Abraham - peinture de le Guerchin
Lire la Bible

Sur Abraham menteur, proxénète et incestueux (Genèse 12 et 20)

Abraham - peinture de le Guerchin

( Genèse 12 & Genèse 20, 21 :1-2 – voir ces textes bibliques ci-dessous)

prédication (message biblique donné au cours du culte)
par : Marc Pernot, pasteur à Genève

De nombreuses personnes découvrant la foi, entreprennent de lire la Bible. C’est une bonne idée. Elles vont donc dans une librairie, avec un peu de chance elles se saisissent d’une traduction honorable (comme la Nouvelle Segond, la Traduction Œcuménique, ou celle de Jérusalem), rentrent chez elles et ouvrent la Bible à la première page.

De la beauté et de la difficulté de lire la Bible

Bonne surprise, Genèse 1 est magnifique & poétique. Mais peu à peu le texte devient difficile. Le serpent qui parle, le lecteur tique mais comprend que c’est une image. Le meurtre d’Abel par son frère jaloux, c’est horrible, mais c’est vrai que notre monde est ainsi. Avec l’histoire du déluge, les choses empirent, avec une image hyper violente de Dieu contre l’humanité pécheresse, puis à Babel où Dieu brise le projet d’unité et d’élévation de l’humanité. Encore une énigme.

Notre lecteur découvrant la Bible arrive ainsi, au bout d’une dizaine de pages, à l’histoire d’Abraham. Ah, voilà une belle histoire qui commence bien, avec un Dieu qui aime et bénit sans condition. Mais aussitôt le héros de l’histoire, Abraham le juste, l’ami de Dieu, le père des croyants, se comporte d’une façon à faire dresser les cheveux sur la tête : pour sauver sa peau, il semble bien qu’Abraham mente et pousse Sarah au mensonge, qu’il prostitue sa femme, sans penser une seconde à Dieu. Et quel est le résultat ? Le pauvre pharaon trompé par Abraham est puni, Abraham est récompensé et repart riche à millions.

Combien de chercheurs de Dieu, plein de bonne volonté, ont alors refermé leur Bible toute neuve à la page 10 ? Quelle pitié ! Alors que toutes ces histoires sont passionnantes, enrichissantes au possible. Et heureusement que notre lecteur est choqué, car Dieu est celui que nous révèle Jésus-Christ, un Dieu qui aime infiniment chacun de ses enfants, un Dieu qui répand sa bénédiction sur toutes les familles de la terre (Genèse 12). Il est donc préférable de commencer sa lecture de la Bible par les Évangiles, ou alors, il est bon d’avoir une patience d’ange, acceptant de passer par-dessus des textes que l’on ne comprend pas (ou pas encore).

Mais nous ne sommes pas ici au culte pour relire encore et toujours les textes les plus faciles mais au contraire pour assumer les questions et les défis que nous posent et la Bible et notre existence.

Un des textes bibliques les plus choquants

Ce texte est un des plus choquants et des plus redoutés par les commentateurs depuis 2500 ans, avec ce récit où Abraham présente sa femme comme sa sœur pour que la Pharaon puisse en faire ce qu’il désire. Le pire, c’est que cette histoire se répète. À deux reprises, Abraham présente sa femme comme sa sœur pour que le Pharaon, puis le roi Abimélek en fassent ce qu’ils veulent sans que lui, Abraham, n’en retire que du bénéfice !

Ces histoires posent bien des questions morales évidentes, mais aussi des questions théologiques. Son chouchou fait n’importe quoi, mais Dieu le récompense largement, alors que les rois étrangers qui sont ici plus justes et plus ouverts à la Parole de Dieu qu’Abraham sont lourdement punis ? Il y a aussi des questions de vraisemblance : comment Abraham est-il entré deux fois dans cette même aventure scabreuse ? Comment Sarah peut-elle être une top-modèle au charme physique irrésistible à près de 100 ans ?

Il y a des commentateurs qui appellent, au nom de la foi, à sacrifier notre raison. Cela me semble indigne de l’Évangile de Jésus-Christ. On peut aussi passer ces récits des aventures scabreuses d’Abraham en disant que ce n’est qu’une anecdote reprise sous trois variantes dans la Genèse, soit pour annoncer l’exode que vivra plus tard le peuple hébreu, ou pour montrer qu’Abraham est un homme pécheur comme nous, embrouillé dans le tragique de la vie en ce monde… Mais cette lecture n’apporte pas grand-chose, à mon avis, et elle ne rend pas compte de la position extraordinaire qu’ont ces deux récits dans l’histoire d’Abraham. En effet :

  • Le 1er récit se passe juste après la promesse d’extraordinaire fécondité donnée à Abraham et Sarah par Dieu. Cette fécondité se fera attendre 30 ans, racontés en huit chapitres.
  • Le 2e récit, très semblable, déclenche explicitement le début de la réalisation de la promesse de Dieu avec Sarah qui devient enfin enceinte et qui donne naissance à leur fils Isaac.

C’est bien difficile d’y voir un hasard. Le texte de la Bible n’est pas comme ça. Ces deux histoires parallèles sont comme les deux bouches d’un tuyau qui permet à la bénédiction donnée par Dieu de se réaliser dans notre vie. Il doit y avoir dans cette histoire scabreuse quelque chose d’essentiel, la 1ère version étant une bonne piste non aboutie que complète la 2e, qui est un état où la bénédiction peut enfin prendre vie.

Une énigme exerçant notre réflexion

Une histoire essentielle pour comprendre comment la promesse de Dieu s’incarne dans notre vie. Mais, ce n’est pas de chance, pourrait-on penser, ce texte est une véritable énigme. Au contraire, c’est une chance. Comme le dit Jésus (Mt. 13 :13), il est bon que grâce à la Bible la vie elle-même nous paraisse comme une énigme, une parabole, nous invitant à creuser la question de notre vie afin de reconnaître et de pouvoir briser les idoles de nos évidences, et nous laisser ressusciter par une vie qui ne peut venir que de Dieu.

Donc, chic, une énigme. Mais voilà, il est difficile de s’en sortir en lisant cette histoire au premier degré.

  • Si on justifie la conduite d’Abraham, peu ou prou, on en revient à justifier des conduites inacceptables. Comme si le chouchou de Dieu, celui qui pense être dans la juste foi pouvait faire n’importe quoi, la foi justifiant les moyens ? Non, je ne crois pas.
  • Et si l’on dit que cet épisode est une simple erreur passagère d’Abraham, comment comprendre que cet épisode ait tant d’importance dans la réalisation de la promesse de bénédiction de Dieu dans ce texte essentiel ?

Le passage au sens figuré, allégorique, ou spirituel

Pour s’en sortir, il y a une règle d’interprétation de l’écriture qui est bien connue depuis des millénaires. Si un passage biblique n’a pas de sens ou est choquant au sens littéral, il est alors indiqué d’essayer de le lire au sens figuré.

  • Par exemple quand on dit que Jésus est la lumière du monde, ce n’est évidemment pas vrai au sens littéral, physique du terme, cela ne veut pas dire que c’est une idiotie, mais que c’est vrai au sens spirituel.
  • C’est ainsi que l’apôtre Pierre (et bien d’autres avant lui et après lui) interprète l’histoire choquante de Dieu massacrant presque tous les êtres vivants sur terre au déluge. Pierre dit en substance que chacun de nous est dans ce texte l’humanité tout entière, qu’il y a du juste et du pécheur en chacun de nous, du Noé et de l’homme violent, de l’animal et de la colombe. Et que Dieu nous purifie de ce qui est souffrant et source de souffrance en nous, libérant le juste (1 Pierre 3:18-21).

Il en est de même avec cette double histoire d’Abraham, de sa sœur-épouse et du roi puissant. Histoire si importante que la Genèse la place comme le portique de la bénédiction de Dieu en nous et dans le monde par nous. Dans cette histoire, chacun de nous est à la fois Abraham, et Sarah, et le Roi puissant.

  • Abraham évoque l’homme de foi qui est en nous, en chacun de nous (comme le remarque Pierre).
  • L’Égypte est bien connue dans la Bible comme évoquant la richesse et l’industrie humaine. Le roi puissant, que ce soit Pharaon ou Abimélek, évoque notre force, notre capacité à agir dans le monde matériel, mais aussi nos désirs.
  • Saraï ou Sarah, par le sens de ce nom propre, évoque la noblesse de la personne humaine. Elle est princesse, elle incarne notre dignité, une dignité telle qu’elle peut infiniment dépasser les simples limites de notre survie en ce monde, comme Sarah sera mère, en conclusion de ce 2e texte, mère d’une descendance plus nombreuse que les étoiles du ciel !

Que nous dit alors l’histoire d’Abraham, de sa sœur-épouse et du puissant roi ?

Le roi gouverne ce monde

Une famine survient et Abraham se tourne vers l’Égypte. Cela pourrait passer pour du manque de confiance en Dieu, c’est en réalité normal et c’est sain. Nous ne sommes pas de purs esprits, heureusement. Abraham a donc raison de se détourner un temps pour gérer aussi ce qui est de l’ordre du matériel. Cela fait d’ailleurs partie de sa vocation d’être une ample bénédiction, universelle, tous azimuts.

Donc, oui, la Bible nous appelle à nous investir dans le monde, mais ce texte interroge le rapport que nous avons avec ce monde. Est-ce que nous sommes comme Abraham plein de mépris et de peur vis à vis des autres et du monde ? Est-ce que le monde autour de nous n’est, comme le pense Abraham au début, qu’un réservoir de nourriture parfois nécessaire à notre survie, mais par ailleurs entièrement gouverné par des désirs sauvages et prêts à tout ? Dans un sens, ce n’est pas tout à fait faux, mais Abraham apprendra que le monde, ce monde que Dieu aime, n’est pas seulement cela. Du 1er au 2e texte, il y a quelques petites différences dont chacune est un indice pour nous inviter à une autre présence dans ce monde :

  • Dans le 1er, Abraham « descend » dans le midi, ce qui est péjoratif pour ce monde, dans le 2e il s’y rend pour y planter sa tente.
  • Dans le 1er texte, Abraham est source de malédiction pour ce monde et il ne répare rien en partant. La 2e fois Abraham devient source bénédiction pour ce monde en priant Dieu.
  • Dans le 1er texte, Abraham est finalement chassé comme un intrus, Dans le 2e, il y est accueilli comme un frère.

Cette évolution nous dit que le monde n’est pas seulement une menace, il est aussi un frère qui nous accueille et dont nous sommes responsable.

En réalité, nous sommes l’Abraham, l’homme de foi, nous sommes aussi ce monde, il est une dimension de nous-mêmes. Notre monde et notre foi ont un même Père, Dieu. Et le Christ montre que Dieu aime ce monde et qu’il n’a pas trouvé dégoûtant de venir parmi nous, en nous, pour y demeurer. Nous sommes ce roi capable du meilleur et du pire, capable de capable de chasser ou d’accueillir notre Abraham & notre Sarah. Mieux vaut plutôt être Abimélek au cœur pur et aux mains qui font le bien, Abimélek, littéralement celui qui reconnaît que « Abi », notre Père est « mélek » le vrai roi. Mieux vaut ne pas être trop le Pharaon, le roi qui se prend pour un dieu et chasse la foi hors de son royaume.

Abraham et cette foi qui est la nôtre

Dans ce monde, Abraham se conçoit comme ce qui est le plus important. La priorité est pour Abraham sa vie, l’essentiel dit-il, c’est que : « il me fasse du bien », ce « il » étant l’autre, le monde, Dieu. Quand cette histoire est lue à la lettre, c’est d’un égoïsme monstrueux, même et surtout pour un serviteur de Dieu. Le Christ n’est pas comme ça, la preuve, il en est mort.

Mais au sens allégorique, nous avons là une grande sagesse, utile au sens spirituel mais aussi dans l’entraide. Ce n’est pas qu’Abraham se prenne pour Dieu, comme un pharaon. Il ne s’agit pas de se croire supérieur aux autres, mais qu’en chaque personne, la foi, c’est-à-dire la vie spirituelle de chaque être soit placée au-dessus de ses autres dimensions. L’homme n’est pas une plante verte. L’homme partage avec la plante verte le fait d’être vivant mais ce qui doit gouverner en lui ce n’est pas cette dimension-là, ce doit être le spirituel : l’amour, l’espérance, la personnalité profonde de la personne, son idéal. C’est évident sur le plan théorique, il nous reste à l’apprendre dans la vie de tous les jours. Et dans l’entraide, dans la médecine, dans les solidarités internationales, dans la gestion des « quartiers » difficiles, n’importe quelle association ou famille… tous les milliards du monde ne servent à rien s’ils n’intègrent complètement cette dimension, et si l’on n’accorde pas une importance première à ce qui est de l’ordre du spirituel. Cette part est une vocation donnée par Dieu, un appel particulier, un sens qui nous est donné et qui est propre à chacun, chaque peuple, et qui est fait pour nous mettre en mouvement vers un quelque part qui reste à explorer.

Donc oui, l’Abraham qui est en chacun est la priorité des priorités, il est bon que les richesses du roi nourrissent et enrichissent Abraham. Mais attention. Au début, Abraham s’appelle seulement « Abram » c’est à dire « père élevé » ensuite, dans la 2e version de l’histoire, il est devenu entre temps « Abraham », c’est à dire « père d’une multitude ». Oui, nous avons une grandeur formidable par notre vocation, notre vie spirituelle. Mais cela ne fait pas de nous un chouchou à qui tout est dû, tout est permis, tout est bon… notre grandeur nous donne de pouvoir nous rendre utile. Nous n’avons pas seulement à engraisser notre sagesse, affiner notre théologie, purifier notre prière… pour notre propre élévation ou notre petit salut éternel. Au début, c’est Abram qui était malheureusement le prédateur qu’il craignait de trouver dans les rois de ce monde. C’est quand Abraham le comprend enfin, qu’il se met à prier d’une façon tout à fait désintéressée pour la fécondité de ce monde qui l’accueille et le nourrit, et pour les personnes qui sont en ce monde. Le monde n’est alors plus pour lui un sujet de mépris et de crainte, il n’est plus pour lui un simple grenier, mais il est un monde pour lequel nous pouvons être une bénédiction. Et même un monde qui peut nous apprendre une part importante de la volonté de Dieu, comme à Abraham ici, qui est évangélisé par les rois.

Sarah et cette dignité que nous recevons

Voilà enfin notre Sarah. Nous sommes Abraham, le bien aimé de Dieu, nous sommes un puissant roi, agissant en ce monde. Nous sommes aussi Sarah. Elle est notre dignité, dignité merveilleuse, noblesse de haute naissance, comme celle d’une princesse. Et pourtant, Abraham, acculé, terrorisé croit qu’il est juste de la mettre au service de sa propre vie à lui, de sa propre abondance. C’est hyper choquant au sens littéral. Cela reste une mauvaise idée au sens allégorique, mais la pensée d’Abraham devient alors compréhensible. Alors Abraham et Sarah sont deux dimensions de notre propre personne, et la vraie foi est en nous un appel à être prêt à tout donner, jusqu’à notre vie au service de Dieu, au service de l’amour, de la justice et de la paix. Il faudrait donc tout sacrifier au service de cela si la foi nous y appelle ? Tout ? Non, nous dit ce texte, il y a une limite. Notre dignité ne doit pas être sacrifiée, ni celle de personne. On peut arriver à donner sa vie, quand ça vaut la peine, mais on n’a pas le droit d’aller jusqu’à donner, ni même salir notre dignité, ni celle de personne ou d’aucun peuple.

Combien de bons vrais parents vont parfois jusqu’à se vider eux-mêmes pour leurs enfants, y perdre leur personnalité, ne se réalisant plus que dans leur enfant. C’est trop. Des personnes de foi peuvent tout donner dans le service de l’autre, dans leur église… c’est pour Dieu, certes, mais ce n’est pas bon, c’est trop. La foi elle-même peut donner parfois envie de ce sacrifice ultime de soi, allant jusqu’à y perdre le sentiment d’être soi-même important devant le sublime. C’est faux. Pour Dieu, nous sommes sa petite princesse.

Abraham se trompe donc et c’est à chaque fois le roi qui apprend à Abraham à ne pas offrir Sarah. Normalement, c’est la foi qui est la bonne conseillère dans notre vie. Mais là-dessus, le bon sens doit l’emporter au-dessus de la foi. C’est alors le bon sens de ce monde, c’est le roi qui nous l’apprend. Même ce que représente la Pharaon est plus sage qu’Abraham sur ce point-là. Le simple principe d’efficacité du service de l’autre en ce monde nous apprend à ne pas aller jusqu’à laisser le monde s’emparer de notre dignité. Même le monde a besoin que nous soyons nous-mêmes.

Oui, notre dignité est notre sœur. Notre foi vient de Dieu, notre monde vient de Dieu, notre dignité vient de Dieu. Nous avons tous le même Père. Mais celle que nous devons épouser d’amour, c’est notre dignité. Nous agissons dans le monde, nous prions pour le monde, il est le lieu de notre vocation. Mais sur la dignité, c’est la nôtre et rien ni personne ne doit passer. Ne pas offrir, bien sûr, notre Sarah, ne pas laisser le monde l’épouser. Elle ne va qu’avec la foi, en couple. La richesse que le monde offre et toute la belle industrie sont bonnes et la foi ne doit pas cracher dessus, mais au contraire prier pour que ce soit fécond. Mais tout cela n’ajoute rien à la dignité de la personne humaine, et cela ne vaut pas qu’on lui vende la moindre part de dignité humaine.

Abraham doit épouser Sarah, mais il doit aussi apprendre que Sarah n’est pas sa chose, sa princesse à lui comme se traduit littéralement « Saraï », mais qu’elle est « Sarah », « princesse » tout court. Notre Abraham doit ainsi apprendre que nous ne possédons pas notre propre valeur, notre propre dignité. Nous vallons quelque chose, notre vie est précieuse que nous le voulions ou non, que nous le sachions ou que nous l’ignorions. Dieu est notre Père.

Harmoniser notre être, avec l’aide de Dieu

Mais quand ces trois personnages sont en de bonnes et saines relations.

Quand Abraham et le roi puissant vivent en paix comme des frères, notre roi étant source de moyens d’action en ce monde, notre Abraham étant source de foi, de prière et de bénédiction pour ceux et ce qui nous est confié.

Quand notre Abraham et notre Sarah sont unis l’un pour l’autre, ils sont alors une ouverture sur la vie, une source de mise en mouvement et de guérison communicative. La dignité que Dieu nous donne par grâce donnant le courage de la foi. Et la foi permettant de rendre vivante cette dignité, féconde.

Amen.

pasteur Marc Pernot, église protestante de Genève

Texte de la Bible

Genèse 12

L’Eternel dit à Abram: Va-t-en de ton pays, de ta patrie, et de la maison de ton père, dans le pays que je te montrerai. 2 Je ferai de toi une grande nation, et je te bénirai; je rendrai ton nom grand, et tu seras une source de bénédiction. 3 Je bénirai ceux qui te béniront, et je maudirai ceux qui te maudiront; et toutes les familles de la terre seront bénies en toi.

4 Abram partit, comme l’Eternel le lui avait dit, et Lot partit avec lui. Abram était âgé de soixante-quinze ans, lorsqu’il sortit de Charan. 5 Abram prit Saraï, sa femme, et Lot, fils de son frère, avec tous les biens qu’ils possédaient et les serviteurs qu’ils avaient acquis à Charan. Ils partirent pour aller dans le pays de Canaan, et ils arrivèrent au pays de Canaan. 6 Abram parcourut le pays jusqu’au lieu nommé Sichem, jusqu’aux chênes de Moré. Les Cananéens étaient alors dans le pays.

7 L’Eternel apparut à Abram, et dit: Je donnerai ce pays à ta descendance. Et Abram bâtit là un autel à l’Eternel, qui lui était apparu. 8 Il se transporta de là vers la montagne, à l’orient de Béthel, et il dressa ses tentes, ayant Béthel à l’occident et Aï à l’orient. Il bâtit encore là un autel à l’Eternel, et il invoqua le nom de l’Eternel. 9 Abram continua ses marches, en s’avançant vers le midi.

10 Il y eut une famine dans le pays; et Abram descendit en Egypte pour y séjourner, car la famine était grande dans le pays. 11 Comme il était près d’entrer en Egypte, il dit à Saraï, sa femme : Voici, je sais que tu es une femme belle de figure. 12 Quand les Egyptiens te verront, ils diront: C’est sa femme! Et ils me tueront, et te laisseront la vie. 13 Dis, je te prie, que tu es ma soeur, afin que je sois bien traité à cause de toi, et que mon âme vive grâce à toi.

14 Lorsque Abram fut arrivé en Egypte, les Egyptiens virent que la femme était fort belle. 15 Les grands de Pharaon la virent aussi et la vantèrent à Pharaon; et la femme fut emmenée dans la maison de Pharaon. 16 Il traita bien Abram à cause d’elle; et Abram reçut des brebis, des boeufs, des ânes, des serviteurs et des servantes, des ânesses, et des chameaux. 17 Mais l’Eternel frappa de grandes plaies Pharaon et sa maison, au sujet de Saraï (lit. à cause de la parole, des actes de Saraï), femme d’Abram.

18 Alors Pharaon appela Abram, et dit: Qu’est-ce que tu m’as fait? Pourquoi ne m’as-tu pas déclaré que c’est ta femme? 19 Pourquoi as-tu dit: C’est ma soeur? Aussi l’ai-je prise pour ma femme. Maintenant, voici ta femme, prends-la, et va-t-en! 20 Et Pharaon donna ordre à ses gens de le renvoyer, lui et sa femme, avec tout ce qui lui appartenait.

Genèse 20

Abraham partit de là pour la contrée du midi; il s’établit entre Kadès et Schur, et fit un séjour à Guérar. 2 Abraham disait de Sara, sa femme: C’est ma soeur. Abimélec, roi de Guérar, fit enlever Sara.

3 Alors Dieu apparut en songe à Abimélec pendant la nuit, et lui dit: Voici, tu vas mourir à cause de la femme que tu as enlevée, car elle a un mari.  4 Abimélec, qui ne s’était point approché d’elle, répondit: Seigneur, ferais-tu périr même une nation juste? 5 Ne m’a-t-il pas dit: C’est ma soeur? et elle-même n’a-t-elle pas dit: C’est mon frère? J’ai agi avec un coeur pur et avec des mains innocentes.

6 Dieu lui dit en songe: Je sais que tu as agi avec un coeur pur; aussi t’ai-je empêché de pécher contre moi. C’est pourquoi je n’ai pas permis que tu la touches. 7 Maintenant, rends la femme de cet homme; car il est prophète, il priera pour toi, et tu vivras. Mais, si tu ne la rends pas, sache que tu mourras, toi et tout ce qui t’appartient.

8 Abimélec se leva de bon matin, il appela tous ses serviteurs, et leur rapporta toutes ces choses; et ces gens furent saisis d’une grande frayeur. 9 Abimélec appela aussi Abraham, et lui dit: Qu’est-ce que tu nous as fait? Et en quoi t’ai-je offensé, que tu aies fait venir sur moi et sur mon royaume un si grand péché? Tu as commis à mon égard des actes qui ne doivent pas se commettre. 10 Et Abimélec dit à Abraham: Quelle intention avais-tu pour agir de la sorte?

11 Abraham répondit: Je me disais qu’il n’y avait sans doute aucune crainte de Dieu dans ce pays, et que l’on me tuerait à cause de ma femme. 12 De plus, il est vrai qu’elle est ma soeur, fille de mon père; seulement, elle n’est pas fille de ma mère; et elle est devenue ma femme.  13 Lorsque Dieu me fit errer loin de la maison de mon père, je dis à Sara: Voici la grâce que tu me feras; dans tous les lieux où nous irons, dis de moi: C’est mon frère.

14 Abimélec prit des brebis et des boeufs, des serviteurs et des servantes, les donna à Abraham; et il lui rendit Sara, sa femme. 15 Abimélec dit: Voici, mon pays est devant toi; demeure où il te plaira. 16 Et il dit à Sara: Voici, je donne à ton frère mille pièces d’argent; cela te sera un voile sur les yeux pour tous ceux qui sont avec toi, et auprès de tous tu seras justifiée.

17 Abraham pria Dieu, et Dieu guérit Abimélec, sa femme et ses servantes; et elles purent enfanter. 18 Car l’Eternel avait frappé de stérilité toute la maison d’Abimélec, à cause de Sara, femme d’Abraham.

21:1 L’Eternel se souvint de ce qu’il avait dit à Sara, et l’Eternel accomplit pour Sara ce qu’il avait promis.  2 Sara devint enceinte, et elle enfanta un fils à Abraham dans sa vieillesse, au temps fixé dont Dieu lui avait parlé.

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Un commentaire

  1. alexandre dit :

    Saraï ou Sarah avait comme prénom Yiska et avait une soeur, Milka, toutes deux sont filles de Haran, frère d’Abram ou Abraham. On voit ici le mariage consanguin ou endogamique pratiqué par cette tribu à cette époque. Abraham et Sarah étaient stériles. Sarah reçoit d’Elohim une bénédiction autre que celle d’Abraham : Je la bénirai, en te donnant, par elle aussi, un fils je la bénirai, en ce qu’elle produira des nations et que des chefs de peuples naîtront d’elle – Gn 17/16. C’est Elohim qui donne un fils – ce qui signifie ici que ce Fils n’est pas d’Abraham, mais d’Elohim. Abraham a eu son Fils Ysmah’el. Ceci ne vous rappelle rien – Marie et Joseph (des cousins) et la visitation de Gabriel comme la visitation d’Elohim à Mamré – Gn 18.1. Isaac est Fils d’Elohim et de Sarah, d’ou Jacob-Israël, mon Fils premier né. Dans cette histoire il n’est pas question de foi mais de science…Isaac est un bébé éprouvette, on le saura au retour de l’Eloah d’Israël.

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