Pièces de jeu d
Question

Que fait l’Eglise « officielle » pour contre les dérives ( autoritarisme – pensée unique…) ?

Par : pasteur Marc Pernot

Pièces de jeu d'échec, avec le roi noir seul debout et les pièces blanches renversées - Image par Pexels de Pixabay

Il peut arriver qu’un tyran local règne dans la paroisse ? En fait, assez rarement, je pense.

Question posée :

Bonjour,

Que fait l’Eglise « officielle » pour contre les dérives ?

Je ne parle pas des dérives évidentes (sectes bien connues) mais des dérives plus subtiles:
– autoritarisme
– pensée unique
– mise à l’écart de ceux qui « osent » utiliser leur cerveau
– etc.

Et aussi, plus grave, la culpabilisation de ceux qui p.ex. posent des « questions qu’on ne doit pas poser »… et ça, c’est beaucoup plus répandu qu’on ne le croit: au lieu de dialoguer pour se comprendre, on montre du doigt celle/celui « qui ne pense pas comme nous », celle/celui qui semble-t-il « n’est pas des nôtres »…

Ce comportement crée beaucoup de dégâts chez les faibles, non équipés pour supporter ce type de rejet.

Merci d’avance pour votre réponse.

Réponse d’un pasteur :

Bonsoir

Il est clair que l’église elle-même en tant qu’institution n’est pas à l’abri des dysfonctionnements que vous citez. Bien entendu. Cela est dû, me semble-t-il, au fait que ceux qui ne sont pas intéressés par le pouvoir feront tout pour fuir les commissions, présidences, délégations, et préféreront mettre leur énergie et leur temps dans les activités de la paroisse ou des visites à des personnes. Bien entendu, ce n’est pas absolu, il arrive que par abnégation une personne absolument pas intéressée par le pouvoir se retrouve malgré elle dans un poste de pouvoir, mais c’est néanmoins un biais important. Selon le philosophe Olivier Abel, une façon d’avancer sur cette question serait de procéder par un tirage au sort, comme les jury populaires, d’au moins la moitié des représentants dans toutes les commissions. Ce n’est pas sûr que les personnes au pouvoir acceptent cette réforme !
Mais finalement, le fonctionnement de l’institution ne devrait pas trop nuire au paroissien de base, il est contraignant plutôt sur les paroisses et les pasteurs. A eux de veiller à ce que, dans tous les cas, les fidèles ne soient pas troublés par ces questions de fonctionnements.
Ensuite, il peut arriver que dans la paroisse il y ait de petits tyrans locaux (le pasteur ou dans le conseil de la paroisse). Dans le fonctionnement de notre église, un pasteur qui dysfonctionne trop ou trop longtemps est assez vite repéré par les paroissiens qui font alors remonter ce genre de questions. Ça, c’est l’avantage (quand c’est bien géré) de l’institution, avec des paroisses qui ne sont pas laissées à elles même. Les pasteurs tournent théoriquement assez vite. Et en ce qui concerne le conseil de paroisse, il y a des assemblées générales annuelles.
Cela dit, je pense néanmoins que l’église chrétienne est fondamentalement, ou devrait être, un puissant ferment de libération de chaque personne en son sein. Plusieurs points essentiels vont dans ce sens :
  • Nos églises ne sacralisent pas de doctrine, de rites, et encore moins l’église et ses pasteurs (dont on a tout à fait le droit de penser qu’ils disent de temps en temps pas mal de bêtises). Le texte de la Bible dans son contexte.  => cela diminue ou devrait diminuer l’aliénation du fidèle. L’église st alorsune salle de musculation pour la foi et la pensée.
  • Le message de l’évangile qui proclame haut et fort l’égale dignité de chaque personne sans condition aux yeux de Dieu, fait qu’il n’y a pas de chantage, ni pression. => cela devrait prémunir des abus spirituels. On n’ose (ou ne devrait pas oser à mon avis, dire en aucun lieu de nos églises que si on ne pense pas ceci ou pense cela, a telle orientation sexuelle, si on n’a pas eu le bon baptême, le bon rite, pas assez de cultes ou assez de don d’argent, telle situation matrimoniale… on est perdu, que ça ne passera pas au jugement de Dieu. C’est ce maniement de la peur de Dieu qui est source d’abus spirituel, de chantage, de culpabilisation.
  • Nos églises, non seulement autorise chacun à penser et prier par lui-même, mais encourage et propose des formations pour cela (théologie et Bible, en particulier). Ce n’est pas réservé à une élite, cela cherche seulement à élever le niveau de chacun.
  • En théorie, le moralisme n’a pas cour dans nos églises, mais encourage chacun à être responsable directement devant Dieu, et de trouver sa propre vocation avec lui.
C’est vrai que  chaque paroisse a son histoire en fonction de ceux qui s’y sont engagés, et qu’il y a (comme je le disais plus haut) des pasteurs qui se prennent pour le Saint Esprit incarné, avec une doctrine, une morale, une pratique religieuse bien plus imposée que ce que ce que je décris ici. C’est donc à chacun d’essayer une paroisse et de voir si cela correspond à ce qu’il cherche. A peu près (aucune n’ets parfaite, bien sûr). On peu aussi « faire avec », et ne pas se laisser piéger, ni culpabiliser par une partie de ce que l’on entend.
Une église où il y aurait « des questions que l’on ne doit pas poser » me semble être une église qui devrait se poser des questions sur elle-même, je suis bien de votre avis. Et le fidèle de cette église ne devrait jamais être obligé d’accepter cela. Comme vous le dites très bien, ce sont les petits déjà secoués par la vie, qui seraient les plus blessés par ce type de déviances.
Bravo et merci de vous préoccuper de cette question et d’attirer toute notre vigilance sur ces points essentiels.

Dieu vous bénit et vous accompagne.

par : Marc Pernot, pasteur à Genève

Partagez cet article sur :
  • Icone de facebook
  • Icone de twitter
  • Icone d'email

Articles récents de la même catégorie

Articles récents avec des étiquettes similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *