Un peuple de prophètes et de prophétesses (Jérémie 31:33-35 ; Éphésiens 4:1-6)
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Enregistrement audio de la prédication / Enregistrement audio du culte
(Voir le texte biblique ci-dessous)
prédication (message biblique donné au cours du culte)
à Genève le dimanche 27 septembre 2020,
par : Marc Pernot, pasteur à Genève
Je mettrai ma Torah en eux, je l’écrirai sur leur cœur,
Je serai leur Dieu et ils seront mon peuple.
(Jérémie 31:33)
« Ce jour » commence aujourd’hui
Ces promesses ne sont pas simplement pour le futur. C’est un peu trompeur dans la traduction, puisqu’en hébreu les verbes ne connaissent pas le futur. Les verbes sont ici à l’inaccompli, signifiant que l’opération est en cours. Jésus précise en disant « l’heure vient et elle est déjà là »(Jean 4:23). Sa réalisation vient progressivement, comme de la pâte qui lève ou des graines qui germent ou un arbre qui pousse (selon des images utilisées par Jésus lui-même pour parler de la réalisation de cette promesse.
Il n’est pas possible de tromper les gens là dessus, il suffit d’observer le présent. Ce ne sont pas des promesses de lendemains qui chantent, Jésus précise que à cette heure-ci, déjà, que l’Esprit souffle en chacun, et que ce souffle s’amplifie, produit ses effets.
Ne le sentez-vous pas en vous-même ?
Quoi de neuf dans cette annonce de Jérémie ? Le pardon de Dieu, le fait qu’il nous aime et nous aimera toujours, le fait qu’il s’engage avec nous dans un partenariat, qu’il nous unisse en un peuple, son peuple : tout cela est une parole bien ancienne, même si elle est à entendre chaque jour à nouveau. C’est de toujours et pour toujours que l’Éternel nous dit « Je serai leur Dieu » et qu’il l’est aujourd’hui.
Ce qui est neuf dans ce texte de Jérémie, c’est cette promesse :
Je mettrai ma Torah au-dedans d’eux,
Je l’écrirai sur leur cœur. (31:33)
Ce qui est neuf c’est le caractère individuel, intérieur et vivant de cette alliance nouvelle. La Torah n’est plus donnée à un Moïse pour le peuple entier, elle n’est plus une lettre figée dans une table de pierre. La Torah se fait écriture sur le cœur de l’humain. Une écriture vivante, une écriture dynamique, conjoncturelle et même individuelle, puisqu’elle écrite sur chaque cœur au singulier.
Nos traductions disent souvent « je mettrai ma Loi dans leur cœur », comme on grave un programme dans le processeur d’une machine. Alors que le mot « Torah » évoque plus une visée qu’un code de loi. Ce qui est donné est une passion pour le bien, pour ce qui pourrait être bon, pour la vie, le bonheur, la fidélité, la tendresse.
Chacune et chacun est prophète
C’est ainsi, nous dit cette promesse, que chaque personne est prophète ou prophétesse directement inspirée par Dieu ! Ce n’est même pas un appel à écouter Dieu, c’est une promesse en cours de réalisation. Cette idée est nouvelle au temps de Jérémie, 7 siècles avant que Jésus en fasse le cœur de son action. Cette promesse sera reprise au VIe siècle avec Ézéchiel 36:26 « Je vous donnerai un cœur nouveau, et je mettrai en vous un esprit nouveau, j’ôterai de votre corps le cœur de pierre, et je vous donnerai un cœur de chair. », et au Ve siècle avec Joël 2:28-29 « Je répandrai mon Esprit sur toute chair, vos fils et vos filles prophétiseront, vos vieillards auront des révélations, et vos jeunes des visions. Même sur les plus petits des serviteurs et des servantes, dans ces jours-là, je répandrai mon Esprit. »
La Torah au cœur de chacun, là où la personne individuelle compose sa propre vision de la vie, ses projets et ses espérances, là où l’intention de ses actes naissent : une Torah pour faire vivre.
« Chacun connaîtra l’Éternel » nous dit Jérémie. Cette connaissance n’est pas un catéchisme qui nous serait téléchargé directement au cœur de notre système de conviction. Ce n’est pas le sens de ce mot hébreu de « connaissance », qui signifie une expérience directe, et même intime. « Tous me connaîtront », dit Dieu, du plus petit au plus grand, car chacune et chacun de nous est capable de cette communication directe avec Dieu. Saint Augustin dit que nous sommes, personnellement, « capax Dei », capable de Dieu. Que cela existe pour des champions comme Abraham, Jacob, Moïse et les grands prophètes est bien connu. Jérémie vend la mèche : cela vaut pour chacune et chacun. À sa suite, voilà le but de l’Église : non pas de dire ce que nous devrions tous penser et faire, c’est plutôt de dire à chacun qu’il peut connaître l’Éternel directement. Que Dieu l’y appelle.
Pourtant, des personnes disent essayer d’écouter Dieu et n’entendent rien, et en sont tristes. C’est que Dieu est bien moins compliqué, bien moins spectaculaire que nous ne le pensons souvent : pas de tonnerre, pas de tables de pierre, pas de voix caverneuse. Comme le dit Jérémie, c’est au fond de nous-même que nous trouvons des frémissements de Torah. Saint Augustin, avec son immense intelligence et érudition, cherchait Dieu bien trop haut, et il a mis du temps à le trouver :
Bien tard je t’ai aimée,
ô beauté si ancienne et si nouvelle,
bien tard je t’ai aimée !
Et voici que tu étais au-dedans de moi-même,
et moi au-dehors, et c’est là que je te cherchais…
Tu étais avec moi et je n’étais pas avec toi…
Dieu est bien au-delà de nous, et pourtant c’est là, en nous, que nous le trouvons nous parler, ou plutôt écrire dans notre cœur, dans notre conscience. Nous sommes faits ainsi, comme Christ, notre frère, nous sommes Parole de Dieu faite chair, Parole de Dieu faite cœur. Seulement, nous ne sommes pas toujours avec notre cœur.
Et quand nous regardons au fond de nous-même, nous savons en réalité très bien ce qui est juste et bon. Arriver à le faire est une autre question mais quant à savoir ce qui plairait à Dieu, il suffit de chercher ce qu’il y a de meilleur en mon cœur puisque Dieu est en train d’y écrire sa Torah.
Génial. C’est la liberté ! Quelle fête ! Sauf que dans notre cœur, nous dit Jérémie quelques chapitres avant le passage que je vous ai lu, il n’y a pas que la Torah de Dieu qui est inscrite, il y a aussi autre chose : « Le péché est écrit avec un burin de fer, Avec une pointe de diamant ; Il est gravé sur la tablette de votre cœur, Et sur les cornes de vos autels (de ce que vous adorez). » (Jérémie 17:1)
Être libre ou libertin ?
La sincérité n’est donc pas tout. Il ne suffit pas de faire sincèrement ce qui nous passe par la tête ou par le cœur pour être dans le vrai. C’est ce que nous dit autrement l’histoire d’Adam et Ève. Ils sont pleinement sincères quant ils trouvent que l’arbre interdit est délicieux, ils lisent cela dans leur cœur car le serpent est une figure de leur propre tentation. Seulement, le texte montre qu’ils sentent bien que quelque chose est tordu dans cette voix-là.
Notre cœur est ainsi bien complexe. Et pourtant, les prophètes de la Nouvelle Alliance nous affranchissent de la Loi gravée dans le marbre pour nous inviter à faire confiance à notre capacité de découvrir et de lire cette Torah dans notre propre conscience. Quelle audace ! Quel danger ! Ces prophètes le savent et ils lèvent notre peur de nous tromper en mettant au cœur de cette promesse celle d’un pardon accordé d’avance par Dieu :
— Oracle de l’Éternel — Je pardonnerai leur faute, je ne me souviendrai pas de leur péché, de leur raté.
(Jérémie 31:34)
Nous pouvons donc y aller sereinement, hardiment, oser chercher au fond de nous-même ce que Dieu inscrit, chaque jour qui vient, rien que pour nous.
C’est vrai qu’il y a une incroyable liberté dans ce projet de Dieu pour nous. De cette liberté, nous dit l’apôtre Paul, ne faisons pas un prétexte pour faire n’importe quoi (Galates 5:13). Comme des petits Adam et Ève dansant avec notre serpent en chantant « tout est permis, tralalalalère ». Il n’y a qu’une infime différence entre ces deux mots : liberté et libertin. Sauf que l’un est source de vie, l’autre de souffrances et de mort.
Être un peuple, un corps
Nous voilà armés pour être libres et inspirés comme de vrais prophètes du Dieu vivant. Comment faire un peuple de ces innombrables prophètes, tous lisant une vérité particulière au fond de leur propre cœur ? Dans l’ancienne alliance, une seule Torah s’imposait à tous comme un rempart les gardant à l’intérieur, séparés des autres peuples. Jérémie met la Torah en chacun, l’unité n’est plus comme une contrainte extérieure, elle devient interne, systémique.
Pour faire un peuple, une communauté humaine, il est évidemment bon de ne pas se tuer entre nous, de ne pas voler ce qui appartient à l’autre, de ne pas tromper ceux qui nous aiment. Dans l’ancienne alliance, une table de pierre le rappelle à tous, au risque de nous retrouver hors du peuple. Dans le nouveau modèle, nous sommes et nous serons toujours du peuple, grâce au pardon de Dieu. Et Dès lors que nous écoutons notre cœur porteur de la Torah interne, cela devrait nous faire vomir rien que de penser à mentir, voler, tromper ou tuer, de même que Dieu lui-même a horreur du mal.
Est-ce possible ? Ça l’est. Progressivement, certes, mais nous pouvons réellement connaître cela, mesurer nos progrès et les espérer encore. Cette Torah interne fait de nous un corps avec les autres, car cela aussi est dans cette visée de Dieu qui nous inspire. C’est l’Esprit de Dieu qui fait de nous un corps, confirme l’apôtre Paul aux chrétiens de Corinthe qui se disputent comme des gamins (1 Corinthiens 12). C’est l’Esprit de Dieu qui nous unit dit-il encore aux Ephésiens4:1-6. Nous ne sommes plus le peuple d’une religion, ni le peuple d’un livre, ni le peuple d’une confession de foi ou d’une église, nous sommes, nous devenons le peuple du Dieu unique pour tous, en tous, et au-dessus de tous même de ceux qui, au pied de leur arbre, se prennent pour dieu.
Prions Dieu de nous donner son Esprit pour ouvrir notre cœur et y lire sa Torah. Gardons peut-être quand même encore un œil sur ce bon vieux décalogue qui n’a pas fini de nous aider à vivre.
Amen.
Textes de la Bible
Jérémie 31:33-35
— Oracle de l’Éternel.
33Oui ! Voici l’alliance
Que je conclurai avec la maison d’Israël,
Après ces jours-là :— Oracle de l’Éternel —
Je mettrai ma Torah au-dedans d’eux,
Je l’écrirai sur leur cœur ;
Je serai leur Dieu,
Et ils seront mon peuple.34Celui-ci n’enseignera plus son prochain,
Ni celui-là son frère, en disant :
Connaissez l’Éternel !
Car tous me connaîtront,Depuis le plus petit jusqu’au plus grand.
— Oracle de l’Éternel —Oui ! Je pardonnerai leur faute
Et de leur raté je ne me souviendrai plus.35Ainsi parle l’Éternel,
Qui donne le soleil pour éclairer le jour,
Les phases de la lune et les étoiles pour éclairer la nuit,
Qui soulève la mer et fait mugir ses flots,
Lui dont le nom est : l’Éternel des puissances.
(c’est à dire « ma tendresse est ma force » )
L’apôtre Paul aux Éphésiens 4:1-6
Je vous exhorte à marcher d’une manière digne de la vocation qui vous a été adressée, 2en toute humilité et douceur, avec patience. Supportez-vous les uns les autres avec amour, 3en vous efforçant de conserver l’unité de l’Esprit par le lien de la paix.
4Il y a un seul corps et un seul Esprit,
comme vous avez été appelés à une seule espérance,
celle de votre vocation.5Il y a un seul Seigneur,
une seule foi,
un seul baptême,
6un seul Dieu et Père de tous,
qui est au-dessus de tous,
parmi tous
et en tous !(traduction NBS)
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Bonjour,
merci pour cet article.
Prophètes dans le monde-ville comme les petits insectes martiens de Moby dans la vidéo de « In this World » https://www.discogs.com/master/82300-Moby-In-This-World, avec l’usage intensif des smartphones qui la rend peut-être encore plus d’actualité ?
Prophètes comme Jonas qui fuit sa mission ?
Cordialement,
Bonjour Marc et à tou ceux qui suivent ce site
Merci pour ce message inspirant et plein d’espérance savoir que le pardon de Dieu est toujours là présent prêt à nous relever dans nos luttes apprendre chaque jour à vomir tout le péché qui est tapi au dedans de nous quel fabuleux challenge de laisser l’esprit de l’éternel tisser la torah dans nos cœurs.
Belle journée à tous