Je suis en quête de racines, est-ce superficiel et en contradiction avec mon attachement au protestantisme ?
Question posée :
Bonjour,
Tout d’abord je remercie les efforts que vous faites pour apporter vos conseils avec bienveillance et ouverture d’esprit.
Je suis tombé un peu par hasard sur votre blog en cherchant des réponses à des questions qui me taraudent depuis longtemps.
J’ai été baptisé dans une église catholique lors de mes 18 ans, mes parents non-pratiquants m’ont laissé le choix. J’ai, depuis peu, décidé de me tourner vers le culte protestant, plus en conformité avec ma façon de penser.
En effet, j’ai eu de plus en plus de mal à comprendre pourquoi le Vatican béatifiait à tour de bras. De plus, j’avais l’impression que tout était trop compliqué, comme prier Marie et un catalogue de saints et prendre les dires d’un prêtre, un homme avec toutes ses qualités et ses défauts, pour parole d’évangile incontestable.
J’ai trouvé plus de proximité avec Dieu en me recentrant sur la Bible et en pratiquant le culte protestant plus chaleureux et moins rigide.
Toutefois, même si je me déclare comme protestant, sans doute luthérien si l’on peut s’exprimer ainsi, je ne peux m’empêcher de trouver belle l’architecture d’une église, ses décors que Luther et Calvin ont dénoncé. Selon moi, elles arrivent à cultiver un certain mystère, une sorte de chemin initiatique qui m’intéresse.
C’est sans doute purement superficiel et en contradiction avec mon attachement au protestantisme.
En comparaison avec le message du Christ qui a deux millénaires, la Réforme est assez jeune et je crois avoir besoin de me dire que la Réforme est dans une certaine mesure une continuation ou une renaissance de l’Eglise primitive et qu’elle n’est pas en désaccord avec nos lointains ancêtres du Moyen-âge par exemple.
Je suis en quête de racines, il est même possible que ce soit une quête insoluble.
Toute personne qui prétend obtenir la vérité exclusive se fourvoie selon moi, surtout en ce qui concerne le message du Christ. Même avec Vatican II, l’Eglise catholique n’arrive pas à se réformer et se remettre en question. Un homme ne peut pas être infaillible, comme le prétend une bulle pontificale. Je suis devenu protestant pour ces raisons. Même les Saintes Écritures nous conseillent de nous remettre en question afin de mieux percevoir et comprendre le Message. Mais qui suis-je pour juger ?
Vous recevez sans aucun doute des messages avec des questions tout aussi compliquées chaque jour, je m’excuse d’en poser une de plus.
Je vous remercie par avance.
Vos conseils et votre soutien sont précieux et rassurant dans un monde si étroit, merci pour tout !
Réponse d’un pasteur :
Bonsoir
Bravo pour votre cheminement de foi.
Vous êtes fidèle à ce fameux passage où Christ est défini comme chemin, vérité et vie (Jean 14:6) : cheminement, vérité d’être et de relations (sincérité, authenticité, fidélité) et vie.
Ce cheminement s’enracine effectivement dans l’histoire, sur des millénaires. La Réforme n’est pas le début d’une histoire, c’est simplement une façon de rappeler que la foi est un cheminement, pas à pas, pas un dogme ou une morale figées, éternelles, aveugles aux situations particulières. Mais ce n’est pas pour autant une négation du passé, ce n’est pas une opération table rase. C’est plutôt une « réforme » permanente : on reprend avec respect ce qui nous a été transmis des générations passées sur des siècles et des millénaires, afin de retraduire ce qui en a besoin, corriger ce que nous pensons devoir l’êtr epour une plus grande fidélité, apporter notre pierre à la recherche, aux découvertes et aux expériences de foi. C’est une façon de faire vivre ce patrimoine.
C’est pourquoi nous lisons la Bible, mais aussi Saint Augustin, Thomas d’Aquin, Eckhardt, et pas seulement Calvin, et que nous lisons aussi Ellul, Lévinas et bien d’autres selon la sensibilité de chaque personne et chaque groupe d’amis. C’est pourquoi nous aimons effectivement la peinture, la musique et l’architecture inspirées. La Réforme n’efface pas ces racines précieuses, ce patrimoine. Au contraire, il me semble.
Car c’est ainsi que les racines sont vivantes : plongées dans l’histoire de l’humanité et ramenant le meilleur jusqu’à nous, effectuant ce travail par l’Esprit, ce souffle de Dieu qui nous aide dans ce travail de notre intelligence et de notre sensibilité. Une racine allie profondeur et circulation en vue de donner la force de produire notre pousse d’aujourd’hui, nos fruits en notre propre temps, comme le dit le Psaume 1er.
Le message du Christ a 2000 ans, il a aussi des racines profondes dans la Bible hébraïque et aussi quelques racines dans la pensée grecque, il me semble. La Bible hébraïque a aussi des racines dans les pensées et religions mésopotamiennes et égyptiennes… et c’est bien. La Réforme protestante n’est pas une négation ni une opposition au catholicisme romain, chacun sa façon de vivre sa propre fidélité au meilleur.
Grand merci pour vos encouragements.
Dieu vous bénit et vous accompagne.
par : pasteur Marc Pernot
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