pasteur Marc Pernot le 9 mars 2025
Prédication

Jésus dit « Est-ce que tu vois quelque chose ? » (Marc 8:22-26)

En ces temps, il est bon de chercher à voir clair par soi-même, sans se laisser troubler ni aveugler par les opinions ou par la crainte. C’est ce que Jésus tente d’apporter à ses disciples, par cinq gestes puissants il nous accompagne sur le chemin de la clairvoyance.

Texte, vidéo et poscasts de la prédication. Ceci est un témoignage personnel. N’hésitez pas à donnez votre propre avis ci-dessous.

pasteur Marc Pernot

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prédication (message biblique donné au cours du culte)
à Genève, le dimanche 9 mars 2025,
par : pasteur Marc Pernot

Prédication

J’aime bien ces récits de miracles de l’Évangile, car ils viennent nous parler de ce quelque chose de spécial qui nous vient de plus grand que nous dans notre être.

Mais qu’attendre ? La superstition promet des avantages dans le domaine de l’avoir : avoir bonnes santé, fortune et amours grâce à des forces surnaturelles. La foi, et particulièrement la foi en Christ, ouvre sur des bénéfices qui sont du domaine de l’être, et ce n’est qu’ensuite que nous pourrons porter de bons fruits en ce monde.

Cette distinction apparaît clairement à propos de ce court récit de guérison d’un aveugle par Jésus dans cet Évangile selon Marc. En effet, dans le passage qui précède juste ce récit, les disciples discutent sur un fait hautement tragique : ils ont oublié d’acheter le pain. Ils sont dans le domaine de l’avoir. C’est normal de penser au pain, Jésus lui-même mangeait et aimait bien ça, cela fait partie de notre bonne nature. Mais, à cette occasion, Jésus les ouvre à une autre recherche : de ce qui nourrit notre être et se garde de ce qui peut nous aliéner (tant dans le domaine religieux que politique) :

Les disciples avaient oublié de prendre des pains. Ils n’en avaient qu’un seul dans le bateau. Jésus leur fit cette recommandation : ouvrez l’œil et gardez-vous du levain des pharisiens et du levain d’Hérode. Les disciples continuèrent à discuter entre eux du fait qu’ils n’avaient pas assez de pain. Jésus s’en rendit compte et leur dit : Pourquoi raisonnez-vous en vous disant que vous n’avez pas de pains ? Vous ne comprenez pas encore ? Vous ne saisissez pas ? Êtes-vous débiles ? Vous avez des yeux et vous ne voyez pas ? (Marc 8:14-18)

La guérison de l’aveugle vient juste après ce récit où Jésus détourne la question des disciples de leur avoir (du pain, des yeux) vers la question de l’être (ouvrir les yeux, voir, entendre, comprendre, discerner). C’est génial d’avoir une bonne vue, mais bien des personnes qui ont de mauvais yeux sont plus clairvoyantes que des personnes qui ont 10/10 aux deux yeux. Jésus n’est pas ophtalmologue, il vient ouvrir les yeux de notre intelligence et de notre foi, les yeux de notre bonté et de notre émerveillement, de notre joie, de notre espérance enthousiaste.

Juste après ce récit de la guérison de l’aveugle, Jésus exerce la vue de ses disciples en leur demandant : « Qui dites-vous que je suis ? », non selon les gens, mais selon vous ? Pierre voit que Jésus est le Christ, c’est bien, mais il ne voit pas clairement quel type de salut Jésus apporte : il ne voit que confusément, comme l’aveugle à moitié guéri par Jésus et ayant encore besoin de soins.

Regardons comment le Christ nous donne de voir un petit peu plus clair dans notre vie, étape par étape. Sa vocation de Christ consiste à faire de nous un être voyant : c’est la définition du prophète ou de la prophétesse que nous sommes appelés à être dans la Nouvelle Alliance en Christ, par l’Esprit (Actes 2:17).

Jésus apporte à l’homme une aide en plusieurs gestes.

1. Il le prend par la main et le fait sortir du village.

Jésus guide l’homme dans cette première étape qui consiste à sortir du village. Pour voir clair, la première des choses est d’être libéré du poids de la foule : libéré « du levain des pharisiens et du levain d’Hérode », comme le dit Jésus juste avant. Les pharisiens étaient souvent des personnes extraordinaires. Paul et, probablement, Jésus ont été formés dans ce courant spirituel. Mais « les pharisiens » représentent ici la prétention de détenir la vérité divine et de l’imposer aux autres. Il y a bien des pharisaïsmes de toute sorte dans notre monde présent et c’est comme un levain qui se mêle à la pâte de notre pensée, la transformant en profondeur. Hérode représente, lui, le pouvoir tyrannique par la puissance et la crainte. Il y a bien des despotismes dans notre monde présent, dans les gouvernants de ce monde, dans les idéologies et les religions, dans les écoles, sur internet et dans les familles.

Il est bon de nous libérer du levain de l’opinion et du levain de la crainte pour avoir une chance d’ouvrir nos yeux et de voir clairement. D’un autre côté, la foule se préoccupe gentiment de l’homme en l’amenant à ce curieux guérisseur itinérant. Jésus ne nous appelle donc pas à nous couper du monde, mais de veiller afin de ne pas nous laisser prendre.

Pour cela, le premier geste de Jésus est un geste de tendresse : il prend l’homme par la main comme une maman rassurant son enfant sur le trajet de l’école. La tendresse est ainsi première, essentielle. Car, à l’inverse, la peur de l’opinion des autres ou de leur violence est le principal moteur de manipulation et d’aliénation. La victime cherche la sécurité en se mettant sous la coupe des autres. Un vrai geste d’affection libère la personne de ce réflexe : elle se sait alors aimée pour elle-même, elle n’a plus besoin de faire le mouton.

Jésus nous montre la tendresse de Dieu pour nous, et cela nous donne la force de nous en sortir.

2. Jésus met de la salive sur ses yeux et pose ses mains

Ces contacts sont encore de la tendresse, comme un baiser, comme une main qui caresse la tête. Il y a en plus la salive. Son sens est connu : la salive est ce qui sort de la bouche de Jésus ; c’est de la parole, du sens, c’est de l’Évangile, de la parole vécue, incarnée dans une véritable rencontre. C’est le premier geste ici, et le second est de poser ses mains sur la tête de l’homme : geste millénaire qui signifie une bénédiction et, plus qu’une bénédiction, c’est un supplément de création.

Pour former une personne à la capacité de voir par elle-même, cela demande donc à la fois de recevoir un message (évoqué par la salive) et un travail pour faire grandir la personne (évoqué par les mains). Les deux à la fois : de l’Évangile et de la formation. Jésus travaille sur ces deux plans. C’est pourquoi ses paroles et ses actes sont si complexes et perturbants : ils amènent à réfléchir, à changer notre logique, ils font appel à notre être.

3. Jésus lui demande : « Vois-tu quelque chose ? »

Une part essentielle de la pédagogie de Jésus est d’amener son interlocuteur à se poser des questions. Comme Socrate avant lui, d’ailleurs, cherche à faire accoucher son disciple d’un meilleur lui-même.

Quand Jésus dit à l’homme : « Vois-tu quelque chose ? », c’est un encouragement à ouvrir les yeux. Bien des personnes ne se sont même pas demandé si elles avaient une opinion personnelle sur les questions essentielles pour vivre leur propre vie. Bien des personnes ne se sont pas senties dignes ni autorisées, ni capables d’avoir une opinion théologique ou éthique, et ne s’en sont pas donné les moyens : elles n’ont même pas ouvert leurs yeux, ceux de leur intelligence, de leur cœur, de leur esprit.

L’homme lève alors les yeux : c’est déjà une victoire, il regarde enfin, et ce qu’il voit est intéressant : « je vois les hommes comme des arbres qui marchent. »

Dans la Bible, quand on tombe sur un élément curieux, on cherche si les mots convoquent un autre passage bien connu de la Bible qui fasse sens. Ici, c’est assez facile, il faut aller jusqu’à la page 2 du premier livre de notre Bible et l’on y voit que l’humain à peine créé ouvre les yeux et se retrouve au milieu d’un jardin planté d’arbres fruitiers. L’homme touché par Jésus se découvre être en pleine création, dans une humanité elle-même en pleine création, en mouvement. C’est prometteur pour sa capacité à évoluer. Le geste d’imposition des mains a bien été reçu et il est en train de porter des fruits. Le côté paisible de sa vision montre qu’il n’est plus angoissé : les gestes de tendresse de Jésus et son message faisant sentir la tendresse de Dieu l’ont aussi rejoint.

Mais quand même, cette vision est passablement fantasmagorique, l’homme commence à voir, mais confusément. C’est pourquoi Jésus poursuit ses soins.

4. Jésus lui mit de nouveau les mains sur ses yeux.

Avec un nouveau geste de création, mais cette fois-ci, sans la salive. Une fois l’enseignement de base assuré, Jésus choisit de se concentrer sur la formation de la personne, l’amenant à muscler ses propres capacités. L’enseignement d’un contenu est formateur dans une première étape. Il est bon d’aider la personne en la tenant par la main pour qu’elle fasse ses premiers pas. Mais ensuite, il faut un sevrage, sinon la personne ne pourra pas s’émanciper. Après cette première étape, vient le temps de lui permettre de commencer à voir et réfléchir par elle-même et de renforcer ses capacités.

Dans la découverte de la foi chrétienne ou de la philosophie, il en est de même : il est bon d’acquérir les éléments de base, d’acquérir une pratique de l’étude, du questionnement, de la prière, de certains exercices spirituels possibles. Rapidement, il est bon de ne pas en rester là et de prendre appui sur ces éléments reçus pour que chacun puisse voler de ses propres ailes à sa façon. La personne a parfois un moment de vertige à cette étape d’émancipation, lâchant la rassurante certitude du dogme, la chaleur d’un club, la routine d’une pratique. C’est comme quand on commence à savoir suffisamment nager pour lâcher les flotteurs pour la première fois, en confiance dans ce mouvement qui nous porte. En confiance en Dieu qui nous garde.

L’homme voit maintenant clairement. C’est le but du Christ pour chacun. Nous sommes bien sûr à mi-chemin de cela, ayant toujours à recevoir un peu de salive d’Évangile, tout en recevant encore de grandir grâce à l’aide et à la tendresse de Dieu.

Pourtant, déjà, nous pouvons commencer à recevoir le dernier geste de Jésus, le 5ᵉ, comme sa main pleine qui nous crée et nous bénit :

5. Jésus l’envoya vers sa maison, et non dans le village.

Dans la mesure où nous avons commencé à ouvrir nos yeux, à observer, à réfléchir et à écouter Dieu directement, Jésus nous donne 2 conseils pour la suite :

Il nous envoie en mission. En effet, Jésus fait littéralement de l’homme un apôtre (un « envoyé ») vers son propre lieu de vie. Dans la mesure où nous sommes déjà un peu prophètes ou prophétesse, nous sommes capables de voir ce que nous pourrons apporter.

Et Jésus met en garde l’homme de ne pas rentrer dans le village : notre liberté de voir par nos propres yeux est sans cesse à travailler, à entretenir, à muscler. Il y a toujours le risque de retomber dans la facilité de telle ou telle idéologie. Il en est en ce domaine comme pour le ski nautique ou le parapente : pour voler et même pour s’élever, il est indispensable de continuer à avancer.

Grâce à Dieu.

pasteur Marc Pernot

PS. Sur ce sujet de la clairvoyance en ces temps, vous pourriez voir la méditation sur ce simple verset de cette semaine : « Malheur ! Ils déclarent bien le mal, et mal le bien. Ils font de l’obscurité la lumière, et de la lumière l’obscurité » (Ésaïe 5:20)

Textes de la Bible

Évangile selon Marc 8:22-26

Jésus et ses disciples se rendirent à Bethsaïda ; on lui amena un aveugle, et on le supplia de le toucher. 23Il prit l’aveugle par la main et le conduisit hors du village ; puis il lui mit de la salive sur les yeux, lui imposa les mains et lui demanda : Est-ce que tu vois quelque chose ? 24Ayant levé les yeux et dit : Je regarde les hommes, je les vois comme des arbres qui marchent. 25Jésus lui mit de nouveau les mains sur ses yeux ; et, et il vit clairement, il fut rétabli, il voyait tout distinctement. 26Alors Jésus l’envoya vers sa maison, en disant : N’entre pas dans le village.

Suite

27Jésus sortit avec ses disciples vers les villages de Césarée de Philippe. En chemin, il se mit à demander à ses disciples : Au dire des gens, qui suis-je ? 28Ils lui dirent : Pour les uns, Jean le Baptiseur ; pour d’autres, Elie ; pour d’autres encore, l’un des prophètes. 29Lui leur demandait : Et pour vous, qui suis-je ? Pierre lui dit : Toi, tu es le Christ. 30Il les rabroua, pour qu’ils ne disent rien à personne à son sujet.

31Il commença alors à leur apprendre qu’il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu’il soit tué et qu’il se relève trois jours après. 32Il disait cela ouvertement. Alors Pierre le prit à part et se mit à le rabrouer. 33Mais lui se retourna, regarda ses disciples et rabroua Pierre : Va-t’en derrière moi, Satan ! lui dit-il. Tu ne penses pas comme Dieu, mais comme les humains.

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