Dieu Parle dans les lois de la physique, il convient de s’intéresser à cette Parole en complétude avec celles des textes sacrés ?

Question posée :

Bonjour Pasteur,

Je suis professeur de mathématiques et pianiste. Je suis de culture catholique. À dix ans, je voulais devenir moine franciscain. Le temps en a décidé autrement, ma passion pour les mathématiques a pesé et parallèlement j’ai étudié le piano.

Je suis marié et nous avons deux filles. L’aînée se bat avec une maladie que l’on appelle anorexie et qui l’empêche d’être autonome malgré son master en sciences, et cela est aussi ma bataille, l’épreuve que je traverse avec elle, avec l’Éternel, à qui nous tendons la main en criant : « Mon Dieu, sauvez-nous ! »

Alors je prie.

La culture religieuse protestante m’a toujours interpelée par son « statut » de remise en réflexion continuelle, en particulier des dogmes.

Dans ma foi, j’ai une conviction particulière : c’est celle de « croire » en La Parole de Dieu dans les textes bibliques, dans le personnage fascinant et éblouissant du Christ qui incarne la grâce de Dieu, mais aussi dans les équations qui régissent l’univers, car je pense que Dieu s’y exprime de façon personnelle. Ce ne sont pas les équations, mais ce qui est derrière et ce que, je crois, personne ne cherche à en savoir le sens. Par exemple, je suis persuadé qu’il y a un sens divin au fait qu’une masse courbe l’espace-temps… Mais ceci n’intéresse personne, malheureusement. Les théologiens s’intéressent à La Parole de Dieu dans les textes bibliques, mais, me semble-t-il, pas à La Parole de Dieu dans les « lois » de la physique. Je dis cela car Dieu n’a pas créé l’Univers (sans doutes les univers) simplement comme un décor aléatoire de théâtre, mais en s’exprimant comme le Christ l’a fait avec ses paraboles qu’il faut décrypter. Il y a des paroles divines derrière les équations qui fondent la relativité générale ou la physique quantique… J’en suis persuadé. Alors, comment reconnaitre dans ses lois la Grâce, l’Amour infini, le Pardon… l’Altérité, la Paix… la Foi… ? Je ne sais pas, mais j’en suis persuadé. La création de Dieu est un tout, surtout pas un hasard, mais bien au contraire un tout avec un « sens ». Tout est parole divine, et en même temps cette parole est cohérente et uniforme dans sa poly-forme, quel que soit le moyen d’expression, textes ou équations…

Pasteur, j’essaie de demander à Jésus de monter dans la barque de ma famille où le vent souffle violemment actuellement, au risque d’aller Le rejoindre quand je Le vois marcher dans l’eau, tout en sachant que ma faible foi me fera couler, mais en même temps, je pense croire fort en Lui et je crois tellement en la guérison de ma fille… Bien sûr, je Lui demande aussi de prendre la main de tous ceux qui souffrent pour les aider à franchir les épreuves. Je lui demande aussi son éclairage dans tous les chemins de vie… Je m’efforce de ne pas seulement lui demander sans cesse, mais aussi de l’écouter… et de comprendre que les épreuves portent et font grandir ma petite foi… Pas facile à comprendre… J’admire et envie Job… En fait, je suis perdu…

À côté de la tourmente, je vous écoute, merci Pasteur. Et en même temps je cherche, tel Champollion, à décrypter le sens divin des lois de la matière et son rapport avec l’esprit, notre relation avec l’Éternel.

Je tiens à dire que suis très loin de Leibniz, bien sûr. Dieu ne s’identifie pas à sa propre création, mais s’exprime à travers sa création comme à travers les textes (bibliques) qui sont des témoignages des hommes qui l’ont senti dans leur cœur. À nous d’en décrypter le sens de toutes ses paroles.

Pourquoi ai-je voulu cette communication avec vous, pasteur ? Parce que vos prédications me touchent et que j’ai voulu vous poser deux questions :

• Auriez-vous un conseil à me donner qui puisse me guider dans la difficulté actuelle où la maladie de ma fille aînée déstabilise ma famille, d’autant que j’ai une deuxième plus jeune qui n’a pas fini ses études…
• Que pensez-vous lorsque je dis que Dieu parle dans les lois de la physique et qu’il convient de s’intéresser à cette Parole en complément de celles des textes sacrés ?

Bien sûr, cher Pasteur, je comprendrais que vous n’ayez pas le temps de répondre.

Sachez que je continuerai à vous écouter et d’ores et déjà je vous remercie pour vos prédications lumineuses.

Cordialement

Réponse d’un pasteur :

Cher Monsieur,

Bravo pour votre admirable parcours de foi, plein d’engagement et de sincérité.

Votre passion pour les sciences et en particulier pour les mathématiques me touche, car j’ai une formation scientifique (diplômes d’ingénieur et d’informaticien). Et votre passion pour la Bible. Dans la confrontation à ces textes, dans notre effort d’interprétation, par l’étude et la prière, nous nous ouvrons à la Parole vivante et personnalisée de Dieu pour nous.

Je suis bien du même avis que vous : Dieu parle dans les lois de la physique et il convient de s’intéresser à cette Parole en complément de celles des textes sacrés. Je dirais que c’est faire de la théologie expérimentale et de la théologie théorique. Les deux en dialogue, comme les mathématiques et la physique. La nature est comme un grand livre, à interpréter aussi, comme la Bible. C’est ce que dit l’apôtre Paul en Romains 1:20. Nous avons ici, à Genève, un institut de recherche associant des physiciens, des astrophysiciens et des théologiens, des spiritualités (voir https://acielouvert.swiss)

Excellente prière que vous proposez : « j’essaie de demander à Jésus de monter dans la barque de ma famille » ! C’est la prière fondamentale : demander à Dieu plus encore de son Esprit saint, d’être plus en communion avec lui, d’être uni au Christ. Qu’il nous accompagne dans nos joies et aussi dans nos galères.

Je sais le souci que c’est d’avoir un enfant pas très en forme. Ce que je tiens à vous dire absolument, c’est que ce n’est PAS VOTRE FAUTE. Hélas, dans ces cas-là, souvent, les parents sont tristes pour leur enfant et, en plus, ils se sentent écrasés par une culpabilité qui n’a pas lieu d’être. Que ce soit un cancer, un handicap, l’anorexie ou autre chose… il n’y a pas lieu de se sentir responsable de ce qui arrive. Mais oui, vous êtes à ses côtés, la compassion coûte cher en larmes, en soucis et en énergie, c’est vrai. C’est beau de voir ainsi une famille unie.

En même temps, il ne faut pas trop non plus se sacrifier, sacrifier votre autre fille pour la première qui est souffrante. Il faut un équilibre. Certainement pas facile à trouver, certainement évolutif. Mais nécessaire, évidemment. De toute façon on n’en fait jamais assez, ou plutôt on a l’impression de ne jamais en faire assez, on se reproche de ne pas en avoir fait plus, mieux, et de ne pas en faire plus. C’est ce qui conduit à l’épuisement. Ce qui est bon, c’est de faire ce que l’on peut, ni plus ni moins, aussi sereinement que possible. Pour cela, il faut aussi prendre du temps pour vous.

Bien sûr que Dieu veut la guérison de votre fille, il n’a pas attendu qu’on le prie pour cela. Dieu aussi combat à vos côtés.

Plutôt que de demander à Dieu sa guérison (que nous espérons tous, et Dieu et nous tous), je pense qu’il serait peut être pas mal de prier :

• Comme vous le faites, que le Christ monte dans la barque de votre famille et touche chacune et chacun plus profondément encore, soit ainsi un soutien formidable et une source de paix.
• Prier pour aimer chacune de vos filles aujourd’hui, telles qu’elles sont. Profiter de la présence de chacune, s’en réjouir, et laisser le lendemain ouvert : le lendemain s’occupera de lui-même. C’est l’aujourd’hui de la bénédiction qu’il faut saisir en aimant, en aimant ce qui est bien, bon, ce qui est aimant en chaque personne. Ce n’est pas oublier ce qui ne va pas, car les soins continuent, mais c’est mettre ce qui ne va pas au second plan, et que ces difficultés ne règnent pas sur nous et sur nos vies.

La science nous révèle un univers en évolution, c’est une merveille incroyable. Dieu est source d’évolution. C’ets pourquoi Jésus utilise souvent des paraboles agricoles pour dire l’action de Dieu dans nos vies : il y est une source d’évolution, « de vie de mouvement et d’être », comme le dit encore l’apôtre Paul. C’est souvent comme cela qu’il travaille en nous.

Je vous souhaite le meilleur, à vous et à chacune et chacun dans la famille.

Dieu vous bénit et vous accompagne.

+ Grand grand merci pour vos encouragements..

par : pasteur Marc Pernot

Réponse de la personne :

Cher Pasteur,

Merci infiniment de votre réponse, de vos conseils si touchants, de vos mots éclairés par vos profondes et belles réflexions spirituelles.

Oui, je crois en la prière, ce lien à la fois « mystérieux » et dense qui nous unit avec notre source transcendante qu’est Dieu, ce lien que j’accroche de mes deux mains, fort, pour ne plus avoir peur et pour essayer de faire grandir ma foi qui est fragile, mais aussi ce lien qui me guide dans mes missions, même si aujourd’hui je suis loin d’être digne de l’Éternel, tant je suis petit en tout ce que je fais. Oui, je demande au Christ, dont les paroles m’éblouissent davantage que celles, par exemple, de Riemann ou même d’Einstein, qui pourtant m’épatent à un haut point, je demande à Jésus de calmer la tempête qui agite violemment ma barque familiale, même si je sais qu’il doit souvent ne pas être content de moi qui suis pauvre en foi, car la peur, la crainte et l’angoisse m’envahissent.

Merci encore infiniment très cher Pasteur. Merci encore aussi pour vos prédications si intenses et qui éclairent le chemin de tous ceux qui vous écoutent.