la main d
Prière

Si tout le monde se met à bricoler son Notre Père, on est pas sortis de l’auberge ! Vous ne croyez pas ?

Par : pasteur Marc Pernot

la main d'un bébé dans la main de son papa - Photo by Seif Eddin Khayat on Unsplash

Prier le « Notre Pères », cest peut-être seulement cela, en vérité : mettre sa main dans la sienne, ouverte.

Question posée :

Bonjour
Alors j’ai bien lu sur le site les « différents notre père » possible notamment le plus connu que je pratique depuis l’enfance.

Cependant, depuis cette histoire de changement dans le « ne nous laisse pas entrer en tentation » au lieu du  » ne nous soumet pas à la tentation » , je bute chaque fois dessus et je perds le fil de ma prière, sans parler de prière de groupe, où là, c’est carrément tout et n’importe quoi bien souvent !
Moi en groupe je me tais carrément ! car je n’arrive plus a me concentrer sur ce que je pense à cause de ce que je vais dire !)

Mais l’année dernière, je me suis acheté le nouveau testament en interlinéaire Grec/ en mot pour mot francais avec le texte TOB et Francais courant en dessous… Et quelque chose m’a interpellé dans Luc 11…

grec mot pour mot :
 » Père, soit sanctifié le nom de toi, vienne le règne de toi…
TOB :
Père fais connaitre à tous qui tu es, fais venir ton règne…
Francais courant :
Père, que tous reconnaissent que tu es le Dieu saint, que ton règne vienne…

A aucun moment il n’est question de  » qui êtes aux cieux ? » Ni de « car c’est à toi qu’appartienne le règne la puissance et la gloire » ?
Quand à la tentation ?

grec mot à mot :
« Et que ne pas tu emportes nous dans l’épreuve… »
TOB :
« Et ne nous conduis pas dans la tentation… »
francais courant :
« et ne nous expose pas à la tentation… »
et ça se termine là dessus ! Il n’y a même pas de : » délivre nous du mal ! »
(Perso, j’aurais carrément dit épargne nous les épreuves et éloigne nous du mal… )

Alors c’est quoi le notre père au juste ? Une prière trafiquée ? Parce qu’après ça je vais vous dire… On peut tout se permettre ! Allons y joyeusement ! Il y aura encore plus de cacophonie au moment du notre père !

Je vous l’avoue… Cela me perturbe grandement…
Dois je fabriquer mon propre notre Père moi aussi ?
Si tout le monde se met à bricoler une prière qui devrait être œcuménique, on est pas sortis de l’auberge ! Vous ne croyez pas ?

Réponse d’un pasteur :

Bonsoir

Bravo pour cette recherche, bravo de prier, et merci pour votre esprit œcuménique.

Vous pouvez bien entendu prier le « notre père » avec vos mots. Les accords œcuméniques témoignent d’une bonne intention, mais ne sont pas contraignants. Bien entendu. Je suis persuadé que quand Jésus a proposé un texte de prière son intention n’était absolument pas que nous la sacralisions. C’est, je pense, pour éviter ce risque que Jésus n’a rien écrit (sauf une fois dans la poussière du sol, en tout cas dans ce qui nous a été conservé dans les 4 évangiles).

Personnellement, cela fait des années que je dis dans la prière personnelle pour cette demande « ne nous abandonne pas dans les difficultés ». Ce n’est pas une traduction littérale mais je trouve cela juste, et que ça va bien avec le donne… pardonne… et c’est vrai qu’il est plus question de tourments, de difficultés, de détresse dans le mot grec « peirasmos » traduit ici par « tentation ». En même temps, c’est vrai que la tentation est une de nos sources de détresse assez critique. Donc pourquoi pas, si c’est notre principale détresse présente ?

On fait ce que l’on veut. Oui, on peut tout se permettre, bien sûr. Et joyeusement. D’ailleurs, la prière est avant tout une prière intime, pote fermée comme il est dans en introduction au Notre Père dans Matthieu. La prière en groupe, liturgique, est pour nourrir cette prière personnelle de chacune et chacun. Pas pour en tenir lieu, ni être un sommet dans notre relation à Dieu. Le plus de la « prière » en groupe est de se sentir faire un petit peu corps avec l’humanité à partir de cet échantillon improbable qui s’est réuni ce matin là dans une église. Donc, oui , il est pas mal de communier aux mêmes mots, silencieusement ou à haute voix. Peu importe.

Les différences entre ce que Matthieu nous a transmis et ce que Luc a transmis (à partir des renseignements qu’il a pu recueillir), est un encouragement à se sentir libre d’adapter cette prière avec notre propre sensibilité. D’ailleurs cela rejoint cette possibilité de prier le Notre Père phrase par phrase en l’amplifiant après chacune de notre propre prière, de notre propre contemplation ou écoute. C’est une pratique souvent inspirante.

Dieu vous bénit et vous accompagne.

par : pasteur Marc Pernot

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Un commentaire

  1. C92 dit :

    Monsieur Pernot,
    j’aprécie pour ma part toujours vos réponses.
    Concernant le « Notre Père », en effet, il me semble comme vous l’avez écrit, l’important c’est que cette prière nous nourrissent et donne la possibilité d’être tel que l’on est avec Dieu. Pour ma part je suis assez content du changement du « ne nous soumet pas a la tentation » à ne nous laisse pas entrer en tentation, qui pour moi, me semble plus juste avec la vision du Dieu d’amour des Evangiles.

    Que c’est bon de pouvoir prier en communion avec nos catholiques, orthodoxe etc.
    Amtiés fraternelles

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