02 février 2021

ostracon représentant Moïse
Lire la Bible

Une représentation de Moïse antique et rigolote, montrant une lecture de la Bible selon l’Esprit et non à la lettre

ostracon représentant Moïse

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Par : pasteur Marc Pernot

La très respectée spécialiste en papyrus et autres inscriptions anciennes Hélène Cuvigny, Directrice de recherche au CNRS, a présenté ce qui semble bien être « Le plus ancien témoin figuré d’une scène biblique, dessiné par un juif, vers 100 ap. J.-C. ».

Ce dessin est relevé sur un fragment de pot en terre cuite (un « ostracon »), fréquemment utilisé à l’époque comme support pour écrire, et découvert dans les fouilles d’une petit centre administratif et militaire romain qui a été actif seulement peu de temps entre la mer Rouge et le Nil, Umm Balad, vers l’an 100.

Le dessin représente un passage bien connu de l’histoire de Moïse, juste après l’expérience du Buisson Ardent, Dieu cherche à terminer de convaincre Moïse qu’il doit prendre le salut des hébreux en main, ce qui n’est pas une mince affaire :

Moïse répondit : Ils ne me croiront pas ; ils ne m’écouteront pas. Ils diront : « L’Éternel ne t’est pas apparu ! » L’Éternel lui dit : Qu’y a-t-il dans ta main ? Il répondit : Un bâton. Il dit : Jette-le par terre. Il le jeta par terre, et le bâton devint un serpent. Moïse se mit à fuir pour lui échapper. L’Éternel dit à Moïse : Tends ta main et saisis-le par la queue. Il tendit la main et le saisit : le serpent redevint un bâton dans sa main. — C’est afin qu’ils croient que l’Éternel, le Dieu de leurs pères, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob, t’est apparu. L’Éternel lui dit encore : Mets ta main sur ta poitrine, je te prie. Il mit sa main sur sa poitrine ; puis il la ressortit : sa main était couverte de « lèpre », elle était blanche comme de la neige. Il dit : Remets ta main sur ta poitrine. Il remit sa main sur sa poitrine, puis il la ressortit ; elle était redevenue comme le reste de sa chair. — S’ils ne te croient pas et ne prêtent pas attention au premier signe, ils croiront à ce dernier signe.
Exode 4:1-8
Traduction NBS (sauf pour « l’Eternel » comme traduction du tétragramme YHWH, à la place du contresens qu’est la traduction « Le Seigneur »)

Dans un seul dessin vivant et rigolo, l’artiste théologien a représenté Moïse et les deux signes en même temps, celui du bâton-serpent et celui de la main malade-saine. C’est comme un appel à reconnaître la puissance de l’Éternel pour nous sauver encore maintenant de nos esclavages, même s’il faut pour cela des miracles. C’est comme un appel à discerner les signes de Dieu pour nous encourager à nous lever et servir, être nous-même, à notre mesure, collaborateur de Dieu pour libérer nos frères et sœurs, et arriver à les persuader aussi…

Nous voyons ainsi, encore une fois, que les juifs (ou en tout cas certains juifs) ne prenaient pas « à la lettre » la Bible, même dans ses passages les plus essentiels car ici c’est carrément la 2e des 10 paroles des tables de Moïse qui est alors lue au 2nd degré « Tu ne te feras pas d’image taillée, ni de représentation quelconque des choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la terre, et qui sont dans les eaux plus bas que la terre. » (Exode 20:4). Ils en faisaient donc, déjà à l’époque une lecture spirituelle, au second degré, et non au premier degré, matériel. Bien sûr, car une des façons les plus perverses de « se faire une image taillée » est de sacraliser des mots, les confondants avec la Parole vivante de Dieu, ou de s’attacher au sens premier, matériel du texte, sans chercher le sens spirituel, celui qui concerne bien plus profondément notre être dans notre vie.

Cette façon de lire la Bible en l’interprétant, ce n’est donc pas nouveau. D’ailleurs il est bien question de faire des sculptures pour décorer le tabernacle dès le chapitre 25 de l’Exode : « Tu feras deux chérubins d’or, tu les feras d’or battu, aux deux extrémités du propitiatoire… » Une lecture « littérale » de la Bible était donc déjà écartée, cela ne date donc pas des théologiens de l’époque des Lumières, de Capel, Simon et Spinoza (au XVIIe), ou de Bultmann au XXe.

C’est pourquoi aussi, selon les rabbins, le commandement qui impose littéralement la lapidation du « fils rebelle et insoumis » (Deutéronome 21:18-21) n’a jamais été appliqué, la peine de mort a été en fait abrogée par les rabbins du Talmud (M. Makkoth 1, 10), car lorsque ces rabbins ont trouvé une loi injuste, ils l’ont bien entendu fait évoluer afin que la loi reste conforme à ce principe fondamental d’éthique de la Torah « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Lévitique 18:19) repris aussi par Jésus.

Marc Pernot

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