28 septembre 2025

Illustration de la lecture de la Bible, "le miroir des écritures" : Une femme est en train de lire la Bible dans sa chambre, le reflet de son visage apparaît comem reflété dans le corps du texte. A partir dune photo de de Worshae sur https://unsplash.com/fr/photos/une-femme-assise-sur-un-canape-en-train-de-lire-un-livre-fQgl5cYoawA, retouchée par Chat GPT afin de rendre cette idée.
Bible

Interpréter le commandement biblique sur les images pour une foi vivante

Question :

Bonjour,

Le deuxième commandement dit qu’il ne faut pas représenter Dieu, ni ce qui est dans les cieux, sur Terre ou dans la mer. Cela bannit alors tout ce qui est images, la peinture, le dessin, le portable, la télévision, les photographies, le cinéma. Et en poussant la réflexion, des disciplines comme la médecine, la biologie, la chimie, la physique, la mécanique, l’architecture, le design, et autres ne pourraient pas exister. Je voudrais suivre tous les commandements, mais celui-là m’apparaît comme difficile à suivre. Pourriez-vous m’éclairer ?

Réponse d’un pasteur :

Bravo de lire la Bible et de vous poser des questions. Effectivement la Bible ce n’est pas simplement de jolis poèmes et des histoires, c’est fait pour nous aider à vivre notre vie d’une plus belle façon avec l’aide de notre Dieu, et être mieux avec ceux que nous aimons autour de nous.

Seulement, pour que ces textes fassent sens dans notre vie, notre vie à nous, cela demande de faire une interprétation. C’est une étape clé. C’est ce que dit l’apôtre Paul dans ce verset célèbre : “Christ nous a rendus capables d’être ministres d’une nouvelle alliance, non de la lettre, mais de l’esprit ; car la lettre tue, mais l’esprit vivifie. » (2 Corinthiens 3:6)

Par conséquent, le simple texte biblique que l’on prétendrait lire à la lettre pourrait bien être source de mort. Et votre exemple est parfait : si on prenait ce verset de ne pas faire d’image de Dieu, bien des choses de la vie seraient entravées, et notre existence même en tant qu’humain serait compromise puisque nous sommes images de Dieu (Genèse 1:27). D’ailleurs, la Bible elle-même nous montre que ce commandement « Tu ne te feras pas d’image taillée, ni de représentation quelconque… » (Exode 20:4) n’a jamais été pris au pied de la lettre, puisque, dans ce même récit de l’Exode, quelques pages plus loin, nous voyons que Dieu ordonne aux Hébreux de se fabriquer des statues de chérubins pour orner l’arche d’alliance, ce qu’ils vont faire : « Tu feras deux chérubins d’or, tu les feras d’or battu, aux deux extrémités du propitiatoire… » (Exode 25:18-25). Cela montre que tout verset de la Bible, même les plus solennels comme cette parole que vous citez, appelle à être interprété.

Interpréter les écritures : une approche spirituelle

C’est ainsi que, quand nous prenons une photo de notre grand-mère dans son jardin, cette photo est une représentation d’une personne qui est sur terre, et, dans un certain sens, c’est la captation d’une réalité divine dans une image, puisque votre grand-mère est faite à l’image de Dieu, comme chacun de nous. Appliquer à la lettre ce verset interdisant de se faire une quelconque image n’a aucun intérêt en ce cas, au contraire, il empêche un moment d’affection et un souvenir charmant. Mais ce verset est intéressant quand il nous permet de nous poser des questions, comme vous le faites. Quelle question donc pouvons-nous entendre à travers ce verset ? En se posant la question, déjà, on ouvre les yeux sur l’important : on regarde et on aime, on aime la grand-mère et on aime Dieu qui lui a donné la vie et qui fait que nous pouvons nous aimer. En nous posant la question, comme le propose Paul, nous pouvons nous ouvrir à l’Esprit de Dieu pour qu’il nous aide à interpréter, non seulement ce verset dans les circonstances particulières de ce moment, mais encore à interpréter notre monde et notre vie à cette occasion. C’est donc un travail personnel auquel nous sommes appelés. Si je propose des pistes de réponse, je fais tort à ce questionnement. Mais je veux bien me prêter à l’exercice avec une idée, pour amorcer la réflexion et le débat :

Philosophie de la représentation et théologie

On peut d’abord remarquer que la photo, comme toute représentation, porte quelque chose de ce qui est représenté, mais en même temps qu’il lui manque une dimension essentielle : la représentation n’est pas l’objet représenté. C’est comme une carte d’identité, elle renvoie bien à la personne, mais elle est loin d’être la personne dans toute la richesse de sa personnalité et de sa vie. Bien sûr. C’est la même chose avec les cartes et les photos aériennes que nous avons sur notre téléphone : elles donnent une idée du terrain mais il y a un monde d’écart par rapport à la réalité avec la richesse de chaque feuille d’arbre, le petit insecte posé sur la feuille, avec l’air frais du matin, le chant des oiseaux et le vrombissement des voitures sur la route voisine. Il y a encore plus de différence entre la photo de la grand-mère et la grand-mère elle-même, évidemment, car la grand-mère est vivante, elle a une personnalité, elle réagit, elle nous aime et nous l’aimons. La photo n’est que quelques pigments sur du papier ou quelques pixels sur un écran. Ils ont figé un instant. C’est bien sûr précieux, à condition que ça nous renvoie à la vraie personne et que ça ne la remplace pas pour nous. La photo peut être détruite ou perdue, ça n’aura finalement pas tellement d’importance puisque c’est dans le cœur que nous avons quelque chose de bien plus riche que notre amour pour cette personne et notre mémoire de cet instant.

Nous interroger sur la question de la représentation est donc important pour mettre les choses en place dans notre tête et dans notre cœur. Peut-être alors prendrons-nous moins de photos et de petites vidéos à tout bout de champ quand nous vivons quelque chose, parce que nous sentirons que cela nous empêche plus ou moins de vivre la profondeur de ce que nous sommes en train de vivre. En même temps, bien sûr, ce serait dommage de prendre ce verset comme étant un absolu et de s’interdire de faire la photo qui va nous aider à garder en mémoire un bon moment et nous permettre de raviver tout ce qu’il avait d’essentiel pour notre cœur, notre cerveau, notre être vivant, et donc d’en profiter pour avancer. Tout dépend donc de comment on le vit. Et c’est là que la clé que nous donne la porte à Paul est essentielle : nous sommes libres en Jésus-Christ d’interpréter ce verset, et tous les versets, par l’Esprit. Si nous prenions ses commandements à la lettre, cela nous empêcherait de vivre de bien belles choses, mais en plus nous ferions l’économie de nous poser des questions avec l’aide de Dieu, et de chercher à interpréter ce que nous lisons d’une façon créatrice, en y mettant de notre cœur et de notre personnalité, de notre foi. Or, c’est cela qui fait avancer et vivre. Lire ces textes la lettre serait donc non seulement un frein pour notre vie en ce moment, mais en plus un frein pour une démarche vraiment spirituelle, dans la confiance en Dieu.

Herméneutique et fondamentalisme : la lecture de la Bible

De toute façon, en Christ nous sommes sous la grâce de Dieu, et cela nous rend libre de la lettre des commandements, même des commandements que donne Jésus et qui sont imprimés en rouge dans certaines éditions des Évangiles. Je pense par exemple à ce commandement que Jésus donne solennellement : « Mais moi, je vous dis de ne pas résister au méchant. » (Matthieu 5:39). On ne peut pas laisser les violeurs et les gangsters nous maltraiter, notre monde serait une jungle abominable. Jésus ne peut pas vouloir que nous lisions ce texte bêtement, mais intelligemment, en nous posant des questions.

Par l’Esprit, les commandements de la Bible deviennent donc des bonnes questions à nous poser, dans l’observation, dans la réflexion et dans la prière. C’est ainsi que ces textes, quand nous cherchons à les interpréter, nous donnent l’occasion de nous interpréter nous-mêmes avec l’aide de Dieu. Ces textes sont comme des outils fort utiles pour nous ouvrir à l’essentiel, pour une plus grande fidélité à Dieu et donc une meilleure vie.

Votre question est importante car cette façon d’ouvrir l’interprétation des écritures étaient tout à fait courant du temps des hébreux, du temps de Jésus, du temps de Père, de l’église, comme Origène ou de Saint-Ambroise, et longtemps encore, après, mais cela a pu se perdre dans certains milieux chrétiens, à l’époque moderne, aussi bien dans le protestantisme que dans le catholicisme. Dans notre culture, bien des personnes sont plus à l’aise avec des vérités tranchées, comment on dit « il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée », dans la réalité, c’est plus compliqué que ça. Bien des personnes sont plus à l’aise quand on dit tel passage de l’écriture traite de telle question et apporte telle réponse, sans ambiguïté. Or, cela ne correspond pas à la façon dont la Bible a été écrite, dans des milieux qui ont une autre forme de pensées, que cette pensée binaire.

Pourquoi une approche théologique nuancée est essentielle

Là où votre question devient essentielle, c’est que les fondamentalismes, qui vont de Père, hélas, avec des fascismes, se développent actuellement dans le monde à grande vitesse, et que c’est assez dangereux. Il est d’autant plus important aujourd’hui de se poser des questions comme vous le faites, de chercher à avoir une pensée cohérente, d’ouvrir notre façon de penser à la nuance, à la multiplicité, des interprétations, au dialogue.

Dieu vous bénit et vous accompagne.

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