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Podcast audio de la prédication / Podcast audio du culte entier
(Voir le texte biblique ci-dessous)
prédication (message biblique donné au cours du culte)
à Genève le dimanche 19 septembre 2025,
par : Marc Pernot, pasteur à Genève
Transcription de la Vidéo :
La 1ère cause de mal : le chaos résiduel et la création continue
Ésaïe évoque la première cause de mal et l’action de Dieu pour y répondre dans le verset 5 : « Ainsi parle Dieu, l’Éternel, qui a créé les cieux et qui les déploie, qui étend la terre et ses productions, qui donne la respiration à ceux qui la peuplent et le souffle à ceux qui la parcourent. »
Dieu est appelé ici à la fois « Dieu » (El) et « l’Éternel » (Yahouh), ce qu’il apporte ici est donc à la fois un acte puissant de création et un acte de compassion venant au secours de sa création qui souffre.
Dans cette traduction que je vous ai lue, il y a une erreur grave : elle parle de Dieu « qui a créé les cieux », au passé, or dans l’hébreu le verbe créer n’est pas ici à l’accompli, il est au participe présent et donc Dieu est « créant les cieux », sans cesse en train de créer et de se rendre présent à ce monde ; il est en train d’étaler la terre : de créer un espace où la vie est possible ; il est en train de donner la respiration et le mouvement : faisant de nous des êtres vivants capables d’évoluer ; il est en train de nous donner à tous de son souffle, son Esprit Saint, comme le dit la Pentecôte. Tout cela, Dieu le fait dans le présent, sans cesse, il s’agit donc d’une création continue. Et cela change tout.
Dieu-horloger vs Création en cours
Dieu n’a pas été créateur qu’à un seul moment du passé comme le pensait Voltaire avec son Dieu-horloger qui laisse tourner sa création à distance. Ésaïe (et il n’est pas le seul dans la Bible, loin de là) nous dit ici que Dieu est sans cesse à l’œuvre pour créer et pour sauver. La création est encore en cours, cela signifie qu’elle est encore inachevée. Il reste donc une part de **chaos résiduel** sur laquelle Dieu continue à travailler par sa puissance afin de créer du bien.
Le chaos est ainsi la première cause de mal dans le monde, il correspond effectivement à tout ce qui est catastrophe naturelle, de la disparition des dinosaures à la maladie et la mort du nourrisson, par exemple. Ce n’est pas la volonté de Dieu car Dieu est source de vie et non de chaos. Ce n’est pas non plus que Dieu aurait besoin de nos prières pour le tenir au courant ou pour le motiver. Chaque fois qu’un de ces drames arrive, c’est que Dieu n’a pas pu l’empêcher dans l’immédiat, mais il y travaille et il est à 100 % avec celui qui souffre pour faire avancer sa situation et il nous embauche. Dieu est source d’évolution, il ne peut pas, instantanément, achever l’ensemble de la création du monde, il y travaille. Père, comme le dit Jésus, que ta volonté soit faite, nous l’espérons ardemment, nous savons que tu es innocent de ces souffrances, et que tu es la solution, me voici, que puis-je faire ?
La création dans le Genèse est donc un programme en cours. Elle parle de Dieu comme entièrement bon et créateur, totalement innocent du moindre mal. Dans cette création, il n’y a pas non plus de dieu méchant source de mal comme dans les religions dualistes. Il n’y a que Dieu qui agit par étapes, comme ici au verset 9, et il y a le chaos : le désordre brut qui est neutre, n’ayant pas de sens, pas de projet ni de volonté. Ce chaos provoque effectivement du mal, de la souffrance et de la mort. Inutile de chercher un responsable ou une logique à ce genre de catastrophe, il n’y en a pas. Dieu est à 100 % notre allié face à ces coups du sort.
Le mal comme manque de bien (Saint-Augustin et la philosophie)
Dans ce monde il y a donc le chaos et Dieu. Ce n’est pas symétrique du tout, comme le bien et le mal ne sont pas symétriques. C’est ce que remarque Saint-Augustin dans son débat avec les manichéens quand il dit que le mal n’est en réalité que du manque de bien : « les ténèbres ne sont quelque chose que par l’absence de la lumière ». Il a parfaitement raison : il existe des particules de lumière : ce sont les photons, mais il n’existe pas de particule d’obscurité. L’obscurité est facile, normale, elle n’a pas besoin d’être créée, il suffit qu’il n’y ait rien. De même pour le chaos. La science nous dit que spontanément, si personne n’intervient, tout système n’évolue que dans le sens du chaos croissant (c’est le 2ᵉ principe de la thermodynamique).
Cela fait que l’existence du chaos, et l’existence du mal qu’il provoque, n’ont pas besoin de cause pour exister : il suffit que personne n’ait rien créé de bon. Par contre, le vrai miracle, c’est l’existence du bien : il est improbable, stupéfiant, fragile. Le bien, le bon et le beau ne peuvent exister que par une action construite, délibérée et bonne allant à contrecourant du principe de chaos croissant.
Vous êtes le miracle des miracles, avec votre personnalité, votre capacité à aimer et à créer : c’est un miracle surgi du néant. C’est pourquoi depuis Hésiode jusqu’à Leibnitz et Heidegger se pose cette question bien plus difficile que celle de l’existence du mal : « Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? » ou qu’il y ait du bien, du bonheur et de la vie plutôt que le seul chaos ? On peut appeler Dieu ce qui fait que, déjà, ce miracle existe.
La 2nde cause du mal : l’humain et la responsabilité
Ésaïe évoque ensuite un appel que Dieu nous lance, cet appel révèle une seconde source de mal et une seconde action transcendante de Dieu : « Moi, l’Éternel, je t’ai appelé pour la justice pour une alliance du peuple, pour la lumière des nations, pour ouvrir les yeux des aveugles, pour libérer les prisonniers des ténèbres… »
Le mal n’est plus ici les conséquences du chaos, le mal est ici l’injustice, le mal est le manque d’alliance, c’est-à-dire le manque de relations fidèles avec Dieu et avec les autres. Le mal est ici le manque de discernement des personnes, faisant qu’elles sont menées par le bout du nez. Ces maux sont dus à l’humain. Nous sommes la seconde source de mal en ce monde, il faut le reconnaître. En effet, l’humain est créé par Dieu avec une capacité à créer, il a donc le pouvoir de faire le bien comme faire le mal. Je disais que dans la théologie de la Genèse, il n’y a pas de Dieu méchant, pas de diable, mais le voilà qui sort le bout de sa queue et de ses cornes : l’humain, oui, est parfois diabolique, c’est-à-dire source d’augmentation du chaos dans le monde, de divisions entre nous et contre Dieu. C’est la seconde grande source de mal dans le monde : la folie ou la faiblesse de l’humain.
Notre rôle d’allié de Dieu face au mal
Comment est-ce que Dieu réagit ? Nous ne voyons ici : il appelle l’humain de toutes ses forces, pour qu’il devienne source de bien et non de chaos. Il nous donne son souffle et la capacité à évoluer, il nous appelle par des prophètes, par le Christ, il nous appelle par la prière. Dieu nous appelle et nous rend capable du bien : c’est son action, là encore, continue. Il nous prend par la main, nous protège et nous établit.
Dans la mesure où nous le voulons bien, nous ferons moins de mal, nous pourrons même aider Dieu à domestiquer le chaos, car nous avons des moyens qu’il n’a pas. Dieu est une source d’évolution dans le monde sur un temps long, il n’a pas de mains pour relever notre voisine de palier âgée qui est tombée, c’est pourquoi Dieu nous donne son appel et son amour pour que nous nous sentions concernés et ayons la joie d’avoir participé au bien, aussi peu que ce soit.
Il convient donc de distinguer le mal absurde (chaos) du mal méchant (humain) car ils n’ont pas le même statut ni les mêmes causes. Tous les deux nous appellent à agir avec Dieu contre le mal et la souffrance. Mais contre le second mal, au-delà du secours direct de la personne qui souffre, Dieu nous appelle ici à un travail d’éducation que développe Esaïe : un travail spirituel, un travail d’alliance, un travail de discernement, d’intelligence et de foi, un travail d’émancipation. Car il n’y a que comme cela que nous serons moins source de chaos, et que nous serons de plus en plus avec Dieu, source de ce miracle étonnant qu’est le bien, la vie, la lumière, l’alliance, la libération de chacun.
Textes de la Bible
Ésaïe 42:1-10
Voici mon serviteur que je soutiens,
mon élu, en qui mon âme se complaît.J’ai mis mon Esprit sur lui ;
il révélera le droit aux nations.
2Il ne criera pas, il n’élèvera pas la voix
et ne fera de scandale dans les rues.3Il ne brisera pas le roseau qui ploie
et il n’éteindra pas la mèche qui fume ;
il révélera le droit selon la fidélité.4Il ne faiblira pas ni ne ploiera pas,
jusqu’à ce qu’il ait établi le l’équité sur la terre,
et que les îles s’attendent à sa visée.5Ainsi parle Dieu, l’Éternel,
qui a créé les cieux et qui les déploie,
qui étend la terre et ses productions,
qui donne la respiration à ceux qui la peuplent
et le souffle à ceux qui la parcourent.6Moi, l’Éternel, je t’ai appelé pour la justice
et je te prends par la main,
je te protège et je t’établis
pour une alliance du peuple,
pour la lumière des nations,
7pour ouvrir les yeux des aveugles,
pour faire sortir de prison le captif
et de leur cachot les habitants des ténèbres.8Je suis l’Éternel, c’est là mon nom ;
et je ne donnerai pas ma gloire à un autre
ni mon honneur aux statues.9Les premiers éléments sont là,
il en vient de nouveaux ;
moi je vous les annonce
avant qu’ils ne germent.10Chantez à l’Éternel un cantique nouveau !
Jésus Christ serviteur de Dieu est la lumière du monde qui répond au mal par l’amour et la justice 🙏
Oui ! Et cette justice ne consiste pas à éliminer l’e pécheur, mais elle consiste à le rendre juste, comme le berger porte la brebis perdue. Dieu vous bénit et vous accompagne