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Texte

Trois choses demeurent mais la plus grande c’est l’Amour (1 Corinthiens 13)

Par : pasteur Marc Pernot

un regard embué - Image: 'Sir Thomas Lawrence, 1769-1830, portrait de Charles+William+Bell,+1798,+dét.,+musée+des+Beaux-Arts+de+Valence,+exposition' by Quentin Verwaerde https://creativecommons.org/licenses/by/2.0/ http://www.flickr.com/photos/63117127@N02/48863958242 Je pense que nous serons nombreux à être du même avis que Paul pour dire que l’amour est la première des vertus, la première des qualités, la première des chances ? Surtout au sens où Paul l’entend dans ce célèbre passage « l’amour est patient, plein de bonté, il excuse tout, il croit tout, il espère tout, il supporte tout… »
(1 Corinthiens 13, voir ci-dessous)

Ces quelques mots de définition suffisent pour réaliser que cet amour, l’agapé (ἀγάπη en grec, caritas-charité en latin), n’est pas l’amour du coup de foudre (la passion, ou le désir), ce n’est pas non plus le lien profond qu’est l’amitié véritable. L’amour-agapé, ce n’est pas non plus nécessairement trouver l’autre sympathique. L’agapé est désintéressé, il n’est pas tourné vers soi comme un sentiment ou un désir mais il est une ouverture à l’autre, un accueil de l’autre, pour le comprendre, lui donner et le recevoir, il est une espérance que la vie sourie à l’autre, qu’il soit en forme.

  • Paul était un formidable théologien, un érudit formé aux finesses de la pensée juive et de la pensée grecque. Il montre pourtant que, sans l’agapé, cette connaissance est vaine, voire néfaste. Poursuivre sa propre réflexion théologique est bien utile, mais il est essentiel que notre pensée soit ainsi de plus en plus aimante, plus en harmonie avec l’agapé.
  • Paul n’était jamais avare de ses efforts ni même de sa vie. Il montre pourtant que, sans l’amour, la générosité est néfaste. C’est d’ailleurs flagrant dans le bilan des œuvres caritatives et humanitaires à moyen ou long terme.
  • Je crois que l’on peut dire que Paul attachait de l’importance à la foi au Dieu de Jésus-Christ, il a donné sa vie pour cette foi. Et pourtant, cette foi sans amour n’est rien, nous dit-il, et la voie par excellence c’est bel et bien l’agapé.

Comment faire pour avoir cette potion magique qu’est l’agapé, donnant vie à la foi, à l’espérance, à la générosité, à l’espérance, au désir des amoureux, et même à nos antipathies. La solution que nous annonce Paul c’est :  » Recherchez l’amour « , littéralement poursuivez-le comme on poursuit un fugitif. Il ne nous commande pas d’aimer, mais il nous dit de rechercher l’amour comme on cherche une personne qui est en marche. L’agapé n’est donc pas une morale, mais c’est une personne vivante, une personne qui ne meurt jamais (13:8)… Quelle peut bien être cette personne ? En 4 lettres ? Qui commence par D ? Paul ne prononce pas son nom ici, nous laissant deviner. Jean arrive à la même conclusion quand il dit  » l’amour est de Dieu, et quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu, car Dieu est amour.  » (1 Jean 4)

L’idéal est bien d’être capable d’aimer de cet amour qu’est l’agapé. C’est fondamental, comme le rappelle le Christ d’aimer Dieu de tout son être et d’aimer son prochain comme soi-même. Ces trois amours sont indissociables. L’agapé pour Dieu, l’agapé pour mon frère en humanité, plus l’indispensable et très difficile à atteindre agapé pour soi même. C’est dans ce triple amour qu’est la vie, la vie heureuse et éternelle, tout dépend de cela. Le drame c’est que nous sommes presque totalement incapable de progresser dans ce domaine par nos propres forces (Rom.ains 7:19).

Paul et Jean nous disent que la solution est en Christ. Il nous a montré que la solution est de rechercher Dieu, de se tourner vers lui, de l’attendre, de veiller et prier. Ce dont nous avons besoin ce n’est ni d’un cours de morale, ni d’un dresseur de fauves pour nous mater. Ce dont nous avons besoin c’est d’un acte de création, de mille petits gestes de création pour nous donner d’aimer. Seul Dieu peut le faire.

Jésus lui-même reconnaît qu’il n’aime pas de lui-même, mais que cela vient de Dieu qui l’a aimé le premier.(Jean 14-15) À notre tour de saisir l’amour qu’est Dieu lui-même, manifesté en Christ. Voilà la clé : Dieu est amour. Cela suffit pour nous assurer le pardon et la vie, car Dieu nous aime, quelle réalité pourrait vaincre cette énergie infinie, dépassant celle d’un milliard de soleils ? Et quand, à l’occasion, nous pouvons à notre tour vivre un petit peu de cet amour, c’est un petit plus qui rend la vie belle, vraiment belle.

Marc Pernot

PS. Voir l’article Amour dans notre petit dico de théologie

L’hymne à l’Amour de Paul (1 Corinthiens 13)

12:31 Paul : « Je vais vous montrer la voie qui surpasse tout.

13:1Quand je parlerais les langues des humains et des anges, si je n’ai pas l’amour, je suis une pièce de bronze qui résonne ou une cymbale qui retentit.

2Quand j’aurais la capacité de parler en prophète, la science de tous les mystères et toute la connaissance, quand j’aurais même toute la foi qui transporte des montagnes, si je n’ai pas l’amour, je ne suis rien.

3Quand je distribuerais tous mes biens, quand même je livrerais mon corps pour en tirer fierté, si je n’ai pas l’amour, cela ne me sert à rien.

4L’amour est patient, l’amour est bon, il n’a pas de passion jalouse ; l’amour ne se vante pas, il ne se gonfle pas d’orgueil, 5il ne fait rien d’inconvenant, il ne cherche pas son propre intérêt, il ne s’irrite pas, il ne tient pas compte du mal ; 6il ne se réjouit pas de l’injustice, mais il se réjouit avec la vérité ; 7il pardonne tout, il croit tout, il espère tout, il endure tout.

8L’amour ne meurt jamais.

Les messages de prophètes ? ils seront abolis ; les langues ? elles cesseront ; la connaissance ? elle sera abolie.

9Car c’est partiellement que nous connaissons, c’est partiellement que nous parlons en prophètes ; 10mais quand viendra l’accomplissement, ce qui est partiel sera aboli. 11Lorsque j’étais tout petit, je parlais comme un tout-petit, je pensais comme un tout-petit, je raisonnais comme un tout-petit ; lorsque je suis devenu un homme, j’ai aboli ce qui était propre au tout-petit.

12Aujourd’hui nous voyons au moyen d’un miroir, d’une manière confuse, mais alors ce sera face à face. Aujourd’hui je connais partiellement, mais alors je connaîtrai comme je suis connu.

13Or maintenant trois choses demeurent : la foi, l’espérance, l’amour ; mais c’est l’amour qui est le plus grand.

14:1Recherchez l’amour.

 

Quelques regards croisés & convergents

Un théologien du début du Ve siècle

Ce que je sais, de toute la certitude de la conscience, Seigneur, c’est que je t’aime. Tu as touché mon cœur de ta parole, et à l’instant je t’aimai. Le ciel et la terre et tout ce qu’ils contiennent ne me disent-ils pas aussi de toutes parts qu’il faut que je t’aime ? Et ils ne cessent de le dire aux hommes.

Qu’aimé-je donc en t’aimant ? Ce n’est pas la beauté selon la dimension, ni la gloire selon le temps, ni l’éclat de cette lumière amie à nos yeux, ni les douces mélodies du chant, ni la suave odorance des fleurs et des parfums, ni la manne, ni le miel, ni les délices de la volupté.

Ce n’est pas là ce que j’aime en aimant mon Dieu, et pourtant j’aime une lumière, une mélodie, une odeur, un aliment, une volupté, en aimant mon Dieu ; cette lumière, cette mélodie, cette odeur, cet aliment, cette volupté, suivant l’homme intérieur ; lumière, harmonie, senteur, saveur, amour de l’âme, qui défient les limites de l’étendue, et les mesures du temps, et le souffle des vents, et la dent de la faim, et le dégoût de la jouissance, Voilà ce que j’aime en aimant mon Dieu.

Et qu’est-ce enfin ? J’ai interrogé la terre, et elle m’a dit :  » Ce n’est pas moi.  » Et tout ce qu’elle porte m’a fait même aveu. J’ai interrogé la mer et les abîmes, et les êtres animés qui glissent sous les eaux, et ils ont répondu :  » Nous ne sommes pas ton Dieu, cherche au-dessus de nous.  » J’ai interrogé les vents, et l’air avec ses habitants m’a dit de toutes parts :  » Je ne suis pas Dieu.  » J’interroge le ciel, le soleil, la lune, les étoiles, et ils me répondent :  » Nous ne sommes pas non plus le Dieu que tu cherches.  » Et je dis enfin à tous les objets qui se pressent aux portes de mes sens :  » Parlez-moi de mon Dieu, puisque vous ne l’êtes pas; dites-moi de lui quelque chose.  » Et ils me crient d’une voix éclatante:  » C’est lui qui nous a faits  » (Psaume 100:3).

La voix seule de mon désir interrogeait les créatures, et leur seule beauté était leur réponse. Et je me retournai vers moi-même, et je me suis dit : Et toi, qu’es-tu ? Et j’ai répondu :  » Homme.  » Et deux êtres sont sous mon obéissance ; l’un extérieur, le corps ; l’autre en moi et caché, l’âme. Auquel devais-je plutôt demander mon Dieu, vainement cherché, à travers le voile de mon corps, depuis la terre jusqu’au ciel, aussi loin que je puisse lancer en émissaires les rayons de mes yeux ?

Il valait mieux consulter l’être intérieur. Car c’est par le témoignage intérieur de la vérité que l’on entend cette voix de la Vérité qui dit : Ton Dieu n’est ni le ciel, ni la terre, ni tout autre corps. Et leur nature-même dit aux yeux : Toute grandeur corporelle est moindre en sa partie qu’en son tout. Et tu es supérieure à tout cela ; c’est à toi que je parle, ô mon âme, puisque tu donnes à ton corps cette vie végétative, que nul corps ne donne à un autre. Mais ton Dieu est la vie même de la vie.

Augustin d’Hippone dit Saint-Augustin (354-430)
Les Confessions X,6 (légèrement résumé)

 

Une théologienne, spécialiste des pères de l’église (théologie chrétienne des premiers siècles), et d’éthique :

Béni sois-tu, Esprit,
De chuchoter à tout homme
Qu’il est le bien-aimé de Dieu.

Il y a ceux que tes feux dévorent,
Ceux que tu couves sous la cendre,
Ceux qui gémissent vers toi,
Comme des branches incendiées,
Ceux qui protègent entre leurs mains
Une modeste lueur,
Ceux qui se souviennent
De ton étincelle, jadis,
Et ceux qui l’ont oubliée ;
Ceux que tu éclaires
Et ceux qui s’enfument,
Ceux qui n’ont plus d’âtre,
Ceux qui ont le cœur en loques,
Et dans la tête un grand abîme.

Mais il n’en est pas un, ô Esprit,
À qui, au travers de la nuit,
Tu n’aies dit la Nouvelle,
Et ne sache son âme façonnée
Par ton amoureuse éternité.

France Quéré (1936-1995)

 

Un auteur de roman policiers populaires :

Il n’y a qu ‘une « vertu » en ce monde :
LA CHARITÉ !

Et la charité, c’est quoi ?
De la colère… Uniquement de la colère.
La charité consiste à s’indigner !

La charité c’est pas de chialer
sur la misère du monde :
c ‘est de la combattre.

La charité n’est pas humble,
mais elle est belliqueuse !
La charité c ‘est de l ‘amour.
En amour faut pas s ‘aplatir,
c ‘est inopérant, et négatif.

La carpette ? Jamais !
Dieu a en horreur les serpillières* !

Frédéric Dard dit San Antonio (1921-2000)

 * Apocalypse 3:15-16 « Je connais tes œuvres. Je sais que tu n’es ni froid ni bouillant. Puisses-tu être froid ou bouillant ! Ainsi, parce que tu es tiède, et que tu n’es ni froid ni bouillant, je te vomirai de ma bouche. »

 

Une religieuse, enseignante, et merveilleuse personne :

– N’est ce pas surtout l’amour que, tous, nous recherchons ?

– Soeur Emmanuelle : L’amour vrai, l’amour don, l’amour qui cherche la joie de l’autre. Mais combien de fois ne baptise-t-on pas amour ce qui n’est que recherche de soi-même ! Il est difficile de sortir du cercle de l’ego. Sortir de son ego, c’est jour après jour, heure par heure, minute par minute. On en est tous là. On ne sort de son ego que si on brise le cercle, le carcan dans lequel il nous enferme en nous laissant happer par quelqu’un qui nous dit que nous pouvons lui être utile, et qu’on choisit de marcher avec lui. J’ai toujours vu des hommes et des femmes refuser certains plaisirs pour lutter de toutes leurs forces vives, pour faire ressusciter ce qu’il y a d’étincelles de vie dans les autres, pour faire naître du vivant et traverser les forces de mort. C’est fantastique ! Je remercie chaque jour Dieu d’avoir donné à chaque être humain cette capacité extraordinaire d’être à sa ressemblance.

Sœur Emmanuelle (1908-2008)
(dans un entretien pour le journal La Croix)

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Un commentaire

  1. Giffon Georgette dit :

    Merci pour ces merveilleuses prières adressées à Notre Seigneur. Soyez tous bénis

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