Une main ouverte comme pour recevoir, s'avance dans l'obscurité pour recevoir la lumière - Photo de NADER AYMAN sur https://unsplash.com/fr/photos/une-personne-tenant-une-bougie-allumee-dans-sa-main-1KH5oUafd2M
Prière

+ Psaume 32 : un chemin de pénitence, pour entrer dans le pardon, la joie et la sagesse

La quête du pardon et de la paix intérieure

Psaume de David

I

Heureuse la personne dont la faute est enlevée
et le péché remis !
Heureuse la personne dont L’Éternel ne retient pas l’offense
et dont l’esprit est sans fraude !

II

Je me taisais et mes forces s’épuisaient
à gémir tout le jour.
Ta main, le jour et la nuit, pesait sur moi,
ma vigueur se desséchait comme l’herbe en été.

III

Je t’ai fait connaître ma faute,
je n’ai pas caché mes torts,
j’ai dit : « Je rendrai grâce à l’Éternel
en confessant mes péchés »

IV

Et toi, tu as enlevé l’offense de ma faute !
Ainsi, chacun des tiens te priera aux heures décisives,
même les eaux qui débordent ne peuvent l’atteindre !
Tu es un refuge pour moi, un abri dans ma détresse
de chants de délivrance, tu m’as entouré.

V

« Je vais t’instruire, te montrer la route à suivre
te conseiller, veiller sur toi !
« N’imite pas les mules et les chevaux
qui ne comprennent pas,
qu’il faut mater par la bride et le mors,
et rien ne t’arriveras ! »

VI

Pour le méchant, douleurs sans nombre,
mais l’Amour de l’Éternel entourera
ceux qui comptent sur lui !

Que L’Éternel soit votre joie !
Exultez, vous, les justes !
Vous qui êtes droits, chantez votre allégresse !

 

Analyse théologique du Psaume 32 et sens spirituel

Dans la traduction grecque de la Bible hébraïque, ce psaume porte le Nᵒ 31.

L’amour de Dieu comme fondement

I) « Psaume de David » : comme dans d’autres étant porté par cette mention, cela dépasse le simple sens historique. Le roi David est un homme qui a existé et dont nous avons des traces archéologiques, un roi, un mystique, et un poète. Mais cette mention a aussi un sens pour nous car le mot « David » signifie en hébreu « le bien-aimé » : ce psaume, ce champ de repentance est donc placé dès les premiers mots sous le signe de l’amour de Dieu pour nous. La pénitence, la repentance, la prière ne sont pas une condition pour que Dieu nous aime, c’est l’inverse, comme le dit l’apôtre Jean : « Nous aimons Dieu parce qu’il nous a aimés le premier » (1 Jean 4:19). Ayant senti combien Dieu nous aime, ou l’ayant appris de l’Évangile ou de ces Psaumes, nous pouvons alors nous adresser à Dieu sans crainte en toute circonstance. C’est très utile quand nous sommes honteux, tristes, pas fiers.

C’est confirmé par le fait que ce Psaume, comme bien d’autres, appelle Dieu YHWH (en hébreu), traduit ici par l’Éternel ou ailleurs par « le Seigneur ». Quand Dieu est appelé ainsi, c’est pour insister sur le fait qu’il est plein de compassion, de tendresse, de miséricorde, et qu’il est là pour nous aider précisément quand cela ne va pas. C’est pourquoi je préfère la traduction « L’Éternel » (ou de laisser YWWH) à la traduction de « Le Seigneur » qui a tendance à évoquer Dieu comme supérieur et dominant (ce qui n’est pas faux non plus, à condition de penser cette domination comme un amour puissant).

Une espérance de pardon et de paix intérieure

Ce psaume 32 s’ouvre par une espérance : avoir une conscience déchargée, légère, permettant d’avancer et même de nous élever.

Or, nous avons peut-être une énorme faute sur la conscience, ou des manquements, des erreurs, des faiblesses. Nous avons peut-être même fait du tort à des personnes. Parfois, on peut essayer de réparer ou au moins de s’excuser, mais il n’en reste pas moins qu’il est difficile d’arriver à nous pardonner à nous-mêmes. C’est pourquoi nous avons vraiment besoin de l’aide de Dieu.

Mais même en dehors de toute faute grave, il est un fait que la personne humaine ressent assez naturellement le sentiment de sa propre insuffisance, de ne pas être à la hauteur, de ne pas avoir fait tout ce que l’on aurait pu faire ou dû faire. Et ça pèse. Et ça use sur le long terme. Pourquoi avons-nous ce sentiment ? Parce que notre position humaine est délicate, nous sommes à la fois une créature avec nos limites, et par notre nature, nous avons une aspiration à l’infini. Pour le moins. Nous avons même, pour beaucoup d’entre nous, une aspiration à la source de l’infini qui est Dieu. C’est en même temps génial car cela fait de nous un être en évolution qui peut grandir en qualité d’être tout au long de notre existence. Mais c’est aussi inconfortable. Cela mérite d’être médité afin de nous réconcilier avec ce sentiment sourd d’être insuffisant. Que ce ne soit plus ressenti comme une culpabilité mais comme une opportunité : l’impatience de grandir et d’apprendre comme celle des enfants. C’est alors une chance et une bénédiction. L’exemple que nous donne Jésus pour nous expliquer comment nous placer dans notre chemin de vie : c’est d’être comme des enfants ayant soif de grandir. Ce n’est pas la faute de l’enfant s’il est petit et ne sait pas encore grand-chose. C’est normal, et c’est un défi pour lui. Une noble mission : celle de grandir.

Être heureux et être en chemin spirituel

Le «heureux » qui commence ce Psaume, comme aussi le Psaume 1er, c’est אַשְׁרֵי « ashreï », c’est un pluriel, ce sont donc de multiples bonheurs dans notre être et dans notre vie :

  1. Ce psaume est à la fois une promesse d’une réconciliation possible avec nous-mêmes, avec notre vie, une joyeuse paix intérieure. C’est le premier sens de « ashrei« .
  2. C’est aussi la promesse de pouvoir avancer et d’être ainsi dans une meilleure relation avec notre entourage, notre monde, les autres et nous-mêmes. En effet, « asherei » veut dire « bonheurs », et il veut dire aussi en hébreu « les pas » que nous pouvons faire pour avancer. Effectivement, quel bonheur que celui de l’enfant et notre bonheur quand nous pouvons devenir un peu meilleurs, un peu plus heureux, un peu plus sages, un peu plus libres, un peu plus créateurs d’un monde plus beau autour de nous.

Mais ce n’est pas simplement une réflexion psychologique que nous proposent les psaumes, cette espérance est placée devant Dieu, ou plutôt devant l’Éternel, Dieu en tant que source de l’être. Excellente idée, puisqu’il s’agit d’évolution, il n’y a rien de tel que de nous adresser à la source de l’évolution, dans la prière. Qu’il nous aide à nous pardonner à nous-mêmes, qu’il nous donne pour cela la conscience que Dieu nous a déjà pardonnés avant même que nous ayons prié. Qu’il nous donne un esprit, une espérance, une motivation purement tournée vers le mieux.

Gérer le sentiment de culpabilité, d’être écrasé par la faute

II) C’est ainsi que la personne qui est prise dans ce psaume se sent comme écrasée, il ne sort de sa gorge que des gémissements. Elle a même l’impression que c’est Dieu qui l’écrase, qui lui en veut, ce qui n’est bien sûr pas le cas, mais cela peut nous arriver d’avoir ce sentiment. Cela va malheureusement passer dans la suite du psaume. Et c’est ce que ce psaume espère pour nous.

Le rôle de la confession et de la prière

III) Si Dieu est ainsi, pardonnant avant même notre prière, à quoi bon reconnaître nos fautes devant Dieu ? Parce que c’est fort utile pour progresser, si nous ne voyons même pas le problème, même pas le mal dont nous sommes atteints, comment pourrions-nous avancer, comment nous ouvririons-nous au bon soin de Dieu ?

C’est donc à cela qu’est utile la « confession des péchés » : pour nous aider à progresser. Dieu, lui n’attend pas que nous confessions nos fautes pour les pardonner, bien sûr, puisque l’amour est au-delà du pardon.

Trouver refuge en Dieu, par la prière de louange

IV) « Les eaux qui débordent », dans la Bible, c’est une image du chaos. En effet, quand nous faisons le mal, nous entrons dans le chaos et cela nous fait régresser. Mais avec l’aide de l’Éternel, comme dans les premières lignes du livre de la Genèse, le chaos s’ordonne sur le souffle de l’Esprit de Dieu.

Nos champs, nos prières de louange forment comme un rempart autour de nous, et c’est très précieux pour tenir bon.

Grandir en sagesse et en liberté

V) Les bons jours de notre existence, quand on a fait le bien, sont de belles occasions pour avancer. Mais ces moments où nous regrettons nos faiblesses et nos fautes sont une bonne occasion aussi. Avec l’aide de Dieu, nous pouvons alors rechercher plus de sagesse, plus de maîtrise de nous-mêmes. Ces moments où nous prenons conscience de notre faiblesse et de nos erreurs nous ont aidés à nous rendre compte que nous sommes comme un cheval sauvage que notre propre volonté elle-même n’arrive pas à diriger. Qui nous libérera de notre chaos intérieur ? Dieu, premièrement. Puis Dieu par nous-mêmes quand nous serons déjà un peu plus sages grâce à lui.

C’est ainsi que nous sommes dans une montée progressive.

La joie et l’allégresse des justes

VI) Nous retrouvons dans ce dernier paragraphe une présentation fort connue dans la Bible (voir par exemple le psaume 1ᵉʳ), où une figure du juste et une figure du méchant sont rapidement brossées, avec cette belle promesse que le méchant va disparaître et que le juste va être gardé et même élevé. Chacun de nous est bien sûr à la fois, un peu le juste et un peu le méchant, en proportions diverses. Par conséquent, cette figure de style annonce une libération du meilleur de nous-mêmes, de ce qui compte le plus pour Dieu, de ce qu’il aime en nous.

 

Comment utiliser ce Psaume pour la méditation et la prière

Il est possible :

  • De méditer d’abord sur le fait que Dieu nous aime et nous aimera quoi qu’il arrive. Nous sommes son « bien-aimé ».
  • Méditer sur la bonté de Dieu : il est la source de la vie, c’est sa joie, son espérance pour nous, encore et encore. Sans se lasser.
  • Nous pouvons effectivement reconnaître nos fautes, nos insuffisances, nous les dire à l’intérieur de nous-mêmes, avec des mots, dire ces mots devant Dieu pour qu’il vienne prendre soin de nous, et nous aider à avancer.
  • Comme dans psaume, le temps de repentance n’a pas besoin d’être long, il suffit qu’il soit explicite, lucide, vrai. Mais rapidement passé dans la confiance à Dieu qu’il nous a déjà pardonné et qu’il nous aide à avancer. Chercher avec lui ce que nous pouvons faire, ce que nous aimerions être.
  • Passer ensuite, tranquillement, à la louange à Dieu.
  • Laisser reposer ce temps de repentance et de louanges pendant notre sommeil de la nuit, assez souvent. Déjà le lendemain, nous pourrons constater que nous avons avancé. On peut reprendre encore ses prières de repentance le lendemain et peut-être quelques jours pour les cas les plus graves, mais pas plus. Car ce serait ressasser, stagner, tourner en rond. Or, il faut avancer.
  • Se laisser inspirer par ce Psaume pour avoir notre propre prière en silence ou avec nos mots, nos gestes.

Par : pasteur Marc Pernot

 

Une version du Psaume 32 pour les enfants

Je ne suis pas fier de moi

Je suis heureux, Seigneur,
quand tu me pardonnes.
Je suis heureux
quand tu oublies que je t’ai fait du mal
et que vraiment,
Vraiment, je le regrette.

Oui,
je t’ai tout avoué!
Je ne t’ai rien caché!
Je t’ai tout dit.
tout!

Et toi, Seigneur,
tu m’as pardonné,
Et je suis bien soulagé.
Ma conscience est tranquille,
et je me sens libre,
libre!

Tu ne déçois jamais ceux qui te font confiance,
ceux qui disent la vérité,
ceux qui sont gentils.
Tu es leur joie
et ils chantent pour toi de tout leur cœur!

de Marie Odile Betz
(auteure de « Psaumes pour nos enfants » et de « Tu peux prier avec les psaumes« , éditions du Cerf)

 

Voir aussi :

  1. Cette autre psaume de repentance de David (Psaume 51):
  2. Cette prédication parlant du bonheur
  3. Le Psaume 1er, parlant aussi du bonheur de de Dieu qui nous purifie de ce qui est méchant en nous

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