« Que l’homme ne sépare donc pas ce que Dieu a uni », Dieu unit-il tous les couples qui se marient ?
Question posée :
Bonjour Pasteur,
Ma question est en rapport avec le verset « Que l’homme ne sépare donc pas ce que Dieu a uni ».
J’aimerais comprendre comment interpréter quand Jésus dit « ce que Dieu a uni ».
Dieu unit-il tous les couples qui se marient ; à l’église comme à la mairie ?
Même les couples qui sont « forcés » par une pression familiale, sociétale ou autre ?
Peut-on dire que Dieu passe par des hommes (prêtre, pasteur, maire) pour célébrer un mariage et que c’est Lui qui fait l’union du couple ?
Dieu valide-t-il tous les couples du moment que le mariage a été célébré ?
Un prêtre m’a dit un jour que s’il ne « sent » pas un couple, il va leur conseiller d’attendre avant de se marier mais qu’il ne refuse pas.
S’il fait le mariage, on pourra quand même dire que Dieu les a uni ?
Dieu qui sait toute chose à l’avance, unit-il des couples « dysfonctionnel » et leur impose par la suite de rester ensemble car « que l’homme ne sépare pas ce que Dieu a uni » ?
Merci d’avance pour la réponse
Réponse d’un pasteur :
Bonjour
Comment lire ce verset « Ils ne sont plus deux, mais ils sont une seule chair. Que l’homme donc ne sépare pas ce que Dieu a uni. » (Matthieu 19:6) ?
Cela pose effectivement question car ce verset a été utilisé de bien étranges façons.
Comme vous le dites, la première chose étrange est d’identifier « cérémonie de mariage à l’église » et « Dieu a uni« . C’est très très arrogant de la part d’une église qui affirmerait cela, on peut se demander si les responsables de cette église ne se prennent pas un petit peu pour Dieu ? Ou qu’en tout cas que Dieu serait à leurs ordres, un peu comme un simple greffier qui tiendrait le registre : les humains décident de marier x et y et que cela oblige Dieu, et que même lui, Dieu, ne pourrait rien y changer pour les siècles des siècles ?
La seconde chose est qu’en réalité il existe des circonstances où la séparation de deux personnes mariées est un véritable sauvetage, une bénédiction (parfois les deux époux se détruisent, et trop trop souvent la femme est maltraitée et bientôt tuée par son conjoint si l’on n’éloigne pas celui-ci).
Alors, comment lire cette phrase de Jésus « que l’homme donc ne sépare pas ce que Dieu a uni » ?
- On remarque d’abord que l’on ne peut pas la lire littéralement. Car non, deux personnes mariées ne forment pas littéralement « une seule chair », ils ont deux corps, deux ADN distincts, deux cerveaux, deux personnalités, deux rythmes, deux intelligences… à la fois distinctes et unies d’une certaine façon. Et la base même de cette union est une alliance, pour qu’il y ait une alliance il faut deux personnes, et dans le cadre de la Bible, particulièrement de l’Evangile du Christ, l’alliance est basée sur l’amour, le souci de l’autre, le respect mutuel, le service mutuel.
- On remarque ensuite que la traduction « Dieu a uni » n’est pas exacte, car dans le grec le verbe unir est à l’aoriste et non pas au parfait (désolé pour ces informations techniques), cela signifie qu’il est plus question de « Dieu unit, au jour le jour », plutôt que « Dieu a uni une fois pour toute dans le passé. Et cela correspond effectivement bien plus à ce que vit un couple, évidemment.
Par conséquent, c’est à mon avis simpliste, et passablement trompeur de considérer que le « »Que l’homme ne sépare donc pas ce que Dieu a uni » signifie la cérémonie de mariage et le divorce. C’est beaucoup plus profond que cela. Il est question de Dieu comme source d’union dans le couple, comme source de cheminements convergents pour les époux, comme source d’amour renouvelé. Dieu est vivant et source de vie. Ce n’est pas un petit personnage obtus et colérique incapable de comprendre l’évolution d’une situation.
On est d’accord que l’idéal est que le couple vive d’une belle façon dans la fidélité (à tout point de vue) pour la vie tout entière. C’est effectivement bien le projet du mariage. Et c’est sur ce projet de deux personnes que nous demandons la bénédiction de Dieu lors de la cérémonie de mariage. Dieu n’a pas besoin de cetet cérémonie pour bénir et accompagner, car il regarde aux cœurs, et veut de toute façon le meilleur pour nous. Cette cérémonie est une chance pour nous, les humains, de vous ouvrir à cette bénédiction de Dieu, une façon de faire place à Dieu et à son action bienfaisante dans la vie des époux, dans leurs cœurs, leurs façon de vivre et d’espérer, dans leurs forces. C’est vrai qu’il est possible de s'(ouvrir à Dieu sans cérémonie, et pour Dieu c’est sans doute tout aussi « valable », mais c’est nous, humains qui ne sommes pas de purs esprits, et le rite, la cérémonie et sa préparation, les formes, le temps mis à part poru cela, les proches qui sont autour… tout cela participe à graver dans les fibres de notre être, dans toutes ses dimensions, cette alliance et la place de Dieu pour la vivre. Ainsi que pour les proches des époux. La cérémonie de mariage est donc précisément une façon de faire place à ce « Dieu unit ». Et comme je le soulignais avant, ce n’est pas un temps ponctuel unique quand le pasteur ou le prêtre dit la bénédiction, mais cette action bienfaisante de Dieu est ensuite à vivre au jour le jour.
Dieu est une source de vie, en vue du meilleur.
Et Dieu est vivant, il tient compte, bien évidemment, de la situation présente afin de nous aider. Et cette aide nourrit et renforce le meilleur de chacun, soigne ce qui est souffrant. Donc, oui, il est une formidable source d’union, et même d’amour entre les personnes. Une dimension essentielle de l’aide de Dieu est de nous ouvrir les yeux, d’ouvrir des possibilités nouvelles et de nous donner la force de discerner quelle voie est la meilleure, et d’avoir la force de bien choisir, avec l’aide de Dieu.
- Il arrive que Dieu nous indique que la meilleure solution, parfois la seule solution pour rester en vie, est de se séparer. Et se séparer n’est alors pas être en contradiction de la volonté de Dieu. Car Dieu est la source de la vient pas source de mort, ni de souffrances, ni de maltraitance.
- C’est quand Dieu est en train de tout faire pour nous unir qu’il serait mauvais d’aller contre lui, en laissant le couple se dégrader, ou même en étant source de division, d’égoïsme, source de mépris de l’autre. On est tout à fait d’accord.
Il est très dangereux d’enfermer les personnes dans les liens du mariage, c’est encore pire quand on attribue cet enfermement à une prétendue volonté de Dieu, volonté qui serait inflexible et brutale. C’est dangereux car des personnes maltraitées sont parfois poussées à subir cette situation à cause de ce genre de leçon. En plus, cela leur donne une sorte de peur de Dieu, comme si Dieu voulait les enfermer dans cette situation de maltraitance, comme si cette immense souffrance était sa volonté. Bien sûr que non.
En plus, c’est accorder trop d’importance aux humains et à leur cérémonie, comme si Dieu était enfermé à jamais dans la décision d’un moment et la cérémonie conduite par l’église. Or, Dieu est le créateur de l’univers et il est vivant. Non, il ne connaît pas tout à l’avance : dans la Bible on voit bien des histoires où Dieu est surpris par ce que l’humain fait, il regarde, il réagit pour essayer de sauver au mieux l’avenir des personnes. Il y a une très belle promesse, que Dieu met en confiance Jacob pour qu’il ait le courage de tracer son propre chemin librement : Dieu lui promet « Je suis avec toi, je te garderai partout où tu iras… » (Genèse 28:15) : cela veut dire que Dieu nous bénit a priori, que nous pouvons choisir par nous-même et que Dieu fera au mieux pour nous aider. Donc même si nous ne choisissons pas tout à fait la personne qu’il aurait choisie pour nous, Dieu fera tout pour nous aider sur ce chemin.
Heureusement, Dieu est plein de compassion et de compréhension. Bien sûr. Il nous éclaire et il nous relève chaque jour. Tout cela est donc à voir directement avec lui, en vue des circonstances présente de votre vie, sans vous laisser impressionner par des personnes ou des communautés qui aimeraient beaucoup prendre la place de Dieu pour diriger votre vie…
Dieu, lui, vous bénit et vous accompagne.
par : pasteur Marc Pernot
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Même si ce n’est pas le contexte du verset, peut-être qu’on peut aussi voir dans ce « Que l’homme ne sépare pas ce que Dieu unit » une incitation à la plus grande prudence et au respect lorsqu’on donne des conseils, voire plus (!), sur le choix d’un éventuel conjoint pour un couple en devenir, par exemple en tant que parent, et pour éviter notamment d’y projeter ses propres désirs. On en revient si facilement à cette tentation de se prendre pour Dieu, ou de parler à sa place.
Je trouve votre remarque hyper-pertinente.
Mil mercis
Aoriste, Dieu merci !
Quelle liberté ! Quelle intelligence des écritures ! Quel ressourcement !
Et quel message d’encouragement sympa !!!