coureur à pieds dans les bois, ave cun flou artistique - Photo de Philippe Murray-Pietsch sur https://unsplash.com/fr/photos/LRs4HiplLYo
Développement

Après avoir repris ma vie en main sur le plan physique, mental et spirituel, je ressens un combat en moi.

Par : pasteur Marc Pernot

coureur à pieds dans les bois, ave cun flou artistique - Photo de Philippe Murray-Pietsch sur https://unsplash.com/fr/photos/LRs4HiplLYo

Question posée :

Bonjour
Je vous envoie ce message pour parler de la performance et de la vie spirituelle qui me semble une difficile cohabitation dans ma vie.

J’ai, depuis un moment, repris en main ma vie à bien des aspects.
J’étais dans le fond de la dépression, d’en  » l’en-bas ».
J’ai débuté par le sport ( ancien sportif, j’ai perdu une vingtaine de kilos dits  » émotionnels » ).
Par cette reprise en main physique, j’ai permis à mon esprit d’avoir plus d’espace, il me semble.

J’ai également changé de travail, qui m’a également permis un épanouissement personnel.

Alors que tout allait dans le « bon sens », j’ai, à mesure que mon bien-être allait de façon croissante, rencontré cette sorte de vide qui est, il me semble, la place que Dieu se fait en nous si on lui permet.

Bien-sûr, je m’avance peut-être un peu trop en affirmant cela alors je dirais plutôt que j’ai senti personnellement en moi l’appel de Dieu après avoir fait l’effort pour me reprendre.

J’ai donc, en continuant ma reprise en main physique ( je suis coureur à pied ), commencé à prier, à lire la Bible, à me tourner vers un vie spirituelle que je ne sépare pas de la banalité du quotidien. Un cheminement du simple, du beau, me concentrant sur l’attention à toute vie, à tout ce que l’existence nous offre.

Mais, depuis un certain temps, je sens comme une lutte intérieure.

Je sens une résistance entre ce qui m’a permis de me reprendre en main ( l’aspect physique, la course à pied) et ma vie spirituelle qui donne un sens à mon comportement général et à mon rapport à l’autre et la vie dans sa globalité.

Je sens cette bataille entre mes pensées axées  » performance course à pied »( car je n’en suis plus à la perte de poids mais bien à la performance chronométrique, qui m’apporte un vrai plaisir pourtant) et celles qui essaient de me diriger vers l’humilité, l’écoute de l’autre etc…

C’est comme si ma reprise en main avait crée dans sa finalité deux moi: l’un qui s’occupe de lui par nécessité de survie, et l’autre qui cherche la vie tel que Jésus nous l’enseigne, en partant de soi comme un point de départ d’un mouvement qui va vers l’autre, et non un circuit qui circule en boucle de soi à soi.

C’est assez complexe à extérioriser, mais je me sens à la fois très égocentrique et en même temps très empathique, sensible et ouvert à l’autre sans que cela ne soit visible extérieurement.

Pourtant, intérieurement, j’ai bien peur que la guerre qui se déroule en moi ne laisse aucun survivant entre ces deux moi.

Avez-vous déjà été confronté à un tel témoignage, et avez-vous une aide possible, un avis qui pourrait peut-être me permettre plus de paix authentique et d’unité?

Je vous remercie du temps consacré à cette lecture.

Réponse d’un pasteur :

Bonsoir

D’abord un grand GRAND bravo pour ce cheminement que je trouve formidable et réjouissant.

Je trouve tout à fait normales les résistances que vous éprouvez. Je dirais que ce sont comme les courbatures et les vertiges, les chutes que subissent les adolescents après une période de forte croissance.
Il faut un peu de temps pour que les belles évolutions que vous avez vécues prennent leurs places dans l’ensemble, que vous preniez de nouveaux repères.

Ensuite, je ne suis pas un grand fan de l' »humilité » comme vertu chrétienne. D’accord pour dire que l’orgueil est un problème pour soi-même et pour notre rapport aux autres. Oui. Mais il est bon d’apprécier toute personne dans ses qualités réelles, et cela vaut pour soi-même aussi. S’il y a un domaine où vous n’êtes pas trop mauvais, s’il y a des points où vous avez pu progresser : il est juste de d’en être heureux, d’en ressentir une certaine fierté car Dieu lui-même a cette fierté et cette joie pour vous. Le fait de noter telle ou telle qualité peut même vous donner l’idée, parfois et sans obligation, de la mettre d’une certaine façon au service d’autres. Alors que si vous vous humiliez cela ne vous donnera aucune envie d’avancer et de faire du bien avec cette qualité.

Cette empathie que vous ressentez est peut-être le signe qu’il est temps pour vous d’apporter quelque chose aux autres, vous qui êtes coureur à pieds, vous savez l’importance du souffle, et en particulier de savoir expirer. Peut-être est-il temps de produire du souffle exprimant ce qui vous habite et participant à aider d’autres personnes cherchant leur souffle ?

C’est ainsi que la fierté et l’empathie peuvent marcher la main dans la main. Le fait de connaître son niveau honorable dans tel ou tel domaine n’a alors aucune raison de conduire à mépriser celui qui aurait un moindre niveau. Ni celui qui n’arrive pas à progresser. Au contraire, cela peut vous conduire à avoir de la gratitude pour ce et pour ceux qui vous ont permis d’avancer. Y compris Dieu, source de la capacité même d’évoluer pour tout ce qui vit.

Donc, soyez en paix, calmez peut-être le jeu, faites étape dans ce formidable cheminement que vous avez fait. Cela demande effectivement du discernement. La Bible raconte l’histoire des Hébreux dans le désert en marche depuis la servitude en Egypte vers la vie belle et bonne.Cette marche est comme à travers mers et déserts. Elle se fait étape par étape, l’Eternel leur disant quand faire une pause, parfois longue, et quand se remettre en route.

Peut-être aussi que cette pause est celui d’aller chercher dans le fond des choses et soigner ce qui a besoin de l’être ? Tranquillement.

La paix intérieure est une bonne chose. On en a besoin. Il est bon aussi d’avoir une certaine intranquillité, une certaine soif, parfois une indignation, ou comme des fourmis dans les jambes pour avancer, ou l’envie de découvrir, d’approfondir… Ensuite c’est une question de dosage à trouver entre les deux pôles (je n’aime pas trop l’idée de « juste milieu »), les deux sont à chérir en même temps.

Dieu vous bénit et vous accompagne.

par : pasteur Marc Pernot

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