Marc Pernot le 11 mai 2025
Prédication

Accepter d’être accepté, bien que l’on se sente inacceptable. (Galates 4:21-5:1)

Texte, vidéo et poscasts de la prédication. Ceci est un témoignage personnel. N’hésitez pas à donnez votre propre avis ci-dessous.

pasteur Marc Pernot

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texte de la prédication à imprimer

prédication (message biblique donné au cours du culte)
à Genève, le dimanche 11 mai 2025,
par : pasteur Marc Pernot

Prédication

L’apôtre Paul évoque l’histoire d’Hagar dans la Genèse. Cette histoire est absolument révoltante quand on la lit au sens matériel, historique. C’est donc très heureux que Paul en fasse une lecture allégorique, lecture très fréquente à l’époque de Jésus. Selon Paul, l’histoire d’Abraham évoque deux façons d’être en ce monde. Deux façons de répondre à cette question : qu’est-ce qui nous fait vivre, qu’est-ce qui nous fait agir, qu’est-ce qui nous fait prier ? Sommes-nous fils ou fille d’Hagar, l’esclave ? Sommes-nous enfants de la femme libre, fils ou fille de la promesse de Dieu faite à Abraham ? Sans doute un peu les deux.

L’enfant de l’esclave est celui qui agit parce qu’il s’y sent contraint, comme un esclave obéit à son maître afin de ne pas être battu et d’être gardé en vie. L’enfant de l’esclave est celui qui agit pour gagner des points auprès des autres ou de Dieu. Ce sont souvent d’autres que lui-même qui ont décidé de ce qu’il faudrait faire pour être quelqu’un de bien. Ce qui le motive à agir est la contrainte. Ce ressort se trouve dans bien des domaines. Paul donne l’exemple de certains mouvements religieux qui prétendent que Dieu serait du genre à tenir un dossier sur chaque personne, avec des bons et des mauvais points. L’enfant de l’esclave est celui qui se met à agir grâce à ce chantage et à ces menaces.

L’enfant de la femme libre est celui qui peut agir librement, car il a déjà reçu la promesse. Il se sait déjà connu par Dieu, c’est-à-dire, dans la langue de la Bible : déjà aimé et gardé par Dieu. Il n’y a plus de menaces ni de chantage : le prix est donné d’avance, sans condition, Dieu nous gardera toujours sous son aile. C’est comme cela qu’Abraham et Sarah se sont mis en route. Avant même qu’ils aient fait quoi que ce soit, Dieu dit à Abraham : « Je te bénis et je te bénirai, je rends ton nom grand, tu seras bénédiction pour une multitude. » (Genèse 12:2). C’est promis. Qu’est-ce qui motive alors l’enfant de la promesse ? L’inspiration que cela donne d’être aimé, la beauté du geste, l’amour qu’il ressent, l’enthousiasme de faire le bien et d’avancer.

Cela change tout.

Si on aide un clochard en lui payant un sandwich en se sentant obligé, à contre cœur : tant mieux pour l’estomac du pauvre homme, mais en réalité ce n’est pas lui que son bienfaiteur a aimé en faisant ce geste, il l’a fait en pensant à lui-même et il s’est servi du pauvre comme d’un moyen pour faire son propre salut, pense-t-il. Ce n’est pas génial.

Alors que celui qui, selon la promesse faite à Abraham, sait qu’il est déjà béni par Dieu, que son nom est déjà grand, qu’il est déjà reconnu comme une personne précieuse, bénie par Dieu : si cette personne-là agit, ce sera librement, cela viendra de son propre cœur, de sa joie de faire un peu de bien, comme elle peut. C’est infiniment plus créatif, plus riche et bienfaisant, c’est authentique parce que libre, le geste vient du bon fond de la personne et est source de joie. Alors que l’esclave est comme écrasé par la contrainte et souffrant.

En Christ, explique Paul, nous sommes fils ou fille de la promesse, plus de l’esclave. Grâce au Christ, nous connaissons un peu mieux Dieu, et que savons-nous de lui ? Nous avons appris, nous dit Paul, que nous sommes déjà connus, aimés. Notre légitime soif d’être quelqu’un de reconnu, notre soif d’être aimé, d’être validé, d’être en sécurité : cela est déjà assouvi. C’est librement que nous pouvons nous mettre debout et choisir ce que nous ferons.

C’est une façon de comprendre la religion tout à fait différente. Quand nous prendrons le temps de penser à Dieu, ce sera comme on va voir un ami ; ce n’est pas une obligation, car on sait que l’ami nous restera fidèle de toute façon : on va le voir à cause de notre joie, et de notre joie de lui donner de la joie. De même avec Dieu pour ce qui est de ces rendez-vous que sont le culte, l’étude ou la prière.

Ces deux types de fonctionnement présentés ici par Paul, par la contrainte ou par la promesse, ce sont deux types d’alliance avec Dieu qui traversent les livres de la Bible hébraïque.

Il y a, en Abraham, une alliance inconditionnelle : Dieu vient à nous, il choisit de nous bénir avant que nous n’ayons rien fait, et Dieu promet de rester fidèle à cette alliance sans condition, même unilatéralement, il bénit et bénira encore. Il espère que cela produira de libres fruits, ce seront alors des fruits inspirés par la grâce.

Il y a un autre type d’alliance : dans des livres comme le Deutéronome, nous voyons se développer une alliance conditionnelle, comme si Dieu nous disait : si tu obéis aux commandements que je te donne, tu seras béni de multiples façons, tu prospéreras… « Mais, nous dit le Deutéronome, si tu n’obéis pas à la voix de l’Éternel, ton Dieu, si tu n’observes pas et ne mets pas en pratique tous ses commandements et toutes ses lois que je te prescris aujourd’hui, voici toutes les malédictions qui viendront sur toi et qui seront ton partage… » (Deutéronome 28:15) suit une épouvantable liste de malédictions sur toutes les dimensions de notre être et de notre vie. Cela ne ressemble en rien à la façon d’être de Jésus-Christ.

Ceux qui ont composé la Bible avaient l’esprit très ouvert, acceptant de rendre compte de ces deux sensibilités théologiques diamétralement opposées. Il faudrait savoir : Dieu fonctionne-t-il avec une alliance de type conditionnelle ou de type inconditionnelle ? En Christ, nous dit Paul, cela ne fait aucun doute : Dieu nous aime et nous bénit sans condition. Il nous a connus et reconnus, chacun comme une personne essentielle, et il nous aime, nous garde. Nous sommes enfantés par cette promesse : c’est donc librement que nous pouvons vivre et faire le bien (ou non), c’est librement que nous pouvons nous tourner vers Dieu (ou non). Ça aide Dieu, si nous nous tournons vers lui, mais il n’en fait pas une condition pour nous bénir et nous garder.

Cependant, sommeille toujours en nous l’homme qui a peur, cet enfant de l’esclave qui craint que Dieu cesserait de nous garder si nous n’obéissons pas aux dogmes, aux règles et morales que j’imagine obligatoires… Chassez cet esclavage, nous dit Paul. Mieux vaut ne pas avoir de religion qu’une religion basée sur la crainte et l’obéissance. Je n’aurais pas osé aller jusqu’à dire cela, mais Paul ose l’affirmer.

Chasse l’esclave qui est en toi, nous dit Paul, car ce que cela enfante en toi persécute ce qu’enfante en nous l’Esprit :

  • Comment aimer véritablement un Dieu que l’on craint, qui nous menacerait des pires malédictions ? Au contraire, notre ami si fidèle qu’est Dieu, nous avons joie à aller le voir pour tout lui dire.
  • Comment oserions-nous inventer et entreprendre, comment oserions-nous avoir no idées personnelles si nous avions sans cesse peur de déplaire à Dieu et d’être mal jugés ? Au contraire, Dieu nous donne son Esprit comme un don et « là où est l’Esprit du Seigneur, là est la liberté.» (2 Cor. 3:17)
  • Comment oser prier si nous pensons que Dieu nous regarde de travers avec notre petite foi ? Les apôtres de Jésus n’étaient pas meilleurs que nous et ils ont été choisis, appelés par le Christ, jugés dignes a priori.

La foi c’est au fond cela, nous dit le théologien Paul Tillich, la foi c’est « accepter d’être accepté bien que l’on se sente inacceptable. » (Le courage d’être)

Pour cela, chasse l’esclave qui est en toi, nous dit Paul, et libère la femme libre qui est en toi pour enfanter le meilleur par l’Esprit : « C’est pour la liberté que le Christ nous a libérés. Tenez donc ferme, et ne vous remettez pas sous le joug de l’esclavage. »

C’est une vigilance à maintenir, car dès que nous baissons la garde : la crainte vient comme les mauvaises herbes dans un jardin, elles surgissent dès que l’on a le dos tourné.

C’est pour cela qu’il est utile de nous biberonner à l’Évangile, qu’il est bon de prier Dieu dans la gratitude, cela nourrit notre confiance en lui et nous met en route par l’Esprit qui nous libère.

pasteur Marc Pernot

Textes de la Bible

Lettre de l’apôtre Paul aux Galates 4-5

4:8 Autrefois vous ne connaissiez pas Dieu et vous étiez esclaves de dieux qui, par nature, n’en sont pas. 9Mais maintenant que vous connaissez Dieu – ou, plutôt, que vous êtes connus de Dieu – comment pouvez-vous retourner à ces éléments impuissants et misérables, et vouloir à nouveau en être esclaves ? 10Vous observez scrupuleusement les jours, les mois, les saisons et les années ! 11Je crains de m’être donné en vain de la peine pour vous… 21Dites-moi, vous qui voulez être sous la loi, n’entendez-vous pas la loi ? 22Car il est écrit qu’Abraham eut deux fils, un de l’esclave et un de la femme libre. 23Mais celui de l’esclave est né selon la chair, et celui de la femme libre du fait de la promesse. 24Il y a là une allégorie ; car ces femmes sont deux alliances. L’une, celle du mont Sinaï, engendre pour l’esclavage : c’est Hagar 25– or Hagar, c’est le mont Sinaï en Arabie – et elle correspond à la Jérusalem de maintenant, car elle est dans l’esclavage avec ses enfants. 26Mais la Jérusalem d’en haut est libre, et c’est elle qui est notre mère. 27En effet, il est écrit : Sois en fête, femme stérile, toi qui n’as pas d’enfants ! Éclate en cris de joie, toi qui n’as pas éprouvé les douleurs de l’accouchement ! Car les enfants de la délaissée sont plus nombreux que ceux de la femme qui a son maître.

28Quant à vous, mes frères et mes sœurs, comme Isaac, vous êtes enfants de la promesse. 29Mais tout comme autrefois celui qui était né selon la chair persécutait celui qui l’était selon l’Esprit, ainsi en est-il encore maintenant. 30Or que dit l’Écriture ? Chasse l’esclave et son fils, car le fils de l’esclave n’héritera pas avec le fils de la femme libre. 31Ainsi, frères et sœurs, nous ne sommes pas les enfants de l’esclave, mais ceux de la femme libre. 5:1C’est pour la liberté que le Christ nous a libérés. Tenez donc ferme, et ne vous remettez pas sous le joug de l’esclavage.

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