25 octobre 2024

un enfant émerveillé lors d'une lecture - Image par saralcassidy de https://pixabay.com/fr/photos/en-train-de-lire-surpris-3969956/
Texte Biblique

« Tu ne tueras pas » (Exode 20:13 ou Deutéronome 5:17)

Ce commandement est central dans le « Décalogue », le philosophe Lévinas dit que ce commandement est comme un résumé de toute la Torah, de toute l’éthique et de la foi biblique.

Il n’y a pas marqué de ne pas tuer l’innocent. Il y a marqué «itu ne tueras pas – point ». Un point, c’est tout, sans petite ligne en bas de table spécifiant quelques cas où ce serait permis.

Jésus élargit ce commandement en disant : « Vous avez entendu qu’il a été dit aux anciens : Tu ne tueras pas ; celui qui tuera est passible de jugement, mais moi, je vous dis que quiconque se met en colère contre son frère ou lui dit ‘tu ne vaux rien’ est passible de jugement… » (Matthieu 5:21-22). En effet, en pensant que mon frère ne vaut rien, je tue en quelque sorte sa valeur dans ma conscience. En maltraitant mon prochain, je peux tuer sa joie de vivre. Il est possible aussi de tuer l’idée de Dieu dans notre conscience ou dans celle d’autres personnes, et cela tue notre foi ou leur foi, tue leur âme, leur vie spirituelle, en quelque sorte…

Jésus va encore plus loin. « Ne pas tuer son prochain » est la base, mais cela ne fait pas tellement avancer les choses non plus. Jésus nous invite à « aimer notre prochain comme nous-mêmes », c’est-à-dire à nous soucier de notre prochain, à se sentir responsable de sa vie et de la nôtre aussi, d’ailleurs : de se soucier de l’une et de l’autre. Aimer c’est cela : ne pas laisser dépérir. Activement.

Si on intègre ce « Tu ne tueras pas » de la Bible, nous dit Lévinas, on pourrait entendre le visage de notre prochain nous dire, nous implorer : « Ne me tue pas », « Fais en sorte que je puisse te parler », « tu es responsable de la vie de cet autre absolument autre ».

Alors, bien entendu, nous savons que la vie est complexe, que nous avons plus de huit milliards de prochains sur terre, et si nous pouvons essayer de ne pas trop en tuer, dans aucune des multiples dimensions de l’humain, nous ne pouvons pas nous préoccuper de chacune de ces personnes. Mais peut-être d’une ou deux que nous aurions à cœur d’aimer ? Ne serait-ce qu’au détour d’un regard, d’un mot échangé. En aimant un peu cette personne, moi aussi, je serai un peu plus vivant.

par : pasteur Marc Pernot

verset médité prêt à être imprimé

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12 Commentaires

  1. Rosset Claire-Lise dit :

    « En effet, en pensant que mon frère ne vaut rien, je tue en quelque sorte sa valeur dans ma conscience. En maltraitant mon prochain, je peux tuer sa joie de vivre. Il est possible aussi de tuer l’idée de Dieu dans notre conscience ou dans celle d’autres personnes, et cela tue notre foi ou leur foi, tue leur âme, leur vie spirituelle, en quelque sorte… »

    Cher Marc,
    Il y a bien des années, j’avais lu le livre de Alain Braconnier intitulé : Les Bleus de l’âme » , ces hématomes qui ne sont pas visibles à l’oeil nu, mais qui font leur travail de destruction psychique et spirituelle au fil des ans au plus profond de notre être marqué au fer rouge.
    Et voyez-vous, ma question est comment gérer ces viols de la conscience, ces viols de l’âme qui pervertissent l’image d’un Dieu bon, compatissant, au profit de celui d’un Dieu qui nous condamne, nous culpabilise, nous fait honte, alors que ce n’est que la projection des images abusives de nos bourreaux portées sur nous.
    Sandor Ferenczi parlait déjà d’identification à l’agresseur de la victime en devenant le porte-honte et le porte-culpabilité qui reviennent à l’agresseur.
    On peut tous plonger dedans ce piège bourreau vs victime, , moi y compris, aussi la prière du Notre Père est pertinente : Ne nous laisse pas entrer en tentation, mais délivre-nous du mal !
    Cordialement
    Claire-Lise R.

    1. Marc Pernot dit :

      Chère Claire-Lise
      Merci pour ces très très intéressantes remarques qui prolongent ma réflexion.
      Comment violer ces viols de conscience ? On en sort peut-être comme Jacob : avec une nouveau jour qui se lève avec la capacité à se relever, et à avancer tout en boitant de la hanche, et accompagné par la bénédiction de Dieu car on sait alors ce qu ec’ets que cette bénédiction : une aube qui se lève sur un nouveau jour dans notre vie, une capacité à se relever même si c’est comme en sortant d’un combat où on a avalé de la poussière, et à avancer. C’est une joie, mitigée, certes, mais un joie de vivre après avoir connu la mort.
      Dieu vous bénit et vous accompagne.

      Genèse 32:29-31 « Dieu le bénit‭‭ là.‭ ‭Jacob‭ appela‭‭ ce lieu‭ du nom‭ de Peniel‭ : car, dit-il, j’ai vu‭‭ Dieu‭ face‭ à face‭, et mon âme‭ a été sauvée‭‭.‭ ‭Le soleil‭ se levait‭‭, lorsqu’il passa‭‭ Peniel‭. Jacob boitait‭‭ de la hanche‭.‭ »

  2. Pascale dit :

    Merci pour cette réflexion,  car il est vrai que si on se cantonne à une lecture basique, il y a heureusement peu de chances qu’on se sente concerné.
    Je vais être un peu provoquante. En revenant sur cette phrase : « Ily a marqué «tu ne tueras pas – point ». Un point, c’est tout, sans petite ligne en bas de table spécifiant quelques cas où ce serait permis.», on pourrait aussi dire qu’il n’y a pas marqué de ne pas tuer d’autres êtres humains. Mais alors, le commandement devient tout simplement impossible, y compris dans une forme d’idéal, puisque la vie elle-même exige de supprimer d’autres vies. J’y vois donc aussi un appel au respect de la vie dans son ensemble.

    1. Marc Pernot dit :

      Chère Pascale
      J’ai effectivement hésité, dans cet article, de poursuivre en évoquant Albert Schweitzer qui a reçu le prix Nobel de la Paix pour sa pensée centrée sur « le respect de la vie », vie sous toutes ses formes sur terre, jusqu’à la planète, comme vous le dites.. Effectivement, Albert Schewitzer avait conscience de la complexité de cette piste, puisque, comme vous le dites, la vie ne peut subsister sans se nourrir d’autres vies. Le lion magnifique étant de la gazelle vivante digérée. Et la gazelle de l’herbe vivante digérée. Cela pose la question de notre respect d ela vie quand nous mangeons quoi que ce soit, du steak à la salade, ce que nous sommes amenés à faire néanmoins mais avec respect, gratitude, honorant cette vie que nous avons dévorée, sans gâcher. J’étais donc parti sur cette piste mais j’ai eu peur de ne pas avoir assez de place pour faire la différence avec le « tu ne tueras pas ton prochain », qui n’ouvre à mon avis qu’exceptionnellement à la même dialectique nuancée ?

  3. Lucienne dit :

    Très , trop, compliqué actuellement pour moi ….expliquez ?

    1. Marc Pernot dit :

      Désolé. C’est à mon avis à relire et réfléchir plusieurs fois, à prier aussi, car la réalité que j’essaye d’aborder est effectivement complexe. Il y a bien des façons de tuer un peu, d’une certaine façon, son prochain. Ne serait-ce qu’en l’ignorant.

      1. Lucienne dit :

        Le service militaire 🫣???

        1. Marc Pernot dit :

          Il peut arriver des cas tragiques où nous sommes obligés de choisir entre deux options qui ont toutes deux une part de mort, et l’on est alors bien forcé de choisir la moins mauvaise des deux, mais cela n’en fait pas une bonne chose pour autant, le mal reste le mal. C’est très concret, j’ai reçu en confession (ce n’est pas obligatoire dans le protestantisme), des soldats qui étaient hantés par la mort d’ennemis qui les avaient attaqués et qu’ils avaient tués en légitime défense.

  4. Christiane dit :

    L’indifférence et l’ignorance de l’autre et de sa souffrance « tue » peut-être plus que la colère ou le conflit.

    1. Marc Pernot dit :

      C’est pas faux. Mais si on me laisse le choix, je préfèrerais infiniment que mon prochain m’ignore totalement au lieu de me harceler de colère et de conflits. Au moins cela me laisse aller vers lui avec bienveillance, poursuivre des petits gestes, des bonjours et des sourires comme les modestes vagues viennent effleurer une falaise…

  5. Afif dit :

    Ce commandement a été donné à Moïse qui avait regardé à droite et à gauche avant de tuer de sang-frois un égyptien et ce sans remords et ni regrets et nulle part dans la Bible Moïse n’avait exprimé son repentir

    1. Marc Pernot dit :

      On est d’accord. C’est bien pourquoi ce commandement pur, simple, donné sans exception dans un texte absolument central de la Bible « Tu ne tueras pas. Point. », sans nuance du genre « tu ne tueras pas l’innocent » est frontal, et d’autant plus indispensable. C’est une merveille. Et cela attire l’attention sur ce que les humains font de leurs textes de référence. La question de l’interprétation est majeure.

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