femme lisant un magazine - Image par Karolina Grabowska de Pixabay
Foi

Je n’arrive pas à ressentir que Dieu soit « ma force, ma joie, mon espérance » comme dans les chants.

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Ne pas se laisser culpabiliser par les jolies images des magazines, ni par les vies parfaites sur Instagram, ni par les zoulis cantiques et poèmes spirituels… bien sûr.

Question posée :

Bonjour,

En faisant une recherche sur internet, je suis tombée sur votre blog. Et j’ai eu envie de rentrer en contact avec vous. C’est bien sûr dans l’espoir que vous aurez envie de me tendre la main et de m’aider un peu mais je vous rassure, je comprendrais très bien si je ne recevais aucune réponse de votre part. Peut-être faut-il vous dire que je suis d’origine chrétienne catholique? Je ne sais pas.. Cela n’a aucune signification pour moi. Les religions m’indiffèrent mais je suis consciente de leur impact à long terme sur nos structures de pensées.

Je crois en Dieu. Je lui parle. Mon enfance a été très « bercée » par Dieu donc forcément, je suis un peu programmée. Pourtant aujourd’hui je ne lui fais plus que très moyennement confiance, voire pas du tout, et je ne pense pas que je l’aime vraiment. Je ne pense pas que Dieu soit « ma force, ma joie, mon bonheur et mon espérance.. » comme on entend partout dans toutes les chansons à la mode.. J’aimerais que cela change mais cela me parait très compromis. Je ne ressens pas de grands élans d’amour envers Dieu. Parfois j’ai envie de rendre grâce, c’est assez spontané chez moi, parce que je vois bien que le monde est beau… Mais ça s’arrête vite là. Je l’appelle malgré tout, je pense.. la vérité c’est que, s’il me répondait, je partirai probablement en courant en sens inverse.

Je n’ai pas honte de tout ce que je vous dis, je ne cache pas mon cœur à Dieu, c’est la raison pour laquelle je suis si franche avec vous. La catastrophe pour moi c’est que, si je n’arrive pas à me convaincre qu’il m’aime, je n’arrive pas à me convaincre qu’il ne m’aime pas non plus. Il ne faut pas aller bien loin pour comprendre que cette situation me rend extrêmement malheureuse.

Je me sens très seule. J’ai l’impression d’être aussi bien Adam que le serpent, chassés et condamnés. J’ai l’impression d’être Caïn, dont l’offrande a été rejetée sans savoir pourquoi. Je n’ai pas tellement envie de suivre un Dieu pendant les 40 prochaines années de ma vie pour être privée de Terre Promise à la fin, parce que je n’ai pas été exactement ce qu’il voulait que je sois. Alors.. Qu’est-ce qui ne va pas chez moi ?

Je vous envoie mes amitiés

Réponse d’un pasteur :

Bonsoir

Je trouve très juste et bien dit ce que vous avez exprimé quant à l’importance relative des religions et confessions. La question n’est pas l’étiquette où la chapelle. Il est même possible de se partager entre différentes églises.
Par contre, l’important est à mon avis dans l’idée que l’on se fait de Dieu, et le rapport que l’on entretient avec lui. Ça, oui, cela a un impact à long terme sur nous, comme vous le soulignez très justement.

Je ne vois franchement rien d’inquiétant à ce que vous en ressentiez pas de grands élans d’amour envers Dieu. Une grande proportion de personnes sont comme vous. Il y a des personnes qui ressentent une émotion lors de célébrations mais si une personne ne ressent pas la même émotion dans la prière quand elle est seule devant Dieu, on peut dire que lors des célébrations c’était plus l’effet de groupe plus le charisme et l’habileté du meneur de groupe. Ensuite c’est vrai qu’il y a des mystiques qui connaissent des extases spirituelles. C’est vrai. Mais ce n’est de loin pas le cas général, je vous assure.

De là, c’est vrai qu’il y a un discours qui célèbre le sentiment religieux comme s’il était la foi, ou accompagnait nécessairement la foi. C’est cruel de dire cela. Une majorité des personnes ne vivent pas cela. Et je vous assure que leur foi est vivante et profonde quand elle porte de vrais bons fruits. Un véritable impact posistif sur la personne alors qu’il est si difficile d’évoluer par ses propres forces. Ces jolis chants, ces poèmes émus, si sensible et si beau sont comme les magazines et autres Instagram ou Youtube qui nous culpabilisent avec des abdominaux de rêve. C’est cruel et injustement cruel.

Certaines personnes ont ressenti l’amour de Dieu. Tant mieux pour ces personnes.

D’autres personnes ont saisi par l’intelligence que Dieu ne peut pas être autrement qu’amour. Cela est tout aussi bien. Si on appelle Dieu le bien, le beau, le bon et le juste ultime. Si par ailleurs on sait que dans la vie, l’amour et le respect, la bienveillance, la compassion, le pardon et la fidélité sont parmi les valeurs essentielles. Alors nécessairement, Dieu est plus que tout amour, respect, bienveillance, compassion, pardon et fidélité. Et l’on peut prier devant ce Dieu là. C’est a, comme vous le dites, un impact profond sur nos structures de pensées, sur noter façon d’être et de vivre.

Vous aimeriez ressentir l’amour de Dieu et de l’amour pour Dieu. Si vous désirez cela c’est que vous l’avez déjà, cet amour pour Dieu (cela me semble d’ailleurs manifeste à lire votre mail). Comme l’a dit Blaise Pascal (le philosophe, scientifique, et théologien des « Pensées »), Dieu nous dit « tu ne me chercherais pas si tu ne m’avais pas déjà trouvé ».

Vous vous sentez en même temps Adam et le serpent : bravo, c’est exactement ce que nous sommes tous : une personne agitée par sa tentation. Vous vous sentez Caïn, ce texte a été écrit comme cela, pour qu’étant Caïn nous n’aillions pas jusqu’à tuer Abel, cet Abel que nous sommes aussi, qui représente notre dimension spirituelle et notre cœur qui espère et qui doute, qui aimerait aimer et être aimé.

Quant à la terre promise : elle vous a déjà été donnée. L’Evangile du Christ, c’est qu’il n’y a pas de chantage en Dieu. Tout est donné par avance par Dieu. Il nous a aimé le premier. N’ayez pas peur.

Dieu vous bénit et vous accompagne.

par : Marc Pernot, pasteur à Genève

Réponse du visiteur :

Cher Marc,

Tout d’abord je voudrais vous remercier pour avoir pris le temps de me lire et de me répondre et surtout de l’avoir fait de cette manière. Merci. Et je voudrais aussi vous raconter quelque chose qui vous fera peut-être sourire, en tout cas je l’espère.
Lorsque je vous ai envoyé mon premier email, je venais de découvrir votre blog et très franchement, je n’avais lu que 2 articles en diagonale avant d’avoir la soudaine envie de vous contacter. Lorsque j’ai reçu votre réponse qui m’a beaucoup touchée, j’ai eu une irrésistible envie d’en apprendre davantage. Non pas d’en apprendre davantage sur vous mais DE vous, car ma première réaction a été « ENFIN mon Dieu, tu réponds à ma prière (suivi, en toute franchise d’un : « Et bien c’est pas trop tôt! ») ». Mais avant d’en apprendre davantage, il fallait d’abord que je me calme, parce que j’étais fâchée. (Pas contre vous!)
Dieu, ma Bible et moi, nous étions fâchés depuis longtemps, (ou pour être exacte, j’étais fâchée toute seule dans mon coin).. Confinement oblige, je venais de relire des extraits de la Genèse et de l’Exode, et j’allais m’arrêtais là parce que vraiment.. J’avais l’impression que Dieu, ma Bible et moi, on devenait incompatibles pour de bon! C’est là que Dieu, sentant le vent tourner, m’a quand même permis de vous trouver. Ainsi vous m’avez répondu le 27 Avril. Étonnée par ce revirement de situation, heureuse et rassurée par vos propos d’abord et ensuite par l’idée d’avoir quelqu’un dans ma vie qui m’aiderait si j’en avais besoin, le 28 Avril – hier – je me suis risquée à reprendre ma Bible, j’ai feuilleté et lu un peu plus et puis voilà l’histoire de Samson.
Et là dans ma Bible, (je ne sais pas dans les autres Bibles mais en tout cas dans la mienne) il y a un titre qui dit: « Dieu choisit Samson ». Dieu choisit une brute. Merci bien! Et allez! J’étais repartie pour me fâcher! (J’ai un tempérament très fâché en permanence mais en dehors de ça, je vous assure que je suis quelqu’un de très sympathique..) Mais pourquoi? Pourquoi Dieu choisit-il Samson!? Et vous ne savez pas quoi ? Très fâchée, j’ai posé ma question directement à… Google. Curieusement, j’imagine très bien la tête de Dieu à ce moment-là. Depuis des années je lui demande un pasteur. Il m’en donne un. Et là.. Je demande à Google? Je ne sais pas comment vous expliquer, mais je suis sûre que Dieu a levé les yeux au ciel !
Et bien bref sur Google, toujours fâchée, j’ai trouvé « L’énigme de Samson »… J’ai cliqué sur le lien et j’ai dévoré l’article, j’étais prête à n’en faire qu’une bouchée! Et là… tout à coup je n’étais plus fâchée. Dieu, ma Bible et moi, on est réconciliés, ça va mieux. Pas seulement pour l’histoire de Samson mais pour toutes les histoire de toute la Bible. Vous savez-quoi, Pasteur? La cire, c’est pas bon. Le miel, c’est meilleur. Dieu se demande probablement toujours pourquoi je me suis acharnée à manger de la cire aussi longtemps tout en me fâchant contre lui parce que ce n’est pas bon. Mais personne ne m’avait expliqué auparavant. Personne sauf l’auteur de cet article. Du coup ça m’a intéressé de savoir qui avait écrit cet article. Et c’était vous.
La cire, le miel
Le contenu, le contenant,
Le corps, l’âme
L’exégèse, l’herméneutique
L’évolution, la Création
La religion, la spiritualité
Le soleil, la lumière
La Bible, Dieu…
Bien sûr au passage j’ai aussi compris l’histoire de Samson !
J’espère et je prie que jamais il ne vous viendra à l’idée, un seul instant, une seule seconde, de minimiser l’oeuvre extraordinaire que Dieu accomplit à travers vous.
Qu’il vous protège et vous bénisse.
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2 Commentaires

  1. zazoult dit :

    Tu as de la chance de l’avoir trouvé parce que moi depuis 3 mois je tourne en rond, et çà me fait de plus en plus mal, ce silence je ne le supporte pas
    Sur le moment j’abandonne tous
    Et le lendemain je medite de nouveau, sans pouvoir m’arrêter, j’essaye mais en même temps le Dieu d’amour me paraît très très loin, je me réveille à 3 heures ou 4 heures du matin pour prier, mais toujours ce silence, je n’ai pas de réponse et je doute du plan de dieu, d’ailleurs à mon âge, c’est peut être la mort qui m’attends, j’ai 60 ans.
    çà m’épuise totalement et du coup je cherche où j’ai bien pu pêcher et que je n’ai pas demandé pardon, j’essaye de me trouver des pêchés mais c’est dur,
    Je n’y arrive pas, plus çà va plus je souffre, donc si renaître de nouveau c’est çà, je sens que je vais abandonner parce que la souffrance est trop grande

    1. Marc Pernot dit :

      Je pense que vous avez une imagination trop précise de ce que c’est que la parole de Dieu. Il n’a pas de bouche pour parler, la « parole de Dieu » ce n’est pas un son, c’est un supplément d’être, de conscience, une paix qui grandit, un enthousiasme et une force.
      L’expression « parole de Dieu » est une image utilisant une réalité de ce monde pour essayer de dire une réalité bien plus importante, d’un autre ordre. Cette parole n’est pas un son, elle est une puissance de création qui est offerte. Une source vive.
      C’est ce qu’exprime bien ce Psaume :

      Les cieux proclament la gloire de Dieu
      le firmament raconte l’ouvrage de Ses mains
      Le jour au jour en livre le récit
      et la nuit à la nuit en donne connaissance
      Pas de paroles dans ce récit
      pas de voix qui s’entende
      mais sur toute la terre en parait le message
      et la nouvelle aux limites du monde…

      Psaume 19

      La « parole de Dieu » n’a souvent rien de spectaculaire sur l’instant, et c’est après coup que l’on peut dire que là, vraiment, il y a eu plus que de la simple méditation, et que je suis au bénéfice de quelque chose qui me dépasse.
      Je vous suggère de continuer régulièrement à prier, méditer, penser à Dieu, et de voir si au bout de quelques semaines vous notez un cheminement, un approfondissement, une élévation.
      En même temps, il ne fait pas non plus trop prier. Parfois cela peut être trop. Alors que cela doit être comme une respiration, il y a un temps pour inspirer dan sla méditation et la prière, et ensuite un temps pour expirer dans l’action et dans la vie quotidienne.
      Ne craignez rien, Dieu pense à vous comme à son enfant bien aimé, il ne vous abandonnera pas.

      c’est à la fois trop de prière et de méditation, et une attente mal placée

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