Une traduction de la Bible la moins falsifiée possible, pour réellement lire la parole de Dieu, sans modifications des hommes ?
Question posée :
Bonjour monsieur,
J’ai vu une de vos réponses sur un forum à propos des relations hors-mariages. J’ai trouvé votre réponse très bien détaillée et j’ai aimé votre façon d’expliquer les choses.
Je me permets de me diriger vers vous parce que j’ai quelques questions et je ne sais pas vraiment à qui les poser. J’espère que vous aurez le temps et l’envie de me répondre.
Premièrement, je lis la Bible sur mon téléphone mais j’aimerais beaucoup m’en procurer une (en livre) et avec toutes les versions qui existent, je ne sais pas où donner de la tête. De nos jours, il existe différentes branches du christianisme et je ne sais pas vraiment où me positionner car je crois en Dieu mais je ne sais pas si c’est une bonne chose de se mettre dans une « case » et de se diviser en différents groupes. J’ai également un peu de mal à comprendre ce que ces différentes cases veulent dire pour savoir laquelle je devrais intégrer. De plus, je vous demande conseil car j’aimerais une version (française) la moins falsifiée possible, pour réellement lire la Parole de Dieu, sans modifications des hommes. Par exemple, je vois que dans beaucoup de textes, l’immoralité sexuelle ou l’impudicité est traduite par la fornication (ce qui est faux) et cela prête à confusion.
Deuxièmement, par rapport aux relations sexuelles avant le mariage, j’ai beaucoup aimé votre explication mais j’aimerais être éclairée sur un verset. À 1 Corinthiens 7, 9eme verset, il est dit, en parlant des non mariés et des veufs : « Mais s’ils manquent de continence, qu’ils se marient; car il vaut mieux se marier que de brûler.» Ce verset ne nous dit il donc pas qu’il ne faut pas se laisser tenter si nous ne sommes pas mariés ? Plus haut, les versets emploient les termes femme et mari et vous avez expliqué dans votre article qu’il ne s’agit pas vraiment de cela mais plutôt de femme et d’homme. J’aimerais savoir si ce verset que je vous ai cité parle réellement de mariage ou si la traduction est à nouveau faussée.
De plus, comment savez-vous lorsque les traductions sont mal faites ? Est-ce parce que vous parlez l’hébreu et le grec, et que vous vous fiez à des textes originaux pour en comprendre le vrai sens ? Si non, j’aimerais beaucoup avoir votre version de la Bible pour pouvoir avoir la conscience tranquille quand je lis, en ne me disant pas que mes textes ne transmettent pas la vraie parole.
Merci beaucoup de votre attention.
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Réponse d’un pasteur :
Bonsoir
Bravo de lire la Bible, de l’étudier et de vous y intéresser profondément pour essayer de vivre de la plus belle façon possible. Pour cela, le secret, dirais-je, est d’associer à une recherche intellectuelle dans les textes, une recherche spirituelle par la prière.
Parmi les traductions de la Bible, aucune n’est parfaite car il est difficile de passer d’une langue à une autre, il n’y a pas toujours d’équivalent. Par exemple en hébreu il n’y a pas de futur pour les verbes, il y a du passé et le pas passé (maintenant et/ou après), ce n’est donc pas facile de rendre cela en français. C’est une chose seulement à connaître afin de saisir que quand une promesse est exprimée en français au futur, on est en droit de l’entendre comme étant à vivre dès maintenant, en ce monde.
C’est pourquoi, oui, une connaissance de l’hébreu biblique et du grec biblique font partie de la formation indispensable pour être pasteur afin au moins de pouvoir aller chercher les mots utilisés dans la langue originale, leur usage dans l’ensemble de la Bible pour voir leur sens réel, le temps des verbes. Les groupes de formation biblique dans les paroisses (et sur ce site) cherchent effectivement à ce que les participants puissent acquérir un certain nombre de gestes les aidant à interpréter ensuite par eux-mêmes la Bible.
Comme traduction de la Bible, en ce moment, les plus respectueuses du texte biblique original me semblent être la NBS (Nouvelle Bible Segond) et la TOB (traduction œcuménique de la Bible), en choisissant les éditions avec les notes complètes. Ce sont des gros livres pas très transportables destinés à l’étude. Si vous désirez voyager avec votre bible, mieux vaut alors en avoir un autre exemplaire à emporter, sans les notes.
Seulement, la Bible n’a pas été écrite par le doigt de Dieu, et il n’a pas non plus dicté chaque mot de la Bible à un secrétaire. Ces livres sont des témoignages d’hommes et de femmes sur leur expérience de Dieu. Des témoignages de personnes inspirés, donc, qui ont essayé de mettre au mieux par écrit ce qu’ils ont pu apprendre, comprendre, découvrir de Dieu et de la vie . C’est ce que l’on voir par exemple quant au début de son évangile, Luc explique qu’il s’est bien renseigné auprès de qui il a pu trouver, qu’il a ensuite composé son livre sur ces bases :
“Plusieurs ayant entrepris de composer un récit des événements qui se sont accomplis parmi nous, suivant ce que nous ont transmis ceux qui ont été des témoins oculaires dès le commencement et sont devenus des ministres de la parole, il m’a aussi semblé bon, après avoir fait des recherches exactes sur toutes ces choses depuis leur origine, de te les exposer par écrit d’une manière suivie, excellent Théophile” (Luc 1:1-3)
Luc entend donc ajouter sa propre version du recueil des témoignages de différentes personnes. Cela montre bien qu’il y en a plusieurs et que toutes ne conviennent pas à tout le monde…
Paul détaille différents types de paroles qu’il nous apporte dans son enseignement : “par révélation, ou par connaissance, ou par prophétie, ou par doctrine?” (1 Corinthiens 14:6). Il n’est ni juste ni bon d’identifier la « Parole de Dieu » au texte de la Bible. Les textes de la Bible, comme le dit ici Paul, ont différents statuts :
- La révélation de Dieu est un acte à l’intérieur de la personne, qui en témoigne ensuite comme elle peut pour traduire cette expérience dans sa propre langue.
- Par la connaissance nous pouvons recevoir les témoignages d’autres personnes sur leur expérience de foi, et comme tout témoignage, il y a dans celui-ci à la fois quelque chose d’objectif et quelque chose qui tient de la personne qui a vécu l’événement.Par exemple en ce qui concerne le récit du dernier repas pris par Jésus avec ses disciples (la Cène), la phrase si importante que dit Jésus pour expliquer son geste du pain et de la coupe de vin n’est pas la même dans le témoignage de Matthieu 26:28 et de Luc 22:20. Ce n’est pas un problème quand on sait que ce sont des témoignages humains, et que l’un a été plus sensible à tel aspect, l’autre à un autre aspect.
- La prophétie est par définition une lecture du temps présent de la personne avec l’aide de l’Esprit de Dieu, c’est donc assez propre aux événements de l’actualité du prophète, un effort d’interprétation est donc nécessaire pour voir en quoi l’éclairage apporté sur la situation d’alors peut nous être utile pour comprendre notre situation d’aujourd’hui.
- La doctrine est une réflexion humaine cherchant à mettre en ordre ces informations, les théoriser. Paul et Jean en sont de grands grands spécialistes, et les théologiens derrière eux.
Nous lisons donc la Bible dans un esprit d’écoute de ce que Dieu cherche à nous dire à nous aujourd’hui : et pour cela, nous prions et nous réfléchissons, nous croisons les différents témoignages comme Luc dit le faire.
En ce qui concerne les relations sexuelles avant le mariage, oui ce verset de Paul signifie bien qu’il ne faut pas se laisser tenter à coucher si nous ne sommes pas mariés. Cependant, qu’entend-on par mariage aux yeux de Dieu, et non aux yeux du monde ? Dieu regarde au cœur, à l’engagement des personnes dans leur intention d’édifier un couple, une famille, Dieu ne s’arrête pas aux papiers, aux contrats ni à la bénédiction de l’église. J’interprèterais donc ce verset comme invitant à ne pas coucher n’importe comment juste pour le plaisir, mais quand déjà, dans son cœur on est engagé avec cette personne. Et pour analyser cela, il est bon de le faire honnêtement vis à vis de soi-même, la prière aide beaucoup à avoir cette lucidité.
Il n’est absolument pas nécessaire de se mettre dans une case pour être chrétien, il existe effectivement bien des courants qui ont en commun le Christ. Il est l’essentiel.Reconnaître qu’il existe bien des façons d’être chrétien est une richesse, et nous apprend que nul n’est propriétaire du Christ.
Il est bon de ne pas rester seule pour chercher, je pense, et d’aller de temps en temps dans une assemblée du dimanche pour sentir que nous formons un corps (vous pouvez aller dans une église ou dans des églises différentes de temps en temps). Il est même bon d’écouter différents sons de cloche, comme le fait Luc, afin de faire ses propres choix, avoir sa propre réflexion et sa propre prière. Cette liberté est possible car Dieu nous aime et nous accompagne personnellement.
Dieu nous accompagne et nous bénit.
par : pasteur Marc Pernot
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Bonjour Monsieur, j’ai plusieurs fois échangé avec vous il y a quelques années lorsque j’étais en grande réflexion à l’instar de cette femme. Et je vous en remercie encore.
A l’heure où je me suis complètement détachée de la religion de ma famille, j’apprécie que des chrétiens comme vous et la visiteuse (et d’autres sans doute) soient toujours assez ouverts pour s’interroger sur les écrits de la bible.
Il y a quelque chose de rassurant dans le fait qu’on puisse être chrétien et penser que Dieu n’a jamais pu ordonner le mal tel que c’est écrit dans la bible. C’est d’ailleurs à cause de cette justification des horreurs supposément dictées par Dieu que mes doutes ont commencé sur l’un des piliers de la croyance évangélique de ma famille « Bible = Parole de Dieu ».
Je ne suis plus chrétienne, mais je crois que tout bien dans chaque personne est une manifestation de Dieu et cela peu importe sa religion ou spiritualité.
D’ailleurs aujourd’hui je ne peux voir Dieu que comme une force de vie indescriptible que les hommes essayent de comprendre depuis des millénaires.
Bien à vous.
Oui, il ne faut pas toujours jeter le bébé avec l’eau du bain !
Bon cheminement à vous, avec la bénédiction de Dieu.
Bonjour Monsieur Le Pasteur
J’ai récemment commencé la lecture de la Bible sur une Semeur 2015. Je l’ai choisi car je cherchais une édition en gros caractères (j’ai 67 ans donc une vue qui baisse) et c’était une des rares disponibles dans ma librairie chrétienne. Il y avait également une Segond 21 qui est utilisée dans une église évangéliste prés de chez moi.
Que pensez vous de ces deux traductions ?
Je vous remercie par avance pour votre réponse.
Cordialement, Michel
Bonjour
Je ne trouve pas ces traductions extraordinaires, mais ça va. Il y a aussi pire (les bibles en Français courant).
Si vous arrivez à les déchiffrer, je recommanderais les éditions NBS ou TOB avec les notes.
Quand on a du mal à lire, les versions numériques sur tablette sont très bien, peut-être ?
Bravo de lire la Bible !