Je n’arrive pas à ressentir que Dieu soit « ma force, ma joie, mon espérance » comme dans les chants.

Ne pas se laisser culpabiliser par les jolies images des magazines, ni par les vies parfaites sur Instagram, ni par les zoulis cantiques et poèmes spirituels… bien sûr.
Question d’un visiteur :
Bonjour,
En faisant une recherche sur internet, je suis tombée sur votre blog. Et j’ai eu envie de rentrer en contact avec vous. C’est bien sûr dans l’espoir que vous aurez envie de me tendre la main et de m’aider un peu mais je vous rassure, je comprendrais très bien si je ne recevais aucune réponse de votre part. Peut-être faut-il vous dire que je suis d’origine chrétienne catholique? Je ne sais pas.. Cela n’a aucune signification pour moi. Les religions m’indiffèrent mais je suis consciente de leur impact à long terme sur nos structures de pensées.
Je crois en Dieu. Je lui parle. Mon enfance a été très « bercée » par Dieu donc forcément, je suis un peu programmée. Pourtant aujourd’hui je ne lui fais plus que très moyennement confiance, voire pas du tout, et je ne pense pas que je l’aime vraiment. Je ne pense pas que Dieu soit « ma force, ma joie, mon bonheur et mon espérance.. » comme on entend partout dans toutes les chansons à la mode.. J’aimerais que cela change mais cela me parait très compromis. Je ne ressens pas de grands élans d’amour envers Dieu. Parfois j’ai envie de rendre grâce, c’est assez spontané chez moi, parce que je vois bien que le monde est beau… Mais ça s’arrête vite là. Je l’appelle malgré tout, je pense.. la vérité c’est que, s’il me répondait, je partirai probablement en courant en sens inverse.
Je n’ai pas honte de tout ce que je vous dis, je ne cache pas mon cœur à Dieu, c’est la raison pour laquelle je suis si franche avec vous. La catastrophe pour moi c’est que, si je n’arrive pas à me convaincre qu’il m’aime, je n’arrive pas à me convaincre qu’il ne m’aime pas non plus. Il ne faut pas aller bien loin pour comprendre que cette situation me rend extrêmement malheureuse.
Je me sens très seule. J’ai l’impression d’être aussi bien Adam que le serpent, chassés et condamnés. J’ai l’impression d’être Caïn, dont l’offrande a été rejetée sans savoir pourquoi. Je n’ai pas tellement envie de suivre un Dieu pendant les 40 prochaines années de ma vie pour être privée de Terre Promise à la fin, parce que je n’ai pas été exactement ce qu’il voulait que je sois. Alors.. Qu’est-ce qui ne va pas chez moi ?
Je vous envoie mes amitiés
Réponse d’un pasteur :
Bonsoir
Je trouve très juste et bien dit ce que vous avez exprimé quant à l’importance relative des religions et confessions. La question n’est pas l’étiquette où la chapelle. Il est même possible de se partager entre différentes églises.
Par contre, l’important est à mon avis dans l’idée que l’on se fait de Dieu, et le rapport que l’on entretient avec lui. Ça, oui, cela a un impact à long terme sur nous, comme vous le soulignez très justement.
Je ne vois franchement rien d’inquiétant à ce que vous en ressentiez pas de grands élans d’amour envers Dieu. Une grande proportion de personnes sont comme vous. Il y a des personnes qui ressentent une émotion lors de célébrations mais si une personne ne ressent pas la même émotion dans la prière quand elle est seule devant Dieu, on peut dire que lors des célébrations c’était plus l’effet de groupe plus le charisme et l’habileté du meneur de groupe. Ensuite c’est vrai qu’il y a des mystiques qui connaissent des extases spirituelles. C’est vrai. Mais ce n’est de loin pas le cas général, je vous assure.
De là, c’est vrai qu’il y a un discours qui célèbre le sentiment religieux comme s’il était la foi, ou accompagnait nécessairement la foi. C’est cruel de dire cela. Une majorité des personnes ne vivent pas cela. Et je vous assure que leur foi est vivante et profonde quand elle porte de vrais bons fruits. Un véritable impact posistif sur la personne alors qu’il est si difficile d’évoluer par ses propres forces. Ces jolis chants, ces poèmes émus, si sensible et si beau sont comme les magazines et autres Instagram ou Youtube qui nous culpabilisent avec des abdominaux de rêve. C’est cruel et injustement cruel.
Certaines personnes ont ressenti l’amour de Dieu. Tant mieux pour ces personnes.
D’autres personnes ont saisi par l’intelligence que Dieu ne peut pas être autrement qu’amour. Cela est tout aussi bien. Si on appelle Dieu le bien, le beau, le bon et le juste ultime. Si par ailleurs on sait que dans la vie, l’amour et le respect, la bienveillance, la compassion, le pardon et la fidélité sont parmi les valeurs essentielles. Alors nécessairement, Dieu est plus que tout amour, respect, bienveillance, compassion, pardon et fidélité. Et l’on peut prier devant ce Dieu là. C’est a, comme vous le dites, un impact profond sur nos structures de pensées, sur noter façon d’être et de vivre.
Vous aimeriez ressentir l’amour de Dieu et de l’amour pour Dieu. Si vous désirez cela c’est que vous l’avez déjà, cet amour pour Dieu (cela me semble d’ailleurs manifeste à lire votre mail). Comme l’a dit Blaise Pascal (le philosophe, scientifique, et théologien des « Pensées »), Dieu nous dit « tu ne me chercherais pas si tu ne m’avais pas déjà trouvé ».
Vous vous sentez en même temps Adam et le serpent : bravo, c’est exactement ce que nous sommes tous : une personne agitée par sa tentation. Vous vous sentez Caïn, ce texte a été écrit comme cela, pour qu’étant Caïn nous n’aillions pas jusqu’à tuer Abel, cet Abel que nous sommes aussi, qui représente notre dimension spirituelle et notre cœur qui espère et qui doute, qui aimerait aimer et être aimé.
Quant à la terre promise : elle vous a déjà été donnée. L’Evangile du Christ, c’est qu’il n’y a pas de chantage en Dieu. Tout est donné par avance par Dieu. Il nous a aimé le premier. N’ayez pas peur.
Dieu vous bénit et vous accompagne.
par : pasteur Marc Pernot
Réponse du visiteur :
Cher Marc,
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