gravure représentant le Christ souffrant, regard levé vers le ciel.
Bible

Jésus a-t-il perdu la foi quand il dit « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »

Question posée :

Bonjour;

Hier, j’ai passé la journée en méditant sur ces mots de Jésus sur la croix: «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as Tu abandonné?». En disant celà, Jesus avait-il eu l’impression d’être abandonné par Dieu ? L’impression d’être abandonné par Dieu, n’est ce pas un manque de foi ? car Dieu ne nous abandonne pas. Jésus avait-il perdu la foi?

Que Dieu vous bénisse!

Réponse d’un pasteur :

Bonjour

Bravo de penser ainsi à Dieu, au Christ.

Effectivement, cette Parole du Christ est impressionnante. C’est explicitement un moment de doute de Jésus sur l’amour et sur la fidélité de Dieu. C’est un moment où il ne sent plus la présence de Dieu comme le soutenant, l’accompagnant.

Mais ce n’est pas un manque de foi, bien au contraire. En effet, la foi est de tenir fidèlement la relation. C’est ce que Jésus fait ici, même au cœur du doute. Et il n’y a pas plus belle profondeur de foi, en réalité.

C’est comme avec un ami, ou dans le couple : la base est de se dire les choses, même quand c’est de l’incompréhension et des reproches. Alors que de bouder, de tourner le dos quand vient une incompréhension (ce qui est normal), c’est que l’amitié et le respect sont en panne. En plus, Jésus exprime sa déception sous forme d’une question, cela n’est pas péremptoire, son impression laisse la place pour que l’autre s’explique. C’est parfait dans le cadre de la foi, ce serait parfait aussi dans le cadre d’une relation amicale. Il note qu’ile st seul sur la croix, souffrant et sans secours. Il suppose que Dieu peut avoir de bonnes raisons (un pourquoi Dieu l’aurait abandonné) et que ce qu’il traverse quoi que terrible aura néanmoins une utilité, un sens (un « pour quoi », un « en vue de quoi » Dieu le laisse vivre cela). Et c’est une vision intéressante : tant qu’à faire de vivre quelque chose de terrible et de mauvais, autant en faire l’occasion d’un plus grand bien, d’une certaine façon.

Cela dit : « Pourquoi Dieu l’a abandonné ? », parce qu’il n’a pas de légions d’anges avec des mains et des tenailles pour arracher les clous, des anges armés d’épées pour chasser les soldats romains armés, Dieu n’a pas de télécommande pour forcer les consciences des autorités et de décider des délivrer et de soutenir ce juste parmi les justes. Dieu n’est pas comme cela, dans un sens c’est désolant car bien des guerres, des massacres, des viols et des maltraitances seraient évités chaque jour et dans l’histoire de l’humanité. Mais c’est ainsi. Dieu n’est pas le père noël, ce n’est pas Zeus avec sa foudre. Il est une puissance d’un autre ordre, puissance d’évolution, de suggestion, de croissance, d’élévation et d’amour. Et c’est bien comme cela. En tout cas c’est comme cela.

Quant au « pour quoi » (en deux mots), c’est vrai qu’il sortira de l’extraordinaire de cet échec manifeste du plan « Christ » de convaincre l’humanité de se tourner vers la foi, l’espérance et l’amour (comme le dit Paul), de se constituer en un corps où la diversité des membres est une richesse par la compassion, le Christ est tout simplement exécuté et jeté comme un vaincu. Pour les disciples déçus dans leur espérance en Jésus comme Christ (et leur déception d’eux-même l’ayant abandonné), après un premier temps de stupeur, ces disciples voient en cette façon que Jésus a eu de faire face un geste d’amour allant jusqu’au bout, amour même pour les humains injustes et impies.

Ensuite, cette phrase de Jésus, cette prière «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as tu abandonné?» est le début du Psaume 22, célèbre psaume de David. Or, ce psaume part effectivement de la plainte et du sentiment de l’absence de Dieu, progressivement passe du « tu m’as abandonné » à un « ne t’éloignes pas » qui montre que déjà la présence de Dieu s’est fait sentir, arrive à un « tu m’as exaucé » qui pour Jésus n’est certainement pas une délivrance de sa situation pénible physiquement et moralement, et le psaume se poursuit dans la louange et dans l’espérance. Alors, quand Jésus prie le début de ce Psaume qu’il connaissait par cœur, le prie-t-il en entier, cheminant comme dans ce psaume vers une communion retrouvée avec Dieu ? Ce n’est pas dit et il ne me semble pas intéressant de l’inventer à la place de ce qui est effectivement dit. Cela reste sur cette possibilité ouverte, cette incertitude. Bien souvent, dans le texte des évangiles, quand il y a ainsi un récit dont il manque une conclusion, c’est que c’est nous-même, le lecteur, de prendre la place du personnage de l’histoire et d’écrire la finale avec notre propre façon d’être et de vivre : que fera le « jeune homme riche » (Mt 19:22), reviendra-t-il vers Jésus ? Que fera le « fils aîné » de la parabole des fils perdus (Lu 15:32), entrera-t-il dans la maison avec son père et son frère ? Jusqu’où irons-nous en priant Dieu au cœur de notre détresse dans le Psaume 22 ?

Est-ce qu’effectivement, nous vivrons positivement, dans la foi, ce temps où une certaine idée de Dieu nous abandonne, pour trouver un contact plus profond et plus vrai avec Dieu. Enfin ?

Dieu vous bénit et vous accompagne.

par : Marc Pernot, pasteur à Genève

Si vous voulez, vous pouvez voir aussi, dans le petit dictionnaire de théologie :

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8 Commentaires

  1. Jean Meyer dit :

    Un mot a un sens .
    Abandon veut dire ce qu ‘ il dit .
    A moins que les mots n’ aient jamais eu de sens.
    Dans ce cas , on peut leur faire dire ce que l’ on veut .
    Bien à vous,
    JFM

  2. yael deborah dit :

    shalom,
    je viens à l’instant de lire ce questionnement au sujet de Jésus et la réponse faite par un pasteur.

    Il est très important toujours d’étudier un sujet en tenant compte du contexte et des versets parfois éparpillés dans la Parole qui se rattachent à ce même sujet.

    Dans le cas qui nous intéresse,

    Marc 15.34 : « Et à trois heures de l’après-midi, Jésus s’écria d’une voix forte : « Eloï, Eloï, lama sabachthani ? » – ce qui signifie : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?
    35Quelques-uns de ceux qui étaient là, après l’avoir entendu, disaient : « Voici qu’il appelle Elie. »
    36Et l’un d’eux courut remplir une éponge de vinaigre ; il la fixa à un roseau et lui donna à boire en disant : « Laissez donc, voyons si Elie viendra le descendre de là. »
    37Cependant, Jésus poussa un grand cri et expira. »

    Et aussi Luc 23.44 : C’était déjà presque midi, et il y eut des ténèbres sur tout le pays jusqu’à trois heures de l’après-midi.
    45Le soleil s’obscurcit et le voile du temple se déchira par le milieu.
    46Jésus s’écria d’une voix forte : « Père, je remets mon esprit entre tes mains. » Après avoir dit ces paroles, il expira. »

    Dans le passage de Marc (qui se rapproche bcp de celui de Matthieu), nous lisons :

    • Que Jésus poussa un grand cri juste avant d’expirer.
    • Et qu’il remet son esprit entre les mains du Père.

    D’emblée on sait que le Père ne l’a pas abandonné puisqu’il lui remet son esprit.
    On sait aussi que Jésus n’étouffe pas une plainte, ni un gémissement de douleur, non !! ici ce n’est pas le murmure faible d’un mourant, c’est le cri de victoire sur la mort.

    Quand Jésus dit : « mon Dieu, mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné » il ne fait que mentionner le psaume 22.

    Psaume 22 : Au chef de chœur, sur la mélodie de « Biche de l’aurore ». Psaume de David.
    2Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? Pourquoi t’éloignes-tu sans me secourir, sans écouter mes plaintes ?
    3Mon Dieu, je crie le jour, et tu ne réponds pas, la nuit, et je ne trouve pas de repos.
    4Pourtant tu es le Saint, tu sièges au milieu des louanges d’Israël.
    5C’est en toi que nos ancêtres se confiaient : ils se confiaient en toi, et tu les délivrais ;
    6ils criaient à toi, et ils étaient sauvés ; ils se confiaient en toi, et ils n’étaient pas déçus.
    7Mais moi, je suis un ver et non un homme, la honte de l’humanité, celui que le peuple méprise.
    8Tous ceux qui me voient se moquent de moi, ils ricanent, ils hochent la tête :
    9* « Recommande ton sort à l’Eternel ! L’Eternel le sauvera, il le délivrera, puisqu’il l’aime ! »
    10Oui, tu m’as fait sortir du ventre de ma mère, tu m’as mis en sécurité contre sa poitrine ;
    11dès ma conception j’ai été sous ta garde, dès le ventre de ma mère tu as été mon Dieu.
    12Ne t’éloigne pas de moi quand la détresse est proche, quand personne ne vient à mon secours !
    13De nombreux taureaux sont autour de moi, des taureaux du Basan m’encerclent.
    14Ils ouvrent leur gueule contre moi, pareils au lion qui déchire et rugit.
    15Mes forces s’en vont comme l’eau qui s’écoule, et tous mes os se disloquent ; mon cœur est comme de la cire, il se liquéfie au fond de moi.
    16Ma force se dessèche comme l’argile, et ma langue s’attache à mon palais ; tu me réduis à la poussière de la mort.
    17Oui, des chiens m’environnent, une bande de scélérats rôdent autour de moi ; ils ont percé mes mains et mes pieds.
    18Je pourrais compter tous mes os ; eux, ils observent, ils me regardent,
    19*ils se partagent mes vêtements, ils tirent au sort mon habit… »

    Ce psaume 22 qui est parmi les psaumes prophétiques, annonçait ce que notre bien aimé Sauveur devrait accomplir pour notre Salut.

    il est entre autre écrit que ses mains et ses pieds seront percés, que ses vêtements seront partagés et sa tunique tirée au sort.

    C pourquoi dans Jean 19 il est écrit que Jésus déclare que tout est accompli.
    Jean 19
    30Quand Jésus eut pris le vinaigre, il dit : « Tout est accompli. » Puis il baissa la tête et rendit l’esprit.

    Pour résumer. Jésus a donné sa vie, personne ne pouvait la lui prendre, c volontairement qu’il s’est donné lui-même en rançon pour sauver l’humanité. Jésus avait plusieurs fois annoncé sa mort et ses souffrances aux disciples. Il ne pouvait en aucun cas être ni surpris ni désorienté ni déçu. Il savait ce qui l’attendait.
    Et sur la croix c un cri de victoire qui retentit et non pas un cri de désespoir. Sur la croix enfin tout est accompli et les premiers versets du psaume 22 en témoignent c pourquoi Jésus les proclame.

    shalom.

  3. Lazare Issa dit :

    Je salut pasteur en lui disant bravo je suis très satisfait de sa réponse que Dieu vous benisse

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