19 novembre 2024
« Quel Dieu ! » 3/3 – Dieu qui évolue, qui vient ? (à travers la Bible hébraïque et le Nouveau Testament)
Cycle « Quel Dieu ! » à travers l’Ancien et le Nouveau Testaments. Voir l’introduction et les différentes séances ici.
C’est un éventail de conceptions de Dieu qui nous est proposé par la Bible. Cela peut nourrir notre théologie (notre idée de Dieu), notre prière (ce que nous attendons de Lui), notre philosophie (notre idéal), et notre éthique (une manière de vivre bien).
Séance N°3/3 du mardi 19 novembre 2024 – Vidéo :
Introduction
Il faut attendre le 4e concile du Latran (1215) pour voir affirmer par l’Église : « Nous croyons fermement et nous professons absolument qu’il n’est qu’un seul vrai Dieu, éternel, immense, immuable, incompréhensible, tout-puissant et ineffable, Père, Fils et Esprit-Saint (…) sans commencement, depuis toujours et sans fin ». Dieu serait immobile et hors du temps, il ne manquerait de rien.
Ces qualités d’immuabilité, d’atemporalité semblent alors indispensables à l’idée que l’on se fait de la perfection de Dieu. Est-ce biblique ? Oui, disent certains. Non, répondent d’autres, soutenant que ces théories sont inspirées d’un parti pris dans un débat entre philosophes grecs (vers -500).
- Parménide décrit l’immuabilité, l’éternité : « Ce qui est dans le présent est ; car il est être, alors que le néant n’est pas » -> Aristote : A et non-A ne peuvent être vrais en même temps.
- Héraclite célèbre l’impermanence , le devenir des choses et la nuance : « On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve. » « L’harmonie du monde est par tensions opposées, comme pour la lyre et pour l’arc. »
Textes Bibliques
1) Dieu serait immuable et intemporel ?
Psaume 102:26 (Éternel), autrefois tu as fondé la terre, et le ciel est l’œuvre de tes mains. 27Eux, ils disparaissent, mais toi, tu subsistes ; ils s’usent tous comme un vêtement ; comme un habit tu les changes, et ils sont changés.
28Mais toi, c’est toi : tes années ne finiront pas. (cité en Hébreux 1 :11-12)Malachie 3:5Je me présenterai à vous pour le jugement… 6mais moi, l’Éternel, je n’ai pas changé et vous, enfants de Jacob, vous n’avez pas été exterminés.
Jacques 1:17 Le Père des lumières, en qui il n’y a ni changement ni ombre de variation.
Hébreux 13:8 Jésus-Christ est le même hier, aujourd’hui et pour toujours.
En quoi Dieu est ou serait immuable ? Ou fidèle à lui-même ?
Qu’est-ce que cela induit quant à notre prière ? Notre idéal ? La vie ?
2) Dieu est vivant, l’Éternel est vivant (expression fréquente)
Le propre de ce qui est vivant c’est d’évoluer, d’une certaine façon
1 Samuel 20:3 « l’Éternel est vivant et ton âme est vivante ! »
1 Corinthiens 10 :1 Nos pères ont tous reçu le baptême de Moïse, dans la nuée et dans la mer… Ils ont tous bu le même breuvage spirituel – ils buvaient en effet à un rocher spirituel qui les suivait, et ce rocher, c’était le Christ.
3) Dieu injecte librement de la nouveauté dans l’histoire
Dieu se met à créer : c’est un commencement pour notre monde et c’est donc un commencement pour Dieu. Il crée à un moment donné, dans le temps.
Genèse 1 :1 Au commencement Dieu créa le ciel et la terre.
Dieu existait avant de créer ce monde : il est + il vient, il advient
Exode 3:15 Dieu dit à Moïse : Tu parleras ainsi aux Israélites : l’Éternel (YHWH), le Dieu de vos pères, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob m’a envoyé vers vous. Voilà mon nom pour l’éternité, voilà comment je veux être invoqué de générations en générations.
Appocalypse 1:4 La grâce et la paix vous sont données
de la part de celui qui est, qui était, et qui vient !
Jean 1:1 Au commencement était la Parole ; la Parole était auprès de Dieu ; la Parole était Dieu. 2Elle était au commencement auprès de Dieu. 3Tout est venu à l’existence par elle, et rien n’est venu à l’existence sans elle. 4en elle était vie, et la vie était la lumière des humains…. 12à tous ceux qui l’ont reçue, elle a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu… 14La Parole est devenue chair ; elle a fait sa demeure parmi nous, et nous avons vu sa gloire, une gloire de Fils unique issu du Père ; elle était pleine de grâce et de vérité….
4) Dieu et le kairos (le juste moment)
« Quand le temps fut venu »
Ésaïe 49: 8 Ainsi parle l’Éternel : Au temps favorable je t’ai répondu Et au jour du salut je t’ai secouru … (cité par Paul en 2 Corinthiens 6:2)
Marc 1:14 Jésus proclamait la bonne nouvelle de Dieu 15et disait : Le temps est accompli et le règne de Dieu s’est approché. Changez radicalement et croyez à la bonne nouvelle.
1 Corinthiens 7:29 Voici ce que je dis : le temps se fait court [le kairos a cargué ses voiles] … ce monde, tel qu’il est formé, passe.
5) Dieu se convertit (voir la précédente séance)
Quand Dieu méchant se met à être bon : Dieu évolue ? Ces récits nous appellent plutôt à changer, nous, de théologie. Mais c’était pensable.
6) Dieu est miséricordieux, il a compassion, il se réjouit
Dieu se laisse donc toucher, transformer dans son propre être
1 Jean 4:8, 4:16 Dieu est amour. [Dieu est substantiellement en relation]
Osée 11:8 Comment pourrais-je t’abandonner, Israël ? … Mon cœur est bouleversé, toute ma pitié s’émeut. 9Je n’agirai pas selon ma colère ardente, je ne reviendrai pas pour détruire Ephraïm ; car je ne suis pas un homme, mais Dieu.
Luc 15:6 Réjouissez-vous avec moi, car j’ai trouvé ma brebis qui était perdue. 7De même, je vous le dis, il y aura plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent.
Sophonie 3:17 L’Éternel fait de toi sa plus grande joie !
7) Dieu regarde et il voit, il écoute et entend, il réagit par une nouveauté
≠ droit dans ses bottes, loin d’être « tout-puissant »
Genèse 11:5 L’Éternel descendit pour voir la ville et la tour que bâtissaient les fils des hommes. 6L’Éternel dit : Voilà un seul peuple ! Ils parlent tous un même langage, et voilà ce qu’ils ont entrepris de faire ! Maintenant il n’y aurait plus d’obstacle à ce qu’ils auraient décidé de faire. 7Allons ! descendons : et là confondons leur langage, afin qu’ils n’entendent plus le langage les uns des autres. ( « et voici », « et il dit », « allons »)
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Bonjour,
Dieu est éternel. Il l’a dit dès sa première manifestation dans la vie des hommes : « Je suis celui qui était, qui est et qui sera ». L’éternité nous assomme, elle a commencé sans nous et ne finira jamais (ce qui veut seulement dire : ne finira pas de notre vivant). Comme nos ancêtres l’ont déjà vécu, il est exclu d’attendre la « fin du monde » ni le « Jugement Dernier » : autant d’illusions entretenues par une église qui déjà se sentait mal dans sa conception humaine. Il aurait fallu remonter à Dieu, et ensuite savoir qui nous sommes par à Lui. Il a fallu attendre Luther, les juifs et l’église catholique sont restés très « enfermés » dans le précédent schéma. C’est assez dommage : Jésus avait pourtant été clair. Mais voilà : nul ne peut amener une personne sûre d’elle même, de ses convictions, à admettre de changer d’avis, à reconnaitre s’être trompé. Et c’est très gênant, car cette certitude empêche tout dialogue. Y compris avec Dieu. Dommage, non ?
Ces trois séances mettent en valeur la pluralité de la Bible, avec des conceptions de Dieu qui peuvent s’opposer, ne pas être compatibles. Je me suis alors posé cette question : quelles sont les conceptions de Dieu qui traversent absolument toute la Bible ? Trois choses me sont venues à l’esprit : la nécessité de n’avoir qu’un seul Dieu (ce qui n’est pas toujours évident si on considère la notion de dieu comme étant ce qui nous motive avant tout dans la vie), la fidélité absolue de Dieu et un Dieu qui cherche l’humain, qui cherche à entrer en relation individuellement. Cela m’a aussi amené à me demander pourquoi je cherche Dieu uniquement à travers la Bible. Bien sûr, c’est d’abord dû au milieu culturel. Mais actuellement on a accès à quasiment tout ce qu’on veut, il est facile d’aller voir ailleurs. Je n’ai pas vraiment de réponse à cela ; j’y vois juste un acte de foi, peut-être conforté par l’expérience, celle que sa lecture m’a déjà apportée.
Une dernière remarque. Vous dites que le premier personnage de la Bible est Dieu (ex æquo avec le lecteur 🙂). C’est particulièrement vrai dans l’Ancien Testament, où il est omniprésent en tant que personnage. Dans le Nouveau Testament, sauf à considérer que Jésus est Dieu lui-même, Dieu se fait beaucoup plus discret. Heureusement que l’on a conservé ces deux parties de la Bible ! Elles se complètent si bien.