Que veux-tu faire quand tu seras grand ? Quel genre de personne veux-tu être ?

Notre civilisation a appris à marcher sur deux jambes robustes : la Bible et la littérature grecque. Ces deux bibliothèques dialoguent entre elles depuis des millénaires et nous permettent d’avancer d’une belle façon.

Commençons par la philosophie grecque avec la méthode d’Épictète : elle a été parfois résumée de cette façon : « Commence par te demander quel genre d’homme tu veux être, après quoi, exerce-toi à agir selon ce modèle. » Deux étapes, donc. La première consiste à se donner une visée. Épictète parle de prohairesis, terme qu’on utilisait dans la vie courante pour désigner le choix de sa profession. Ce premier point est théorique, le second point consiste en une mise en pratique. Cela commence par un travail sur soi comme celui d’un jeune qui, une fois sa maturité en poche, s’attelle aux études et à l’apprentissage de son métier, travail qu’il poursuivra ensuite pour se perfectionner encore tout au long de sa carrière. Théorie et pratique sont indissociables. Vouloir l’une sans l’autre serait un peu comme entreprendre la Haute Route Chamonix-Zermatt… à cloche-pied.

L’Évangile, lui aussi, propose une marche à deux jambes. Le Christ vient nourrir notre prohairesis : non pas en nous demandant de devenir Christ — le poste a déjà été pourvu et le travail accompli — mais en nous offrant un modèle d’humanité à décliner dans notre vie propre selon notre vocation personnelle. Une trame faite de foi, d’espérance et d’amour. Avec, comme fils conducteurs : le souci de l’autre dans la bienveillance et le service. Et surtout, cette liberté que nous donne notre confiance en Dieu.

Ce projet se travaille et s’affine par l’étude, la réflexion, la connaissance de nous-mêmes. C’est un travail personnel mais jamais totalement solitaire : cela aide de discuter avec de bons amis. L’église est aussi un outil modeste mais précieux pour nourrir cette tâche.

Enfin, la partie pratique, à laquelle nous invite aussi Épictète, prend toute sa dimension avec le Christ dans la prière et dans l’action quotidienne. C’est ce qu’il vivait lui-même en conjuguant son service des autres et des temps où il se retirait seul pour prier Dieu. Le fait que nous pouvons avoir une totale confiance en lui nous permet de faire le point en vérité. Dans la prière nous recevons aussi une force et l’assurance que nous pouvons prendre notre temps pour avancer sur notre chemin, chaque pas est déjà une joie. C’est ainsi que l’aide de Dieu nous aide à ajuster, jour après jour, notre vie réelle à notre belle visée.

par : pasteur Marc Pernot