit(s) de la classe I : Codex Vaticanus, Sinaïticus, Alexandrinus [hors Évangiles] (http://nttranscripts.uni-muenster.de/AnaServer?NTtranscripts+0+start.anv pour un accès à la transcription de ces manuscrits, et la comparaison entre eux et avec certains grands papyrus)
Exemple(s) de grand(s) manuscrit(s) de la classe II : Codex Ephraemi Rescriptus
Exemple(s) de grand(s) manuscrit(s) de la classe III : Codex Alexandrinus [Évangiles]
Exemple(s) de grand(s) manuscrit(s) de la classe IV : Codex Bezae, Claromontanus
Exemple(s) de grand(s) manuscrit(s) de la classe V : Codex Petropolitanus Purpureus, Rossano Gospels, Codex Guelferbytanus B
Cette classification en 5 catégories des manuscrits du Nouveau Testament provient de l’ouvrage « The Text of the New Testament » [« Der Text des Neues Testaments »] de Kurt Aland [avec un ouvrage quasi-homonyme qui en parle peut-être aussi : « The Text of the New Testament: Its Transmission, Corruption, and Restoration » de Bruce M. Metzger et Bart D. Ehrman]. Elle découle de celle proposée proposée par Griesbach et Gabler (dir.), Opuscula Acadenzica,, vol. 1, 1771, thèse de doctorat, « Dissertatio Critica de Codicibus Quatuor Evangeliorum Origenianis (pars prima) », p. 239, puis Griesbach et Schulz (dir.), Prolegomena in Novum Testamentum, puis par Michaelis, Johann David, 1717-1791 et Marsh, Herbert, 1757-1839 dans « Introduction to the New Testament » [https://archive.org/details/introductiontone04mich/page/6/mode/2up?view=theater] : alexandrin, occidental, césaréen et byzantin.
Le fait qu’il existe différentes classes de manuscrits indiquent des variantes majeures, qui ne sont pas dues à des erreurs de copie. Les variantes majeures pourraient donc découler d’interprétations théologiques associées à des zones d’influence politique. Les manuscrits qui nous sont parvenus sont plutôt postérieurs au premier concile de Nicée (près de Constantinople) en 325, voire à ceux des conciles d’Antioche en 379, et du premier concile de Constantinople en 381, il est possible qu’il y ait eu quelques retouches sur les manuscrits originaux du Ier siècle suite à ces grands conciles œcuméniques, ou suite à des décisions de ces grands patriarcats. En particulier du fait de luttes contre les dites « hérésies » liées aux croyances concernant la divinité et l’humanité de Jésus Christ, la Trinité ou l’arianisme, le gnosticisme néoplatonicien-chrétien, les tendances judaïsantes… comme parfois déjà signalé dans le Nouveau Testament (épîtres…), et par les écrits des Pères de l’Église.
En tout cas, l’existence de ces différentes classes de manuscrits peuvent aussi être l’occasion d’un approfondissement et une richesse, comme le sont les 4 Évangiles, qui apportent des nuances et des éclairages complémentaires, diversifiés…