Michel-Ange Buronarroti : Conversion of Saint Paul, Cappella Paolina, Palazzi Pontifici, Vatican, 1542
Prédication

Que peut-on dire sur Dieu ? (Exode 3:2-15 ; Exode 20:1-4 ; 2 Rois 18:3-5 ; Actes 9:1-8)

Vidéo :

Enregistrement audio de la prédication / Enregistrement du culte entier

(Voir le texte biblique ci-dessous)

prédication (message biblique donné au cours du culte)
à Genève le dimanche 27 mars 2022,
par : pasteur Marc Pernot


Peut-on dire que Dieu serait masculin, ou féminin, ou neutre ? Grands débats dans la presse. Certains disent que cette question est essentielle, d’autres que ce n’est pas un bon sujet, ou que ce n’est pas le moment. Serait-ce inutile de faire de la théologie en période troublée ? Oui et non. La vie biologique a des besoins qui sont souvent d’une grande urgence, c’est vrai, et il est alors temps d’agir plus que de discuter du sexe des anges. D’un autre côté, l’ambiance de ces temps appelle à une autre urgence : notre humanité semble avoir besoin de reprendre pied, comment trouver un socle solide, un nouveau souffle, une visée et un élan ? En faisant de la théologie, qu’elle soit une recherche discutée au cours des repas et des promenades en famille, entre amis.

Seulement, comme tout outil puissant, la théologie peut faire vivre, elle peut aussi être source de peines. A cette occasion je vous propose de regarder comment la Bible nous propose de bien « travailler Dieu ».

o0o

Que peut-on dire sur Dieu ?

La Bible n’en donne aucune représentation, elle s’y refuse explicitement, elle ne développe aucun enseignement sur l’être même de Dieu, juste une brassée de récits assez dépaysants où Dieu reste comme caché dans un buisson, dans une lumière ou une épaisse colonne de fumée. Ce que la Bible montre de Dieu dans ces récits ce sont des impulsions qu’il apporte dans la vie d’une personne.

Abraham se met en route vers une fécondité impensable. Isaac se met à recreuser les sources anciennes qui s’étaient ensablées. Jacob se lance dans une lutte corps à corps pour arracher la bénédiction. Moïse prend en main la libération de son peuple… Chacun a sa propre expérience de Dieu, et pourtant Moïse fait le lien entre « son » Dieu avec le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob… comme s’il y avait autant de « Dieu » que de personnes, car même si c’est le Dieu unique, l’impulsion qu’ont reçue chaque personnage a été particulière. Difficile de mettre ce Dieu si multiple en fiche, si ce n’est qu’à chaque fois c’est le supplément de vie qu’il fallait que chacun a reçu.

Au delà de ce qui est particulier, ce qui est commun c’est le fait d’avoir vécu d’une certaine façon une impulsion de vie à nulle autre comparable. Avec toujours ce Dieu dont la Bible refuse de donner une représentation. Pourquoi ? Parce que cela n’est pas possible. Dieu n’est pas un être parmi tant d’autres, il n’est même pas un être qui serait infiniment grand, beau, fort et tout ce que l’on peut rêver. Dieu est d’un autre ordre. Dieu est pour nous comme une impulsion. Une impulsion qui s’offre, se propose, se négocie volontiers, qui s’adapte, comme nous le voyons dans cette expérience de Moïse et dans bien d’autres récits de la Bible.

La variété même de ces impulsions de Dieu montre « qu’avec Dieu il faut s’attendre à tout » comme Marie, la mère de Jésus, en prend conscience (Luc 1:37).

 

L’impulsion donnée à Moïse

Moïse se promenait tranquillement avec les moutons de son beau père. Pour lui, l’impulsion de Dieu passe par un titillement de curiosité scientifique devant un buisson qui brûle sans brûler, c’est qui amène d’abord Moïse à un léger changement de trajectoire. C’est ensuite un « Moïse, Moïse » le redoublement évoquant un appel tout à fait profond et personnel auquel Moïse répond « me voici » : cet appel fait écho en moi, m’active. Et tout de suite cette conscience que même si Dieu le rejoint maintenant d’une façon si intime, une distance est à respecter : la distance infinie entre la vie et le principe de la vie, entre le transcendant et l’immanent, disent les philosophes. C’est d’autant plus utile à rappeler que Dieu se fait proche, intimement proche.

Dieu, alors, travaille avec Moïse, main dans la main, à former le Moïse libérateur de son peuple. Le sujet devient très très délicat quand Moïse demande à Dieu son nom, ce qui est une demande de savoir sur Dieu. Dieu se présente alors sous le nom de YHWH, étrange forme mêlant les conjugaisons du verbe être à tous les temps possibles. Nahmanide, philosophe juif du XIIIe siècle traduit ce nom de YHWH par « le faisant être », ce qui fait qu’il y a quelque chose plutôt que rien, ou que le chaos. Dieu est impulsion « de vie, de mouvement et d’être » dit aussi l’apôtre Paul (Actes 17:28). Nous connaissons cet effet, mais de Dieu : mieux vaut se taire que de dire ce que nul mot ne peut dire (2Cor 12:4).

Dieu donne alors à Moïse un signe permettant de vérifier si une impulsion vient de lui, Dieu, et pas d’une de ces multiples voix qui s’expriment en nous et autour de nous. Le signe que c’est Dieu qui nous appelle : c’est que la vie augmente.

Une fois reconnu cela, Dieu donne aux hébreux la mission de « servir Dieu », ce qui est l’inverse d’un asservissement puisque cela consiste à soi-même chercher à faire vivre et affranchir les autres. Cet appel à « servir Dieu » se traduit aussi par « travailler Dieu », travailler la question de Dieu, élargir encore leur écoute de ce qui pourrait survenir comme impulsion nouvelle et encore une fois inouïe venant de Dieu. Cela se fait dans la mémoire de leur propre expérience et aussi dans la mémoire de ce que Dieu a apporté à leurs pères, à Abraham, à Isaac, à Jacob. C’est un travail de mémoire personnelle et familiale. C’est un travail biblique aussi.

C’est bien un travail, car les multiples histoires bibliques nous apportent un grand dépaysement à travers quatre milliers d’années d’histoire et de culture, de prière et de débats incessants. Bien des figures de Dieu, bien des textes nous choquent et nous étonnent. La facilité serait de remplacer la Bible par de jolis poèmes sur l’amour et le printemps, ce ne serait pas « travailler Dieu », ce ne serait pas monter sur les épaules des générations précédentes, ce serait choisir la trajectoire de la feuille morte emportée par les tourbillons du vent. Mieux vaut apprendre à lire les livres que de brûler les livres. Mieux vaut travailler l’histoire que de déboulonner les statues. Mieux vaut apprendre à lire la Bible, la question n’est pas d’être d’accord avec tout dans ce foisonnement de témoignages personnels sur Dieu et de ce qui fait vivre. Y voir non pas une leçon, mais des témoignages et la diversité des impulsions que Dieu peut apporter. Se préparer soi-même pour l’appel inouï qui nous correspondra, pour une vie augmentée, forcément, venant de Dieu.

 

La représentation ferme à l’action de Dieu

Le décalogue de Moïse rappelle que Dieu est source de vie, et il ajoute immédiatement qu’il est interdit de s’en faire une représentation. C’est pour tous les temps que nous devons tenir les deux : attendre Dieu comme une nouvelle impulsion de vie, et renoncer à vouloir l’enfermer dans une représentation. Car de tout temps aussi, la société demande une représentation de Dieu qu’il puisse adorer ou haïr, au moins quelque chose que l’on puisse saisir, maîtriser. C’est ce que demandent les Hébreux à Aaron, le frère de Moïse : « Allons ! fais-nous un dieu qui marche devant nous » se forger des veaux d’or est de tout temps.

 

La représentation source de conflits

Nous voyons avec Paul ce que donne le fait de se donner une représentation de Dieu, aussi affinée soit-elle. Paul pense travailler pour Dieu en luttant contre ceux qui ne disent pas Dieu comme lui. Choc de représentations de Dieu. Mais sans doute : Paul n’avait pas finit d’attendre Dieu malgré sa course, il entend que Dieu l’appelle, lui, par son nom redoublé. Paul en tombe à la renverse. La suite est significative : que lui arrive-t-il ? « Saul est relevé de terre » le passif indique que Dieu est l’auteur de cette élévation que Paul dira comme étant au 3e ciel (2 Cor 12). Puis Dieu « lui ouvre les yeux » et que voit-il alors ? Il voit « rien », c’est à dire que toutes les images de Dieu qu’il se faisait deviennent néant (cf. Sermon 71 d’Eckhart). Et c’est une libération pour Paul, la mort est transformée en vie.

Voilà ce qu’est la foi : 1) une ouverture à la transcendance ; 2) dont on renonce à se faire une image. L’un et l’autre, indissociablement.

 

La représentation illusoire

Ceux qui ne « travaillent pas Dieu » ont d’autant plus de clichés sur lui en tête, et ceux qui disent ne pas croire en Dieu ont en tête une figure de Dieu effectivement assez épouvantable. Ceux qui ont une réelle expérience de ce que Dieu peut nous apporter risquent aussi de se faire une représentation de Dieu en figeant cette précieuse mémoire.

Or, on ne peut pas, en réalité, se faire de représentation de Dieu. Il n’est pas le seul que l’on ne peut pas enfermer dans un bocal, par exemple ce fleuve qu’est le Rhône qui passe au pied de chez nous et qui fait tourner les turbines de la centrale électrique. Un amoureux du Rhône peut avoir envie de prendre une bouteille, la remplir avant la Jonction, et la ramener chez lui en disant : voilà le Rhône. Et bien non. Ce litre d’eau bientôt croupie n’est pas sans rapport avec le Rhône mais il n’est pas le Rhône car le Rhône est d’une eau sans cesse différente et pourtant il reste le Rhône, il est mouvement, il est une force qui n’est pas dans la bouteille. Tels sont les représentations de Dieu, les doctrines sur Dieu. Même tirées d’une expérience authentique, le simple fait de penser capturer Dieu dans une idée est comme d’essayer de mettre le Rhône dans une bouteille. Et encore, le Rhône est un élément de la création comme nous, alors que Dieu n’est pas un être, il est ce qui donne la vie, le mouvement et l’être.

 

De la juste mémoire à l’idole

C’est pourquoi Ézéchias brise la précieuse relique du serpent d’airain de Moïse. Il est la mémoire d’une impulsion divine particulière, mémoire d’une libération de nos pères, n’est-ce pas à conserver, comme nos textes bibliques ? Tout dépend comment. Quand il devient un objet de culte, quand il est sacralisé, tout morceau de mémoire d’impulsion divine est alors confondu avec Dieu lui-même, et c’est nocif, car aucune nouvelle impulsion divine ne sortira de ce bout de métal forgé, il détourne ses adorateurs de Dieu au lieu de les inciter à s’ouvrir à l’inattendu, à inouï que Dieu a déjà préparé spécialement pour eux.

Ézéchias brise le serpent d’airain, il abat aussi les poteaux sacrés figurant la déesse mère Ashéra ou Astarté qui était la figure féminine de YHWH. Ce n’est pas d’aujourd’hui ni d’hier que les humains dressent des représentations de figures de Dieu et autres lieux sacrés alors vite en conflit. Plutôt que de travailler sur ces représentations de Dieu, mieux vaut « servir Dieu » en faisant vivre, et mieux vaut « travailler Dieu » afin de mieux se préparer à l’étonnement devant ce qu’il nous apporte, et pour cela renoncer à s’en donner une ou des représentations, quelles qu’elles soient.

Amen.

pasteur Marc Pernot

Textes de la Bible

Exode 3:2-15 (Moïse et Dieu)

2 Le messager de l’Éternel apparut à Moïse dans une flamme de feu, au milieu du buisson. Moïse regarda et voici, le buisson brûlait dans un feu et le buisson n’était pas mangé. 3 Moïse dit: Je veux me détourner pour voir cette grande vision, et pourquoi le buisson ne brûle pas.

4 L’Eternel vit qu’il se détournait pour voir; et Dieu l’appela du milieu du buisson, et dit: Moïse ! Moïse ! Et il répondit: Me voici ! 5 Dieu dit: N’approche pas d’ici, ôte tes souliers de tes pieds, car le lieu sur lequel tu te tiens est une terre de sainteté. 6 Et il ajouta: Je suis le Dieu de ton père, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob. Moïse se cacha le visage, car il craignait de regarder Dieu.

7 L’Eternel dit: J’ai bien vu la souffrance de mon peuple qui est en Égypte, et j’ai entendu les cris que lui font pousser ses oppresseurs, car je connais ses douleurs. 8 Je suis descendu pour le délivrer… 10 Maintenant, va, je t’enverrai auprès de Pharaon, et tu feras sortir d’Egypte mon peuple, les enfants d’Israël.

11 Moïse dit à Dieu: Qui suis-je, pour aller vers Pharaon, et pour faire sortir d’Egypte les enfants d’Israël? 12 Dieu dit: Je serai avec toi; et ceci sera pour toi le signe que c’est moi qui t’envoie: quand tu auras fait sortir d’Egypte le peuple, vous servirez Dieu sur cette montagne.

13 Moïse dit à Dieu: J’irai donc vers les enfants d’Israël, et je leur dirai: Le Dieu de vos pères m’envoie vers vous. Mais, s’ils me demandent quel est son nom, que leur répondrai-je? 14 Dieu dit à Moïse: Je suis : Je suis. Et il ajouta: C’est ainsi que tu répondras aux enfants d’Israël: Celui qui s’appelle ‘Je suis’ m’a envoyé vers vous. 15 YHWH, le Dieu de vos pères, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob, m’as envoyé vers vous. Voilà mon nom pour l’éternité, voilà mon souvenir de génération en génération.

 

Exode 20:1-4 (Le Décalogue)

1 Dieu prononça alors ces paroles : 2 Je suis l’Eternel, ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Egypte, de la maison de servitude. 3 Tu n’auras pas d’autres dieux devant ma face. 4 Tu ne te feras pas d’image taillée, ni aucune représentation…

 

2 Rois 18:3-5 (Réforme)

3 Ezéchias fit ce qui est droit aux yeux de l’Éternel, comme avait fait David, son père. 4 Il fit disparaître les lieux sacrés, brisa les statues, abattit les Ashérah, et il mit en pièces le serpent d’airain que Moïse avait fait, car les enfants d’Israël avaient jusqu’alors brûlé des parfums devant lui : on l’appelait Nehuschtan. 5 Ezéchias mit sa confiance en l’Eternel.

 

Actes 9:1-8 (Paul voit Dieu)

1 Saul, respirant encore la menace et le meurtre contre les disciples du Seigneur, se rendit chez le souverain sacrificateur, 2 et lui demanda des lettres pour les synagogues de Damas, afin que, s’il trouvait des partisans de la nouvelle doctrine, hommes ou femmes, il les amène liés à Jérusalem.

3 Comme il était en chemin, et qu’il approchait de Damas, tout à coup une lumière venant du ciel resplendit autour de lui. 4 Il tomba par terre, et il entendit une voix qui lui disait: Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu?

5 Il répondit: Qui es-tu, Seigneur? celui-ci dit: Moi, je suis Jésus que tu poursuis. 6 Mais Lève-toi, entre dans la ville, et on te dira ce que tu dois faire. 7 Les hommes qui l’accompagnaient demeurèrent stupéfaits; ils entendaient la voix, mais ne voyaient personne.

8 Saul fut relevé de terre, et ses yeux ayant été ouverts il voyait : rien.

(Cf. édition NEG)

Partagez cet article sur :
  • Icone de facebook
  • Icone de twitter
  • Icone d'email

Articles récents de la même catégorie

Articles récents avec des étiquettes similaires

12 Commentaires

  1. Lemniscate dit :

    Et on a aussi d’autres belles théophanies (manifestations de Dieu) :
    – ascension d’Elie : 2 Rois 2, avec le feu comme symbole de vérité (symbole sans doute hérité du Zoroastrisme qui était et est toujours aussi un monothéisme) et de relation avec les humains (comme lors du buisson ardent avec Moïse dans l’Exode)
    – prière d’Habacuc : Habacuc 3, superbe intervention de Dieu dans la nature (de façon indiscernable via le substrat quantique afin de respecter les lois physiques ?), représentation indirecte de Dieu
    – Exode 33:7-34:35, la Tente de l’Alliance, Dieu est caché derrière une Tente, le Tabernacle
    – Jean 1:14-18 : le Logos vient « tabernacler » parmi l’humanité : Le Logos est identifié à Jésus qui s’incarne et habite parmi les humains, incarnation qui est comme une Tente-tabernacle (reprise du terme tente, ou du verbe « tabernacler » en grec, comme dans la traduction de l’Exode en grec dans la Septante)
    – Luc 24:13-35 apparition aux disciples d’Emmaus (notre coeur ne brûlait-il pas en nous …, à nouveau le thème du feu intérieur)

    Tout ceci sont des représentations il me semble, paraboliques ou non.

    Et surtout tout l’Evangile de Jean peut s’interpréter il me semble comme un évangile spirituel (au sens destiné à l’individu à titre personnel) et mystique : il me semble que Jésus explique tout au long de cet Evangile que Jésus une fois qu’il a été « levé » après sa crucifixion, et l’Esprit saint qu’il envoie aux humains (Jean 14:15-31 et 16:5-15) sont comme deux voies pour cheminer spirituellement.
    Jean 14:6-11 :
    Jésus lui dit: «C’est moi qui suis le chemin, la vérité et la vie. On ne vient au Père qu’en passant par moi. 7. Si vous me connaissiez, vous connaîtriez aussi mon Père. Et dès maintenant vous le connaissez et vous l’avez vu.» 8. Philippe lui dit: «Seigneur, montre-nous le Père, et cela nous suffit.» 9. Jésus lui dit: «Il y a si longtemps que je suis avec vous et tu ne me connais pas, Philippe! Celui qui m’a vu a vu le Père. Comment peux-tu dire: ‘Montre-nous le Père’? 10. Ne crois-tu pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi? Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même; c’est le Père qui vit en moi qui fait lui-même ces œuvres. 11. Croyez-moi: je suis dans le Père et le Père est en moi. Sinon, croyez[-moi] au moins à cause de ces œuvres!

    Romains 5:1-5 : la grâce et Jésus-Christ comme médiations entre Dieu et les humains (représentation de dons de Dieu)
    1. Ainsi donc, déclarés justes sur la base de la foi, nous avons la paix avec Dieu par l’intermédiaire de notre Seigneur Jésus-Christ; 2. c’est aussi par son intermédiaire que nous avons accès par la foi à cette grâce, dans laquelle nous tenons ferme, et nous plaçons notre fierté dans l’espérance de prendre part à la gloire de Dieu. 3. Bien plus, nous sommes fiers même de nos détresses, sachant que la détresse produit la persévérance, 4. la persévérance la victoire dans l’épreuve, et la victoire dans l’épreuve l’espérance. 5. Or cette espérance ne trompe pas, parce que l’amour de Dieu est déversé dans notre cœur par le Saint-Esprit qui nous a été donné.

    Et encore Genèse 1:1-4 : représentation indirecte de Dieu créateur, démiurge. Dans cette théologie, l’Univers n’émane pas de l’Un impersonnel, mais est créé, façonné par un Dieu plutôt personnel il me semble.
    1. Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. 2. La terre n’était que chaos et vide. Il y avait des ténèbres à la surface de l’abîme et l’Esprit de Dieu planait au-dessus de l’eau. 3. Dieu dit: «Qu’il y ait de la lumière!» et il y eut de la lumière. 4. Dieu vit que la lumière était bonne, et il sépara la lumière des ténèbres.
    A comparer bien sûr à Jean 1:1-4 :
    1. Au commencement, était le Logos. Le Logos était avec Dieu et le Logos était Dieu. 2. Il était au commencement avec Dieu. 3. Tout a été fait par Lui et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans Lui. 4. En Lui il y avait la vie, et cette vie était la lumière des êtres humains.

    On peut proposer de relire les « argument en faveur de l’Existence de Dieu » d’Anselme de Cantorbéry et de Thomas d’Acquin (à partir de la Physique et de la Métaphysique d’Aristote) comme des témoignages de Foi à partir de représentations :
    – argument ontologique => devient croyance, témoignage ontologique : les perfections sont en Dieu (croyance reprise par Descartes, comme point de départ de sa philosophie), Dieu métaphysique est partiellement au moins dans l’être
    – argument cosmologique parmi les 5 voies de Thomas d’Acquin => Dieu est identifié à la Cause Première, au Moteur Premier, au Moteur non mû, à l’Origine de l’Univers. [Etymologiquement, Univers signifie Unique + ce qui tourne, du fait sans doute de la rotation des étoiles tout au long de la nuit si le ciel est dégagé. Et origine signifie étymologiquement (c’est-à-dire ce qui a donné historiquement le sens du terme à partir d’un vocabulaire source plus concret) ce qui met en mouvement. Ce qui met en mouvement l’Univers à l’échelle d’une nuit est en fait la rotation de la Terre elle-même !]

    Pour conclure par rapport aux questions d’être, d’essence et d’existence, en philosophie comme en théologie, l’Essence de Dieu est unique, et l’Existence de Dieu découle de son Essence, alors que pour les autres êtres, leur existence est étymologiquement une « stance hors de », c’est-à-dire le fait de se tenir debout à partir de, et découle donc de Dieu (et/ou de la nature pour la partie physique dans l’Univers). Mais selon moi, l’Essence de Dieu ne peut être hors de l’être. Il me semble que la théorie du Un de Plotin dont l’être émanerait repousse l’Être de Dieu hors de l’être. Même si Dieu dépassera toujours toutes nos représentations, cela n’empêche pas selon moi la pertinence de représentations approchées, à partir de la Bible, et de perfections que l’on trouev dans la Bible (Sagesse, Lumière, Amour, Vérité, Bonté…). N’est-ce pas ce que l’on fait en science, en physique ? : approximation du réel toujours plus précise grâce à des théories sur l’essence des objets et systèmes physiques dont on compare la validité entre elles par rapport à l’existence de ces objets et systèmes physiques (expériences physiques et interprétation de ces expériences dans le cadre d’une méta-théorie) pour choisir la plus performante et précise pour un domaine donné et/ou la plus simple par rapport à un objectif de précision (la gravitation de Newton étant encore utilisée à ce titre même si elle est dépassée par les relativités restreinte et générale).

    Pour revenir à l’approche apophatique, elle permet peut-être davantage une sorte de mise en relation ou de mise en dialogue de toutes les grandes religions / cultures spirituelles via l’approche apophatique, en considérant que cette approche apophatique pratiquée dans chaque religion serait comme une voie vers le sommet d’une même montagne qui serait elle-même une représentation de la réalité métaphysique… Un Dieu presque hors de l’être est également pratique a priori pour régler toutes les questions de quasi non-agir apparent de Dieu face au Mal : Dieu en tant qu’Un dont l’être émane ne pourrait pas agir directement… La question du Mal étant un des obstacles à la Foi.
    Plusieurs possibilités de croyance donc : approche apophatique, non apophatique, combinaison partiellement apophatique peut-être si l’on connaît et comprend les deux approches.

    Néanmoins donc, en acceptant l’incertitude de toute croyance, et en choisissant l’Evangile de Jean (évangile spirituel) et de Luc (évangique éthique et ecclésial, liturgique) par exemple comme bases premières d’interprétation de la Bible, en lisant peut-être les miracles au sens figuré ou mythologique si l’on veut que les lois physiques restent respectées lorsque Jésus est incarné en humain, mais en restant proche du texte pour se rapprocher des conditions du christianisme des premiers siècles de notre ère si l’on croît que c’est à ce moment que la Révélation a culminé, il me semble que l’on obtient a une théologie positive, affirmative, non-apophatique donc, qui reste compatible à la fois avec la science, la raison, l’histoire de la philosophie, et la mystique (soit non apophatique, soit peut-être apophatique avec d’autres approches, soit partiellement apophatique, ce qui est peut-être un compromis possible) : l’Evangile de Jean est mystique en cela qu’il propose une mise en relation intérieure avec Dieu via Jésus et via l’Esprit Saint (la Grâce, l’Esprit ?) il me semble. Bien sûr, vu le nombre des fidèles, ceci suppose une sorte d’Ubiquité de Dieu, Jésus, l’Esprit Saint entre la Métaphysique et l’esprit des fidèles ou l’aura (la khôra ?) quantique de leur cerveau…, qui peuvent être très difficiles à concevoir ou à accepter/croire vu la relativité générale des référentiels physiques liés à chacun dans l’espace-temps (écoulement différentiel du temps…).

    1. Marc Pernot dit :

      Oui, encore une fois, nous avons la chance d’avoir des témoignages d’expérience de Dieu, leur nombre et leur variété sont bien précieux pour nous aider à nous ouvrir à inattendu (pour nous) de ce que Dieu espère nous apporter.

      Les ennuis commencent quand on en fait des absolus sur Dieu. Car alors non seulement cela ferme spirituellement au lieu de nous ouvrir, mais encore cela tend à nous diviser entre nous.

      1. Leminscate dit :

        Bien sûr, Jean 14:2 : Il y a beaucoup de demeures dans la maison de mon Père.

        Peut-être ce poème permettrait de réconcilier différentes approches avec moins de soucis ?

        0. Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ?
        1. Au commencement était le Un, l’arché, le moteur et principe premier, le Logos divin, la première hypostase, encore appelé Tao.
        2. Et ce Logos était avec Dieu, et ce Logos était Dieu.
        3. Et du Logos Premier émana encore l’essence dans l’étendue des Cieux métaphysiques et du temps éternel Eon : deuxième hypostase.
        4. Et du Logos Premier émana encore l’existence dans l’étendue des Cieux métaphysiques et du temps éternel Eon : troisième hypostase.
        5. Et le Dieu Un infini se déploya lui-même dans l’être et définit ainsi Son Être, doté d’une Essence, et d’une Existence découlant de sa propre Essence. 
        6. Et Son Être s’étendait dans l’espace des Cieux métaphysiques et le temps éternel Eon.
        7. Et Dieu étendit encore son Être à l’individuation par rapport à l’altérité, et l’Esprit Saint et le Fils Unique Jésus furent dès lors en relation avec le Père des Cieux et de l’éternité, chacun selon sa propre Essence, Existence et Individuation Personnelle.
        8. Et Dieu en son Être créa les 7 Cieux métaphysiques comme 7 rivières issues d’une même source, et le temps éternel Eon comme le parfum d’une rose.
        9. Et Dieu en son Logos Premier conçut la création de l’Univers.
        10. Et Dieu en son Être projetta la Vie comme possibilité émergeant progressivement dans l’Univers.
        11. Et Dieu en son Logos Premier conçut l’essence de l’Univers, qui étaient ses lois, et sa mise en mouvement d’origine comme Cause Première.
        12. Et les lois de l’Univers permettaient le changement et l’évolution au sein de l’existence.
        13. Et les lois du changement de l’Univers prirent la forme d’une essence invariante au sein de l’existence.
        14. Et du Logos Premier émana alors l’espace physique, le temps des événements kairos et celui du continuum chronos, la substance quantique de la matière-énergie : quatrième hypostase.
        15. Et Dieu en son Être créa l’existence de l’Univers à partir des émanations de l’espace, du temps et de la substance quantique.
        16. Et l’Univers eût dès lors une essence et une existence procédant du Un à partir de l’Être.
        17. Et l’essence existât, et l’existence fût pour les êtres.
        18. Et Dieu en son Être conçut les êtres vivants au fur et à mesure que les possibilités d’existence s’ouvraient au sein de l’Univers en évolution.
        19. Et les êtres vivants avaient une essence, une existence et une individuation métaphysiques comme processions à partir de l’Un.
        20. Et les êtres vivants avaient une essence, une existence et une individuation physiques dans l’Univers.
        21. Et les essences physiques et métaphysiques des êtres permettaient la relation métaphysique à Dieu en son Être et à Dieu en tant qu’Un Premier.
        22. Et la matière évolua et l’Univers s’organisa à partir de ses lois physiques.
        23. Et la vie apparût.
        24. Et quand le temps advint, des humains apparurent à partir de l’évolution de la vie.
        25. Et les êtres pouvaient évoluer dans l’existence physique et métaphysique à l’échelle de l’éternité Eon.
        26. Et de nombreuses demeures existaient pour les êtres selon leur évolution, qui pouvaient passer d’une planète habitée par la vie à nouvelle planète parmi les myriades de planètes, de galaxies et de bras d’Univers au-delà même de l’observable, lors de chaque nouvelle vie.
        27. Et les humains se mirent à s’interroger sur leur propre être, essence et existence.
        28. Et certains effectuèrent des recherches, et des religions apparurent.
        29. Et certaines approches privilégièrent la relation spirituelle et mystique à Dieu en tant qu’Un Premier, sans passer par la voie de l’Être, on les appela apophatiques, et liées à une forme impersonnelle du divin.
        30. Et les voies apophatiques étaient remarqueblement convergentes entre de nombreux courants religieux.
        31. Et certaines approches préfèrèrent la relation à Dieu en tant qu’Être.
        32. Et parmi ces approches, certaines préférèrent insister sur l’unité de Dieu, à la fois Un et Être.
        33. Et parmi ces approches, certaines préférèrent insister sur les perfections de Dieu, et la possibilité pour les humains de cheminer de façon toujours finie dans la perspective infinie de ces perfections : entre autres, Amour, Bonté, Paix, Vie, Vérité, Sagesse, Lumière, Connaissance, Compréhension.
        34. Et parmi ces approches, certaines préférèrent insister sur des intermédiaires dans cette relation spirituelle et mystique à Dieu, elles-même parties de l’Être de Dieu.
        35. Et toutes ces approches permettaient de progresser dans son cheminement intérieur à l’échelle de l’éternité.
        36. Et les êtres cheminèrent en paix, chacun selon ses croyances préférées, certains cheminant en eux-mêmes, certains cheminant ensemble, certains les deux à la fois.

        1. Lemniscate dit :

          Bonjour,

          merci pour les articles, retours, dialogues et échanges.

          Voici une nouvelle recherche, à partir de l’Evangile de Jean, de reprises de la Genèse et de l’Exode, avec juste quelques pincées prises chez Platon et Aristote (et plus chez Plotin).

          *****

          Au commencement était le Logos Premier, Raison Divine, et le Logos Premier s’étendit, et le Logos Premier devint Dieu. Le Logos Cause Première et Moteur Premier était au commencement chez Dieu. Tout a existé par Lui, et rien de ce qui existe n’a existé sans Lui. Dieu créa alors les Cieux Métaphysiques et l’Univers Physique. En lui était la Vie, et la Vie était la Lumière des humains. Et Dieu dit à Moïse, ἐγώ εἰμι ὁ ὢν (ego eimi o on), Je Suis Existence et Essence, Vie et Ontologie. L’être est la combinaison de l’existence et de l’essence, de la vie et de l’ontologie. L’intelligible, la théorie, le modèle, la représentation se trouvent du côté de l’essence, le sensible, l’empirique, l’expérience, la mesure du côté de l’existence. Et pour les vivants, la vie est corps et esprit, physique et métaphysique. Et la Lumière de Vie qui éclaire tout être humain vint séjourner dans le monde. Et de Dieu un Nouveau Logos de Parole vint séjourner parmi nous dans la Tente d’une Nouvelle Alliance en prenant Corps sous la forme d’un homme. Et nous avons contemplé sa Gloire, Gloire d’un Fils Unique plein de Grâce et de Vérité qu’il tient du Père. En effet la Loi a été donnée à travers Moïse, mais Grâce et Vérité sont venues à travers Jésus Christ. Personne n’a jamais vu Dieu ; le Fils Unique, qui est dans le sein du Père nous l’a révélé. Jésus dit qu’il est le Chemin, la Vérité, et la Vie. Personne ne va au Père si ce n’est par Lui. Et Dieu est Amour. Si quelqu’un L’aime, il observera Sa Parole, et Son Père qui est Notre Père, Son Dieu qui est Notre Dieu, l’aimera. Il nous a laissé Sa Paix, il nous donne Sa Paix. Notre Père enverra l’Esprit Saint au nom de Jésus, et nous fera ressouvenir de tout ce qu’Il a dit. Lorsque viendra l’Esprit de Vérité, il nous fera accéder à la Vérité toute entière. Car Il ne parlera pas de son propre chef, mais il dira ce qu’Il entendra, et Il nous communiquera tout ce qui doit venir. Il Le glorifiera car Il recevra de ce qui est à Lui, et Il nous le communiquera. Tout ce que possède Notre Dieu Notre Père est à Lui, c’est pourquoi Il a dit qu’Il nous communiquera ce qu’Il reçoit de Lui.
          Et les êtres cheminèrent en paix, chacun selon ses croyances préférées.

          Ceci n’explique pas le Mal dans le monde mais exprime une croyance subjective parmi d’autres possibles.

          1. Marc Pernot dit :

            Sur l’existence du mal et de la souffrance : je propose ici quelques pistes.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *