« Malheur ! Ils déclarent bien le mal, et mal le bien. Ils font de l’obscurité la lumière, et de la lumière l’obscurité » (Ésaïe 5:20)

« Malheur ! Ils déclarent bien le mal, et mal le bien.
Ils font de l’obscurité la lumière, et de la lumière l’obscurité.
Ils font passer pour amer ce qui est doux, et pour doux ce qui est amer. »
(Ésaïe 5:20, VIIIe siècle avant Jésus-Christ)

« Malheur ! » : ce cri du prophète Ésaïe est effectivement prophétique. Ce n’est pas une malédiction contre les coupables, c’est un cri de douleur et de deuil devant une catastrophe annoncée pour tout le monde. Même si, comme souvent, ceux qui en pâtiront le plus sont les petits, ceux qui sont déjà éprouvés et les générations suivantes.

Quel est le problème soulevé par le prophète ? C’est la perversion du sens. C’est bien plus grave que tout, nous dit Ésaïe. C’est en quelque sorte la mère de tous les vices, de toutes les oppressions. Car un menteur sait qu’il raconte des mensonges, un voleur sait qu’il fait du mal à son prochain. Cela laisse encore la possibilité de réfléchir, et donc d’avancer, peut-être même de se comprendre. Mais quand on déclare bien le mal, et mal le bien : c’est le sens même de toute pensée, de toute valeur, de toute parole qui est anéanti. Il n’y a plus de contrat social autre que la violence brute du : je le veux, donc j’y ai droit. C’est la promesse d’ensauvagement de tout groupe, de toute famille.

« Malheur ! », dit Ésaïe, c’est-à-dire quel gâchis, quelle souffrance, quelle tristesse devant tant de souffrances qui s’annoncent. Ésaïe est bien ici un prophète, il voit clair et il le dit. Car la première chose que Dieu crée, c’est la lumière. C’est la première étape en vue d’ouvrir, dans la chaos, un espace pour que la vie soit possible. Dieu appelle donc la lumière à être : « Que la lumière soit ! Et la lumière fut. Dieu vit que la lumière était bonne, et Dieu sépara la lumière d’avec les ténèbres. »(Genèse 1). C’est la base la plus fondamentale pour sortir du chaos total : voir clairement les choses, discerner entre la lumière et les ténèbres, appeler effectivement le jour jour et la nuit nuit, déclarer bien le bien et non le mal. Ne pas appeler coupable l’innocent et innocent le coupable, mais appeler la victime une victime et prendre soin d’elle. Ouvrir ainsi un espace vivable en ce monde, les uns avec les autres, au lieu de choisir le chaos, pensant pouvoir en profiter ? Hélas, ce sera simplement le chaos pour tous, à commencer, il est vrai, pour les plus petits. C’est pourquoi Dieu nous appelle à être prophète ou prophétesse.

par : pasteur Marc Pernot

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