Bravo de vous intéresser à la Bible. de la lire, de l’étudier, de vous poser des questions. C’est une bonne nourriture.
On a tout à fait le droit de préférer telle partie de la Bible, et de ne pas aimer telle autre. Heureusement.
Et c’est vrai qu’il y a des passages de la Bible hébraïque qui ne sont pas tellement sympathiques, ou pas très nourrissants, d’autres qui sont choquants. Alors que les évangiles sont extraordinaires, que chaque paragraphe est souvent assez sympa à lire et en plus très intéressant au point de vue spirituel, théologique et éthique.
Cela prend plus d’efforts de tirer de la bonne nourriture des pages de la Bible hébraïque, mais bien des passages sont extraordinaires et tout à fait dans la sensibilité des évangiles, par exemple les
Psaume 23,
Psaume 121, et bien d’autres encore qui nous font un bien fou en diverses circonstances (j’en ai mis ici
une petite liste parmi mes préférés, avec parfois quelques indications de lecture). Il y a aussi la lecture proposée par la Genèse des grands mythes (la création, la chute, le déluge, la tour de Babel) qui sont effectivement repris de traditions antérieures babyloniennes, mais d’une façon passionnante, et conduisant à réfléchir sur Dieu, sur le sens de la vie humaine.
Personnellement, je ne pense pas que nous « descendions d’Adam et Ève », mais plutôt que nous sommes ce dont les récits d’Adam et Ève parlent, nous sommes aussi Caïn et Abel, nous sommes Noé et l’humanité violente, nous sommes Abraham et Sarah, Isaac et Rébecca, Esaü et Jacob. Et c’est pourquoi ces textes sont passionnants, parce qu’ils parlent de nous. Ce ne sont pas des contes moraux au sens où ils présentent des figures parfaites, mais ils sont des textes présentant diverses facettes de notre humanité, dans sa complexité et dans son ambiguïté, dans ses faiblesses et son extraordinaire valeur, et son rapport avec Dieu. C’est ainsi un miroir pour mieux nous connaître nous-mêmes et un inépuisable réservoirs d’excellentes questions à se poser. C’est textes de la Bible Hébraïque ont été écrits sur plus de cinq cents ans, ceux de la Genèse ne sont pas les plus anciens, avec leur monothéisme affirmé. Pour creuser cette question de l’histoire de la rédaction de ces textes, les livres de Thomas Roëmer, administrateur au Collège de France, apportent de bons éléments. Cela dit, il n’est pas indispensable de connaître tout cela pour trouver un enrichissement à la lecture de la Bible Hébraïque.
La Bible hébraïque rassemble un pluralisme important de théologie et de philosophies de l’existence humaine. Il est vrai que Jésus s’inscrivait dans un courant qui traverse la Bible Hébraïque, et Jésus le prolonge d’une belle façon. Vous avez donc tout à fait le droit de ne pas être d’accord avec telle théologie exprimée par un texte en particulier, reconnaître dans tel autre passage un point qui met en
lumière une facette intéressante de l’Evangile du Christ. Vous avez aussi tout à fait le droit de limiter votre ressourcement aux évangiles, ou au Nouveau Testament. Dans ce dernier aussi, il y a pas mal de tri à faire, spécialement dans les lettres de Paul qui comprennent des pages extraordinaires et des phrases qui ont fait un dégât immense dans l’asservissement des consciences aux autorités, des femmes aux hommes jusqu’à sembler encourager le viol conjugal, de l’esclavage… C’est comme tout, il faut du discernement, de la bienveillance pour garder le meilleur d’un livre et rejeter ce qui nous semble ne pas convenir… En particulier ne pas convenir avec l’amour de Dieu manifesté par Jésus à chaque personne individuelle, sans condition.
Il y a aussi des façons de tirer du sens spirituel des textes apparemment violents de la Bible hébraïque. Le sens figuré est souvent important dans la Bible, et permet de recevoir quelque chose même d’un texte qui apparaît comme impossible, choquant, ou sans intérêt. Par exemple :
- Jésus qui marche sur les eaux (par la foi on peut avancer malgré les difficultés, sans couler à pic).
- Dieu qui envoie massacrer les philistins (lu à la lumière de l’amour des ennemis => Dieu ne nous appelle pas à tuer le méchant, mais à lutter contre ce qui est de l’ordre de la méchanceté => tuer ce que symbolise le philistin (en particulier en nous-mêmes, pour faire vivre ce qu’il y a de meilleur en nous).
C’est vrai que dans la culture hébraïque, la théologie et la philosophie ne sont pas exprimées avec des théories comme la dans la culture grecque, mais par des récits. C’est un autre style, mais bien intéressant, je trouve, invitant à la fois :
- à ce que la théologie et la philosophie soient en quelque sorte basées sur l’expérience, comme les sciences
- à ce que notre conception de Dieu et de ce qui est juste s’incarne dans notre propre histoire.
Du coup, il est vrai que dans les textes bibliques, nous rencontrons à la fois des textes qui sont en fait des prédications tirées de faits historiques, d’autres textes sont des mise en récit de conceptions sur Dieu ou d’expérience spirituelles, existentielles. Finalement, peu importe puisque c’est la prédication qui nous importe, en réalité. Ce n’est pas « romancé » au sens où l’idée serait de distraire ou de tromper la population, au contraire, la plus grande justesse théologique, éthique et spirituelle est cherchée par l’auteur ou les auteurs ce ces textes d’édification, afin que ce qui est mis en valeur dans le texte puisse advenir dans la vie du lecteur.
Pour le reste, la recherche de l’historicité sous-jacente, ou non, à tel ou tel texte est possible et est réalisée sur la base de recherches archéologiques, historiques, scientifiques. Vous trouverez quantité de livres sur ces recherche, et quantité d’ouvrages de charlatans aussi. Dans ce domaine de la recherche biblique, les exégètes catholiques, protestants, les universitaires et scientifiques forment une équipe et publient dans les mêmes revues, échangent dans les mêmes colloques organisés par de grandes universités publiques. D’un autre côté, des théologiens et des religieux sacralisant le texte biblique s’opposent à ces démarches, cherchent à les contredire.
Je pense qu’à partir de David et Salomon, les références de dates, règnes, événements sont bien enracinés dans les faits historiques, et de plus en plus à mesure que l’on avance dans le temps. L’existence de Jésus, celle de bon nombre d’apôtres, de Marie-Madeleine, de Paul et de ses compagnons sont certaines, de l’avis de la presque totalité des historiens (à part quelques idéologues athées intégristes). Certains épisodes racontés sont cependant des mises en récit de vérités théologiques et spirituelles.
Dieu vous bénit et vous accompagne
Marc, c’est vraiment toujours apaisant et libérateur de pouvoir lire vos réponses, des réponses auxquelles beaucoup de croyants n’ont pas été habitués! Vos paroles sont réconfortantes, stimulantes, et me touchent tellement ! Parfois quand je vous lis tout à coup ça parait tellement simple et beau… je me dis « Mais oui bien sûr, c’est bien ce que je me disais! » – mais je n’osais pas y croire. Quand je pense à toutes ce personnes qui vous posent des questions, et j’en fais partie.. Nous qui sommes encore si petits sur le chemin de la foi, perdus, terrifiés… ça ma fait de la peine et en même temps j’ai envie de remercier Dieu de vous avoir mis sur notre route. Beaucoup d’enseignants ont pris le parti d’ « évangéliser » en apportant des nouvelles qui, passée l’euphorie des premiers jours, ne semblaient en fait pas si bonnes que ça et qui laissaient un goût amer dans la bouche! (Pour ma part par exemple, cela s’est traduit, entre autre, par la croyance que Dieu n’aime ses enfants QUE quand ils sont de « bons esclaves »… Je me souviens encore la question qu’on m’a posée!! : « Ne donnerais-tu pas tout ce que tu as pour entendre Dieu de te dire, « c’est bien, bon esclave? » ) .. Nous devons avancer avec des idées déformées sur Dieu… Ce fardeau-là… Qu’est-ce qu’il est lourd!! Nous croyons un peu tout ce qu’on nous dit, parce que nous cherchons tellement, nous ne savons rien, mais nous avons tellement soif de Dieu!! Tant que nous n’avons pas un guide, un « pasteur » pour nous dire tout haut ce que notre cœur pense tout bas, nous pensons que nous nous berçons d’illusions, nous restons figés, effrayés par nos propres questions et incertitudes. Nous avons Jésus bien sûr… Mais parfois les bonnes nouvelles d’il y a 2000 ans ont besoin d’une petite piqûre de rappel, avec un berger en chair et en os, qui répond à nos questions sur internet ! Depuis que j’ai découvert votre site, j’ai l’impression de sortir la tête hors de l’eau.. Je ne dis pas cela seulement en réponse à cette question précise ci-dessus, mais à toutes vos messages que je découvre petit à petit. Merci pour tout le temps que vous nous consacrez. Tyanne
Grand grand merci pour cet encouragement.
C’est de bon cœur, vraiment, et en toute conviction, que j’essaye de porter l’Evangile du Christ. Ou plutôt que nous portons l’Evangile car ce site est un projet de l’Eglise Protestante de Genève, un projet désintéressé car rien n’oblige les visiteurs à s’inscrire à l’église de Genève pour autant…
Et c’est vrai qu’il y a de la joie à partager cette bonne nouvelle parmi toutes les bonnes nouvelles.
Dieu vous bénit et vous accompagne.
Tout comme Tyanne, je ne peux que vous adresser un sincère MERCI, cher Marc. J’ai toujours apprécié votre blog : au début, certaines de vos opinions exprimées me heurtaient… car je les percevais comme trop « libérales » par rapport à mon bagage original plutôt « fondamentaliste ».
Je craignais d’être tombé sur une Église professant une foi rationalisée à outrance : toute notion de transcendance évacuée, Évangiles réduits à une simple fiction (aucune réalité historique…), miracles et mystique devenus de simples faits purement « matériels », etc. À mon avis, une foi qui en arrive à ce point peut-elle vraiment encore être appelée une foi ? J’avoue que j’en doute… mais passons.
J’apprends au fil du temps à aller au-delà du sens littéral et à prendre en compte les différents niveaux de lecture, et à toujours privilégier le questionnement sur la réponse déjà toute faite : c’est un excellent remède pour grandir et se débarrasser de ses « scories » 😊
Votre blog est vraiment une fenêtre ouverte sur une grande bouffée d’air frais : ça fait beaucoup de bien finalement !
* J’habite en France, région Rhône-Alpes, donc pas trop loin de la Suisse… Si un jour l’occasion se présente pour moi, j’aurai plaisir à faire un crochet par l’Église Protestante de Genève.
Merci, cher Monsieur, pour ce message si précieux. Car il correspond exactement à ce que nous essayons de vivre. Je sais combien cela demande du courage et d’effort de s’affranchir du prêt à penser des dogmes, et du prêt à vivre de la morale et des rites. C’est comme Pierre osant sortir de la barque en marchant sur l’eau profonde pour aller vers Jésus. Notre sécurité c’est la grâce de Dieu, à tout moment nous pouvons dire Seigneur sauve-moi.
A l’occasion, vous pouvez m’aider dans ce service en signalant dans des blogs, sites, réseaux tel ou tel article ou vidéo qui vous aurait intéressé.
Avec joie de vous voir.
Dieu vous bénit et vous accompagne