18 juillet 2019

La Suisse à l
Question

Pourquoi nous allons à l’église le dimanche et pas le samedi comme dans le Décalogue ?

Par : pasteur Marc Pernot

La Suisse à l'aube - Image par David Mark de Pixabay

Question posée :

Bonjour mon frère, je suis au Bénin en Afrique de l’ouest.

Je ne comprend pas pourquoi nous allons à l’église le dimanche pour adorer ? Pourtant rien dans la Bible ne nous encourage à le faire. Cette histoire du jour de l’adoration est bien inscrit dans les dix commandements malgré cela, il me semble que nous violons cette loi de L’ETERNEL Dieu. Que dois-je comprendre de cette affaire ?

Que Dieu vous bénisse. Amen.

Réponse d’un pasteur :

Bonsoir Monsieur,

Ce choix de se réunir entre disciples du Christ le dimanche est bien dans la Bible, cela existait déjà du temps de l’apôtre Paul qui était auparavant un juif très pratiquant et traditionaliste, formé par les plus grands Rabbis, qui connaissait bien tout ce qui concerne le Sabbat, et le rapport à la Loi de Moïse. Or, nous voyons bien préciser, comme si c’était important, que Paul réunit les fidèles pour un culte “le premier jour de la semaine” (Actes 20:7), il n’est pas dit qu’il les réunit le 7e jour et que ce temps d’assemblée se poursuit jusqu’au 1er jour de la semaine.

Paul n’ignorait pas que le Décalogue de Moïse porte ce commandement de respecter le jour du Shabbat, le 7e jour de la semaine, à l’image de Dieu dont la Genèse dit qu’il crée le monde matériel en 6 jour, qu’il le bénit à l’ouverture du 7e jour, et qu’il sanctifie le 7e jour, le shabbat, comme jour du repos.

Pourquoi, alors ? Pour plusieurs raisons :

  1. En Christ est inaugurée une nouvelle alliance, une nouvelle création. Le shabbat, les commandements religieux appartiennent à la première alliance. La nouvelle alliance est sous le signe de la grâce, plus de la Loi. Dans la nouvelle alliance, la question n’est pas de savoir si l’on rend un culte de telle ou telle façon, tel jour plutôt qu’un autre, en tel ou tel lieu plus important qu’un autre. Tout ce qui est fait par la foi, en ouverture à la grâce de Dieu est bon. Peu importe si telle église trouve important de se réunir le samedi, ou si c’est le dimanche, ou un autre jour de la semaine, ou plutôt le soir.
  2. La création en 7 jours était la première création, en Christ une nouvelle création est inaugurée, celle de la résurrection, du Royaume de Dieu, de la vie éternelle (pour comprendre ce que recouvrent ces expressions un petit peu théologiques, vous pouvez vous reporter ici). Jésus est, selon les évangiles, ressuscités le dimanche : le 1er jour de la semaine, le 1er jour d’un nouveau Shabbat. Cela fait référence à cette nouvelle création. C’est pourquoi on appelle aussi ce premier jour de l’après création le « huitième jour », 8e jour d’une semaine qui n’en comporte que 7, cela veut dire qu’en Christ, nous sommes déjà passés de la mort à la vie éternelle.

Les chrétiens adventistes et certains « juifs messianiques » choisissent de se réunir le samedi, en référence au décalogue de Moïse. Si cela leur semble mieux, ils ont raison de le faire. Les autres chrétiens se réunissent le dimanche en référence à la résurrection du Christ, c’est très bien aussi. Dans l’un et l’autre cas, l’important est dans le sens que cela nous transmets, à nous les humains. Pour ce qui est de Dieu je ne crois vraiment pas que le jour particulier soit important pour lui, ça pourrait même être le mardi que ça ne le dérangerait pas. Et si on va parfois au culte le dimanche et qu’il se trouve que l’on travaille ou que l’on va se promener certains dimanches, rien n’empêche de prendre du temps pour faire de la place à Dieu dans notre vie à son rythme un soir de la semaine… L’important pour chacun est de penser régulièrement à entretenir sa foi et son être. Et qu’il respecte bien entendu les façons qu’ont les autres de pratiquer leur foi sans prendre sa propre pratique comme la seule possible pour être fidèle à Dieu.

Jésus était juif pratiquant, d’une façon assez libérale, nous le voyons dans les Évangiles, respectant le sabbat de façon souple, le rompant pour des raisons importantes (comme de faire preuve de solidarité avec quelqu’un), mais il laisse même ses disciples grignoter des grains de blé un sabbat ce qui est interdit par la Loi juive (et ce ne sont pas quelques grains de blés glanés en bord de champ qui les ont nourris). Cette liberté de Jésus et de ses disciples vis à vis des lois religieuses a ont conduit les intégristes de l’époque à faire crucifier Jésus par les Romains, parce qu’il était trop libéral dans son rapport à la Loi juive, c’est vrai, mais aussi pour son témoignage privilégiant l’amour de Dieu et du prochain plus que sur la pratique religieuse.

La première génération de chrétiens hésite dans la façon de vivre cette foi transmise par le Christ.

  1. Certains gardent les commandements de la Loi juive (le sabbat le vendredi soir et le samedi, mais aussi la circoncision, et enfin les règles alimentaires très strictes (la kasheroute): ces trois points étant tous les trois essentiels dans la Loi juive).
  2. D’autres chrétiens vont laisser une grande liberté à chacun, disant que ce n’est pas la Loi l’essentiel mais l’amour (de Dieu pour nous, et ce que ça éveille en nous). L’apôtre Paul a ainsi choisit d’accueillir les païens en ne leur imposant pas l’application de la Loi juive, abandonnant la circoncision et les règles concernant l’alimentation. Et nous voyons donc Paul réunir les chrétiens en Actes 20:7 “le premier jour de la semaine”, un dimanche, donc, pour un culte (avec une communion et très très longue prédication).

À l’époque, il y avait un grand respect entre les différentes façons d’être chrétien. Dans une réunion à Jérusalem les apôtres, Jacques, appelé « frère du Seigneur », qui était alors le chef de l’église de Jérusalem et plutôt en faveur de la Loi juive, accepte que cette ouverture soit une option possible, et il encourage Paul à continuer dans cette voie (Actes 15, Galates 1:10), d’autres continuant à respecter la Loi juive (shabbat, circoncision, kasheroute).

La rupture entre les juifs et les chrétiens s’est faite vers 70, quand le temple de Jérusalem sera détruit par les Romains, et que le judaïsme s’est recentré sur une tradition, excluant ces juifs trop libéraux qu’étaient les disciples de Jésus. Les chrétiens respectant la Loi juive vont alors être isolés, dans un sens, face à la foule, grandissant chaque jour, des chrétiens issus du paganisme et ne respectant pas la Loi juive. Quand un empereur de Rome va devenir chrétien, il maintient au début cette liberté dans le christianisme, et donc cette diversité de théologie, diversité de penser la personne du Christ (soit un Dieu, soit un homme, soit les deux à la fois), diversité de liturgies et de pratiques. Mais ensuite, il va vouloir (pour des raisons de politique), imposer une uniformité plus grande.

Aujourd’hui, heureusement, nous pouvons retrouver le respect de l’autre auquel nous appelle le Christ dans les évangiles, respect envers les personnes même si nous nous ne pensons pas comme elles, si éventuellement nous ne célébrons pas le culte de la même façon.

Dieu vous bénit et vous accompagne.

par : Marc Pernot, pasteur à Genève

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13 Commentaires

  1. KINGUE MOTASSI dit :

    Actes 15:21 nous montre que la loi de Moïs a toujours été enseignée et le jour d’adoration a toujours été observé. Le texte de Actes 20:7 nous dit que Paul s’entretenait avec les disciples mais parle-t-on ici d’un culte? Paul exhortait tout le temps était-ce des cultes à chaque fois? Lorsqu’on dit dans le même texte de Actes 20:7 « Le premier jour de la semaine, nous étions réunis pour rompre le pain. » s’agissait-il d’un repas ou d’un service de culte?

    1. Marc Pernot dit :

      « Rompre le pain » est effectivement l’expression classique des premiers chrétiens pour parler du repas eucharistique (1 Corinthiens 10:16)

      Ensuite, tout dépend de ce que l’on entend par un culte, dans les premières années cela a commencé tout simplement par la mémoire de paroles de Jésus pour en tirer des enseignements, ceux qui étaient d’origine juive pouvaient peut-être chanter aussi des psaumes, et il y avait manifestement « la fraction du pain » qui était une sorte de repas communautaire introduit par une action de grâce à Dieu, une bénédiction, un geste en mémoire de la dernière Cène de Jésus. Tout cela est de l’ordre du culte, quelle qu’en soit la forme plus familière ou plus religieuse, liturgique.

      De toute façon « le culte », pour le chrétien, ce n’est pas seulement, ce n’est même pas d’abord la cérémonie religieuse avec l’assemblée, le culte c’est, selon Jésus, une adoration du Père « en Esprit et en vérité » (Jean 4:24), en sincérité, dans l’intimité de la relation de la personne se tournant vers son Dieu avec l’Esprit ouvrant son cœur à ce que Dieu espère lui donner personnellement. Le culte de l’assemblée est comme une salle de musculation, un exercice, une préparation, une aide pour entrer dans le véritable culte qui est dans l’intimité, dans le secret de notre chambre (Matthieu 6:6).

      Certes, il existe des pasteurs, des prêtres, des gourous, des druides, des imams, des chamanes, des religieux et des idéologues de toute sorte… qui vont dire que le véritable culte, le seul valide, est celui qui est fait dans leur chapelle de telle façon, à tel moment. Cela révèle qu’ils cherchent à mettre la main sur les gens.

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