10 octobre 2022

court tunnel traversé par un groupe de randonneurs - Photo by Andreas Strandman on https://unsplash.com/photos/ArzlUgd7ziU
Témoignages

A l’occasion de la perte d’un être cher, témoignage confession de foi d’un visiteur du site

En lisant l’échange daté du 27 septembre, intitulé “Face à la probable mort prochaine d’une proche, comment la foi protestante considère la mort ?”, j’ai éprouvé le désir de partager avec vous ce que j’avais préparé pour une réunion du Service d’Entraide de la paroisse au sujet de la perte d’un être cher. Il s’agit d’une sorte de méditation / confession de foi. Il est fort possible que cela vous paraisse un peu bizarre. Dans ce cas, je vous prierai de bien vouloir accepter mes excuses pour vous avoir fait perdre votre temps.
court tunnel traversé par un groupe de randonneurs - Photo by Andreas Strandman on https://unsplash.com/photos/ArzlUgd7ziU
Ma pensée est élaborée à partir de Qohelet (ou Ecclésiaste) 4,12. Ce verset parle de la corde à trois fils ou à trois brins ; trois brins qui constituent des liens incassables, inaltérables, indissolubles.

Cette pensée peut être illustrée par une représentation graphique, non pas selon trois fils, mais selon trois éléments.

‘1. Un élément vertical qui symbolise Dieu qui descend pour prendre en charge le défunt, le mettre sur ses épaules et le conduire jusqu’au Royaume de joie, de félicité, de sérénité.

‘2. Un élément horizontal qui symbolise la prise en charge de la famille du défunt, prise en charge sous deux aspects.

D’abord, communiquer à la famille l’assurance que le défunt a été conduit par Jésus le Christ et par l’Esprit Saint, qui l’ont entouré durant tout le cheminement. Cheminement prenant la forme :

  • – d’un passage de ce monde au Royaume, passage délicatement balisé ;
  • – ou d’un tunnel remarquablement éclairé ;
  • – ou encore d’un canal, non pas d’eau stagnante, mais d’eau vive, jaillissante.

Ensuite, seconde assurance : Dieu accompagnera la famille dans l’épreuve du deuil, en proposant énergie, force, courage et volonté de faire face à l’absence physique du défunt. Il multipliera les occasions de vivifier, au quotidien, les souvenirs des moments heureux partagés.

‘3. Une sphère constellée d’étoiles, de deux types.

  • Premier type, les étoiles qui permettent de se remémorer les moments lumineux vécus avec le défunt, moments où les joies ont tissé une trame d’un bonheur inoubliable.
  • Second type, les étoiles qui rappellent les traversées d’épreuves. Celles-ci ont été traversées grâce au fait que les cœurs étaient parfaitement unis. Le triomphe a résulté de la résistance main dans la main, épaule contre épaule.

Bien à vous, et merci encore pour tout ce que vous nous apportez.

Norbert P.

Réponse d’un pasteur :

Cher Norbert

Merci pour vos encouragements

Merci pour votre témoignage. C’est intéressant et inspirant. Merci de m’autoriser à en faire part aux autres. Cela les encouragera à avoir leur propre façon de voir, et d’en témoigner.

Personnellement, il me semble essentiel de bien spécifier que c’est dès maintenant, dans cette vie, que ça se passe. Et non à la mort du corps.

  • C’est maintenant que nous passons de la mort à la vie en aimant (Dieu, notre prochain et nous-même), c’est aujourd’hui que Dieu nous ressuscite
  • C’est maintenant que « Dieu nous prend en charge », nous met sur ses épaules et nous conduit dans le Royaume de joie, de vie et de paix. Les béatitudes insistent sur le présent « le Royaume est, au présent, à eux »)
  • C’est maintenant que les étoiles, ou les séraphims, portant le flambeau de la Parole, balisent le chemin vers l’arbre de vie (Genèse 3:24)
  • C’est maintenant que jaillit en nous la source de vie éternelle.

Ensuite, qu’est-ce qui nous reste de nos morts ? De la mémoire des moments précieux, de joie, de travail, ou de pleurs traversés ensemble, certes. Mais peut-être n’est-ce que l’écorce de cette réalité qui dure, que le parfum de l’essentiel qu’est l’amour, amour qui n’est pas, ou plutôt : pas seulement la mémoire du passé, mais du présent continu, et éternel.

Je me méfie de trop idéaliser la vie future, d’une vie comme dans un édredon avec de la musique douce et des anges qui vous aèrent avec un éventail en plumes. A mon avis la vie future est encore de la vie, donc avec une marche, et même une marche en montée, une créativité et donc des efforts. Sinon ce ne serait pas la vie.

En pensée avec vous dans ce deuil,
Dieu vous bénit et vous accompagne

par : pasteur Marc Pernot

Réponse du visiteur :

Cher Marc,
Tout d’abord, je suis véritablement stupéfait du temps que vous avez choisi de consacrer à mon message. Alors que, du temps où vous en manquez cruellement chaque jour.

Cher Norbert
Merci pour vos encouragements

En réalité, c’est vous-même qui, par votre investissement absolument incroyable, c’est vous qui nous encouragez en nous proposant énergie, force et courage vivifiant pour nous attacher à faire de notre vie quelque chose d’édifiant.

Personnellement, il me semble essentiel de bien spécifier que c’est dès maintenant, dans cette vie, que ça se passe. Et non à la mort du corps.
C’est maintenant que nous passons de la mort à la vie en aimant (Dieu, notre prochain et nous-même), c’est aujourd’hui que Dieu nous ressuscite
C’est maintenant que « Dieu nous prend en charge », nous met sur ses épaules et nous conduit dans le Royaume de joie, de vie et de paix. Les béatitudes insistent sur le présent « le Royaume est, au présent, à eux »)
C’est maintenant que les étoiles, ou les séraphims, portant le flambeau de la Parole, balisent le chemin vers l’arbre de vie (Genèse 3:24)
C’est maintenant que jaillit en nous la source de vie éternelle.

Protestant libéral tendance Évangile et Liberté, reconnaissant comme maîtres par excellence André Gounelle et le si regretté Raphaël Picon, j’adhère sans la moindre réserve à tout ce que vous avez écrit supra.
Mais..
Mais, en même temps, ce témoignage s’est inscrit dans une circonstance particulière : le décès du frère jumeau d’un administrateur du Service d’Entraide.
Lors d’un décès, j’essaie de me faire proche, de me tenir au plus près (sans intrusion) de ceux qui restent.
D’une part, je m’attache à dire qu’il n’y a aucun souci à se faire pour ce qui concerne le défunt. Il est, et demeurera, entre de bonnes mains, celles de Dieu.
D’autre part, je dis que ma foi est nourrie par l’assurance que Dieu sera en aide à la famille du défunt.
Une des formes d’aide apportées par Dieu est, selon moi, la pose de balises au tréfonds de l’être, balises vivifiant le souvenir des moments heureux partagés avec le défunt. Balises permettant aussi de se remémorer que c’est la mise en commun des talents reçus qui a permis de triompher des épreuves.
Pour le dire autrement, offrir une présence (respectueuse, non invasive) qui ne prétend nullement combler l’absence physique de l’être cher disparu, mais visant à éviter que le chagrin n’enferme dans une régression mortifère.

Ensuite, qu’est-ce qui nous reste de nos morts ? De la mémoire des moments précieux, de joie, de travail, ou de pleurs traversés ensemble, certes. Mais peut-être n’est-ce que l’écorce de cette réalité qui dure, que le parfum de l’essentiel qu’est l’amour, amour qui n’est pas, ou plutôt : pas seulement la mémoire du passé, mais du présent continu, et éternel.

Je reprendrai le vers de René Char tiré de son poème « L’éternité à Lourmarin » après la mort prématurée de son ami Albert Camus : « Avec celui que nous aimons, nous avons cessé de parler mais ce n’est pas le silence. »
Personnellement, je crois que l’aide de Dieu permet d’activer un silence habité, à l’image de l’enseignement poétique dispensé par le Renard au Petit Prince.

Je me méfie de trop idéaliser la vie future, d’une vie comme dans un édredon avec de la musique douce et des anges qui vous aèrent avec un éventail en plumes. A mon avis la vie future est encore de la vie, donc avec une marche, et même une marche en montée, une créativité et donc des efforts. Sinon ce ne serait pas la vie.

Là encore, je partage entièrement.
Et puis…
Et puis, même si j’avais la certitude qu’il n’y a rien après la mort, qu’il n’y a pas de vie future, je ne regretterais pas un seul instant de m’être inscrit dans la dynamique de vie édifiante qui nous est communiquée chaque jour par la grâce divine.
C’est cette dynamique qui me permet de vivre pleinement l’instant présent.
C’est cette dynamique qui me permet de m’investir quotidiennement pour contribuer, humblement mais avec détermination, à bâtir un demain plus chaleureux, plus fraternel.

Bien à vous, Cher Marc. Et merci de nous entraîner à goûter les saveurs du doux savoir de la Connaissance.
Norbert P.

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