femme faisant du streching devant un lac de montagne - Photo by FERESHTEH AZADI on https://unsplash.com/photos/i9zz2-SkHeM
Développement

J’ai déjà beaucoup « travaillé » et aujourd’hui je ne vois plus d’autre issue que d’attendre une âme sœur qui viendrait me rendre heureuse.

Par : pasteur Marc Pernot

femme faisant du streching devant un lac de montagne - Photo by FERESHTEH AZADI on https://unsplash.com/photos/i9zz2-SkHeM

Solitude. Tant de solitude dans nos sociétés. Pour le meilleur (développement de soi) et aussi pour le pire (isolement, souffrance) ?

Question posée :

Bonjour Pasteur,

Tout d’abord, je suis reconnaissante d’être tombée sur votre site qui m’apaise beaucoup depuis hier.
Alors je me lance, comme on jette une bouteille à la mer.

Je suis une femme de 37 ans et je vis une vie de grande solitude. Je vis seule et n’ai pas d’enfants, bien que je rêverais de fonder une famille. Mes rapports familiaux sont chaotiques, et mon père que j’adorais est décédé quand j’étais jeune. Ma vie sentimentale a toujours été complexe, j’ai toujours eu l’impression que mon chemin de vie était de me ramener à la solitude pour pouvoir apprendre des épreuves.

Je vois mon existence comme une traversée du désert, sans guère de moments de plénitude et de plaisirs pour se régénérer. Je sais pourtant que grâce à ces épreuves, je suis devenue une personne empathique, très sensible à la souffrance des autres et je suis devenue psychothérapeute pour tenter d’aider autrui à ma façon, par ce que j’ai appris de mes souffrances et de ma résilience. Cependant, à force d’épreuves et de ne jamais vivre de moments de bonheur, même si je vois l’amour de Dieu dans les petites choses (un concert, une balade dans la nature, un voyage…), je me sens terriblement seule, découragée, vide, comme une fleur qui se fane jour après jour.

Je cherche à savoir pourquoi Dieu me laisse dans cette traversée du désert sur autant d’années. Je comprends que je dois apprendre dans la souffrance mais pourquoi si longtemps, alors que j’ai déjà bien avancé dans la compassion ?

Pensez-vous qu’il soit égoïste d’attendre de Dieu et de la Vie de trouver l’amour ?
Est-ce sain de vouloir cheminer auprès de quelqu’un qui nous aime et qui nous épaule ?
Je veux dire par là, Dieu n’attend-il pas d’abord que nous trouvions la paix et le bonheur en nous en premier ?

J’ai l’impression d’avoir déjà beaucoup « travaillé » et qu’aujourd’hui je ne vois plus d’autre issue que d’attendre une âme sœur qui viendrait me rendre heureuse.

Je vous remercie infiniment pour votre lecture et d’avance merci pour votre regard sur mes questionnements flous.

Belle journée de l’Assomption.

Réponse d’un pasteur :

Bonjour

Merci et bravo pour ce cheminement tout à fait magnifique. Courageux, sincère, aimant, vrai.

Ressentir une vocation à fonder une famille est tout à fait compréhensible. Attention toutefois à ne pas être si ardemment motivé par ce projet que vous vous lanciez dans des conditions pas trop satisfaisantes. Mais à vrai dire, je n’ai pas l’impression que ce soit votre genre.

Ressentir une vocation à fonder une famille n’est pas une tentation égoïste. Il est normal de vouloir rayonner, cela fait même partie de notre vocation d’humain. Cela demande de prendre conscience de ce trésor précieux qu’est notre être, notre personne, notre personnalité. Oui, telle qu’elle est avec ses particularités qui en font le charme. Et de chercher comment semer dans le monde ce que nous sommes, faire preuve d’une certaine fécondité, apporter notre touche dans ce monde. C’est tout à fait bien de ressentir cela et de chercher à le vivre. Ensuite, il y a bien des façons d’exprimer cela. Fonder une famille est certainement un projet génial, fabriquer un ou des enfants et les élever, dans tous les sens du terme est une vocation belle et prenante. Il y a d’autres façons de faire preuve de fécondité dans l’existence, et c’est ce que vous vivez actuellement. Il peut arriver que l’on change de vocation en cours de notre vie. Ou que l’on cumule plusieurs lieux de fécondité. C’est à sentir personnellement dans la réflexion et la prière.

La question de la solitude et du besoin de tendresse, de partenariat est une question importante. Cela aussi n’est certes pas un égoïsme, cela aussi fait partie de l’humain. Nous ne sommes pas seulement un animal. Nous ne sommes pas seulement un animal spirituel, capable d’être en relation avec Dieu et d’être à notre mesure capable de créer, à l’image de notre créateur. Nous sommes un animal spirituel et social. Nous sommes faits pour vivre en équipe. L’Esprit qui nous donne d’être créateur, cet Esprit divin nous fait aspirer à faire corps. Cela peut se manifester dans des amitiés vraies, qui sont rares. Le couple est un lieu privilégié pour vivre cette dimension de l’humain, avec deux personnes qui font alliance pour se soutenir mutuellement. Ce n’est pas égoïste d’espérer cela. C’est ce que note la Genèse « il n’est pas bon que l’être humain soit seul » (Genèse 2:18), littéralement « soit tourné vers la solitude », il est donc bon d’être tourné vers le fait d’être en équipe, et Dieu a pour projet que l’être humain ait un secours vis à vis de lui. Un secours mutuel, donc. Vous aurez trouvé votre âme sœur quand vous aurez trouvé la personne que vous voulez, vous, rendre heureuse, et que cela vous rende heureuse de rendre cette personne un petit peu plus heureuse. Et que ce soit de temps en temps réciproque, comme dans un vis à vis.

Je suis persuadé que la souffrance n’est jamais infligée par Dieu. Il a d’autres moyens pédagogiques que cela pour nous aider à avancer et à aimer, il le fait en nous aimant et en nous encourageant, en nous soignant et en nous ouvrant au meilleur. C’est donc malgré Dieu que des choses ne vont pas dans ce monde et dans notre vie, cela arrive à cause des aléas de l’existence (oui, il existe du hasard et du chaos dan l a nature), cela arrive aussi à cause de manquements et de fautes des humains. Mais Dieu y travaille, à sa façon, toujours positivement. Il y travaille comme créateur (dans le long long terme vue de notre passage si éphémère sur terre), et comme sauveur (accompagnant ses créatures, et en particulier les humains, et vous-même, sa fille chérie tout particulièrement). C’est ce qui fait que, quand des difficultés nous tombent dessus, tant qu’à faire : Dieu en profite pour transformer cette situation en une belle opportunité pour grandir en qualité d’être. C’est tout à votre honneur de connaître cela, de l’avoir vécu car Dieu ne peut le faire qu’avec la personne, main dans la main. Bravo.

Il n’y a pas un lot de souffrance qui nous est attribué, la souffrance n’est jamais un lot que Dieu attribue. Dan ce domaine, c’est la vie qui est injuste et Dieu appelle à la justice. Nous agissons pour qu’il y ait plus de justice, par la foi. Et quand nous faisons cela nous ne luttons pas contre Dieu mais avec lui. Donc non, Dieu n’attend pas que nous en ayons bien bavé pour nous bénir ! Il passe son temps, si je puis dire, à nous bénir et à travailler pour que nous soyons le plus heureux possible. Ensuite, c’est vrai qu’à tout moment la vie peut nous sourire, la belle rencontre peut nous surprendre,une main tendue peut nous sortir de l’inquiétude. Le souhaiter est juste et bon, cela donne une vigilance et une souplesse qui nous permettront de mieux saisir l’opportunité, ce que l’on appelle « le kairos », l’occasion divine, par définition tout autre que ce que nous avions imaginé.

En pensée fraternelle avec vous

Dieu vous bénit et vous accompagne

.

par : pasteur Marc Pernot

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