Est ce que les agnostiques bons ont-ils une place dans le coeur de Dieu et au paradis ?
Question posée :
Bonjour, tout d’abord je vous souhaite un chaleureux Noël.
Il y a de cela quelques mois j’ai pu assister à une prière avec une amie qui est une croyante convaincue qui aime faire le bien autour d’elle et qui comme tout le monde commet des péchés, mais je ne doute pas est une bonne personne au fond. Elle m’avait proposé d’y aller avec elle ce que j’ai accepté même en étant à cette époque athée, ma dernière messe datait de 9-10 ans et je voulais voir sous un œil maintenant plus adulte comment cela se passait (quand j’étais enfant, je ne comprenais pas grand-chose, car les messes étaient en latin et je n’avais jamais été dans une école catholique) et surtout j’y allais avec un esprit purement respectueux (mis à part quelques blagues sur les religions qui j’admets n’étaient pas fort intelligente et n’étaient pas du tout pensé au fond de mon esprit) et toujours j’ai respecté les croyants tant que leurs croyances ne faisaient pas de mal aux autres (je parle par exemple des extrémistes qui commet l’irréparable en tuant en se disant être représentant de dieu)
Et pendant cette messe j’ai été fort intrigué par cette atmosphère de l’église j’ai eu un ressenti vraiment étrange de comme ci tout ce que je croyais jusqu’ici (à savoir que je n’avais pas de réelle croyance en un dieu) s’est remis en doute d’un seul coup en voyant les autres et l’église en elle-même, je n’aurai pas envie d’avancer que j’ai ressenti quelque chose de surnaturel, je ne saurai plus décrire, car je ne saurai juste pas expliquer avec des mots.
D’ailleurs le doute était tellement présent qu’à la fin j’ai aussi prié si dieu ou quiconque pouvait m’entendre que je respectais son existence et que j’étais tout autant dubitatif quant à quoi croire, mais que je souhaitais le bien de mes amis et plus particulièrement d’un qui traversait une période difficile (et j’espère que cela n’était pas du blasphème de prier dans une église chrétienne sans être catholique, car cela était tout sauf ce que je voulais et ma prière était bienveillante et pure)
J’ajoute à cela que j’ai une famille assez croyante jusqu’à mes parents (qui eux sont désormais athées), le fait que je ne sois pas baptisé, et ça a mis un remue-ménage dans mes croyances
J’ai cherché des heures durant sur des sites religieux, tous se contredisaient et je ne pouvais faire confiance à personne… je ne savais même pas si la bible était le texte pur de la vraie vérité. Puis j’ai trouvé votre site et j’admets que votre façon d’aborder dieu comme étant un père aimant ses fils au lieu d’un juge envoyant les mauvais êtres en enfer, m’a beaucoup impacté
Et ma question serait la suivante :
Avant quand j’étais athée je cherchais toujours à faire le bien autour de moi-même si malheureusement j’ai de grands défauts comme le mensonge (j’ai pris une habitude de mentir, rarement des mensonges graves qui cherchent à semer la zizanie, mais cela reste une mauvaise chose que j’essaye de changer chez moi)
Dieu et Jésus-Christ sauront-ils me pardonner alors que je suis agnostique et qu’en plus j’ai (gravement selon le point de vue) péché ? J’ai tant vu de fervents croyants indirectement en me disant que j’avais une place en enfer et honnêtement cela fait des mois que le doute occupe mon esprit. J’étais passé de faire des blagues sur le fait que j’allais finir en enfer à la peur de réellement y finir alors qu’avant tout si j’étais sur terre c’était pour être heureux et essayer de rendre heureux les autres.
J’ai commis des péchés comme n’importe qui, certains sont mortels (même si de ce que j’ai compris ce type de péché n’existe pas réellement et que le péché reste un péché tout court). Je peux citer le fait que j’ai donné ma première fois avant le mariage pour une personne que je croyais être amoureux et qui s’est avéré être une catastrophe… Et cela est aussi valable pour d’autre chose comme la gourmandise, la colère ou bien la luxure dont j’essaye tant bien que mal de sortir (et cela n’est pas que pour la religion, mais aussi pour que je vive plus sainement ma vie).
Mais néanmoins j’ai cette volonté de devenir meilleur et plus sain (pas forcément pour dieu mais déjà pour moi même et pour les autres). Et même si je ne suis pas totalement croyant, j’ai ce doute qui persiste et qui me dit qu’il y a potentiellement quelque chose et que cela si ça se trouve une fois la mort arrivé je serai définitivement perdu, car je n’aurai pas pu trouver le salut.
Avant même d’apprendre la notion d’enfer, je cherchais déjà à faire le bien naturellement (en étant athée) et non par peur de l’enfer (ce qui comme j’ai pu le lire serait égoiste et je le comprend), mais maintenant j’admets que la peur de l’enfer et de la damnation éternel est présente et même si des fois je pouvais faire du mal sans faire exprès et bien je ne pense pas être mauvais au fond, car j’essaye d’aimer mon prochain même si comme chacun, mon chemin est parsemé de péché et des fois d’erreurs.
En résumé j’admets être complètement perdu de ce que je dois faire, je ne sais pas si je crois totalement en dieu et je ne voudrai pour rien faire des actions blasphèmatoires (tel me faire baptiser de mon plein gré alors que je ne suis pas croyant, cela serait surement la pire insulte, car cela serait un mensonge) et en voyant vos réponses si bien formulé, si percutante, je me suis dis que peut être vous aurez une réponse ou un conseil à apporter à un jeune homme en situation de doute et de peur comme moi ?
Dieu saura-t-il être juste même si je meurs dans le doute de son existence et si tel est le cas me donnera-t-il la chance de l’accepter dans mon coeur une fois au purgatoire ? Je n’aurai vraiment aucun soucis à l’accepter car s’il existe bel et bien je n’aurai aucun mal à l’accepter car je respecte honnêtement son amour et ce qu’il a pu faire et je dis ça sincèrement. Tout ce que je dis est sincère, ce n’est pas qu’une peur de l’enfer mais une peur de ne pas trouver le salut alors que pendant toute ma vie j’aurai fais le bien dans le pure but de ma consicence, c’est l’inquiétude d’être punis alors que j’aurai de mon plein gré sans cette idée de « punition » essayer de faire le bien autours de moi (même si encore une fois je ne suis pas parfait, très loin de là). Je me souviens qu’on m’avait dis que St-Pierre, était un homme avec au début peu de foi mais ne l’a pas empêché d’être pardonné et garde désormais les portes du paradis malgré les erreurs qu’il a pu faire, reniant connaitre Jésus
Je vous souhaite une très bonne journée.
Réponse d’un pasteur :
Bonsoir
Je suis extrêmement touché par votre ouverture d’esprit, et pour cette belle sincérité que vous mettez à avancer, je suis persuadé que cela vous apportera énormément.
Je vous répondrai d’abord qu’il n’y a absolument rien à craindre de Dieu pour quoi que ce soit que vous auriez fait ou pas fait. C’est précisément cela que nous apporte Jésus-Christ, selon lui, Dieu aime même son ennemi, va chercher même la plus perdue des brebis perdue (et Jésus n’envisage pas une seconde qu’il pourrait ne pas la sauver. Et Jésus sauve de la mort la femme adultère, lui disant que lui, Jésus ne la condamne pas. Le message est clair : ce sont les intégristes qui tuent le pécheur, Dieu, lui, pardonne, relève, sauve, et encourage à avancer. Jésus va même jusqu’à prier pour les soldats qui viennent de le crucifier et continuent à se moquer lui : c’est plus que du pardon de la part de Jésus c’est un regard de compréhension pour ces hommes dont il se dit qu’ils sont au fond d’eux même infiniment mieux que ce qu’ils fond. Et, pour Jésus, ils méritent d’être pardonnés et sauvés.
Mais de toute façon, cette notion même de sélection des individus pour le paradis ou l’enfer, pour la vie éternelle ou la mort éternelle : cette vision est très schématique, et ,telle quelle, ne me semble pas avoir de sens…
Cela donne une idée bien mesquine de la justice : Dieu garderait les performants, laissant mourir ou même tuant carrément ceux qui déméritent ? Si des parents traitaient comme cela leurs enfant on leur retirerait en vitesse la garde de leurs enfants. Et la république s’occupe et soigne même les moins performants de ses citoyens.
Cette peur de l’enfer, ces histoires de péché mortel, tout cela est bien plus inspiré par des légendes et des peurs préhistoriques et de la mythologie. Ce Cerbère recyclé en Saint-Pierre à la porte du paradis, avec la pesée des âmes de la mythologie égyptienne.
Cette vision d’un Dieu terrible fait hélas beaucoup de dégâts, à la fois dans ce qu’elle suggère comme juste comportement, mais aussi en faisant, hélas, que bien des personnes craignent de faire confiance en un tel Dieu. Jésus dit et fait le contraire : il vient soigner les pécheurs, les accompagner, les appeler encore et encore. La justice de Dieu est ainsi le soucis de la personne afin de l’aider à s’élever, à développer son bon fond.
Nul n’est parfait, et si l’on écoute Jésus, il y a toujours une sorte de fond de la personne qui mérité qu’on s’y intéresse. Ou en tout cas que lui arrive à aimer et vouloir sauver.Cela donne une idée du jugement de Dieu : il y a effectivement du tri à faire , mais ce tri garde le meilleur, le bon fond de chaque personne, en l’état. Et purifie ce qui est problématique, souffrant et méchant. C’est comme cela que l’ami « juge » un ami. Pourquoi Dieu serait-il moins bon que nous, dans nos humaines amitiés ?
Donc, premièrement, je vous proposerais de secouer de votre conscience de ces idées d’enfer, de jugement, comme on secoue sa veste de la poussière tombée dessus. Cela fait vivre sous une culpabilité, une menace. Cela aliène, froisse votre être, dans ce qu’il a de meilleur, sa sincérité, son élan. Vous libérer de ces idées nocives et de simplement vous concentrer sur le meilleur qui fait être et vivre d’une plus belle façon.
J’ai beaucoup aimé vos deux autres motivations pour tâcher d’avancer dans le bon sens :
- chercher à faire du bien autour de soi, comme on peut
- chercher à progresser : éviter les comportements problématiques, devenir meilleur : parce que cela fait une plus belle vie.
Votre « volonté de devenir meilleur et plus sain pas forcément pour dieu mais déjà pour moi même et pour les autres ». C’est exactement ce que Jésus propose dans son « aimer son prochain comme soi-même ».
Vous avancez ainsi d’une belle façon, pas à pas. Et en plus, maintenant vous avez une certaine ouverture à la possibilité de Dieu.
A ce sujet ce que j’aimerais vous dire :
- Même avant de le chercher, avant de vous ouvrir à la pensée de cette notion, vous étiez bien moins athée que vous le pensiez, en tout cas selon Jean qui dit que « quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu » (1 Jean 4:7). Or il est manifeste que l’amour (ici l’attention à une personne) vous anime au moins en partie.
- Si l’on analyse ce que ce genre de passages de la Bible dit de Dieu, ce n’est pas une sorte de personnage invisible quelque part, c’est une source du meilleur en nous. Or vous êtes en relation à cette source, ou plutôt, cette source s’est manifestée en vous, d’abord à un autre niveau que celui de la pensée consciente. C’est un peu ce que ressent Blaise Pascal quand il s’interroge si vraiment il a la foi « Tu ne me chercherais pas si tu ne m’avais déjà trouvé. »
- Faire délibérément une recherche de cette source en nous et de lui accorder une place consciente : c’est une grande force. Vous pouvez garder cette réserve quant à savoir si cette source est une personne ou un quelque chose d’extérieur ou simplement ce qui est au fond de vous-même (en particulier) le cœur battant de votre vie profonde. Même si cette question est par ailleurs intéressante et féconde, l’essentiel reste d’avoir cette attitude essentielle de recentrement sur ce qui fait source en nous. C’est déjà de la théologie et déjà de la prière de se placer face à ce meilleur (ou plutôt cette source d’avancée en nous) soi-même et ceux à qui l’on pense.
- Pour la suite, faites simplement confiance. Pour l’année à venir et pour la vie après notre survie en ce monde, nous verrons bien en temps utile. Jésus nous dit de commencer par chercher à être vraiment vivant d’une belle façon maintenant, parce que c’est bon et que par ailleurs le meilleur de ce qui nous anime maintenant restera vivant après la mort. Cette attitude me plaît. Dans la confiance qui permet d’avancer pas à pas, sans fébrilité ni menace, dans la sincérité que seule permet la confiance.
Vous avez raison de revenir sur vous-même et votre vie, comme vous le faites. C’est comme cela que l’on avance. A condition de faire preuve à la fois de lucidité mais aussi de bienveillance. C’est ce que vous faites au fond, je pense. Et c’est une bonne chose.
Est-ce que Dieu pardonne l’agnostique ? Mieux vaut être trop agnostique que pas assez. Car celui qui est certain de son savoir sur Dieu adore en réalité ses propres idées, ce qui est un peu limité et ce qui peut rendre vite méchant contre les autres qui n’ont pas exactement la même idée. De toute façon, Dieu n’est pas un objet de ce monde, et il faudrait de toute façon des mots et des concepts particuliers pour dire en quel sens il existe.
De toute façon, rien que sur le début de la question : « est-ce que Dieu pardonne… » Comme je vous le disais, Dieu, au sens où Jésus l’entend, comprend et aime la personne.
Le baptême est un signe d’entrée dans une certaine alliance avec Dieu, quelle que soit la façon dont on le comprend. Jésus lui-même ne baptisait personne avec de l’eau, il s’est contenté de manifester une certaine conception de Dieu et d’appeler à être dans une relation confiance avec lui. Néanmoins, ce n’est pas inutile de marquer notre cheminement de vie par des repères, et le rite permet de faire cela de façon significative.
Certaines églises placent ce geste du baptême pour sanctionner la foi du fidèle, pourquoi pas, sauf que l’on n’est jamais à 100% de foi, d’engagement, de certitudes.
Dans notre sorte de protestantisme comme dans le catholicisme nous baptisons les bébés comme les adultes : c’est afin de dire que l’essentiel de l’essentiel est le fait que Dieu nous aime et garde chaque personne individuellement. Ce geste est un signe de la radicale dignité et importance de chaque personne. la foi de la personne est alors une réponse en dehors de tout chantage.Vous pourriez dont tout à fait être baptisé sans que ce soit un mensonge. Ce geste dit que Dieu croit en vous. Ce dont je suis persuadé.
Mais ce n’est pas non plus indispensable pou Dieu qu’une personne soit baptisée. Il est assez grand pour aimer et garder cette personne sans qu’elle soit d’abord passée demander un visa à une institution. C’est nous, humains, que cela aide.
En tout cas, bravo pour votre belle façon d’être, pour votre belle façon d’avancer, d’aimer et de rendre service à d’autres.
Merci pour ce témoignage.
Excellente année 2023 à vous.
Dieu vous bénit et vous accompagne.
par : pasteur Marc Pernot
Réponse du visiteur :
Cher pasteur,
Je vous remercie d’avoir pris de votre temps pour me donner une réponse très complète, elle a parfaitement répondu à mes inquiétudes.
C’est cette vision que j’ai voulu adhérer en allant sur votre site, cette idée que dieu apparaisse comme un père aimant chacun de ses enfants et sachant ce dont ils sont capable de bien plutôt qu’un juge intransigeant et punitif.
Je comprend mieux, en réalité ma vision avait été surement trop altéré par les catholiques intégristes que j’ai pu rencontrer au fil de ma vie, ce qui m’avait d’ailleurs écarté de la religion que je voyais à cause d’eux comme une manière de vivre qui prônait la punition de tout ce qui n’était pas parfait. Et dans mon cas où beaucoup de mal avait été fait la plupart du temps sans que je ne le fasse exprès, les remords et la culpabilité me rongeaient beaucoup.
Je songe de plus en plus à m’intéresser davantage à la religion et je pense que je peux partir sur des bases où je suis plus en paix grâce à vous. J’en repars le cœur plus léger, je vous remercie chaleureusement pour cette réponse que vous m’avez apportée, j’en prendrais grande conscience pour la suite de ma vie et je pense que je reviendrai sur votre site pour lire les nouveaux sujets.
Je vous souhaite également une très bonne année 2023
Merci, également.
Bien à vous.
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