Par : pasteur Marc Pernot

Question d’un visiteur :
Bonjour
Je ne comprends pas ce passage des évangiles :
Dans Matthieu 15 v 24 Jésus a dit à la femme cananéenne qu’il n’a été envoyé qu’aux brebis perdues d’Israël, allons-nous comprendre par là que nous qui ne sommes pas israélien n’avons pas part dans l’œuvre qu’il a accompli ?
Bien cordialement
Réponse d’un pasteur :
Bonjour Monsieur
Bravo de lire la Bible et de vous poser des questions et de vous sentir concerné par ce qui est raconté.
Quand on dit que Jésus est « le Christ », cela veut dire qu’il est le Messie qu’attendaient ses contemporains juifs. Or, par définition, le Messie accomplit les promesses anciennes, en particulier la promesse faite à Abraham (ou Abram) : « toutes les familles de la terre seront bénies en toi. » (Genèse 12:3), d’ailleurs l’apôtre Paul cite cette promesse en Galates 3:8.
Il ne fait donc aucun doute que nous avons part à la bénédiction de Dieu en Christ. Quelle que soit notre origine, notre peuple, notre nation, notre foi, notre parcours de vie.
Pourquoi est-ce que Jésus dit « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël » (Matthieu 15:24) ? Ce ne peut absolument pas être de la xénophobie, ni du nationalisme, bien sûr. Le projet est bien que toute personne de tout peuple, de toute génération soit au bénéfice de son action.
La question est qu’il avait un temps limité, des forces limitées. Même Jésus ne pouvait être partout en même temps et visiter longuement chaque personne de l’humanité présente au monde. Il n’a pas pu aller visiter ni les esquimauds, ni les papous, ni les gaulois… même en ce qui concerne les personnes d’Israël, ce n’est pas en trois petites années qu’il a pu demeurer le temps nécessaire dans chaque maison.
Comment faire ?
La stratégie de jésus a été de former le mieux possible un petit nombre de personnes afin qu’elles puissent ensuite diffuser ses paroles et sa façon d’être dans le monde, et que cela se transmette ainsi de proche en proche dans toutes les maisons qui le désireraient, de génération en génération. Et c’est ce qui est à l’œuvre encore aujourd’hui. Si Jésus s’était trop dispersé, comme l’y poussait son bon cœur, il n’aurait pas eu assez de temps pour passer le relais assez bien à ces quelques hommes et femmes de son entourage. C’était d’autant plus difficile que son message était novateur, sortant du cadre étroit des codes religieux et de la bienséance.
Par exemple pour ce qui est de la place des femmes, en faisant de Marie-Madeleine l’apôtre des apôtres (Jean 20:17), en envoyant aussi la femme Samaritaine annoncer l’Évangile à ses compatriotes (Jean 4:42). Jésus fait de femmes comme d’hommes des relais de sa bénédiction. Cette place des femmes a mis près de cent générations (depuis jésus jusqu’à l’époque contemporaine) pour que cette égale dignité de l’homme comme de la femme pour vivre et annoncer l’Évangile en son nom.
Et, malgré la nécessité pratique de se concentrer sur ce programme d’action, nous voyons dans ce très court récit de l’Évangile
(Voir le texte biblique ci-dessous) que Jésus finalement déroge à son programme pourtant nécessaire et juste, et qu’il va finalement élargir, à l’occasion, son action. Je pense que c’est un enseignement important :
- À la fois pour nous-même discerner notre propre vocation personnelle, vocation limitée à quelques uns de nos prochains, hélas, parmi les 7 ou 8 milliards de prochains que nous avons…
- Nous concentrer sur notre vocation, même si c’est un regret, parfois un remord de n’avoir pu faire plus, de ne pas avoir pu servir, aider, prier pour toute personne,
- Et savoir aussi faire des exceptions, sortir de nos règles, nous laisser surprendre par une compassion, par une urgence qui nous prend.
Ce texte mérite largement que l’on y consacre une demi-douzaine de prédications et autant d’études bibliques. Donc désolé pour cette réponse un petit peu courte…
Dieu vous bénit, et fait de vous une bénédiction pour bien plus de personnes que vous ne pensez.
par : Marc Pernot, pasteur à Genève
Matthieu 15:21-28
Jésus se retira dans le territoire de Tyr et de Sidon.
22 Et voici, une femme cananéenne, qui venait de ces contrées, lui cria: Aie pitié de moi, Seigneur, Fils de David! Ma fille est cruellement tourmentée par le démon.
23 Il ne lui répondit pas un mot, et ses disciples s’approchèrent, et lui dirent avec insistance: Renvoie-la, car elle crie derrière nous.
24 Il répondit: Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël.
25 Mais elle vint se prosterner devant lui, disant: Seigneur, secours-moi !
26 Il répondit: Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants, et de le jeter aux petits chiens.
27 Oui, Seigneur, dit-elle, mais les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres.
28 Alors Jésus lui dit: Femme, ta foi est grande; qu’il te soit fait comme tu veux. Et, à l’heure même, sa fille fut guérie.
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