
Avancée de ma lecture de la Bible : Genèse terminée… et donc ?
Question posée :
Bonsoir cher Pasteur,
Nous approchons de la fin janvier et, pour l’instant, je suis assez contente de l’assiduité (certes sans pression, mais assiduité quand même) dans ma lecture de la Bible. Je la lis au final comme je le ferais avec un énorme roman : par chapitres, dans l’ordre. Je viens de terminer la Genèse, en une journée (merci la grippe qui m’a donné l’occasion de rester alitée une journée 🙂 je souhaitais partager avec vous mon ressenti et ma compréhension. Pour ma part, il m’est assez difficile de cerner l’amour de Dieu là-dedans ; au contraire, à première vue, c’est quand même assez violent : il crée le monde puis rase tout, n’épargnant personne. OK au premier degré. Ou pas. Ce que j’en comprends, c’est que, comme tout début, ce n’est pas parfait et que plusieurs ajustements sont nécessaires en fonction des circonstances. Que des choses ont pu échapper au contrôle de Dieu qui a ainsi dû s’y reprendre à plusieurs fois. Que finalement Dieu n’est pas tout-puissant, mais… en puissance. Et au final, il semble passer la main à des hommes pour continuer son œuvre (Joseph notamment)… Rien ne laisse penser à ce stade qu’il s’agisse du « père » de l’enfant Jésus… Mais c’est pourtant ce qui arrive bien plus tard (désolée pour le spoil :)Finalement, je me rends compte que je peux très bien lire la Bible comme ça, comme une épopée, un très gros roman. Et franchement, m’attaquer tout de suite à un tel ouvrage pour moi qui n’a jamais été une grande lectrice, je constate que c’est en train justement de me donner l’envie de lire, bien plus saine que de perdre mon temps à scroller sur les réseaux sociaux…Je me mets au défi d’arriver au début du premier des 4 évangiles à la période de Pâques, que l’annonce de la Bonne Nouvelle coïncide avec le début « officiel » des beaux jours :)Voilà pour aujourd’hui, je poursuis avec l’Exode.Bonne soirée !
Réponse d’un pasteur :
Bonsoir
Comme c’est excellent !
Bravo ! Cela me semble fort bien parti.
Surtout, si vous sentez une lassitude, par exemple en arrivant dans le livre du Lévitique, dans des listes de noms invraisemblables, ou dans les livres des Chroniques… n’hésitez pas à survoler ou à sauter des livres (quitte à y revenir après).
Oui, bravo pour votre interprétation du « Dieu n’est pas tout-puissant, mais… en puissance. » : c’est exactement cela.
En ce qui concerne les chapitres du déluge : Dieu est bien plus sympathique à la fin du récit, il a appris que les humains ne sont pas parfaits et il choisit de faire avec, tels qu’ils sont. De faire alliance avec les animaux et les humains réels, tels qu’ils sont. C’est très très différent du Dieu du début de cet épisode du déluge qui est un Dieu qui, effectivement, est déçu par les humains et décide de repartir de presque zéro, noyant l’humanité (à l’exception de 8 personnes) et les animaux (sauf les poissons, évidemment, et un couple de chaque). Je pense que ce récit invite le lecteur à évoluer dans sa théologie. La première est très courante, bien des personnes croient encore en un Dieu sévère, juge impitoyable, ne gardant que l’élite de l’élite. Et cette histoire du déluge est inspirée de mythes mésopotamiens plus anciens de 2000 ans au moins quand les Hébreux s’en inspirent et invitent dans la conclusion à une tout autre théologie, celle de l’alliance avec un Dieu qui aime et qui pardonne.
Ensuite, chaque fois qu’il y a un massacre, il est possible de lire ce texte comme un massacre de ce qui est souffrant dans l’humanité et en nous. Dieu ne peut pas vouloir le massacre de quelque personne que ce soit, bien entendu ( ou alors il faudrait me montrer quand Jésus a assassiné un de ses opposants).
Le père (adoptif) de Jésus s’appelle effectivement Joseph, mais ce n’est pas le même homme que le héros des derniers chapitres de la Genèse. Comme on peut nommer aujourd’hui un garçon Alexandre: il n’est pas une réincarnation de l’empereur Alexandre le Grand.
Il y a effectivement des livres qui sont dans le patrimoine mondial de l’humanité. La Bible. Homère (l’Iliade et l’Odyssée, un peu du même genre littéraire que la Bible, des grandes épopées comme vous dites, mais chez les Grecs) : La Bible et Homère sont les deux grands monuments fondateurs de notre civilisation. Il y aurait ensuite, par exemple, Antigone de Sophocle, le Manuel d’Épictète, les Confessions de Saint Augustin, les Pensées de Pascal, Les Frères Karamazov de Dostoïevski, Sisyphe d’Albert Camus, La mort est mon métier de Robert Merle… chaque personne aurait sa liste préférée, c’est pour beaucoup une condition de goûts…
S’ouvrir à la lecture est effectivement bénéficier de bien des enrichissements extraordinaires, une ouverture d’esprit.
Dieu vous bénit et vous accompagne.
par : pasteur Marc Pernot
PS. Pour creuser un peu plus :
- Une prédication sur l’histoire du déluge dans la Genèse
- Une étude biblique « Quel Dieu ! » 2/3 – Dieu qui massacre et envoie en enfer ? (à travers la Bible hébraïque et le Nouveau Testament)
- Merci pour vos propositions de livres essentiels (en plus de la Bible, bien sûr)
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