« Tu ne tueras pas » (Exode 20:13 ou Deutéronome 5:17)
Ce commandement est central dans le « Décalogue », le philosophe Lévinas dit que ce commandement est comme un résumé de toute la Torah, de toute l’éthique et de la foi biblique.
Il n’y a pas marqué de ne pas tuer l’innocent. Il y a marqué «itu ne tueras pas – point ». Un point, c’est tout, sans petite ligne en bas de table spécifiant quelques cas où ce serait permis.
Jésus élargit ce commandement en disant : « Vous avez entendu qu’il a été dit aux anciens : Tu ne tueras pas ; celui qui tuera est passible de jugement, mais moi, je vous dis que quiconque se met en colère contre son frère ou lui dit ‘tu ne vaux rien’ est passible de jugement… » (Matthieu 5:21-22). En effet, en pensant que mon frère ne vaut rien, je tue en quelque sorte sa valeur dans ma conscience. En maltraitant mon prochain, je peux tuer sa joie de vivre. Il est possible aussi de tuer l’idée de Dieu dans notre conscience ou dans celle d’autres personnes, et cela tue notre foi ou leur foi, tue leur âme, leur vie spirituelle, en quelque sorte…
Jésus va encore plus loin. « Ne pas tuer son prochain » est la base, mais cela ne fait pas tellement avancer les choses non plus. Jésus nous invite à « aimer notre prochain comme nous-mêmes », c’est-à-dire à nous soucier de notre prochain, à se sentir responsable de sa vie et de la nôtre aussi, d’ailleurs : de se soucier de l’une et de l’autre. Aimer c’est cela : ne pas laisser dépérir. Activement.
Si on intègre ce « Tu ne tueras pas » de la Bible, nous dit Lévinas, on pourrait entendre le visage de notre prochain nous dire, nous implorer : « Ne me tue pas », « Fais en sorte que je puisse te parler », « tu es responsable de la vie de cet autre absolument autre ».
Alors, bien entendu, nous savons que la vie est complexe, que nous avons plus de huit milliards de prochains sur terre, et si nous pouvons essayer de ne pas trop en tuer, dans aucune des multiples dimensions de l’humain, nous ne pouvons pas nous préoccuper de chacune de ces personnes. Mais peut-être d’une ou deux que nous aurions à cœur d’aimer ? Ne serait-ce qu’au détour d’un regard, d’un mot échangé. En aimant un peu cette personne, moi aussi, je serai un peu plus vivant.
par : pasteur Marc Pernot
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Ce commandement a été donné à Moïse qui avait regardé à droite et à gauche avant de tuer de sang-frois un égyptien et ce sans remords et ni regrets et nulle part dans la Bible Moïse n’avait exprimé son repentir
On est d’accord. C’est bien pourquoi ce commandement pur, simple, donné sans exception dans un texte absolument central de la Bible « Tu ne tueras pas. Point. », sans nuance du genre « tu ne tueras pas l’innocent » est frontal, et d’autant plus indispensable. C’est une merveille. Et cela attire l’attention sur ce que les humains font de leurs textes de référence. La question de l’interprétation est majeure.
L’indifférence et l’ignorance de l’autre et de sa souffrance « tue » peut-être plus que la colère ou le conflit.
C’est pas faux. Mais si on me laisse le choix, je préfèrerais infiniment que mon prochain m’ignore totalement au lieu de me harceler de colère et de conflits. Au moins cela me laisse aller vers lui avec bienveillance, poursuivre des petits gestes, des bonjours et des sourires comme les modestes vagues viennent effleurer une falaise…