un homme debout sur une hauteur, regarde le paysage - Image parFree-Photos de Pixabay
Développement

Je suis sorti des témoins de Jéhovah il y a 2 ans, je cherche à renouer avec Dieu, je m’y perds un peu.

Par : pasteur Marc Pernot

un homme debout sur une hauteur, regarde le paysage - Image parFree-Photos de Pixabay

Question posée :

Bonjour Marc. Je suis un jeune homme de 23 ans qui est sorti des témoins de Jéhovah il y’a 2 ans. J’ai d’ailleurs grandi avec des parents témoins qui le sont encore à ce jour. Aujourd’hui je ressens un vide au fond de moi tellement grand qu’il n’existe pas de mots pour le décrire. D’après les témoins toutes les autres religion autres que la leur sont sous le joug de Satan. Même après en être sorti j’ai toujours cette pensée qui me traverse parfois l’esprit. Malgré cela, après avoir boudé Dieu j’ai eu une discussion avec un ami qui m’a incité à chercher Dieu. Moi qui pensais l’avoir trouvé et renié. Aujourd’hui je cherche la façon d’adorer Dieu comme il le veut mais pas facile de s’y retrouver avec tout ces choix au menu. Une autre chose me tracasse j’ai peur de ne pas vouloir servir Dieu de la bonne façon comme si je faisais le pari de Pascal. Je suis perdu.

Réponse d’un pasteur :

Bonsoir Monsieur
Bravo à cet ami qui, à mon avis, a été sage de vous indiquer ce chemin de résilience (comme on dit maintenant).

Cette difficulté que vous rencontrez est tout à fait normale. J’ai rencontré déjà bien des personnes sortant de ces mouvements religieux (ou philosophiques) étroits rencontrant les mêmes difficultés dans un premier temps avant de s’en sortir. En effet, le système même de l’emprise mentale consiste à associer le meilleur avec leur club, et à présenter tout le reste comme diabolique, et sources de terribles souffrances éternelles. Cela broye la personnalité de l’individu qui tremble même à l’idée de se poser la moindre question quand aux doctrines enseignées. Cela cherche à couper l’individu des personnes extérieures (même si c’est les parents, le conjoint, les amis qui ne feraient pas partie du club, et même les enfants qui ne peuvent fêter les anniversaires avec leurs copains…). Les seuls contacts autorisés avec les personnes extérieures est pour chercher à les convaincre d’entrer dans le club (c’est même souvent obligatoire d’aller démarcher).

Le corps, le cœur, le cerveau sont imprégnés de cette peur et de cette menace. Et il faut un certain temps pour s’en libérer. C’est tout à fait normal.

Pour s’en sortir, il est bon de retrouver contact avec cette source ultime qu’est Dieu, de renouer ce contact directement, en dehors de ce club, et se rendre compte que Dieu est bien là, avec nous et en nous. Et présent aussi dans des personnes d’autres courants. Découvrir cette liberté, et sentir que Dieu est plus dans cette liberté que dans l’étroitesse du dogme. Bien sûr, il y a un temps de vertige comme Pierre qui ose sortir de la barque, et commence à marcher sur l’eau ! Au sens figuré, bien sûr. Et sentir que si l’on a l’impression de couler un peu il est possible de dire à Dieu « seigneur sauve-moi », et qu’il nous prend par la main.

Après ce temps de vertige qu’il y a à être un chrétien libre, ou un libre chrétien, la confiance n’est plus dans une certitude humaine en des doctrines, un groupe, des rites, mais en Dieu et dans son amour, dans la conscience de sa propre dignité de personne humaine, qui plus est aimée par Dieu. Et vivre, avancer pas à pas, approfondir, découvrir, oser être un petit peu prophète. Découvrir que la vérité est dans cette confiance en Dieu, dans ce geste. Et que l’on a le droit de penser ce que l’on pense. Oui, notre pensée et notre vie sont perfectibles, mais précisément, Dieu est là pour nous aider comme un mère qui prend son enfant par la main pour l’aider à marcher et le conduire vers une autonomie croissante. Il vous semble qu’il y a trop de choix ? C’est normal après ce que vous avez vécu.

Comment choisir ? En réfléchissant, en priant, en choisissant ce que votre conscience vous inspirera alors dans son premier mouvement. Puis en restant disponible pour ajuster, adapter, changer s’il le faut. Et peu à peu, ainsi devenir vous-même, personnellement. En fait, Dieu ne cherche pas à ce que vous adoriez Dieu comme lui le veut, mais que vous l’aimiez comme VOUS voulez. Le cœur, c’est la sincérité. C’est vous qu’il cherche et qu’il amie, pas un petit robot bien dressé.

Bonne route à vous, avec et par la bénédiction de Dieu

par : Marc Pernot, pasteur à Genève

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6 Commentaires

  1. Claire-Lise Rosset dit :

    Bonjour Monsieur,

    Votre témoignage me touche beaucoup. Je vous félicite d’avoir pu et osé quitter une secte religieuse qui induit tant de pertes : perte de liens familiaux, pertes de liens sociaux, perte de repères spirituels et théologiques, perte de l’image cruelle et perverse de Dieu véhiculée par les messages implicites et explicites de la secte.
    Tout est à reconstruire dans un état de vulnérabilité psychologique intense.

    Je désire juste vous donner quelques pistes de réflexion qui m’ont aidée dans mon parcours de vie mouvementé au niveau ecclésial.
    Parce que, quitter physiquement une secte, est une chose. La quitter mentalement et spirituellement en est une autre, surtout quand, comme Obélix, nous y sommes tombés dans la marmite dès notre tendre enfance, sans possibilité de choix.

    Les faits sont là. La secte a structuré votre pensée, votre vision de Dieu dès votre plus jeune âge.
    La question est : comment tricoter les mailles de votre propre résilience ? Je parle bien de mailles, parce que, petit bout par petit bout, à votre rythme, patiemment, sans rien forcer, Dieu va vous aider, à l’aide de rencontres,de lectures,de prédications, d’émissions radio ou TV , d’ internet, voire psychothérapie qui cible le psychotraumatisme comme l’EMDR , à vous libérer de l’emprise psychologique et spirituelle véhiculée par la secte.

    Livre concernant les abus spirituels : Les abus spirituels, identifier, accompagner, Jacques Poujol, Pascal Zivi, Ed Empreinte Temps présent, 2006.

    Livre concernant les mécanismes d’emprise psychologique : Violences psychologiques, Comprendre pour agir, Sous la dir. de Roland Coutanceau et Joanna Smith, Dunod, 2014 (entre autres : chap. 4 : Derrière la violence psychologique : la responsabilité du groupe et chap. 19 : Harcèlement moral sur mineur : le poids des mots, le choc du silence)

    Il n’y a pas de honte à se faire aider par des professionnels spécialisés dans l’aide aux victimes de sectes. En effet, le vécu dans le secte, comme la sortie de secte, peut s’apparenter à un état de stress post-traumatique qui a besoin de soins spécifiques que seuls des psychothérapeutes formés dans le domaine du trauma et des phénomènes d’emprise pourront vous apporter.

    Bien à vous et bravo pour votre courage, car il en a fallu pour en arriver là où vous en êtes.
    Claire-Lise Rosset

  2. combien le chemin est long est difficile… je l’ai emprunté il y a une trentaine d’années après avoir compris que là n’était pas l’Esprit, Celui qui ouvre, élargit, agrandi les cœurs dans l’amour dont parle l’épître aux Corinthiens. Après avoir perdu tous mes biens familiaux, un poste de fonctionnaire, j’ai choisi de perdre aussi mon mari qui lui est resté là…
    Peut-être ce jeune homme pourrait-il lire, pour réaliser d’où il vient, le livre de Raymond Franz « A la recherche de la liberté chrétienne » ? Je suis une des traductrices de son premier livre mais il y parle de lui, dans le second il parle de « l’institution ». Ma prière pour ce jeune homme : que son attente soit lumineuse dans l’espérance du Christ et non destructrice dans une noire vision d’un avenir plus ou moins lointain d’une extermination générale. L’amour espère tout ! et encore un million de merci, Marc, pour vos exhortations riches et « trempolines », vous savez, de ces mots qui sont comme des marche-pied pour démarrer et aller plus loin ou plus haut, pourquoi pas ?

    1. Marc Pernot dit :

      Grand grand merci, Joëlle !
      & amitiés
      Dieu te bénit et t’accompagne

  3. robert dit :

    Depuis de très nombreuses années, j’ai étudié divers mouvements se rattachant à un « Christianisme minoritaire ». Je me suis rendu compte lors de la lecture de témoignages que la souffrance majeure des ex-membres des Témoins de Jéhovah résident dans le fait que les fidèles manquent totalement de liberté dans la gestion de leur vie et de leur foi. Une « théologie » qui dogmatise en répandant la peur n’est pas selon la nature de Dieu. Asséner la crainte d’Harmaguédon reste un moyen de main mise de la direction tyrannique exercée par la Watchtower. Je trouve terrible de voir des gens perdus et désorientés se retrouvant sans relations, sans appui, abandonnés par leurs anciens frères et soeurs et leurs familles parfois. La dictature religieuse est peut-être la pire parce qu’elle prétend agir et enseigner au nom de Dieu, qui lui est amour! La « catastrophe » subie par les ex-Témoins de Jah trouve pour être assez exact son origine en 1917 lorsque le juge Rutherford a pris le contrôle de la Watchtower. C’est là que la dictature a pris son départ et petit à petit s’est installée pour continuer son « oeuvre » de nos jours. On peut très bien comprendre et approuver les Etudiants de la Bible actuels écrire: « NOUS NE SOMMES PAS TEMOINS DE JEHOVAH » Ce n’est pas la question trinitaire ou la théologie christologique qui est en cause, car ces points de vue relèvent de la liberté de chacun, Le mal réside dans le fait de tout imposer, tout, aussi bien doctrines théologiques que les interdictions relatives au boudin, à la Noël à Paques! Célébrer ou non un d’office religieux pour ces occasions festives n’est pas un problème bien grave car chaque dénomination a ses propres habitudes. Là où les choses deviennent graves c’est lorsque l’on veut interdire aux fidèles de conduire leur vie privée sans pouvoir jouir des petits plaisirs dits païens: un sapin de Noël, des oeufs de Paques…. Certes, il reste exact qu’un croyant de confession protestante ne doit pas observer les fêtes comme Toussaint et les théories en rapport avec les défunts. Là on nagerait en pleine opposition avec la Bible. Mon souhait est que les personnes en souffrance suite à leur démission ou excommunication des rangs des Témoins de Jah puissent trouver aide et compréhension et surtout une vie libre de tout esclave religieux.

  4. Roe dit :

    La véritable question quand on cherche Dieu
    C’est la bible qui donne la réponse, c’est très clair il y a ce qu’il aime ce qu’il déteste.
    Quand on regarde le catholicisme ils suivent qui ? Un pape ou la bible ( inquisition , guerre , pédophilie)
    L’islam ? Écrit au 7 siècle et reprend la thora les psaumes et les évangiles
    Le boudisme ? Comment peut on s agenouiller devant une statue qui ne parle ni ne pense et qui est façonnée par les mains d’un homme ??
    Les évangélistes peut être ? ( George bush , Trump Reagan…l’histoire parle d elle même)
    L indouisme est pas moins rempli de 352 divinités la faut trouver la bonne
    Lisez la bible et regardez la cohérence commencée en 1513 av notre ère terminée en 96
    Pourquoi elle est cohérente ??

    1. Marc Pernot dit :

      Je ne pense pas que nous ayons besoin d’une Bible qui pare d’une seule voix et qui serait ainsi « cohérente ». Au contraire, ce serait extrêmement dangereux car cela ne laisserait aucune place à la richesse de la diversité.
      Pour mieux connaître une personne, ou plutôt, un faix : nous aurons besoin de témoignages prendre de multiples témoignages, sinon : nos idées seront pauvres, donnant uniquement un aspect de la personne ou de l’événement.
      C’est donc une richesse d’avoir une bible qui parle de bien des voix différentes, avec des genres littéraires différents, à des époques différentes. C’est tout à fait volontaire : pour rendre compte du Christ : nous avons gardé non pas un unique témoignage, mais pas moins de quatre. Ils se complètent et cette pluralité devrait théoriquement être un vaccin contre l’intégrisme, nul ne pouvant se déclarer propriétaire de l’unique vérité.

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