19 novembre 2019

Sortie de la cave, vers la lumière - Image par Thomas Wolter de Pixabay
Ethique

Atteinte d’une grave maladie, bénéfices spirituels et « thérapies » alternatives.

Par : pasteur Marc Pernot

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Question posée :

Bonjour Marc,

atteinte de sclérose en plaques depuis 2015, j’ai aujourd’hui 50 ans, je suis autonome mais je perds en autonomie progressivement,

mon cheminement avec la foi a été un peu chaotique, élevée dans la religion protestante , j’ai été croyante jusqu »à l’âge de 30 ans, puis , l »effervescence de la vie, les enfants , le travail, les amis, l’ouverture des yeux sur le monde en déroute aussi , m’ont fait me détourner de la foi, et puis en 2013, j’ai réalisé que Dieu ne m’avait jamais quittée, et depuis ma foi s’est « régénérée » progressivement. Je prie seule mais j’ai besoin d’être entourée, je vais au culte de temps à autre pour retrouver la présence rassurante des paroissiens de mon enfance ( qui vieillissent) et aussi au monastère cistercien près de chez moi ( pour prier avec les moines)

je prie chaque jour, cela me donne de la force et surtout m’a aidé à accepter ma maladie, je prends cette épreuve comme un bienfait, car elle m’a profondément fait changer: aujourd’hui je suis plus proche des autres, plus à l’écoute de moi même et des gens que j’aime ;

je n’ai pas entièrement accepté ma maladie car je cherche encore de nombreuses pistes pour guérir
la médecine allopathique n’a pas de solution pour ma forme de SEP, alors je me tourne vers des thérapies alternatives (apitherapie: je me pique avec des abeilles, jeûne, j’ai jeûné jusqu’à 22 jours consécutifs ) donc j’inflige pas mal de souffrance physique à mon corps. j’en ai des bénéfices bien sûr, je suis par ailleurs très aimée et entourée par ma famille et mes amis.

j’ai entamé également une thérapie en décodage biologique qui vise à trouver des liens transgénérationnels qui sont en lien avec la cause de ma maladie,
c’est là ma question principale, lors de ma dernière séance, j’ai été guidée jusqu’à voir mon arrière grand mère défunte , elle a perdu une petite fille atteinte de tuberculose
cette séance a été conduite sous une forme d’hypnose, j’étais conscient néanmoins et je peux-x me rappeler de tout ce que j’ai vu et ressenti,
j’ai rendez vous la semaine prochaine afin de couper le lien avec cette arrière grand mère,
ma question: et Dieu dans tout ça?

dois je continuer à chercher des solutions de guérison? dois je me résigner ( oui c’est pour moi aujourd’hui de la résignation) à accepter ma maladie qui me traine vers le handicap et m’oblige à faire de nombreux deuils?

merci de votre réponse sincère , en Dieu

Réponse d’un pasteur :

Chère Madame

Grand merci pour ce très touchant message. Quelle belle façon d’être.

Magnifique que vous ayez gagné ainsi en qualité d’être, en profondeur de vie, en cœur et en foi. C’est tout à votre honneur, car ce n’est pas d’une évidence totale. La maladie peut aussi briser et aigrir. Le bénéfice que vous avez pu tirer de cette très mauvaise chose qu’est cette particulièrement cruelle et injuste maladie est admirable, et bien entendu ce bénéfice ne justifie pas pour autant cette maladie. Et c’est pourquoi je trouve juste et bon de tenir cette révolte contre la maladie. Par principe, dirais-je, afin de rappeler que la maladie est un scandale, quelle n’est pas la volonté de Dieu. Se résigner à accepter les conséquences imposée aujourd’hui par cette maladie, c’est la sagesse, mais je ne pense pas qu’il faille se résigner à accepter la maladie, au contraire, il me semble juste et bon de continuer à espérer du mieux pour demain, et se battre contre la maladie. Et avoir de l’espoir. Je dirais que c’est d’autant plus important que par ailleurs vous avez su et pu en tirer du meilleur. Il me semble que le mieux serait de tenir les deux en même temps : accepter les bienfaits tout en luttant contre la maladie. Car ce n’est pas la maladie qui a été source de bienfaits, c’est votre façon de vivre la maladie, avec l’aide de Dieu.

Je suis persuadé que Dieu lutte contre la maladie, et qu’il appelle des hommes et des femmes à se mobiliser en une équipe avec lui pour la vaincre dans un avenir aussi proche que possible. Dieu, lui, n’est pas un magicien, et si cette maladie n’est pas encore vaincue c’est qu’il n’a pas encore pu la vaincre, lui et son équipe de chercheurs et de médecins. Mais ils y travaillent ardemment.

En ce qui concerne les traitements alternatifs, tant que ce sont des tisanes de fleurs peu onéreuse en complément de la médecine, c’est très bien, mais à vrai dire, ce que vous essayez me fait franchement peur :

  • Un jeûne de 22 jours ! Je ne sais pas qui a bien pu vous recommander cela. Je ne pense pas que cela ait du sens. Faites attention à vous, soignez vous. C’est important. Ce n’est pas en vous faisant du mal que vous vous faites du bien !
  • Vous me faites peur aussi, et probablement plus encore, avec ces « thérapies » avec un pseudo nom savant, qui plus est faite sous hypnose. Si c’est fait en milieu hospitalier public, je suppose que c’est alors fait par des personnes formées et encadrées afin d’éviter les risques important de manipulation mentale, très faciles à mettre en place dans ce genre de circonstances et avec ce genre de pratiques. Mais si c’est réalisé par des personnes qui ne sont pas médecins (ni même psychanalystes), que cela coûte et n’est pas remboursé, c’est alors non contrôlé et n’a fait l’objet d’aucune étude statistique validée par les milieux scientifiques, montrant le moindre bénéfice pour la santé. Il y a un grand risque de dérive du genre secte à but lucratif, profitant de la souffrance des personnes (ce qui est vraiment dégueulasse).
  • Puisque vous me demandez mon avis, je vous recommanderais de couper avec ce genre de pratiques, cela me semble dangereux.

Donc oui pour garder l’espoir, grand oui pour se soigner et ne pas baisser les bras. Mais je ne pense pas qu’il faille pour autant se mettre en danger avec n’importe quoi. Vous n’avez pas besoin d’ajouter la peine à la maladie !

Par contre, si c’était possible, je consulterais plusieurs spécialistes dans divers grands hôpitaux universitaires, ils sont, eux, souvent en pointe. Et une solution que n’a pas vue tel médecin sera peut-être vue par un autre. Ensuite, je me fierais scrupuleusement aux recommandations du spécialiste qui me semble le plus raisonnable. Pour le reste, il me semble que vous êtes une personne tout à fait profonde et spirituelle. Et votre rayonnement peut être très précieux sur les personnes que vous rencontrez.

Dieu vous bénit et vous accompagne.

par : Marc Pernot, pasteur à Genève

Si vous voulez, vous pouvez voir aussi, dans le petit dictionnaire de théologie :

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6 Commentaires

  1. C. dit :

    merci pour votre rapide et profonde réponse, je pense que vous voyez juste,
    par contre pour le jeûne j’en ai vu les bénéfices avec disparition de mes douleurs neuropathiques, cependant , un jeûne long , je tenais à la faire, ne serait ce que pour aller au bout de moi même, le Christ a lui même jeûné durant 40 jours et a trouvé de vraies réponses à l’issue de cette période,
    aujourd’hui je sais que ce n’est pas ce qu’il me faut, mais quelques jours de jeûne me sont très bénéfiques

    bien à vous,

    1. Marc Pernot dit :

      Bonjour

      En ce qui concerne le jeûne de Jésus, comme toujours dans la Bible, le nombre « 40 » (jours, mois ou années) n’exprime pas une quantité mais le temps d’une gestation d’un nouveau soi-même avec l’aide de Dieu. C’est le sens de ce jeûne. Un jeûne partiel, un jeûne intermittent, un jeûne d’une journée (maximum une fois en une semaine) sont sans doute bénéfiques pour le corps et pour l’esprit. Par contre, un jeûne long n’est pas recommandable, comme pas équilibré spirituellement (l’être entier doit être soigné, car nous sommes un tout), quant à la dimension animale de notre être (qui est sainte aussi), un médecin expliquerait mieux que moi mais il m’est confirmé qu’un jeûne prolongé abîme le corps. Je ne sais pas qui vous a recommandé cela, mais je me méfierais.

      En ce qui concerne la « thérapie en décodage biologique », il semble bien que cela a attiré l’attention des pouvoirs publics concernant les dérives sectaires, aussi bien en France au Canada, et Belgique… compte tenu de l’extrême prudence de ces pouvoirs publics afin de ne pas entraver la liberté personnelle, c’est très inquiétant. Bien entendu, les « thérapeutes » et autres associations de promotion de cette invention se défendent comme de beaux diables contre cette mise en garde des pouvoirs publics. Certains se présentent sous un autre nom afin de brouiller les pistes, mais avec les mêmes pratiques dangereuses.

      Je vous conseillerais donc de chercher à aller mieux, certes, mais vraiment en faisant attention. Autour de la maladie et de la détresse, toute sorte de personnes sans scrupules rôdent pour profiter des personnes en détresse. C’est comme dans la nature, les requins sont attirés par le sang qui coule. 

      Dieu vous bénit et vous accompagne

  2. c. dit :

    merci pour vos conseils,
    j’ai annulé la séance de décodage biologique initialement prévue jeudi prochain,
    la prière en intercession pour cette défunte m’aidera à me sentir plus en paix avec cette situation évoquée lors de ma dernière séance , pourriez vous me guider dans la prière que je peux faire pour cette arrière grand mère que je n’ai pas connue?
    merci

    1. Marc Pernot dit :

      Chère Madame

      Bravo pour votre courage et votre force, ce n’est pas du tout facile de se libérer d’une emprise mentale.

      Ne craignez rien pour votre arrière grand-mère, Dieu la garde, l’accompagne pour la suite de sa route dans la vie autrement qui est celle de l’au-delà. Dans la confiance que nous avons en Dieu, nous savons qu’elle n’a pas besoin qu’on prie pour elle car Dieu est déjà entièrement pour elle, dans son amour. Néanmoins, en pensant à elle nous pouvons penser à ceux qui souffrent dans leur cœur, dans leur chair. C’est dur de perdre un enfant, que ce soit une fausse couche, un l’enfant malade , un jeune qui a un accident, un dépression aigüe, des violences terribles… Et il y a tant de pays où les parents sont bien seuls, sans vraie médecine, sans moyens pour leur venir en aide.

      Je vous propose de penser grâce à votre grand mère, à tous ces parents qui sont en détresse et en deuil. Une prière toute simple, de compassion. Et peut-être cette prière sera exaucée en une vigilance accrue pour ceux qui nous entourent. Bien des détresses se font discrètes. Comme honteuse, malheureusement. Dieu nous éclaire.

      Ton Amour , Éternel, est plus élevé que les cieux !
      et ta fidélité, plus hautes que les nuages !
      Ta justice, est une comme une haute montagne
      Ton discernement, est plus profond que le grand abîme !
      Tu sauves, Éternel, l’homme et tout ce qui vit
      Qu’il est précieux ton Amour, ô mon Dieu !
      À l’ombre de tes ailes, tu nous abrites
      nous savourons les festins de ta présence
      aux torrents du paradis tu nous abreuves
      En toi est la source de Vie !
      Par ta Lumière nous voyons la lumière… (Cf. Psaume 36)

      Dieu vous bénit et vous accompagne

  3. Claire-Lise Rosset dit :

    Bonjour Madame,

    J’ai lu votre parcours face à la maladie grave avec beaucoup de compassion et d’émotion.
    Malgré un corps qui se dégrade et tous les deuils que cela implique comme perte de l’image de soi, votre force de vie, votre recherche d’intériorité est remarquable.

    Bien humblement, je m’incline devant votre souffrance et je me permets de vous donner quelques pistes qui peuvent vous aider à nourrir votre réflexion ( que vous prendrez ou pas).

    Peut-être cette vidéo de Philippe Barrier, un philosophe atteint de maladie grave, pourrait vous aider :

    https://www.youtube.com/watch?v=N1RkD180yus

    J’ai dévoré son livre « Le patient autonome » où j’ai compris que je devais être partenaire des soins médicaux qui me sont proposés, et non pas soumise à une médecine très technicisée, mais qui pourtant, expérience faite, n’est pas dénuée de biais de confirmation.

    Le philosophe, Eric Fiat, professeur d’éthique médicale, s’est penché sur un thème peu connu : la fatigue.
    La fatigue due à la maladie , non perceptible par autrui, mais qui réduit les activités du quotidien.
    Je suis entrain de lire son livre « Ode à la fatigue », mais vous pouvez déjà regarder cette vidéo sur ce thème (en plus du contenu de la conférence, vous allez vous régaler de sa syntaxe verbale et grammaticale de ce philosophe) :

    https://www.youtube.com/watch?v=NztE0jooP9Q

    Spirituellement, un livre qui m’a tellement aidée dans une période anxio-dépressive due à une errance thérapeutique, , est celui du dominicain et théologien, Marie-Joseph Le Guillou, lequel, atteint de maladie de Parkinson, a écrit :
    Du scandale du mal à la rencontre de Dieu, Versailles, Saint-Paul, 1991

    Bien à vous et bravo pour votre cheminement dans votre parcours si douloureux

    Claire-Lise Rosset

  4. Claire Poujol dit :

    Chère Madame, je vais bientôt bénéficier du cannabis thérapeutique, à l’hôpital de Nîmes. j’ai appris que cela peut être très bénéfique pour la sclérose en plaques. peut-être pourriez-vous vous renseigner auprès de vos médecins. quant à moi c’est pour une autre maladie que je vais en bénéficier elle s’appelle la fibromyalgie.
    Je souhaite qu’une nouvelle piste s’ ouvre pour vous. Paul appelait son médecin  » Luc le médecin bien aimé est avec moi ». Je vous envoie mes meilleurs messages et beaucoup de courage.

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