Unité ou Union, Unicité ou Communion dans la diversité, … question délicate ?
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Question posée :
Bonjour, bonsoir,
J’avais repéré votre bien intéressant site il y a quelque temps. Et je l’ai retrouvé avec plaisir et intérêt ces derniers jours à l’occasion d’une réflexion que je me suis faite à propos de la messe qui sera dite à Saint-Pierre le 29 février prochain
Je me permets donc de vous poser cette question:
Croire en Dieu ne suffit pas à créer l’unité, ça se saurait. On a plutôt le sentiment du contraire, la croyance est multiple. N’a-t-elle pas de tout temps généré des divisions, des églises, des chapelles, des sectes, chacun prétendant détenir et imposer la vérité de son Dieu, chacun dessinant en fait Dieu à sa convenance, un Dieu réduit, à l’image de l’hommes, souvent colérique, vengeur, justicier où l’amour déclaré n’est qu’un vernis écaillé. A l’heure où les églises et les temples sont vides et la pratique religieuse résiduelle, quel signe veut-on montrer en invitant les catholiques à dire une messe à Saint-Pierre de Genève? Un signe de réconciliation? Mais alors qu’est-ce qui empêche catholiques et réformés de partager désormais les mêmes lieux de culte et de catéchèse? Un culte à Saint-Pierre de Rome est-il imaginable?
Au plaisir de vous lire (merci de m’abonner à votre lettre bimestrielle)
Bien à vous et très bonne année 2020
JFM
Réponse d’un pasteur :
Bonsoir cher Monsieur
- il y a une façon de la vivre qui pousse à l’ouverture et à se reconnaître frère ou sœur de ceux qui cherchent aussi.
- et il y a une façon de vivre sa foi ou son engagement qui pousse à l’intolérance vis à vis de tout cheminement différent.
C’est vrai en religion, en politique, en psychanalyse, sans doute aussi en histoire et pour l’interprétation de la musique baroque ?
- il me semble que dans la première façon de vivre sa foi, cela rend justice à la grandeur de Dieu, à sa transcendance qui dépasse tout ce que l’on peut en penser, et donc encore plus en dire.
- il me semble que dans la seconde façon de la vivre, le fidèle ou la communauté réduit Dieu à l’image qu’il s’en fait, et c’est, oui, un dieu riquiqui, enfermé dans l’étroitesse d’un esprit étroit, souvent colérique, vengeur, à l’amour réservé au club de purs.
- Dans le premier cas, c’est l’unité au sens d’une communion qui est visée, c’est à dire une reconnaissance mutuelle des deux églises comme pleinement chrétiennes et valables, et un travail ensemble, comme vous le proposez, avec un partage de certains lieux de culte quand ce serait utile. Cette communion est en certains endroits déjà bien réelle, souvent féconde, par exemple à l’hôpital, entre certains paroisses, et pour la formation théologique. Mais l’unité au sens d’une unicité ne serait pas un avantage. Car la diversité des points de vue, des approches, des rites est une richesse. Dans l’idée de Dieu qu’elle suggère, ainsi que dans la richesse de la relation personnelle avec chaque personne dans la diversité de sa sensibilité, de son histoire.
- Dans le second cas, l’unité est une amputation, car elle n’est possible que dans le meurtre de la sensibilité des individus.
par : Marc Pernot, pasteur à Genève
PS.
Je ne suis pas certain que l’eucharistie, Sainte-Cène ou Communion soit un détail, en l’occurrence. Est-ce que l’on oserait organiser un repas dans la salle à manger prêtée par une personne et ne pas l’inviter à partager le repas ?
Votre comparaison avec Saint Pierre de Rome n’est pas fausse. Saint Pierre de Genève est regardée par les protestants réformés du monde entier comme le lieu symbolique majeur de la Réforme. Il y a la théologie d’un côté, d’un autre il y a la mémoire. Du point de vue théorique, a priori, tous les lieux se valent, dès lors qu’ils sont beaux et pratiques pour rassembler des personnes pour le culte. Pour la mémoire c’est autre chose, Saint Pierre de Genève est unique pour cela, alors que la cathédrale de Lausanne, très très belle par ailleurs, n’aura pas ce même statut pour le protestantisme mondial. C’est comme si un chalet se transmettait dans une famille depuis des temps immémoriaux, il a beau être à moitié penché et plein de courants d’air, il sera unique pour la famille et si un héritier décide de le transformer en pavillon moderne, cela peut être logique dans un sens, et choquant du point de vue de la fidélité à la mémoire. C’est ce qui fait la complexité de la question en ce qui concerne la cathédrale de Genève. Comme le montre votre interlocuteur : on peut être très œcuménique et favorable à la communion, et être choqué par cette eucharistie dans Saint-Pierre de Genève. La vérité, en christianisme, est une vérité de relation, une fidélité aux deux parties, fidélité à Dieu et fidélité à la personne, dans sa sincérité, dans sa personnalité, dans son histoire. La théologie chrétienne est une incarnation.
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