Quelle est la différence entre le Fils et le Logos/Verbe/Parole ?
Longtemps, dans le christianisme, « le Fils » était la Parole de Dieu plutôt que le Christ. Ce n’est pas sans rapport puisque Jean dit dans son prologue que Jésus est la Parole de Dieu faite chair. Mais cela fait néanmoins une différence abyssale : ce que l’humain peut recevoir de la Parole de Dieu est ce qui fait sens à notre niveau, et à mon avis Dieu est infiniment plus que cela.
En même temps, ce prologue de Jean est complexe : il est manifestement une relecture de la première page de la Bible hébraïque, Genèse 1, où c’est la Parole / l’Esprit de Dieu qui est ou qui sont à la manœuvre pour créer le monde à partir du chaos. La Parole créatrice de Dieu est en même temps un événement, un acte : ce n’est pas seulement une idée, pas seulement un projet, elle est création. Mais le « logos » fait aussi irrésistiblement penser au logos des Stoïciens, philosophie très répandue au Iᵉʳ siècle. C’est ainsi que le Prologue est à mon avis une tentative de réconciliation de ces deux mondes, s’adressant à la fois aux juifs et aux Grecs. Sa lecture doit tenir compte des deux, et la notion même de logos est ici à rechercher dans une combinaison de ces deux pensées.
Prière et Trinité : pourquoi ne prier que Dieu le Père ?
Étant donné que Dieu est trinité, pourquoi ne prier que Dieu le Père comme Jésus le dit, et ne pas prier la Trinité ?
Dire que Dieu est Trinité est une option théologique fréquente, effectivement, même si dans notre église elle n’est pas une obligation. Mais effectivement, en se plaçant dans ce cadre théologique, on pourrait prier la Trinité. Certains chrétiens le font d’ailleurs. Même s’il me semble que la prière est une relation de personne à personne et qu’il est ainsi plus naturel de prier une des personnes de la Trinité que ce concept extrêmement complexe et un peu paradoxal de tri-unité…
C’est pourquoi il me semble que les chrétiens trinitaires ont plutôt tendance à prier Dieu le Père (comme source de création), à prier le Christ (comme ami, plus proche que Dieu le Père), à prier l’Esprit Saint (celui qui nous donne de la force et du courage), à prier Marie et tous les saints, plutôt que prier la Trinité dans leurs prières personnelles authentiques. Je dirais que l’on croise des prières à la Trinité plutôt dans des liturgies. Parfois explicitement en s’adressant à la Trinité, mais la plupart du temps en priant Dieu, au nom de Jésus-Christ son Fils, par l’action du Saint-Esprit.
Quelle approche de la prière est la plus juste ?
Personnellement, ma prière tant liturgique que personnelle serait effectivement plutôt de l’ordre de cette dernière option : je ne prie que Dieu, en pensant à la foi du Christ, à l’amour qu’il a manifesté, et en demandant à Dieu son Esprit pour me venir en aide. Je ne prie jamais qui ou quoi que ce soit d’autre. Mais chacun sa sensibilité. Dans le domaine de la religion, il me semble bon d’être pragmatique : le rite, l’église, la prière, la doctrine qui me mettent dans une meilleure relation avec Dieu, avec les autres, avec le monde, avec moi-même et ma vie : c’est alors la juste religion pour moi.
Le récit de la virginité de Marie est-il lié à l’Incarnation ?
Absolument, ce récit a tout à voir avec l’incarnation de la Parole, c’est le sujet. Seul l’Évangile selon Luc rapporte un récit de conception miraculeuse de Jésus en Marie et ce texte magnifique me semble être une mise en récit de ce dont parle Jean dans son prologue : l’incarnation de la Parole de Dieu dans l’humain, particulièrement en Christ, mais ce récit est aussi une prédication pour son lecteur, l’invitant à se laisser féconder par la Parole ou par l’Esprit de Dieu et à devenir ainsi christique. Voir cette prédication : « Réconcilier Luc et Jean « Au commencement » »
Bravo pour votre questionnement.
Dieu vous bénit et vous accompagne.
par : pasteur Marc Pernot
