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Foi

Chaque weekend j’arpente mon église, et cette église c’est la nature !

Par : pasteur Marc Pernot

 Image: 'mirage' by Foton28 https://creativecommons.org/licenses/by/2.0/ http://www.flickr.com/photos/40257382@N08/3695005281

Question posée :

Bonjour monsieur le Pasteur,

A mon humble avis, il n’existe aucune preuve scientifique plausible, qui prouverait l’existence réelle de Jésus, en tant qu’homme de chair et d’os, à un quelconque moment de l’Histoire de l’humanité. Ceci dit, je me considère comme un Chrétien, et très pratiquant.

Chaque weekend j’arpente mon église, et cette église n’est pas faite de pierre, porte, murs et ombre. Chaque weekend, je découvre et prospecte les innombrables merveilles de la Nature, de la Création. Car c’est là, primordialement, que cet être suprême s’exprime, celui qui est nommé Dieu, par les uns, autrement par les autres. En regardant, ébahi et stupéfait, toutes les beautés directes, des arbres, des fleurs, des forêts et montagnes, des rivières courant les plaines et les champs. D’écouter le son et la musique des animaux sauvages et libres, de regarder le soir venu, le ciel étoilé. D’y trouver entre Obscurité et Lumière, le fil conducteur si fragile et instable.

Une église sans centre névralgique et ouverte à tous. De s’y penser à chaque instant, et non pas assis sur un banc d’école. Un message codé, périodique, évolutif, d’une puissance et beauté inégalés. De savoir qu’il est là et tout autour, bienveillant. Et que son hospitalité est unique, et si souvent bafouée outrageusement, par ceux même qui prétendent le connaître. L’homme, n’est à aucun moment, supérieur à tel ou tel animal, il est équivalent en droit, en devoir. Et s’il ne respecte pas cette hospitalité donnée à chaque forme de vie, il perd ce droit reçu, il le corrompt, par méprise ou naïveté. Une planète, comme une arche géante, qui sous l’effet de tous, poursuivrait sa route inconnue, tous ces uns et ces autres, qui garantiraient son progrès et sa survie.

L’homme ne doit essayer ni de contrôler, ni de maîtriser. Car celui qui est déjà aux commandes, ne saurait tolérer une concurrence si jeune, si inefficace. Berger, Jardinier, commanditaire d’une puissance donnée, de mettre une barrière, un cercle ou une défense. De protéger ce qui par valeur déclarée, devrait être meilleur ou moins bien. De donner des noms et des jugements de valeur, de penser pouvoir être arbitre et partager, séparer. De dire au sauvage qu’il ne doit pas et qu’il devrait. De le forcer par l’arme et la menace.

Etre Chrétien et regretter que l’église a toujours surélevé indûment l’homme au-dessus des autres espèces et formes de vie. Il ne porte pas de barbe, il n’est pas assis sur un nuage. Il est avec nous, et en nous. Par le souffle, la parole, la survie et la mort des espèces. Il est le facteur commun, qui nous pousse à établir des lois et règles de conduite. L’homme ne domine rien, et certainement pas son propre destin. Il a ce choix subtil, de voir ou de ne pas vouloir. D’écouter en silence, pour apprendre, ou de parler de prime abord. De marcher et vieillir, et d’accepter que la mort, est la clé d’une cascade étonnante. Je réfute à l’homme, ce droit qu’il s’abroge, de se déclarer unique en valeur, et détenteur de la sagesse divine. Comme tant d’autres, issu de très lointains ancêtres, sortis de l’eau, et auparavant, d’ailleurs. Pourquoi vouloir être suprême et meilleur, n’est ce pas là le pire des crimes possibles ?

Réponse d’un pasteur :

Bonjour monsieur

Merci pour ce beau témoignage. Oui, la nature est extraordinairement inspirante. D’ailleurs bien des pages de la Bible sont un chant rendant louange à Dieu pour sa création. Et l’apôtre Paul dit que nous avons là un livre qui nous parle de Dieu, qui nous permet d’en avoir une certaine connaissance.

En ce qui concerne l’existence historique de Jésus, elle est hautement vraisemblable. C’est en tout cas l’hypothèse la plus raisonnable en observant la naissance de ce mouvement chrétien extraordinairement enthousiaste dans cette région et à cette époque. Il existe des personnes qui soutiennent actuellement la thèse que Jésus n’aurait pas existé, ce sont en général des personnes violemment anti-chrétiennes, voire athées (ce qui est bien leur droit, évidemment). Mais il y a un indice bien plus solide que cela pour soutenir le fait qu’il a existé historiquement :

  • De même que l’on pourrait se demander quelle est la preuve que les américains ont effectivement marché sur la lune ? C’est que les russes, en pleine guerre froide, n’ont jamais nié qu’ils y soient allés. Pourtant il y a aussi des complotistes pour dire que personne n’est allé là-bas…
  • La preuve en ce qui concerne l’existence de Jésus est la même : les opposants aux chrétiens, juifs comme romains, existaient dans les premiers siècles, mais ils n’ont jamais dit que le héros des chrétiens, Jésus, n’avait jamais existé. Le Talmud juif dit simplement que Jésus était un sorcier et un fauteur de trouble, et un nul qui a même été abandonné de ses disciples…

Mais même si Jésus n’avait pas existé, cela n’enlèverait rien du tout au fait que les évangiles sont extrêmement inspirants, et proposent un chemin de vie.

 

Oui, on peut rêver d’une église sans centre névralgique. Personnellement, je préfère une église unie par deux choses :

  1. un centre névralgique (le personnage de Jésus dans les évangiles, avec ou non un homme historique derrière, ce n’est pas la question),
  2. et une recherche libre, personnelle, sincère, mais avec une dimension de solidarité, une recherche en partie avec et pour les autres, respectueuse des autres personnes.

Cet ensemble des deux : le Christ et la recherche sincère de chacun forme une église de frères et de sœurs. En effet, il n’y a pas un extérieur (les méchants) et un intérieur (les gentils) : nous sommes tous extérieurs par rapport au centre, tous acceptés. Et en même temps ce centre et le fait d’être en recherche sincère nous unit.

Mais il y a bien des façons de cheminer, et de faire un club avec d’autres pour cheminer ensemble et s’aider un petit peu à avancer.

 

La théologie chrétienne n’impose pas de se sentir, comme être humain, supérieur à une pâquerette. Chacun ses défis, chacun sa grandeur, sa place. Mais simplement, les évangiles ont été écrit par l’homme et pour l’homme, il cherche à creuser cette question de la condition humaine, c’est le sujet du livre mais cela n’est pas nécessairement un mépris de la condition des autres. Au cœur même de l’Evangile est cette phrase « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son fils, afin que quiconque ait la foi par lui… » c’est bien le monde qui est aimé, et pas simplement l’humain. Mais néanmoins ces paroles s’adresse à l’homme et non à la pâquerette parce qu’il y a peu de chance qu’elle lise ce livre, mais cela ne veut pas dire qu’elle n’a pas, d’une certaine façon, une écoute de Dieu.

Vous avez donc raison dans cette conscience que l’humain n’est pas seul au monde. C’est une raison de plus d’entendre ce genre de phrases de l’Evangile disant cette valeur du monde, et à cause de cela, il serait bon que l’homme change son regard sur ce monde, et qu’il entre en communion avec le créateur de ce monde.

Amitiés fraternelles

par : Marc Pernot, pasteur à Genève

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