Illustration : le visage d
Développement

Ma situation précaire m’angoisse et cela bloque ma prière et ma foi. Comment m’en sortir ?

Par : pasteur Marc Pernot

Illustration : le visage d'une jeune femme dont on ne voit que les yeux par dessus son écharpe - Image: '“Natural Beauty”' by alfonso  https://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/2.0/ http://www.flickr.com/photos/150998623@N06/45810491805

Question posée :

Bonsoir pasteur

Je viens vers vous car j’apprécie beaucoup vos propos si justes et si réconfortants.
Je traverse actuellement une période délicate au niveau de la foi. En effet, je suis vigilante, extrêmement vigilante. Je me surveille beaucoup.
Je n’arrive décidément pas à vivre une relation fluide avec notre Seigneur et ce, depuis que je travaille dans une entreprise fragile financièrement. Cela fait maintenant 5 ans que j’ai peur pour mon avenir à la fois professionnel et personnel. J’ai confié tout cela au Seigneur de très très très nombreuses fois et aujourd’hui, je n’y arrive plus car je lui rabâche toujours la même chose.

Je suis sèche dans la prière mais qu’est-ce que j’aime notre Seigneur!! Il suffit de me parler de Lui pour que je ne m’arrête plus. Je le sens au plus profond de mon cœur. Il y a juste cette peur profonde, irrationnelle que je ne maîtrise pas toujours et qui occulte ma relation à Dieu, qui perturbe complètement ma prière.

Le Seigneur sait tout cela. Mais je ne suis pas une marchande de tapis. C’est vrai que s’Il pouvait me « donner » une certaine sérénité sur le plan professionnel je pourrais être libérée de cette atmosphère si délétère. Mais je ne veux pas d’une relation de marchandage avec Dieu qui a toujours été à mes côtés.

Pour être honnête, je ne suis pas une grande pratiquante. J’ai du mal à aller à la messe. J’aime bien ma relation intime avec Dieu. En revanche, je pose des actes.

J’aimerais nouer, renouer une relation plus vraie, moins crispée, moins expéditive le soir, plus sereine avec notre Seigneur. Mais je ne sais plus comment faire.

Merci beaucoup pasteur.

Réponse d’un pasteur :

Bonsoir Madame

Merci pour ces encouragements, et bravo pour votre foi, votre intensité dans la prière.

Il me semble tout à fait normal de se faire du soucis dans ces circonstances. Et quand on se fait du soucis il est normal aussi d’avoir de la peine à en sortir même dans sa foi et sa prière. Ce qui est assez dommage car c’est précisément dans ce cas que l’on aurait besoin de ce soutien.
Vous avez bien raison de chercher à améliorer les deux en parallèle : espérant une situation matérielle stable afin d’avoir l’esprit plus libre et serein, et espérer avoir une foi plus en forme, une prière plus féconde. Cette situation difficile nous permet aussi de faire attention à ceux qui nous sont confiés pour qu’on les aime et les entoure : attention à leur besoin d’une situation stable, et à une foi vivante. Les deux : le corps et l’esprit.

Mais quand la situation matérielle est difficile, comment faire pour pouvoir élever sa prière au dessus de nos légitimes préoccupations ? C’est d’autant plus important que ce serait précisément dans les difficultés que Dieu pourrait nous apporter un réconfort essentiel, et peut-être des pistes que nous n’avions même pas imaginées pour se sortir de nos tracas.

Vous avez raison. La prière est parfois naturelle, mais elle peut aussi se travailler, comme une technique artistique s’affine, ou plutôt comme un muscle ou notre intelligence s’entraîne. Il est possible d’utiliser des moyens pratiques pour nous aider à élever notre prière, pour la libérer de cette prison qu’est la préoccupation légitime pour sa vie en ce monde. Il me semble que vous pourriez peut-être essayer de prendre un schéma, certes un peu pédagogique, mais en vous sentant très libre de l’adapter, d’en sortir, et de l’interrompre en cours de route dès que vous sentez que quelque chose vous a déjà vraiment touchée.

Le soir avant de vous coucher, ou le matin à l’aube, vous pourriez commencer par dire un Notre Père, ou un psaume que vous aimez, puis de prendre un temps de prière toute simple, personnelle, avec des chapitres, par exemple :

  • un moment de louange, en cherchant les belles choses de sa journée pour en remercier Dieu, les beaux moments, beau geste que vous auriez pu faire ou reçu, belle chose dont vous avez été témoin ou dont vous avez appris la nouvelle, sinon, un beau souvenir.
  • lui confier ce qui est moins beau en ce monde, on peut demander pardon pour le mal qu’on a peut-être fait, ou une occasion où nous aurions pu mieux faire et demander à Dieu son aide pour avancer…. Mais pas plus de choses négatives que de choses positives trouvées au point précédent !
  • lui demander son aide et sa nourriture pour qu’il nous fasse devenir meilleur, plus fort dans les domaines de la foi, l’espérance et l’amour, plus créatif
  • se souvenir de ceux qui ont besoin, se souvenir de ceux que l’on aime, et ceux que l’on a rencontrés, de ceux que l’on a du mal à aimer
  • présenter seulement alors nos projets futurs, personnellement j’essaye d’éviter de dire à Dieu ce que je pense qu’il devrait faire (il est assez grand pour savoir ce qu’il peut faire et veut faire).
  • puis regarder l’avenir avec confiance dans l’amour de Dieu, si possible un temps de silence, où l’on ne dit et pense plus rien, même si cela ne dure que 2 secondes… Puis Amen.

Mais ce n’est qu’une proposition, un schéma de départ, c’est très libre, et doit le rester. La prière n’est pas dans la technique, mais en cas de besoin, si cela peut aider : tant mieux. De même pour une certaine démarche pour aller à l’église. Même sortir pour aller dans une église vide, ou dans un joli endroit que l’on aime. Encore mieux quand on sort pour aller à la messe ou au culte le dimanche matin (à son rythme), ces exercices peuvent aider.

De toute façon, l’essentiel est de prier, donc ne vous inquiétez pas si votre prière est toujours la même, si elle est réduite à un mot, un soupir, une pensée que vous auriez aimé arriver à prier (c’est déjà une prière). Ce n’est pas la performance qui compte, mais le regard. Une espérance d’un instant. Donc bravo de vouloir une prière plus intense, mais en même temps, c’est déjà très bien comme ça. Franchement.

Tous mes vœux pour une situation en bonne évolution, à tout point de vue.

par : Marc Pernot, pasteur à Genève

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