23 janvier 2020

Un berger avec un troupeau de moutons en montagne - Photo de Patrick Schneider sur https://unsplash.com/fr/photos/photo-de-troupeau-de-moutons-wczrs3Unfnk
Psaume médité

++ Psaume 23 : Un guide spirituel pour la vie quotidienne

Psaume de David : un chant du bien-aimé

L’Éternel est mon berger:
je ne manque de rien.
Il me fait reposer dans de verts pâturages,
Il me dirige près des eaux paisibles.
Il restaure mon âme,
Il me conduit dans les sentiers de la vie juste,
A cause de son nom.

Quand je marche dans la vallée de l’ombre de la mort,
Je ne crains aucun mal, car tu es avec moi :
Ta houlette et ton bâton me rassurent.
Tu dresses devant moi une table,
En face de mes adversaires;
Tu oins d’huile ma tête,
Et ma coupe déborde.

Oui, le bonheur et la grâce m’accompagnent
Tous les jours de ma vie,
Et je reviens, j’habite dans la maison de l’Eternel
Jusqu’à la fin de mes jours.

Étude du texte du Psaume 23,

Dans la traduction grecque de la Bible hébraïque, ce Psaume porte le Nᵒ 22.

L’amour de Dieu : premier

« Psaume de David » : cette mention est probablement historique. Le roi David est un homme qui a existé et dont nous avons des traces archéologiques. Il était sans doute à la fois roi, mystique, et poète. Mais cette mention a aussi un autre sens, pour nous. Car le mot « David » signifie en hébreu « le bien-aimé » : ce psaume, ce champ de louange, est donc le chant de nous-mêmes qui sommes bien-aimés de Dieu. C’est le premier, immense et profond, sujet de louange. Une promesse pour le futur et même pour l’éternité. La louange se poursuit comme un appel à constater dans notre vie que Dieu nous aide à avancer dans les bons jours (premier paragraphe) comme dans les mauvais jours (le paragraphe du milieu du psaume), qu’il nous aide à avancer face à ce qui nous blesse (troisième paragraphe), qu’il nous fait prendre conscience de notre vocation à apporter quelque chose au monde, qu’il nous aide à nous réconcilier aussi dans la foi avec notre Dieu et à garder, chaque jour, ce contact, cette communion avec lui.

Un berger : cela peut sembler une profession humble, mais dans ce contexte, pas du tout : « Berger » était un titre royal, un roi qui s’occupe de son peuple, de chacun, plein de compassion pour les petits, loin d’un roi, tyran ou d’un roi guerrier, envahissant les autres pays. C’est donc une théologie qui nous est proposée en disant que Dieu est l’Éternel et qu’il est berger : une théologie de l’amour de Dieu, des bons soins qu’il a pour chacun.

Un psaume au cœur de l’expérience humaine

Ce n’est donc pas pour rien que ce psaume est le plus connu de la Bible, il a des parfums d’Évangile (bonne nouvelle de l’amour de Dieu pour nous, personnellement), et il est un encouragement à vivre en bénéficiant de l’aide de Dieu à chaque occasion tout au long de notre existence. Ce texte est donc souvent lu au cours des cérémonies familiales importantes dans le cours de notre vie, comme un baptême, un mariage ou un service funèbre. Mais il est bon pour chaque jour, le soir en nous couchant, le matin en nous levant, quand nous sommes émerveillés devant un paysage, quand nous traversons un moment de découragement et de doute, quand nous sommes dans l’abondance et le succès, ou dans la détresse. Toujours, ce Psaume va nous aider à approfondir encore notre vie.

Quand Dieu est appelé comme ici YWWH en hébreu (prononcé Yahou, ou YaHWéh), cela évoque Dieu en tant que compassion, passion, miséricorde. Ce mot est construit sur la racine du verbe être. C’est pourquoi je préfère personnellement la traduction « L’Éternel » à celle de « Le Seigneur » qui fait plus penser à un Dieu supérieur et dominant.

Le paradoxe de la vie : paradis et vallée d’ombre

Le premier paragraphe évoque manifestement le paradis, cette image utilisée dans les premières pages de la Bible pour parler de la vie humaine comme étant un magnifique jardin : le jardin d’Éden, le jardin des délices, que Dieu espère pour nous. C’est vrai que, si l’on regarde bien, la vie en ce monde a vraiment des côtés paradisiaques : dans la beauté qui existe partout, dans la joie du corps qui est une bénédiction, dans les belles relations que nous pouvons avoir, dans l’amour de ce qui est juste, dans les joies de l’esprit et dans celle de la foi : tout nous parle de cette joie du paradis.

Évidemment, ce serait naïf de lui parler que de ça, c’est pourquoi le deuxième paragraphe, central, est tout aussi juste. Il y a également dans notre vie : notre fragilité, nos doutes, notre manque de foi, nos difficultés de relation, et les catastrophes qui nous tombent dessus. Manifestement, selon ce psaume, ce n’est pas la volonté de Dieu, mais cela existe bel et bien dans notre existence et dans celle de ceux que nous aimons. La « vallée » est une image qui évoque un manque d’élévation, on pourrait y voir le manque de foi, le manque de réflexion, le manque de hauteur de vue et de sentiments de celui qui prie, le manque de forme morale et physique aussi, le manque de moyens. C’est toujours au moins un peu le cas pour toute vie, dans une certaine mesure. Ce qu’affirme le psaume, c’est que jamais Dieu ne nous en veut de notre manque d’élévation et de notre manque de foi, et qu’il ne nous laissera tomber : au contraire, il ne manque jamais de venir au secours de celui qui est ainsi dans une vallée d’ombre et de mort.

De l’épreuve à la vocation : avancer avec Dieu

Et dans les deux cas : quand notre vie a des côtés de paradis, comme quand notre vie a des côtés de désespoir et de manque d’élévation, dans les deux cas, Dieu nous aide à avancer. Notre abondance est une bénédiction pour se réjouir, mais c’est aussi une belle occasion d’avancer, c’est-à-dire de transformer cette joie et cette abondance en une qualité d’être plus importante, un cheminement, un amour de la justice, et peut-être quelques actes créateurs qui augmenteront et embelliront la vie autour de nous (premier paragraphe). Quand nous sommes dans des difficultés personnelles (2ᵉ paragraphe), Dieu cherche à nous ouvrir des portes de sortie, et il en trouve toujours, pour que nous puissions avancer hors de ce temps difficile, que cette difficulté puisse n’être que temporaire et que bientôt, à court ou moyen terme, elle soit derrière nous, que nous reprenions pied dans la vie bonne, belle et vraie. C’est le sujet du troisième et dernier paragraphe du psaume. Puisque la vie est ainsi un cheminement : chaque jour est une chance pour avancer d’une belle façon.

Il y a d’abord une réconciliation avec notre adversaire : cela peut évoquer effectivement des progrès dans nos relations avec les autres, ainsi qu’avec la vie en ce monde. Mais souvent, nos pires adversaires sont ceux qui sont intérieurs à nous-mêmes et qui tuent notre moral, notre dynamisme, notre joie, notre foi. La réconciliation avec nos adversaires se fait autour d’une table, dit le Psaume. C’est souvent le cas avec les autres : le repas est vraiment un lieu de communion à la fois dans nos corps, dans nos échanges de parole et dans la fraternité. Pour ce qui est de nos ennemis intérieurs, c’est une invitation à nourrir notre être pour résoudre notre part de faiblesse. C’est une bonne piste pour avancer, effectivement : nourrir notre être. On peut le faire par les émerveillements et la louange qu’évoque le premier paragraphe. Avec le 2ᵉ paragraphe, on peut le faire aussi en travaillant notre élévation intellectuelle et spirituelle pour résoudre la difficulté, et chercher une mise en lumière.

Ensuite, il est question d’une onction d’huile : c’est une image bien connue dans la Bible, une double image en fait : l’onction d’huile est signe de bénédiction de Dieu : Dieu nous bénit encore et encore. L’onction d’huile est également un signe de promotion : nous appelant à une mission d’être bénédiction à notre façon dans ce monde, selon ce que nous sommes et les circonstances. L’avantage de parler ainsi avec des images, c’est que cela peut évoquer bien des situations, des talents qui sont les nôtres, des circonstances dans lesquelles nous pensons pouvoir apporter quelque chose. À nous de lire ce passage avec notre propre existence. C’est très libre, très personnel, c’est à discerner dans l’observation, la réflexion, le bon sens et dans la prière.

Tout au long du psaume, les verbes sont souvent traduits au futur. Seulement, en hébreu, il n’y a pas de futur : les verbes sont ici à un temps qui s’appelle l’inaccompli, évoquant à la fois le présent et le futur. Cela commence aujourd’hui et ça se poursuit, comme le dit ce Psaume, chaque jour de notre vie. Ce n’est donc pas d’abord pour demain (mais demain aussi), que ce psaume parle de vie et de bonheur, mais dès maintenant, en cette vie sur terre.

Il y a un habile jeu de mots dans la dernière phrase, le verbe signifie à la fois « je reviendrai (je reviens) » et « j’habiterai (j’habite) » permettant à la fois de témoigner de notre joie présente d’être avec Dieu et de toujours plus nous convertir à lui.

Enfin, être dans la demeure de Dieu, c’est une image de la vie spirituelle comme étant une vie quotidienne vécue avec Dieu. Quand on habite avec quelqu’un, on prépare les repas, on les partage, on fait la vaisselle, on travaille, on va se promener, on discute pour faire le point et pour faire des projets. Demeurer avec Dieu, c’est ça : ce n’est rien de très religieux, c’est une vie de foi vécue dans le quotidien de nos jours.

Pour prier ce Psaume

il est possible :

  • De méditer d’abord sur la bonté de Dieu selon sa nature (l’Éternel), et pour nous (« son bien-aimé »).
  • De méditer sur les côtés paradisiaques de notre être, de notre vie, de notre monde. Ne pas entrer tout de suite dans la plaine.
  • Espérer un cheminement, à partir de là. Faire de cette joie un moteur pour grandir dans la joie, dans l’espérance, dans l’amour, dans la foi.
  • de se lamenter, éventuellement, sur ce qui nous afflige, nous blesse et nous empêche d’avancer,
  • Et chercher à mettre en lumière, grâce à Dieu, ces coins d’ombre et d’abaissement.
  • Se demander sur quelles réconciliations nous pourrions travailler,
  • Se demander quelles souffrances, quelles tentations, quels manques nous pourrions nourrir,
  • Se réjouir de nos talents, de nos chances, de nos bénédictions,
  • Se demander quelle pourrait être notre vocation,
  • Entrer dans la confiance en Dieu, la joie de penser à lui dans les petits et les grands moments de notre vie quotidienne.
  • Se laisser inspirer par ce Psaume pour avoir notre propre prière en silence ou avec nos mots, nos gestes.

Par : pasteur Marc Pernot

Voir aussi :

  1. Comment prier avec les psaumes? Prier au nom de Jésus Christ ou au nom de Jésus ?
  2. Une relecture du Psaume 23 pour prendre son temps dans la vie (culture japonaise)
  3. D’autres Psaumes aidant à prier, et quelques pistes d’appropriation de ces textes.
  4. Question — Certains Psaumes ne sont plus adaptés à notre temps, même si Dieu nous écoute, à quoi ça sert de les dire ?
  5. Étude biblique — Une traversée de la Bible 4/9 : Poèmes et Prières (Psaumes 1 et 23)
  6. Étude biblique — Le Psaume 23 et ses trésors enfouis dans l’hébreu
  7. Question — Vous dites que Dieu ne fait que le bien, mais il existe des textes de la Bible où Dieu fait aussi le mal ?
  8. Prédication — Trois chances de profiter du bonheur (Psaume 4:7-9 ; Psaume 23:6 ; Matthieu 5:3-10 ; Jean 15:11)

 

Psaume 23 en musique :

Musique rock, voici une vidéo du très touchant Daniel Darc. Vidéo :

PS. Si vous êtes amateur de musique reggae, voici une vidéo de Alpha Blondy. Vidéo :

Si vous êtes amateur de musique électro et de manga, voici une vidéo du groupe Marnik & SMACK qui chante en hébreu le cœur de ce Psaume 23 :

Gam gam gam ki elech (Même même même si je marche)
Be be gey tzalmavet (dans dans la vallée de l’ombre de la mort)
Lo lo lo irah rah (Non non non je ne craidrai un mal)
Ki atah imadi (Car toi avec moi)

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21 Commentaires

  1. Olivier dit :

    Bonjour.
    Je me permets de vous transmettre ce psaume dans la traduction Osty car il y a des nuances très belles je trouve et ça change un peu de nos versions classiques protestantes:
    Yahve est mon berger : je ne manque de rien
    En des près d’herbe tendre il me parque
    Vers les eaux du repos il me mène
    Il restaure mon ame
    Par de bons sentiers il me guide
    À cause de son nom
    Dusse-je cheminer par un val ténébreux
    Je ne craindrais nul mal
    Car tu es avec moi
    Ton bâton, ta houlette, voilà mon réconfort
    Devant moi tu dresse une table
    Face à mes adversaires ;
    Tu parfume d’huile ma tête,
    Ma coupe est débordante
    Oui, bonheur et fidélité m’escorteront
    Tous les jours de ma vie
    J’habiterai la maison de Yahve
    En la longueur des jour.

    1. Marc Pernot dit :

      Grand merci !
      En particulier pour « Yahwé » pour transcrire le nom de Dieu YHWH, au lieu de cette traduction que je trouve être un contre sens de « Seigneur ».
      (voir https://jecherchedieu.ch/dictionnaire-de-theologie/eternel-yhwh/)

  2. Marguerite dit :

    Pour ma part, ce psaumes, fait partie de ma prière quotidienne
    J’aime beaucoup, et je demande à Dieu, d’avoir les mêmes GRÂCES, que David
    Je sais que je ne manquerai de rien, en, méditant ce, psaume
    Merci beaucoup à vous

  3. Pascale dit :

    Personnellement, j’ai du mal avec ce psaume, pourtant si souvent cité. Avec un tableau aussi idyllique, il m’apparait comme étant la prière d’un croyant parfait. À aucun moment je ne peux sincèrement affirmer que « je ne manque de rien », ni que « je ne crains aucun mal ».

    1. Marc Pernot dit :

      Merci, Pascale.
      A ce moment là, c’est le milieu du Psaume 23 qui est pour nous : les temps de creux, loin des sommets de l’élévation. Ou la fin où nous marchons cahin-caha.
      C’est ça qui est sympa, dans ce psaume comme dan beaucoup d’autres, il offre une typologie du meilleur (l’idéal du début), et du pire (le fond du fond exprimé au milieu) et pour une fois le cheminement complexe que nous vivons (dans la fin avec cette alternative : je reviens / je demeure) dans la communion quotidienne avec Dieu.
      Mais je comprends que l’on aime pas ce texte, c’est le propre de tout témoignage d’une personne, il nous touche ou non, et cela n’a rien à voir avec la qualité de la personne qui parle de sa foi, ni de la qualité de ce que vit celui qui écoute. Bien sûr.

      1. Pascale dit :

        Merci pour ces remarques et pour le rappel que, même un psaume, reste le témoignage d’une personne et non pas une prière quasi obligatoire.

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