Rites religieux et Sacrements ?
Le mot sacrement n’est pas vraiment biblique, c’est un mot d’église qui sert à désigner certains rites de la religion chrétienne. Chaque église a sa définition un petit peu particulière de ce mot, et cela détermine la liste des rites recevant ce label dans cette institution, désignant ainsi les rites majeurs pour elle.
A quoi cela sert-il d’avoir des rites religieux ? Effectivement, le rite est une chose secondaire, ou qui devrait rester secondaire pour nous qui nous attachons à ce qui est de l’ordre du cœur, de l’intérieur de l’humain et non de l’apparence. Mais l’humain est ainsi fait (et c’est une excellente chose) que nous ne sommes pas seulement un intellect ou un cœur mais aussi un corps et un être social, un être qui a une trajectoire de vie, une évolution. C’est ainsi par exemple que pour l’union de deux personnes en un couple, l’essentiel est bien entendu dans la sincérité intérieure de chacune des deux personnes, puis dans leurs engagements intimes quand ils s’engagent les yeux dans les yeux. Cela est l’essentiel mais le fait d’inscrire cet engagement devant la société par un contrat à la mairie, puis devant Dieu en demandant son aide et sa bénédiction, et devant les proches rassemblés, tout ce rite et sa préparation viennent prendre en compte d’importantes dimensions de notre humanité. Ce rite prend en compte notre entourage, notre monde, notre corps, nos moyens matériels, notre foi et vient marquer notre existence d’une date importante. Et cela a une réelle importance pour nous. Cela nous change un peu plus largement et profondément que s’il n’y avait pas eu de rite accompli.
Le rite est donc une chose puissante, cela peut être un bénéfice pour nous, mais c’est aussi un danger. Si le rite prenait pour nous la place de l’essentiel au lieu d’être au service de l’essentiel il devient alors une supercherie, nous trompant sur les véritables enjeux de l’existence.
Dans le protestantisme (unissant les réformés ou presbytériens, les luthériens et anglicans), la définition est celle-ci : un sacrement, c’est un signe visible de la grâce universelle de Dieu. Un signe qui a été donné par le Christ et qui s’est pratiqué d’une manière générale dans les églises depuis ce temps-là.
Cette définition (il en existe d’autres) conduit le protestantisme à avoir deux sacrements : le baptême et la communion. Le » signe visible » dans le baptême est l’eau, et pour la communion ce sont le pain et le vin. Dans les évangiles, nous avons des récits où le Christ nous propose de perpétuer ces signes.
Dans les deux cas, ils sont signes de la grâce universelle de Dieu, grâce qui est pour tout homme et toute femme de la terre, de toutes les générations. Nous ne refusons jamais de donner un sacrement à quelqu’un et cette acceptation se veut être un signe de la grâce (amour inconditionnel de Dieu pour chaque personne humaine). Cela ne veut pas dire que nous approuvons tout de la personne qui le demande, elle peut avoir eu effectivement des pensées et des actes inhumains, mais la grâce dit que c’est encore un humain qui a fait cela, et que Dieu ne cesse pas de reconnaître en elle son enfant, et de vouloir continuer à la soigner. Cette acceptation sans condition de donner un sacrement n’est pas non plus du mépris pour ces sacrements, au contraire, car c’est alors qu’ils sont le signe de ce qu’il y a de plus grand : l’amour de Dieu lui-même, révélé par l’amour du Christ qui va jusqu’à donner sa vie pour une humanité assez imparfaite.
Puisque les sacrements sont des signe de la grâce de Dieu, et que par définition cette grâce est sans condition, Il est bien entendu que Dieu n’a pas attendu qu’une personne reçoive le sacrement pour l’aimer ! Il l’aimait déjà avant. Et il l’aimera de la même façon après (puisqu’il l’aime déjà au maximum possible). Cela veut dire que le sacrement n’a pas pour but de convertir Dieu. Il a pour objectif d’aider la personne et la communauté qui la reçoit à se convertir, c’est-à-dire à progresser dans sa fidélité à Dieu. Cela implique aussi que personne n’est obligé de passer par ces étapes des sacrements. Il semble que ces signes soient utiles pour le plus grand nombre, mais après tout ils ne sont que des signes et certaines personnes s’en passent manifestement très bien. De touet façon, c’est une affaire entre Dieu et la personne elle-même, nous n’avons pas à juger.
Il pourrait y avoir d’autres » sacrements « . Par exemple le Christ lave les pieds de ses disciples lors de son dernier repas avec eux, et il nous invite à être de même au service des autres. Nous pourrions célébrer ainsi un rite de lavage mutuel des pieds, c’est d’ailleurs pratiqué par certaines églises. Mais l’on a souvent trouvé que cela n’ajoute pas grand-chose à ce que la communion signifie, si on comprend ce geste comme signe du Christ donnant sa vie pour nous et nous appelant à donner notre vie pour le service des autres, en mémoire de lui.
Le mariage pourrait être appelé un sacrement, mais nous ne l’appelons pas ainsi parce que ceux qui ne sont pas mariés n’auraient pas reçu ce sacrement, ce qui ne nous semble pas bien rendre le côté universel de la grâce de Dieu manifestée en Christ, qui n’est pas réservée à quelques-uns. L’ordination d’une personne qui se consacre au service de Dieu donne lieu à une cérémonie qui existe dans toute les églises (pour les prêtres, pasteurs, popes), mais là encore cette cérémonie de bénédiction n’est pas universelle et elle n’est donc pas appelée sacrement chez nous (de toute façon, les églises sont déjà bien assez cléricales comme cela sans en rajouter). La profession de foi (ou confirmation du baptême) est un acte important où une personne choisit officiellement devant tout le monde qu’il désire vivre en chrétien, c’est bien entendu un événement important pour une personne et pour l’église qui l’accueille, et pourrait être appelé sacrement, mais dans ce geste ce qui est au centre est plus la conversion de la personne que l’amour inconditionnel de Dieu.
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