Dieu nous dit : demande ce que tu veux ! (1 Rois 3:4-13 – Salomon, épisode 1/2)
Dieu se met à notre service gentiment. Que lui demander de bon ? Ce texte nous propose de demander un cœur qui écoute, un cœur sage et intelligent. Des qualités utiles et sources de joie.
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(Voir le texte biblique ci-dessous)
prédication (message biblique donné au cours du culte)
à Genève, le dimanche 28 juillet 2024,
par : pasteur Marc Pernot
Prédication
Demande ce que tu veux !
Aladin frotte avec sa manche une vieille lampe à huile, et pouf ! un génie sort de la lampe et lui propose de faire un vœu. La lampe du jeune Salomon : c’est la prière de louange et le repos de la nuit. Le génie qui surgit pour offrir ses services est rien de moins que Dieu lui-même qui se manifeste, le créateur du ciel et de la terre. Vraiment ? Oui, vraiment. Et ce n’est pas un rêve.
N’avez-vous pas remarqué que c’est souvent ainsi que cela nous arrive : après une prière du soir où nous avions un peu l’impression de prier sans personne en face, c’est dans la nuit qu’un exaucement se fera, et nous nous réveillons changés, d’une certaine façon. De cette expérience est né l’adage « la nuit porte conseil ».
Dans le creux de notre conscience, cette voix se fait entendre à Salomon : « Que veux-tu, véritablement, au fond du fond ? Fais un vœu, maintenant. »
Que choisissez-vous ? Quel vœu, pour quel cadeau de Dieu ? Entendre cette question, c’est se savoir à un carrefour dans sa vie. Chacune de nos nuits est en quelque sorte un carrefour dans le chemin de notre vie. Et comme le dit une amusante sagesse antique : « Méfiez-vous de ce que vous demandez aux dieux, ils risquent de vous le donner. » Que demander de bon ?
Salomon choisit de demander à Dieu : « Tu donneras à ton serviteur un cœur qui écoute pour gouverner ton peuple, pour discerner entre le bien et le mal. » (v. 9) Et c’est ce que Dieu lui donne : « un cœur sage et intelligent » (v. 12). Cette histoire de Salomon nous suggère de ne pas nous précipiter pour demander de bons fruits, mais que nous soyons un bon arbre. C’est bien plus prometteur de demander à Dieu cette qualité d’être qui est ici proposée. Cela revient à demander à Dieu de son Esprit, sa présence active en nous pour nous éclairer et nous faire grandir. Encore mieux, Salomon explique : J’en ai besoin pour remplir ma vocation, mon service en ce monde, parce que je ne suis qu’un enfant, j’ai besoin d’être augmenté.
Plusieurs points sont remarquables dans cette réponse, et elle promet à Salomon bien du bonheur. Car il y a de la joie à être sensible aux autres et à avoir ainsi une belle relation avec eux, il y a de la joie à pouvoir leur rendre vraiment service, à rendre le monde un petit peu plus juste. Il y a de la joie à grandir : il n’y a qu’à regarder les enfants.
Bref, Salomon choisit d’être pleinement vivant, et pour cela, il sait qu’il a besoin de l’aide de plus grand que l’humain.
La force de la louange et de la gratitude
Salomon en est arrivé là après un parcours spirituel qui nous est donné en quelques lignes ici. Le récit commence par un temps de culte offert par Salomon à Dieu en mémoire de ce qui est arrivé de bien à son père David et à lui-même. On voit que c’est profond pour Salomon car il prolonge sa gratitude à Dieu dans sa prière personnelle dans son lit.
La louange est une sagesse : David a participé à la belle ascension de sa famille, Salomon relève ses qualités pour s’en inspirer. Mais il sait aussi que tous les mérites ne leur reviennent pas, à David et à lui, qu’il y a une part de chance, et il en remercie Dieu. C’est vrai pour nous aussi, évidemment. En prendre conscience et le verbaliser dans la prière est utile : cela nous prépare à grandir.
Dans la mémoire admirative pour son père ou pour toute personne qui nous a aidés, il y a une façon de s’enrichir humainement et spirituellement. La gratitude et l’admiration ont une grande efficacité. La gratitude devant Dieu est encore plus puissante : Dieu peut l’utiliser pour nous aider à devenir meilleur.
La louange à Dieu pour ce qu’il nous apporte augmente notre ouverture à ce que Dieu veut encore nous apporter, cela grandit notre confiance en lui, cela chasse la crainte produite par les prêches plus inspirés de dieux païens que de l’Évangile. Salomon, lui, sait que David était certes un grand roi avec une grande foi, mais il sait qu’il était aussi un grand pécheur, et de cela Salomon a appris le pardon de Dieu, sa bienveillance, son amour qui chasse toute crainte.
Ensuite, bien sûr que notre situation est loin d’être parfaite, mais puisque nous sommes vivants, conscients et même priants, nous avons bénéficié de grandes chances dans notre vie jusqu’à présent. La louange pour notre chance dans la vie nous aide à trouver notre vocation, comme Salomon ici : il se sent alors responsable du peuple que Dieu lui confie. La bonté de Dieu l’a inspiré pour faire à son tour ce qu’il peut avec ses petites forces, comptant sur Dieu pour qu’il les augmente.
Voilà la puissance de la louange à Dieu et de la gratitude pour les humains, pour la vie. C’est comme une sève qui monte dans le tronc jusque dans les branches d’un arbre, pour le faire grandir, verdoyer et porter du fruit. Et cette sève vient de Dieu, dans les profondeurs (Psaume 1).
Appelé à grandir et à servir nos semblables
La louange nous fait sentir que nous sommes roi ou reine, un être choisi par Dieu, un être sur lequel Dieu compte. En même temps, cette louange à Dieu fait sentir à Salomon non seulement sa propre grandeur mais aussi sa petitesse. Qui est-il pour apporter quelque chose à d’autres personnes et plus de justice à ce monde ? La foi devient un cheminement de croissance, d’apprentissage, de perfectionnement, d’acquisition de compétences pour mieux aimer et aider.
Salomon n’appelle pas les personnes qui lui sont confiées « mon peuple », mais toujours « ton peuple », en parlant à Dieu, et il se présente lui-même à Dieu comme « ton serviteur ». C’est une saine disposition d’esprit pour se préparer à aider une personne : quand je l’aide elle ne sera pas en dette vis-à-vis de moi puisque c’est Dieu qui m’a envoyé et c’est lui que nous remercions tous.
C’est ainsi que Salomon comprend que pour apporter quelque chose aux autres autour de lui, il doit apprendre premièrement à les écouter. Mais d’où Salomon a-t-il trouvé ce secret génial ? C’est Dieu qui lui en a montré le chemin, ce Dieu qui lui dit « Demande-moi, qu’est-ce que je te donnerai ? ». Si Dieu lui-même se met à notre écoute afin de nous aider, c’est une bonne idée de le faire aussi. Chacun a sa vie, sa sensibilité, ses rêves et des blessures secrètes, ses objectifs. Et nous aussi. La justice commence par un cœur qui écoute l’autre.
Dieu est comme cela pour nous. Sentez-vous ce respect, cette écoute de Dieu, sa disponibilité pour nous rejoindre là où nous en sommes, et nous accompagner à notre rythme là où nous allons ? Sentez-vous cette liberté et cet encouragement que cela nous donne ? »
Dieu nous donne un cœur sage et intelligent
Que demande Salomon à Dieu ? Un cœur qui écoute, un cœur qui discerne entre le bien et le mal. Il ne pense pas à son salut personnel (il sait déjà que Dieu l’aime), mais plutôt à arriver à aider ceux qui lui sont confiés. C’est dans la prière, dans l’écoute, la sagesse et l’intelligence que cela se travaille.
Un cœur « sage », en hébreu, ce n’est pas être bien rangé, c’est être instruit, avoir recueilli la sagesse des générations passées, de la philosophie aux sciences de la nature, de la vie et des êtres humains.
Un cœur « intelligent », c’est littéralement en hébreu être capable de voir « entre » : c’est discerner ce qui résulte du rapport entre plusieurs choses, plusieurs dimensions de l’être. C’est être capable de discerner à l’intérieur de chacun entre ce qui est bon et ce qui est souffrant.
Sans l’intelligence, la sagesse pourrait penser avoir tout vu, tout entendu, tout compris et pourrait ainsi juger autrui sans même l’avoir écouté. Il faut donc ajouter l’intelligence à la sagesse pour que notre relation aux autres et notre service ne soient pas tranchante. Sans la sagesse, l’intelligence risque d’aller trop vite en besogne, car personne ne vit assez longtemps pour ne pas avoir besoin de la sagesse des générations passées. Et avant de discerner, même avec toute l’intelligence et sagesse du monde, si l’on n’a pas d’abord un cœur qui écoute, nous risquons de raisonner juste sur des prémisses fausses.
C’est pourquoi ce récit de la quête de Salomon est génial en nous proposant de demander à Dieu de nous donner, aujourd’hui et toujours plus, un cœur qui écoute, un cœur à la fois rempli de sagesse et doué d’intelligence. Cela se travaille. Salomon nous suggère de développer cette qualité d’être grâce à la louange, la gratitude et la prière confiante.
Texte de la Bible
1 Rois 3:4-13
4Le roi se rendit à Gabaon pour y sacrifier, car c’était le principal des hauts lieux. Salomon offrit mille holocaustes sur cet autel. 5À Gabaon, l’Éternel apparut en songe à Salomon pendant la nuit. Dieu lui dit : Demande-moi, qu’est-ce que je te donnerai ? 6Salomon répondit : Tu as usé d’une grande bienveillance à l’égard de ton serviteur David, mon père, parce qu’il marchait en ta présence dans la vérité, dans la justice et dans la droiture de cœur envers toi ; tu lui as gardé cette grande bienveillance et tu lui as donné un fils qui est assis sur son trône, au jour d’aujourd’hui. 7Maintenant, Éternel mon Dieu, c’est toi qui as établi ton serviteur roi à la place de mon père David, et moi je suis un petit jeune, je ne sais pas comment m’en sortir ni avancer. 8Ton serviteur est au milieu de ton peuple, celui que tu as choisi, peuple nombreux, qui ne peut être ni évalué ni compté, à cause de son grand nombre. 9Tu donneras à ton serviteur un cœur qui écoute pour gouverner ton peuple, pour discerner entre le bien et le mal ! Car qui pourrait gouverner ton peuple, ce peuple si important ?
10Au yeux du Seigneur, cette parole apparut comme bonne, car Salomon avait demandé cette chose-là. 11Alors Dieu lui dit : Puisque c’est là ce que tu demandes, et que tu ne demandes pas pour toi des jours nombreux, et que tu ne demandes pas pour toi la richesse, et que tu ne demandes pas d’avoir la main sur tes ennemis, mais puisque tu demandes pour toi de discerner pour entendre le droit, 12voici : j’ai fait selon ta parole. Je t’ai donné un cœur sage et intelligent, de telle sorte qu’il n’y aura eu avant toi et qu’il ne surgira après toi personne de semblable à toi. 13Je te donnerai, en outre, ce que tu n’as pas demandé, aussi bien la richesse que la gloire, de telle sorte qu’il n’y aura pendant toute ta vie aucun homme parmi les rois qui soit semblable à toi.
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Ce texte est tout de même un peu curieux puisqu’il laisse à penser que Salomon aurait pu demander n’importe quoi à Dieu. D’ailleurs, en fin de compte, c’est bien Dieu qui lui donne la richesse et la gloire, comme des récompenses en quelque sorte d’avoir demandé la sagesse, alors que pour Jésus, la gloire lui est offerte par le diable. Certes, cette question a le mérite de nous interroger sur nos propres désirs, mais en réalité, ce que Salomon a demandé, à savoir, comme vous le dites, la présence active de Dieu en nous, c’est la seule chose que Dieu peut nous donner. J’ai l’impression que c’est seulement lorsqu’on a compris cela qu’on peut avoir une relation à Dieu, saine et féconde. Et pourtant j’éprouve souvent le besoin de remercier Dieu pour ce qui est manifestement de la chance.
Tout à fait d’accord pour remercier Dieu pour notre chance, c’est ce que j’appelle la louange dans ce texte. Cela me paraît même un point essentiel, un décentrement de soi comme unique source de tout le bien qui nous arrive.
La « gloire » offerte en bonus me semble plus être de l’ordre de la conséquence que de la récompense. Une vie bien posée, bien enracinée, pensant aux autres a tendance à porter de bons fruits féconds. C’est cela, la gloire dans ce contexte, il me semble.
« Demande tout ce que tu veux et je te le donnerai » est une sorte de fantasme, de rêve, c’est pourquoi j’ai fait le parallèle avec la lampe d’Aladin. En même temps, je pense que Dieu est comme cela : il nous accompagne sur le chemin que nous choisissons essayant de faire ce qu’il peut pour en faire un bon chemin. C’est la promesse qu’il fait à Jacob. Mais peut-être que la vie est aussi un peu comme cela : à force de nous concentrer de toutes nos forces sur une espérance, cela suscite sa réalisation (pas à 100%, mais bon).