Secret Messianique : Pourquoi Jésus cache sa foi et ses miracles ?

L’énigme du « Secret Messianique » et la vocation de la foi

C’est effectivement une énigme connue sous le nom de « secret messianique ».
C’est d’autant plus étrange que l’Évangile n’est pas une « gnose » ésotérique (un enseignement réservé à une élite). Comme l’explique Jésus : « Ce que je vous dis dans les ténèbres, dites-le en plein jour ; et ce qui vous est dit à l’oreille, prêchez-le sur les toits. » (Matthieu 10:27) Cela signifie qu’effectivement, Jésus s’est concentré sur la formation d’une équipe qui pourrait prendre le relai (il les forme parfois à part de la foule), mais que l’objectif n’est pas de réserver ses paroles et sa façon d’être à une élite : l’objectif est qu’ensuite toute personne vivant au monde puisse en être inspirée.
Donc ce secret n’est absolument pas une invitation à ne pas parler de notre foi aux autres. Bien au contraire.

Guérisons et confusion : le but réel du ministère de Jésus

Je suis du même avis que vous : guérir physiquement n’est pas l’objectif premier de ce ministère très particulier de Christ qu’avait Jésus.
Ce n’était même pas du tout l’objectif de ce ministère et c’est précisément le point délicat. Cela peut troubler la compréhension des personnes, leur faisant penser à un type de Messie que Jésus n’est pas, trompant les foules sur le type de salut que Dieu désire apporter au monde à travers lui. Car beaucoup attendaient un Messie qui réglerait tous les problèmes de l’humanité, y compris les problèmes politiques, mais aussi médicaux, moraux et existentiels, religieux et spirituels. Ce serait très pratique et confortable pour nous : assis dans notre fauteuil, nous regarderions Dieu intervenir par son Messie à gauche et à droite, partout aux quatre coins de la planète pour régler les problèmes. Et nous n’aurions plus qu’à applaudir joyeusement. Or, Jésus est un Messie du genre « serviteur souffrant » annoncé en Ésaïe 53.

Le Messie Serviteur : une stratégie de participation humaine

Pas un Messie triomphant, mais un Messie qui nous accompagne, qui nous prépare, qui nous inspire, qui nous ouvre à l’Esprit-Saint de sorte que ce soit ensuite nous (chacun de nous si possible) qui mettions en œuvre les actes permettant de sauver ce que Dieu espère, en agissant comme nous le pouvons, à notre mesure et à notre idée, sur les problèmes qui sont autour de nous.
Cette stratégie n’est pas nouvelle : quand Dieu crée l’humain à son image, il crée une créature capable elle-même de créer : Dieu choisit de faire avancer le monde en intégrant une stratégie de participation de ses créatures. C’est beau, génial, et passablement risqué, il faut bien le reconnaître.

Compassion contre Fonction : la distinction fondamentale

Mais alors pourquoi est-ce que Jésus guérit quand même des personnes qui se trouvent au bon moment au bon endroit ? Par compassion. Parce que Jésus n’est pas simplement le Messie, annoncé en Ésaïe 53. Jésus est aussi une personne qui nous inspire par son bon cœur et par sa liberté. Une personne que nous sommes appelés à suivre : non, pas en nous prenant pour le Messie (le poste est déjà pris), mais simplement en étant un humain qui aime son prochain, comme Jésus nous y invite.
Mais il ne veut pas qu’il y ait de confusion entre le Jésus le simple humain compatissant, et Jésus dans sa fonction de Christ, de Messie.
Désolé, c’est un petit peu subtil comme distinction, mais je pense que c’était très important à l’époque où une grande partie de la population attendait le Messie et ne comprenait pas forcément ce qu’il fallait attendre ainsi.

Pour plus de précisions, vous pourriez regarder cette question : Pourquoi Jésus demande souvent le secret sur qui il est et sur les miracles ?

par : pasteur Marc Pernot