Dîner en famille, portant un toast - Photo by Pablo Merchán Montes on https://unsplash.com/photos/wYOPqmtDD0w
Prière

Et vous, priez-vous avant de manger ? Faites vous prier vos enfants ?

Par : pasteur Marc Pernot

Dîner en famille, portant un toast - Photo by Pablo Merchán Montes on https://unsplash.com/photos/wYOPqmtDD0w

Question reçue par oral

Il n’est bien évidemment pas obligatoire de « rendre grâce » avant de manger :

  1. d’abord parce que nous ne sommes pas à l’usine en matière de foi, et que chacun peut prier comme il a envie quand il a envie. C’est même l’essentiel. La prière avant le repas existe dans certaines familles, d’autres familles ne la pratiquent pas. Chacun son style. Aucune raison de culpabiliser si on ne le fait pas, ni de fierté si on le fait, et encore moins de jugement contre une personne qui ne le ferait pas, bien évidemment.
  2. il y a parfois un petit côté ostentation qui me gène, dans cette prière devant d’autres personnes, même silencieuse et encore plus quand la prière est à haute voix. Consciemment ou inconsciemment ne parlons-nous pas alors pour les personnes qui nous écoutent et non pour Dieu ? Quand tu pries, nous dit Jésus, entre dans ta chambre, ferme la porte et prie ton père qui est là dans le secret (Matthieu 6:6).
  3. tout dépend de la manière dont cette prière est comprise :
    • Si l’on remercie Dieu d’avoir de la bonne nourriture sur la table, comment est-ce que nous comprenons le fait que certaines personnes en manquent ? Dieu donnerait à certains et pas à d’autres ? Impossible. Dieu aime chacun de ses enfants et veut que chacun ait de la nourriture chaque jour pour son corps, pour son intelligence, pour sa foi, pour son corps, pour son bon moral…
    • Dans le fait de remercier nous prenons acte que ces délicieux bienfaits ne sont pas que le fruit de nos mérites, mais qu’il y a une part de chance. Il y a des personnes qui mériteraient 12 fois plus leur pain que moi, et qui n’ont que du sable à manger. Il y a une part de reconnaissance pour ceux qui ont participé à cette chance, les paysans, artisans, nos proches, la solidarité qui a rendu possible ce repas… Il y a une reconnaissance pour Dieu, enfin qui a fait que la vie sur terre puisse être si belle.
    • Oui, nous pouvons rendre grâce d’être ainsi aimé par Dieu et qu’il travaille à faire ce monde si magnifique.
    • Nous pouvons nous réjouir devant Dieu d’avoir ce qu’il faut pour nourrir notre corps, de bonnes choses qui nous donnent de la joie, de la force et peut-être un bon moment d’amitié.
    • Dans cette prière, nous pouvons aussi nous souvenir que notre ventre, et le ventre de ceux qui nous sont confiés, ne sont pas les seuls à avoir besoin de pain, mais aussi mille autre dimensions, à commencer par la foi, l’espérance et l’amour en chacun, et dans noter société. Et qu’ainsi Dieu, en plus, nous éclaire, attendrisse notre cœur et que tous ces bienfaits nourrissent aussi notre force et notre enthousiasme pour le service de quelques autres.
    • Si l’on remercie Dieu pour la beauté de la vie, à l’occasion de ce repas, cette louange peut nous fait prendre conscience que c’est parce que l’humanité forme un corps que ce pain est sur notre table. Cela peut renforcer en nous cette dimension.
    • Si cette louange nous fait prendre conscience que d’autres personnes sont dans la souffrance, sans nous culpabiliser ni ne nous gâcher notre repas, cela peut avoir du sens.
    • Si nous prenons conscience que, concrètement, nous allons manger une créature vivante (animale ou végétale, cela revient au même), et que notre vie va en être vivifiée. Notre louange va à Dieu et aussi à ces créatures, les honorant par notre pensée, notre gratitude. Sans que cela nous mette la pression, cela peut nous donner envie de faire quelque chose de bien de cette vie. De ne pas seulement rester couché (c’est pourtant si bon).
    • … Bref : mieux vaut, comme souvent, affiner ce que l’on fait

Néanmoins, oui, il m’arrive souvent de prier avant un repas de façon imperceptible, même par mes proches.

Faut-il apprendre aux enfants à prier avant de manger ? A vrai dire, je ne suis pas certain.
Oui, c’est bien d’apprendre aux enfants à prier chaque jour. C’est une vraie chance pour leur avenir.
Ensuite, quelle prière et comment ?

  • Ni trop ni trop peu. De façon légère, non intrusive, peut-être plus par l’exemple que comme la contrainte de se laver les dents ?
  • Le mieux me semble de prier le soir. Et peut-être quelques mots le matin, bien plus rapidement. De prier ainsi avec eux quand ils sont petits, puis de les encourager à prier, (et de prier soi-même) quand ils sont grands. De penser à Dieu, de rendre grâce, de demander son aide, sa force et sa paix, de bénir ceux auxquels nous pensons ?
  • Cela même en trois mots, éventuellement suivis du « Notre Père ».

Pourquoi pas une petite prière avant les repas ? Ou peut-être pas ?

  • Si ça s’ajoute à la prière du soir n’est-ce pas un peu trop de prier avant les repas ?
  • Quand il y a un copain invité à table, cela peut gêner les enfants et cela peut gêner le copain. Ce qui est normal car la relation à Dieu est la chose la plus intime qui soit (nous dit Jésus). Or, il est particulièrement dommageable que l’enfant que la honte et la gêne soit associée à la prière dans l’expérience de l’enfant. Si prière en famille il y a, je pense que je proposerais comme règle à la famille que quand il y a un invité, on prie chacun silencieusement en soi-même quelques secondes plutôt qu’à haute voix, par respect.
  • Cette prière du repas pourrait être donnée par celui ou celle de la famille qui désire faire prier l’ensemble ?
  • Ce pourrait être une prière prise parmi quelques unes copiées sur un petit carnet, vite apprises par cœur, des prières liturgiques, moins intime qu’une prière venant du cœur, qui me semble par contre importante le soir.

Comment faites vous ?

Dieu vous bénit et vous accompagne.

par : pasteur Marc Pernot

PS. Peut-être n’est-il pas indispensable d’obliger son chien à mimer la prière pour avoir ses croquettes ? Mais font-il tous semblant ? Et l’enfant ?

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5 Commentaires

  1. Marie-Louise dit :

    M. le pasteur,
    Votre réflexion sur la prière avant le repas m à fait sourire et mise d`excellente humeur dès mon réveil. Nous n`avons jamais prié en famille avant un repas mais plutôt remercié notre mère pour les délicieux repas qu`elle nous préparait.
    En ce qui concerne les us et coutumes mon grand père maternel une fois le repas du soir terminé, refusait que ses filles balayent la salle a manger disant qu`un pauvre pouvait passer et que tout devait être prêt pour l`accueillir.
    Je ne sais pas si cela c’est avéré dans les faits mais j`ai toujours trouvé cela très beau.
    Cordialement

    1. Marc Pernot dit :

      Grand merci.
      C’est bien de penser aux pauvres, et de donner à manger à ceux qui ont faim, quand on le peut. On peut même sortir et aller porter une part.

  2. Pascale dit :

    Personnellement, pas de prière, mais j’ai souvent juste une pensée fugitive pour Dieu au cours du repas, sans contenu, simplement comme un retour à la source.
    Par contre, il m’arrive de temps en temps de prier pendant que je prépare le repas, si je suis au calme, seule dans la cuisine. Je trouve qu’un repas est un bel exemple de co-création entre Dieu, les différents acteurs des filières alimentaires, les générations passées avec une transmission de connaissances et de savoir faire et le cuistot. Et Dieu vit que cela était bon 🙂.

  3. Paul dit :

    Je viens de lire cette réflexion bien pertinente, mais si un peu d’humour est permis, je me souviens de ceci:
    « Et chez vous, priez-vous aussi avant de manger? »
    « Non Maman, sait très bien cuisiner »…

    Pourtant cette coutume, me semble être surtout anglo-saxonne, et un jour un athée avait dit être honoré d’avoir été mis en présence de l’expression des conviction des ses hôtes…

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