
Jésus dit qu’il n’est envoyé qu’aux brebis perdues d’Israël, nous ne sommes pas dedans ?
Question posée :
Bonjour
Je ne comprends pas ce passage des évangiles :
Dans Matthieu 15 v 24 Jésus a dit à la femme cananéenne qu’il n’a été envoyé qu’aux brebis perdues d’Israël, allons-nous comprendre par là que nous qui ne sommes pas israélien n’avons pas part dans l’œuvre qu’il a accompli ?
Bien cordialement
Réponse d’un pasteur :
Bonjour Monsieur
- À la fois pour nous-même discerner notre propre vocation personnelle, vocation limitée à quelques uns de nos prochains, hélas, parmi les 7 ou 8 milliards de prochains que nous avons…
- Nous concentrer sur notre vocation, même si c’est un regret, parfois un remord de n’avoir pu faire plus, de ne pas avoir pu servir, aider, prier pour toute personne,
- Et savoir aussi faire des exceptions, sortir de nos règles, nous laisser surprendre par une compassion, par une urgence qui nous prend.
par : Marc Pernot, pasteur à Genève
Matthieu 15:21-28
Jésus se retira dans le territoire de Tyr et de Sidon.
22 Et voici, une femme cananéenne, qui venait de ces contrées, lui cria: Aie pitié de moi, Seigneur, Fils de David! Ma fille est cruellement tourmentée par le démon.
23 Il ne lui répondit pas un mot, et ses disciples s’approchèrent, et lui dirent avec insistance: Renvoie-la, car elle crie derrière nous.
24 Il répondit: Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël.
25 Mais elle vint se prosterner devant lui, disant: Seigneur, secours-moi !
26 Il répondit: Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants, et de le jeter aux petits chiens.
27 Oui, Seigneur, dit-elle, mais les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres.
28 Alors Jésus lui dit: Femme, ta foi est grande; qu’il te soit fait comme tu veux. Et, à l’heure même, sa fille fut guérie.
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Merci beaucoup pour vos précisions qui nuancent à juste titre mon propos sur la conception du messie qu’aviaient les juifs de l’époque Et effectivement vous avez raison de souligner l’extraordinaire richesse des débats théologiques juifs, i.e. du Talmud , où il apparaît nettement que le Second Testament est une interprétation du Premier, donc la notre, mais nullement la seule.
Ce qui m’interpelle personnellement dans le judaïsme est la sempiternelle question, sans réponse » Qui es-Tu Toi l’Unique ? » où il apparaît nettement que notre vocation de créature est de Le chercher, mais nullement de Le trouver, ce qui est ontologiquement impossible effectivement :
« Cherchez YHWH et vous vivrez » Amos 5, 6.
Avec cette interprétation des Écritures, le juif Jésus de Nazareth, ressuscité par Dieu le troisième jour devient le messie qui est un modèle optimum du projet de notre Créateur pour toute l’humanité.
À Marc Pernot,
Merci pour votre interprétation qui mérite réflexion, mais le Nazaréen n’avait-il pas un préjugé historiquement enraciné dans sa culture juive d’hostilité pour les cananéens, parce-que finalement trop proches d’eux, car les juifs sont eux-mêmes historiquement une ethnie cananéenne. Donc ces derniers voulaient absolument prendre leurs distances, comme l’exigeait la Torah ?
N’oublions pas que le fondateur du judaïsme est le prêtre Esdras dont le dernier discours raciste contre les cananéens et les mesures radicales d’expulsion d’Israël dont ils sont victimes est un programme politique d’extrême-droite actuel.
Mais vu sa volonté de séparer. Dieu et César, en d’autres termes une séparation nette entre le pouvoir politique et le pouvoir religieux,, il ne se concevait pas comme chef de guerre libérant Israël de l’occupation romaine : il n’était donc pas à priori hostile à l’égard des Romains.
Ainsi la conception de sa mission est aux antipodes des juifs qui attendaient un messie militairement victorieux.
En outre, il me semble surtout que votre interprétation occulte la grossière insulte.: l’expliquer comme test de la foi de la cananéenne n’est-elle pas une explication tirée par les cheveux ?
Non, à contrario de nombreux juifs de son époque, comme je viens de le souligner, Jésus n’était donc pas xénophobe, car il concevait d’abord qu’une réforme radicale du judaïsme de son temps pour faire de son pays un un modèle parmi les nations, modèle de justice et d’équité à l’égard des pauvres et des étrangers immigrés, était indispensable pour accomplir sa vocation d’universalisme, et il se situait ainsi dans la tradition des prophètes scripturaires. Mais cet ancien disciple de Jean le Baptiseur était également dans la tradition des prophètes apocalyptiques,, et il était persuadé (à tort) que la fin des Temps était imminente, d’où l’urgence, à ses yeux, de la conversion des juifs avant le jugement dernier.
À Marc Pernot,
Merci pour votre interprétation qui mérite réflexion, mais le Nazaréen n’avait-il pas un préjugé historiquement enraciné dans sa culture juive d’hostilité pour les cananéens, parce-que finalement trop proches d’eux, car les juifs sont eux-mêmes historiquement une ethnie cananéenne. Donc ces derniers voulaient absolument prendre leurs distances, comme l’exigeait la Torah ?
N’oublions pas que le fondateur du judaïsme est le prêtre Esdras dont le dernier discours raciste contre les cananéens et les mesures radicales d’expulsion d’Israël dont ils sont victimes est un programme politique d’extrême-droite actuel.
Mais vu sa volonté de séparer. Dieu et César, en d’autres termes une séparation nette entre le pouvoir politique et le pouvoir religieux,, il ne se concevait pas comme chef de guerre libérant Israël de l’occupation romaine : il n’était donc pas à priori hostile à l’égard des Romains.
Ainsi la conception de sa mission est aux antipodes des juifs qui attendaient un messie militairement victorieux.
En outre, il me semble surtout que votre interprétation occulte la grossière insulte.: l’expliquer comme test de la foi de la cananéenne n’est-elle pas une explication tirée par les cheveux ?
Non, à contrario de nombreux juifs de son époque, comme je viens de le souligner, Jésus n’était donc pas xénophobe, car il concevait d’abord qu’une réforme radicale du judaïsme de son temps pour faire de son pays un un modèle parmi les nations, modèle de justice et d’équité à l’égard des pauvres et des étrangers immigrés, était indispensable pour accomplir sa vocation d’universalisme, et il se situait ainsi dans la tradition des prophètes scripturaires. Mais cet ancien disciple de Jean le Baptiseur était également dans la tradition des prophètes apocalyptiques,, et il était persuadé (à tort) que la fin des Temps était imminente, d’où l’urgence, à ses yeux, de la conversion des juifs avant le jugement dernier.
Tous les juifs n’attendaient pas un messie militaire glorieux. Certains oui, en particulier les « zélotes », sensibilité qui était présente parmi les disciples de Jésus. Mais d’autres juifs attendaient plus un nouveau Moïse : un messie par l’enseignement plus que par la guerre. D’autres attendaient un Messeie qui serait un nouveau grand prêtre, comme Melchisédek, et il y avait aussi un messie de l’ordre du « serviteur souffrant » d’Esaïe, certains attendaient que collectivement le peuple d’Israël soit le messie… Le judaïsme suscite en son sein le débat et le pluralisme ce qui est tout à fait génial et inspirant.
En tout cas, le projet donné par la bénédiction à Abraham comprend le fait que « toutes les familles de la terre seront bénies ». La xénophobie n’était donc pas nécessairement inscrite au programme de tout le monde à l’époque. D’ailleurs, la Gallilée dont Jésus est originaire était une sorte de « melting pot ».